Sandrine Garcia, IREDU Sociologue, professeure en Science de l’éducation à l’Université de Bourgogne Co auteur de Réapprendre à lire, avec Anne-Claudine.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Enjeux de la production d’écrit : Exposer l’élève très tôt aux contraintes et règles de la langue écrite et celle de la communication différée. L’écrit.
Advertisements

Comment les élèves déchiffrent un mot ? Processus normaux et pathologiques Quelles opérations cognitives sont sollicitées dans les actes de lire et d’écrire.
AUTO - EVALUATION DE L'ELEVE GENERALITES POURQUOI ? - Permettre à l'élève de mesurer ses réussites, ses difficultés et d'identifier ses besoins. - L 'élève.
De l’implicite à l’explicite
Travailler avec les styles d'apprentissage Formation à l'éducation chrétienne Collège Daniel, avril 2007.
T. MATHIEU Les troubles des apprentissages Scolariser des élèves présentant des troubles dyslexiques.
Plan de formation Plan tri-annuel. Intelligence collective Vers une culture numérique Inviter les neurosciences dans la classe Mise en œuvre de.
● Bilan des acquisitions de l'école maternelle ● La circulaire du , définissant le livret scolaire. ● Référence le programme de l'école.
Le C.E.C.R.L. Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues Common European Framework of Reference of Languages.
Comment construire des séquences en cinquième. Déroulement Les centres d'intérêts de la classe de 5e Le découpage des séquences Les démarches pédagogiques.
OUTIL CODE ALPHABETIQUE un entraînement progressif et régulier pour être automatisées. L’apprentissage de la lecture repose sur l’acquisition de certaines.
TP 1 Maths De la séquence à la séance… en passant par la classe.
Identifier les modalités d’enseignement en maternelle
Réunion de directeurs 28 juin 2016
Les tables de multiplication au ce1 « Une construction réfléchie des tables favorise-t-elle leur mémorisation et leurs transferts ? » DOUARCHE Vaéa.
Missions maîtrise de la langue et maternelle Année scolaire
Clés de lecture - important
Colloque de cœur et de tête
LES APPRENTISSAGES CENTRÉS SUR LES APPRENANTS
Apprendre à comprendre, échanger, s’exprimer
LIRE ECRIRE au CYCLE 2 Lundi 28 novembre 2016
Réforme de la scolarité obligatoire
De l’hétérogénéité aux élèves à besoins éducatifs particuliers
Méthode d’apprentissage de la lecture au CP
Atelier formation aux ressources ESEN
L’accompagnement personnalisé en classe de 6ème
LIRE ECRIRE au CYCLE 2 Lundi 28 novembre 2016
DIRE LIRE ECRIRE ECRITURE ET PRODUCTION DE TEXTES
Compréhension éditions la Cigale
Formation FORMES 5, 6 et 7 septembre 2017.
LES DIFFERENTES ENTREES EN E.P.S
Lire et écrire Etude de l’influence des pratiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur les premiers apprentissages.
Atelier du jeudi 13 octobre
Qu’est-ce que lire?.
Ces deux élèves ont de faibles résultats en fluence
L’évaluation à l'école maternelle
Vers une adaptation des apprentissages générique et multi-aspects
Enseigner la lecture à des adolescents faibles lecteurs
Des alternatives aux ateliers tournants
Evaluation diagnostique
 .
Catherine Boutelier coordinatrice REP circonscription de Valenciennes/Bruay
PRESENTATION DE LA METHODE SYLLABIQUE
Les évaluations filées
Atelier Transfer 3.2 – Yaoundé, du 30/05 au 3/06 mai 2011
Catherine Boutelier coordinatrice REP circonscription de Valenciennes/Bruay
Elèves en difficulté Aide personnalisée.
Méthode d’apprentissage de la lecture au CP. Une méthode individualisée.
CREATIVITE ET ENSEIGNEMENT DE LANGUE AMAZIGHE
Équipe des Martres-De-Veyre La démarche d’investigations au cycle 3
Conférence de Consensus CNESCO mars 2016
DIRE LIRE ECRIRE ECRITURE ET PRODUCTION DE TEXTES
Enseigner la compréhension
L’analyse de pratiques professionnelles en formation à distance dans une démarche de portfolio numérique Caroline Ladage, Sciences de l’éducation, UFR.
L’école du dehors Pour répondre aux besoins des enfants et en cohérence avec les programmes de l’école.
Un guide pour enseigner la lecture et l’écriture au CP
L’enseignement de la lecture et de l’écriture
Les différentes Situations d’apprentissages :.  Rougier (2009) explique que les situations d'apprentissage, choisies après avoir déterminé les objectifs,
Résultats de l’enquête PIRLS 2016
Un MACLE, c’est un décloisonnement concentré dans le temps (trois semaines au moins) … mobilisant le maximum d’enseignants s'adressant à tous les élèves.
TECHNIQUES D’ANIMATION ANIMATION DE L’ENSEIGNEMENT / APPRENTISSAGE.
la pÉDAGOGIE MONTESSORI
comprendre et s’exprimer en CP
Présenter une méthode d’apprentissage - Intervenir in situ
Apprendre à apprendre A. ZANOUNY et A. CHIADLI KAIROS-CONSEIL Ateliers de formation pour Sana Éducation 06 – 12 – 2017.
Réunion d’information CLAS
Quels sont les freins à la compréhension de l’écrit?
ECRIRE POUR APPRENDRE A LIRE
« Le maintien des élèves » Eléments de réflexion
L’ÉVALUATION ET REMEDIATION DES APPRENTISSAGES DANS LE CONTEXTE DE LA MISE EN OUEVRE DES NOUVEAUX CURRICULA    Kaya, 6 décembre 2018.
Transcription de la présentation:

Sandrine Garcia, IREDU Sociologue, professeure en Science de l’éducation à l’Université de Bourgogne Co auteur de Réapprendre à lire, avec Anne-Claudine Oller, aux Editions du Seuil, 2015. Et de Mères sous influence (2011, la Découverte). A l’école des dyslexiques (2013, la Découverte). Et à paraître aux PUF en 2018 : Le goût de l’effort. La construction familiale des dispositions scolaires, aux PUF.

Notre livre réapprendre à lire : une expérimentation qui a duré 3 ans Une année d’abord passée à « rattraper » des élèves en difficulté (à vrai dire non lecteurs) ayant appris avec une méthode combinant : Des notions syllabiques explicitement et directement enseignées, de la devinette appelée « construction d’hypothèse » et des mots outils (approche globale). Résultats : malgré des enseignants expérimentés, compétents et investis, beaucoup d’élèves en difficulté. Résultats de notre remédiation (faite à partir d’un outil évitant devinette et mots outils) : des élèves déchiffreurs, mais pas de lecture automatisée (résultats décevants).

2ième année : prévenir les difficultés plutôt que de remédier aux difficultés. Passation de tests en fin de grande section et en début de CP basés sur la reconnaissance des lettres et des sons et lecture de quelques syllabes pour identifier les élèves les moins avancés. Constats (qui ne sont pas une grande découverte) : grandes inégalités entre les élèves, certains ayant un niveau CE1, d’autres une très faible conscience phonologique.  les évaluations ont permis la constitution d’un groupe d’élèves les moins avancés (sur deux CP de 22 élèves, 9 élèves).

Conception d’un dispositif basé sur 5 principes dont les principes sont interdépendants. 1) Apprentissage de quelques graphèmes simples en deuxième partie de grande section en plus de conscience phonologique déjà travaillée par les enseignants. 2) Au CP, choix d’un manuel pour toute la classe sans mots outils (en fait, il y avait quelques mots convertibles en mots déchiffrables) et pour les élèves déjà lecteurs, ancien outil utilisé une fois sur 4. 3) Constitution de séances de « renforcement » une fois par semaine + en aide personnalisée avec le groupe des élèves les moins avancés. Activités : décodage ET encodage en utilisant le même outil que la classe (pas de différenciation des démarches, mais différenciation en termes de renforcement  donner plus et non pas forcément autre chose à ceux qui sont les moins avantagés culturellement)  lecture à voix haute + écriture des mots, d’abord avec modèle, ensuite sans modèle, en focalisant l’attention des élèves sur l’orthographe.  grande attention à ce que les élèves puissent très rapidement identifier le sens après avoir déchiffré en faisant fusionner l’ensemble des syllabes.

Un dispositif basé sur 5 principes (suite). 4) Travail auprès des parents pour maintenir l’apprentissage pendant les vacances, en leur décrivant très précisément la manière de procéder (lecture à voix haute, rester à côté de l’enfant pour contrôler la lecture). En effet, perte de performances considérables si pas de maintien de l’apprentissage pendant les vacances. Donc programmes systématiques de révision pendant les vacances. 5) Une poursuite en CE1 de l’entraînement en classe entière + poursuite des groupes pour les élèves dont la lecture reste encore peut automatisée.

Conclusion : remédier est beaucoup moins efficace que prévenir. Au final, évalués grâce aux outils portant sur la fluence, les résultats des élèves dont les difficultés ont été prévenues sont deux fois meilleurs et très proches (à deux mots près) du niveau des « bons » de l’année qui précèdent l’expérimentation.  l’expérimentation améliore le niveau de tous les élèves, mais la différence la plus décisive porte sur les élèves qui étaient les moins avancés.  les méthodes d’apprentissage « aléatoires » ne mettent pas seulement les élèves dans l’impossibilité d’apprendre.  en réalité, on apprend aux élèves à se tromper et ces erreurs sont d’autant plus difficiles à contrecarrer que les parents ne vont pas intervenir rapidement sans le dire (et qu’on va invoquer à l’école divers problèmes cognitifs ou affectifs).  en dehors de ce dispositif, lecture d’histoires par les enseignants aux élèves.

Et les autres formes de compréhension alors ? Rien n’empêche d’ajouter à ce dispositif un autre dispositif portant sur la compréhension inférentielle, mais à partir de l’oral  lecture d’histoires qui développent le vocabulaire, la capacité à faire des liens, etc. Mais attention à l’arbitrage entre priorités, on ne peut pas tout faire en même temps et un élève non déchiffreur sera « en situation de handicap » plus vite et de manière plus décisive qu’un élève qui ne comprend pas les inférences. Donc possibilité et pertinence de les travailler, certes, à condition de conserver un temps substantiel à décoder, encoder ET automatiser.

Demander moins, mais demander mieux aux élèves Rien n’oblige à faire autant en CP : cibler l’automatisation et renforcer par la suite, c’est déjà un enjeu décisif. Nécessité de se focaliser sur certains aspects plutôt que de prétendre tout faire en même temps (méthodes dites intégratives). Enseigner ensuite de manière systématique sur l’apprentissage des inférences à l’écrit (ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas poursuivre l’enseignement fait en GS en CP, mais sans interférer avec l’apprentissage des relations graphèmes/phonèmes qui nécessite beaucoup de temps.

La bonne nouvelle !!! Il est possible de rendre beaucoup plus efficace le temps de la lecture en évitant de nombreuses activités peu efficaces et en se centrant sur les pratiques efficaces : décoder, encoder, commencer à produire des écrits. De nombreuses activités pratiquées en classe et incluses dans l’apprentissage de la lecture sont inefficaces (voir l’enquête IFE).  peut être pas la peine de travailler la compétence phonologique de manière séparée alors que l’encodage développe cette conscience. -> ne pas faire lire des textes par l’enseignant en croyant qu’on participe à l’apprentissage des relations graphèmes/phonèmes et éviter les discussions sur un texte en guise d’apprentissage de la lecture. Par contre, différencier les supports et les objectifs d’apprentissage. Bien distinguer les moments.