Classes moyennes et carte scolaire

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Transcription de la présentation:

Classes moyennes et carte scolaire Marco Oberti Observatoire sociologique du changement CNRS-FNSP http://osc.sciences-po.fr Classes moyennes et carte scolaire

Classes moyennes et mixité Les classes moyennes au cœur des dispositifs de production/maintien de la mixité Les classes moyennes au cœur du débat sur l’évitement scolaire La tendance à la dévalorisation et à la stigmatisation du monde populaire et immigré ou issu de l’immigration Effets spatiaux et sociaux de la compétition pour les ressources éducatives

Points de départ Quelle est la logique de la distribution territoriale de l’offre scolaire publique et privée ? L’impact des dimensions scolaires dans les choix résidentiels et les pratiques urbaines des ménages Que se passe-t-il dans les espaces caractérisés par la mixité? Quels sont les groupes sociaux réellement concernés par l’évitement scolaire et quels sont les conséquences en termes de ségrégation et d’accès à l’éducation ?

Contexte socio-urbain et choix scolaires Différentes façons d’éviter un établissement public du secteur Choix d’une option ou d’un programme spécifique Recours au privé Stratégies résidentielles Pratiques illégales (fausses adresses, motifs fallacieux, etc.). Autant d’éléments qui, ajoutés à un état donné de la ségrégation urbaine, constituaient dès l’origine des obstacles majeurs à l’objectif de mixité visé par la carte scolaire

Profil socioprofessionnel (iris, Typologie Préteceille, 1999)

Très forte corrélation entre le profil social des communes et les caractéristiques de l’offre scolaire. Les collègues publics situés dans les villes favorisées ont : Une offre scolaire plus riche, plus diversifiée, plus attractive, plus sélective Des enseignants plus âgés et plus qualifiés Les collèges privés sont majoritairement situés dans les communes favorisés et absents d’un nombre significatif de communes populaires.

La prise en compte de trois dimensions pour interpréter la scolarisation hors-commune: Le profil social de la municipalité L’offre scolaire publique et privée Les caractéristiques sociales du ménage (catégorie socioprofessionnelle)

Forte proportion des collégiens de la commune inscrits dans le privé   Forte proportion des collégiens de la commune inscrits dans le privé Très faible proportion de collégiens de la commune inscrits dans le privé Faible scolarisation hors commune Groupe 1 Surtout des Communes très bourgeoises + qq communes contrastées mais à forte présence de cl.moy. et sup. Groupe 3 Essentiellement les communes les plus populaires. Forte scolarisation hors commune Groupe 2 Communes favorisées à proximité d’une offre scolaire d’excellence. Groupe 4 Communes favorisées

Très faible différenciation sociale des pratiques dans les communes bourgeoises avec une offre scolaire publique et privée riche et réputée

Forte scolarisation hors commune des catégories supérieures des communes favorisées à proximité d’une offre d’excellence malgré la présence du privé

Fort différenciation sociale de la scolarisation hors commune dans les communes populaires

Importante scolarisation hors commune des catégories supérieures et moyennes dans les communes favorisées sans collège privé

Principaux résultats La scolarisation hors-commune ne se réduit pas à la seule pratique des classes moyennes souhaitant éviter des collèges populaires. Selon les contextes, les classes supérieures résidant dans des communes favorisées sont aussi concernées. La mobilité apparaît comme une ressources fondamentale pour accéder aux établissements les plus recherchés. Seule une minorité de communes accueillant des établissements publics et privés prestigieux réussissent à capter la majorité des enfants des classes supérieures et moyennes y résidant. Impact limité de la carte scolaire à produire de la mixité, elle renforce l’assignation territoriale des classes populaires. La ségrégation scolaire n’est pas que le simple reflet de la ségrégation urbaine, elle est amplifiée par l’évitement scolaire et par la sélectivité résidentielle des classes moyennes et surtout supérieures. Les établissements scolaires situés dans les quartiers populaires sont plus ségrégés que les quartiers eux-mêmes.

Choix scolaires et choix résidentiels. Groupe A : Pas de stratégies résidentielles reliées à l’école. Enfants scolarisés dans l’école ou le collège public de leur secteur Pas de recours au privé ou à d’autres procédures visant à scolariser leur(s) enfant(s) hors secteur. Groupe B : Pas de stratégies résidentielles reliées à l’école Enfant(s) non scolarisé(s) dans les établissements publics de leur secteur. Deux cas : recours au privé ; dérogation « légale » ou « illégale ». Groupe C Stratégies résidentielles reliées à l’école Trois sous-groupes : Choix du public Choix du privé. Mixte des deux en fonction des enfants

Les classes moyennes dans les espaces « moyens-mélangés » Proximité et vigilance scolaire Vivre dans un quartier « normal » L’injonction à la mixité : une jeu truqué. Crainte des écarts qui se creusent par le haut, durcissement des choix scolaires et résidentiels des classes supérieures Peur du déclassement par le bas Refus de la ségrégation et non pas de la mixité tant qu’elle reflète l’idée qu’elles se font du profil du quartier. Autant, sinon plus une réponse à la sélectivité résidentielle et scolaire croissante des classes supérieures qu’une volonté délibérée de distanciation et de rejet des classes populaires et des immigrés.

Trois logiques : pratiques et représentations Logique d’excellence Choix résidentiels et scolaires fortement articulés. Très fortes exigences et attentes scolaires centrées sur la performance et son verdict social. Vision très individualisée de l’école et de la scolarité des enfants Conception très sélective des relations sociales ; fermeture à la diversité sociale, protection spatiale, logique d’entre soi Logique de protection et d’intégration Choix résidentiels relativement indépendants des aspects scolaires. Priorité donnée à l’équilibre, l’épanouissement et le bien-être de l’enfant et moins directement aux « performances scolaires ». Scolarité insérée dans l’espace du quartier de résidence L’école comme espace de socialisation qui doit refléter la diversité sociale du quartier La mixité est valorisée tant qu’elle ne perturbe pas « l’ordre scolaire » ; équilibre fragile et instable. Logique de retrait Pas de stratégie, ni de logique d’intégration Très grande précarité sociale des parents qui déstructure le rapport à l’école

Les classes moyennes dans les espaces supérieurs Le « surclassement résidentiel » Des coûts économiques, sociaux et psychologiques importants dans les métropoles L’incertitude des effets escomptés sur la scolarité des enfants Des effets délétères sur les collèges ordinaires Le monde populaire issue de l’immigration ramené à une seule figure urbaine : celle de la cité stigmatisée et du désordre urbain et scolaire

Réflexions sur les classes moyennes et la carte scolaire

Quatre problèmes interdépendants à affronter L’inégale distribution territoriale de l’offre scolaire La ségrégation socio-résidentielle Les pratiques scolaires sélectives des classes supérieures et d’une partie des classes moyennes Diversifier l’élite ou garantir l’égalité des chances pour tous

Les orientations dominantes Spécialisation sociale progressive des établissements compensée par des dispositifs de «discrimination positive » (ZEP, REP, collège « Ambition réussite) Sortir les « meilleurs élèves » des quartiers difficiles et favoriser leur accès aux établissements prestigieux Créer des établissements de pointe attractifs dans les quartiers défavorisés Le libre choix de l’établissement, une orientation controversée

Quelques pistes peu mobilisées Lutter contre les « bonnes raisons » d’éviter le collège de secteur Rédéfinir les contours de la carte scolaire : Echelle du bassin/PME/Transports (busing) Homogénéiser l’offre scolaire des collèges (Taux d’accès garanti aux fil!ères sélectives de l’ens. sup. pour les lycées) Impliquer davantage le privé conventionné dans une politique globale de l’offre scolaire et de la sectorisation

…qui posent problème Le caractère contigu et l’intensité de la ségrégation urbaine dans certains espaces urbains La gestion de la mobilité (Qui déplacer, jusqu’où ?) Les dynamiques de quartier et la valorisation de la proximité Le risque politique d’agir sur « l’école libre »

Les limites de l’assouplissement (suppression) de la carte scolaire Régulation des surdemandes et du « sous-encadrement » La fragilisation des établissements ordinaires, banals L’information auprès des catégories les plus précaires. La vision « stratégique » des choix scolaires La valorisation de la proximité L’aide à la mobilité Ethnicisation et stigmatisation renforcées de quelques établissements.

Conclusion Lutter contre la ségrégation urbaine : comment impliquer davantage les communes les plus favorisées dans l’application de la loi SRU ? Articulation politique de peuplement, politique du logement et politique scolaire (offre et sectorisation) Impact des lois de décentralisation de 2004 ? (Transfert de compétence de l’inspection académique vers les conseils généraux de la sectorisation des collèges) A qui profite la ségrégation ? Les classes moyennes piégées.