2006 – 2007 – 2008 Quels enseignements pédagogiques tirer de trois sessions de certifications en allemand ? Journée IGLV – IA-IPR Du 12 mars 2009
Quelques données générales 2006 : Début de lexpérimentation en allemand sur des élèves volontaires de 3ème (A2) et de Seconde (B1) : Poursuite de lexpérimentation : Deuxième session : Troisième session en allemand (A2 en Seconde et B1 en Première). Première session de la certification en espagnol et en anglais ( Sections européennes) : Epreuve unique en 3 ème comme en Seconde, sorties multiples : B1 ou A2.
Evolution des effectifs concernés
Détail des effectifs de la session 2008 Session 2008 TroisièmeSeconde Effectifs Pourcentage du niveau denseignement en LV1 15%22%
Les caractéristiques principales Public visé : Les élèves volontaires de 3 ème (LV1 pour la majorité) et de Seconde ; les élèves de première année de CAP et de BEP volontaires soit pour le A2, soit pour le B1. Certification sous la responsabilité du MEN par délégation de la KMK Épreuves spécifiques, calées sur les contenus des programmes, élaborées par les autorités allemandes et corrigées par les professeurs français formés à cet effet. Certification gratuite sur la base du volontariat des élèves proposés par les professeurs Attestations avec le logo de lacadémie et le label de la KMK (Deutsches Sprachdiplom) et du Goethe-Institut
Les exigences imposées Évaluation de 4 activités langagières principales (compréhension de loral et de lécrit, expression orale et écrite). Lépreuve dEO comprend EOC et EOI. Poids égal de chacune dentre elles – Obligation de satisfaire au minimum requis dans chaque activité langagière pour obtenir la certification, sans possibilité de compensation. Minimum requis : A2 : 50% des points de score dans chacune des quatre activités langagières B1 : 60% des points de score dans chacune des quatre activités langagières Attestation de réussite partielle dans une activité langagière Diplôme de la KMK remis aux élèves ayant réussi dans toutes les activités langagières
Les premiers enseignements à ce stade danalyse Laugmentation des effectifs évalués a une incidence modérée sur les résultats globaux. Au niveau A2 La certification selon les critères de la KMK donne des résultats proches de ceux du DNB et de la validation du A2 Près de 98% des évalués démontrent un niveau A2 dans au moins une activité langagière Niveau B1 : Même si près de 90% des élèves évalués obtiennent une attestation B1 dans au moins une activité langagière, laccès de A2 à B1 nest pas sans difficultés pour des élèves pourtant testés en fin de Seconde alors que le B1 est lobjectif de fin de palier 2. Certes, le passage de A2 à B1 réclame un temps dentraînement plus long que celui de A1 à A2.
Premières conclusions Lentraînement en classe pour faire passer les élèves de A2 à B1 semble manquer defficacité En tout état de cause, les résultats globaux sont de peu dutilité pour cerner efficacement les causes des difficultés et obstacles à vaincre. Dautres outils danalyse sont nécessaires pour dépasser le simple constat : Lanalyse des résultats AL par AL Lanalyse corrélée des pratiques de classe : Etude des rapports dinspection dune année scolaire
Les résultats AL par AL au niveau A2 Taux de réussite assez homogène dans chaque activité langagière Léger fléchissement des performances avec laugmentation du nombre de candidats Cest sans doute en EE que ce fléchissement est le plus sensible
Les résultats AL par AL en B1 En 2006 comme en 2007, chute brutale et troublante du taux de réussite en CO par rapport à A2. Près dun tiers des candidats échoue à la certification B1(réussite globale) à cause dune faiblesse en CO Cette chute ne se vérifie pas en CE ni en EO, deux activités langagières qui apparaissent comme des leviers de progrès de la discipline. Légère érosion en EE, toutefois déjà présente en germe en A2 et quil faudra à terme également traiter. Au-delà de ces constats, ces tableaux démontrent : limpérative nécessité dune évaluation AL par AL pour le pilotage pédagogique. Et celle dun outil de recensement. la nécessité tout aussi impérative détudier quelles corrélations peuvent être établies entre les résultats en CO et les pratiques dentraînement à cette activité langagière observées dans les classes. Doù létude qui suit et qui porte sur 206 rapports dinspection individuelle de second cycle et 65 rapports de 3 ème de collège.
Une triple problématique 1. Les déficiences en CO sont-elles dues à une pratique trop réduite de lentraînement à cette AL dans les cours dallemand ? 2. Sont-elles dues à des techniques dentraînement dune efficacité insuffisante ? 3. Peut-on identifier des pratiques pédagogiques particulièrement efficientes pour faciliter laccès au niveau B1 en CO ?
Problématique N°1.1 Entre 65 et 80% des séances observées (70% en collège) comprennent une ou des activités de compréhension. Limportance de développer la compétence de compréhension est donc bien prise en compte et donne lieu à une mise en œuvre régulière. Mais plus on avance dans le cursus dapprentissage, plus lentraînement à la CO cède la place à lentraînement à la CE.
Problématique N°1.2 3ème2 nde Legt 1 ère Legt Tle Legt BEPBac Pro CO47%23,21%23,83% (40% en STG) 14,55% (22% en STG) 22,73%10% CE23%28,57%31,67%60%27,27%60% CO+CE/12,5%8,33%5,45%4,55%/ Plus on avance dans le cursus, plus lentraînement à la CO cède la place à lentraînement à la CE
Les explications de ce glissement CO-CE ? Effet Baccalauréat ? Sans doute, mais même glissement en STG, malgré, au moment de létude, une épreuve obligatoire de CO. Equipements insuffisants ? Ils ne concernent que 18% des séances observées et la présence signalée déquipements adéquats ninverse pas la tendance. On pressent la représentation selon laquelle existerait une hiérarchie entre AL, entre lécrit et loral, reposant elle-même sur la conviction erronée que le travail sur les contenus culturels des programmes ne pourrait seffectuer quà partir de documents écrits.
Problématique N°2 : Lobservation qualitative des entraînements à la CO 1/7 De façon générale, une partie importante des enseignants fait preuve dune grande autonomie de réflexion pédagogique et met en œuvre des techniques innovantes. Et un effort plus particulier est accompli depuis le choc de la certification Les enseignants éprouvent toutefois encore des difficultés dans lentraînement à la CO : Sur 111 entraînements spécifiques observés, les inspecteurs concluent à un échec partiel, voire total de la compréhension dans 53% des cas ; et ils pointent un certain nombre de causes à ces échecs.
Problématique N°2 : Lobservation qualitative des entraînements à la CO 2/7 La confusion entraînement-évaluation dans les pratiques (Par exemple : Introduction du lexique inconnu-lecture à haute voix- »Was habt ihr verstanden ?) nest plus quune survivance marginale dans la discipline : 18% des situations observées. Dans de nombreux cas, déficit dans lanalyse des difficultés dun document, des objectifs poursuivis et dans ladéquation de la démarche à ces objectifs. Dans 11% des cas, la recherche du sens est détournée par lutilisation de grilles. Le sens est finalement donné par lenseignant ou induit à partir de la « correction de la grille ». Dans 42% des échecs observés, le travail de compréhension est mis en place sans préparation spécifique identifiable.
Problématique N°2 : Lobservation qualitative des entraînements à la CO 3/7 On différencie peu entre Les objectifs visés dans la compréhension du contenu sémantique dun document Et les objectifs liés à la construction des compétences nécessaires à la compréhension : Usage du dictionnaire, hypothèses et vérification, aspects structurants (articulations logiques et chrono-), inférence du sens des mots inconnus, dérivation, composition, etc) La distinction classique entraînement/évaluation nest donc manifestement plus opérante et demande à être affinée en Construction des compétences nécessaires à la compréhension Entraînement à la mobilisation de ces compétences dans lapproche de la compréhension purement sémantique Evaluation
Problématique N°2 : Lobservation qualitative des entraînements à la CO 4/7 Les élèves ont des écoutes fractionnées ou successives(56%), mais rarement une écoute unique accompagnée dune prise de notes et dune tâche à accomplir, ce qui est pourtant le cas à la certification et dans la situation réelle. Dans 50% des cas, et ce majoritairement (51,5%) avec des grilles ou fiches découte en appui, cest la recherche sélective dinformations isolées qui est visée. Tendance donc très lourde à substituer à la recherche des idées essentielles ou faits majeurs une recherche dinformations isolées et ciblées. Sont peu pris en compte Le repérage des articulations logiques et chronologiques (9,38%) La distinction des avis des différents interlocuteurs sur une même thématique(4,7%) Lidentification du point de vue du locuteur/narrateur (1,56%) …
Or, Comment apprécier le saut qualitatif de A1/A2 à B1 en CO ? 5/7 A1 Je peux comprendre des mots familiers et des expressions très courantes au sujet de moi-même, de ma famille et de mon environnement concret et immédiat, si les gens parlent lentement et distinctement A2 Je peux comprendre des expressions et un vocabulaire très fréquents relatifs à ce qui me concerne de très près (par exemple moi-même, ma famille, les achats, lenvironnement proche, le travail). Je peux saisir lessentiel dannonces et de messages simples et clairs. B1 Je peux comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est utilisé et sil sagit de sujets familiers concernant le travail, lécole, les loisirs, etc Je peux comprendre lessentiel de nombreuses émissions de radio ou de télévision sur lactualité ou sur des sujets qui mintéressent à titre personnel ou professionnel si lon parle dune façon relativement lente et distincte. CECRL p.26 et 27
Et plus précisément 6/7 A2 Peut comprendre assez pour pouvoir répondre à des besoins concrets à condition que la diction soit claire et le débit lent. Peut comprendre des expressions et mots porteurs de sens relatifs à des domaines de priorité immédiate (Par exemple, information personnelle et familiale de base, achats, géographie locale, emploi). B1 Peut comprendre une information factuelle directe sur les sujets de la vie quotidienne ou relatifs au travail en reconnaissant les messages généraux et les points de détail, à condition que larticulation soit claire et laccent courant. Peut comprendre les points principaux dune intervention sur des sujets familiers rencontrés régulièrement au travail, à lécole, pendant les loisirs, y compris des récits brefs. CECRL p.55
DONC UN TRIPLE SAUT QUALITATIF 7/7 Dans la difficulté des « textes » : Enoncés familiers, annonces et messages (A2) – interventions, explications, récits, voire, à certaines conditions, certaines émissions (B1) Dans les thèmes et champs sémantiques abordés et donc dans létendue lexicale Dans le degré de la performance : Comprendre des mots et expressions (A2) – Comprendre lessentiel des informations (message général et points de détail) en B1, ce qui implique par ailleurs un entraînement à la mémorisation auditive.
Problématique N°3 : Les avancées didactiques notables La bonne adaptation, entre autres en termes de contenus culturels, des supports utilisés à lactivité langagière de CO, Et ceci notamment par la diversité croissante de la nature des supports :enregistrements audio, extraits de films, documents vidéo, émissions de radio, chansons, pièces radiophoniques, actualités télévisées, etc Remise en cause de lagencement habituel de mise en œuvre des entraînements : lécoute est préparée par des échanges oraux sur un document ad hoc ou sur une thématique introduite par le professeur, la séance prévoit plusieurs supports qui senchaînent, etc Changement de statut des documents proposés à la compréhension : ils deviennent sources dinformations nécessaires pour réaliser une tâche plus large et ne sont plus un objectif en soi. Travail autonome de CO, notamment grâce à la baladodiffusion et la circulation de fichiers sonores. Organisation sociale du travail de classe mettant les élèves en situation de rechercher des informations différentes sur le même support (ou des supports complémentaires) et créant ainsi les conditions dune véritable tâche communicative (La mise en œuvre sappuie sur un véritable scénario) etc
Quatre axes principaux de travail Entraîner à la compréhension et déléments isolés et de lessentiel du document sonore. Eviter le passage à lécrit dès après les premiers repérages. Elargir léventail des documents sonores proposés en supports dentraînement. Habituer les élèves à une audition unique, et donc à la prise de notes. Construire les compétences nécessaires à la compréhension autant que la compréhension proprement sémantique.
Ce que révèlent les résultats de 2008 Le déficit en CO a été résorbé et le choc de la certification 2006 a conduit la discipline à une prise de conscience positive. Lévaluation par AL, puis lanalyse fine des pratiques ont permis de piloter cet effort de réflexion sur les pratiques dentraînement. Les mêmes dispositions sont sans doute à envisager pour traiter désormais les faiblesses relatives en EE.
Pour conclure Nécessité, pour le pilotage pédagogique de la discipline, de disposer dun outil dévaluation et de bilan AL par AL, ce que le logiciel de saisie 2008 ne prévoyait pas. A lexemple des certifications, la validation du A2 au DNB ne pourrait-elle pas bénéficier dun tel outil de pilotage ? Nécessité de corréler lanalyse des acquis évalués à lobservation des pratiques de classe. Se donner dans la discipline une thématique annuelle dobservation débouchant sur une analyse des pratiques? Dans ce contexte, linspection individuelle démontre pleinement sens et utilité dans le pilotage pédagogique.