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La nature et la culture : L’homme est-il un animal comme les autres ?

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1 La nature et la culture : L’homme est-il un animal comme les autres ?

2 Caractéristiques de l’homme comparé à l’animal
différence identité Conscience ? anatomie Intelligence et raison? physiologie Technique? génétique Langage ? Besoins vitaux Soin hygiénique ? Comportements de satisfaction des besoins vitaux Mode de vie en général (vague) Le travail Les échanges Sciences, philosophie La morale Le Droit, la politique La religion L’art

3 I. L’homme, un être à part dans la nature ?
Freud, « Une difficulté de la psychanalyse », Essais de psychanalyse appliquée : « L’homme s’éleva, au cours de son évolution culturelle, au rôle de seigneur sur ses semblables de la race animale. Mais, non content de cette prédominance, il se mit à creuser un abîme entre eux et lui-même. Il leur refusa la raison et s’octroya une âme immortelle, se targua d’une descendance divine qui lui permettait de déchirer tout lien de solidarité avec le monde animal. […] Les travaux de Charles Darwin, de ses collaborateurs et de ses prédécesseurs, ont mis fin à cette prétention de l’homme voici à peine un peu plus d’un demi-siècle. L’homme n’est rien d’autre, il n’est rien de mieux que l’animal, il est lui-même issu de la série animale, il est apparenté de plus près à certaines espèces, à d’autres de plus loin. Ses conquêtes extérieures ne sont pas parvenues à effacer les témoignages de cette équivalence qui se manifestent tant dans la conformation de son corps que dans ses dispositions psychiques. C’est là cependant la seconde humiliation du narcissisme humain : l’humiliation biologique ». Critique de l’anthropocentrisme.

4 1. La conception traditionnelle de l’homme : le créationnisme
Le créationnisme est le courant de pensée qui se base exclusivement sur le texte biblique de la Genèse pour penser quand et comment se sont formés l’univers, la terre, et les êtres vivants. Le 1er chapitre de la Genèse raconte comment Dieu a créé le monde, puis les animaux, avant de dire, à la fin du sixième et dernier jour : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance! Qu’ils aient autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et […] sur tout vivant qui remue sur la terre! » (I, 2-6) … la terre et l’univers aurait approximativement 4000 ans. ... Le monde minéral, le monde vivant et l’homme aurait été crée en 6 jours … tous seraient présents dès l’origine. Ainsi, les dinosaures et les hommes ont forcément cohabité. Le seul critère de vérité des créationnistes est la Bible et/ou le Coran, dont ils pensent qu’il doit contenir toute vérité, y compris concernant le monde naturel. L'entrée dans l'Arche de Noé. Enluminure de Jacquemard de Hesdin, XVe s., France.

5 Créationnisme : théorie se basant exclusivement sur le texte biblique de la Genèse (ou ses reprises coraniques) pour penser quand et comment se sont formés l’univers, la terre, les êtres vivants, l’homme. -âge de la Terre et de l’univers ≈ 4000 ans. -le tout crée en 6 jours tous seraient présents dès l’origine fixisme

6 La scala naturae est la représentation classique de l’ordre de la création, supposé être hiérarchique et immuable. En haut culmine le créateur, en dessous les anges, puis l’homme, puis le monde animal, le monde végétal, enfin le minéral. Gravure de 1579

7 Les naturalistes au XVIIIe siècle sont créationnistes et fixistes
« Il y a autant d’espèces différentes que l’Être infini en a créées au départ » Buffon ( ) Carl von Linné ( )

8 2. La filiation homme/animal: l’évolutionnisme de Darwin
Charles Darwin ( ) (1859)

9 « Le voyage à bord du Beagle  (1831-1836 ) »
- observation en Argentine : similitudes entre espèces fossiles disparues et les espèces présentes sur le même continent et seulement là. observation des Galápagos : similitudes et variations entre les espèces de Pinsons. Chaque espèce est adaptée à son milieu. (gros bec grosses graines)

10 La sélection naturelle
Les grands principes de la théorie de Darwin Le rôle du hasard L’évolution peut être expliquée sans avoir recours à l’idée de dessein intelligent à l’œuvre dans la nature La sélection naturelle Elle est la cause principale de la diversité, elle produit l’adaptation de chaque espèce à son milieu La transmission héréditaire Une modification sélectionnée se développe jusqu’à gagner toute une population, qui va s’éloigner progressivement de l’espèce-mère, jusqu’à former une autre espèce. « Si, au milieu des conditions changeantes de la vie, les êtres organisés offrent, dans toutes les parties de leur conformation, des différences individuelles, fait qu’on ne saurait contester; si la raison géométrique de son augmentation expose chaque espèce à une lutte sévère pour l’existence, à un âge, une saison, ou une période quelconque de sa vie, point qui n’est pas moins certainement incontestable ; alors, en tenant compte de la complexité infinie des relations réciproques qu’ont entre eux et avec leurs conditions d’existence tous les êtres organisés, causes déterminantes d’une diversité infinie de constitutions, de conformations et de mœurs qui peuvent leur être avantageuses, il serait extraordinaire qu’il ne dût jamais survenir de variations utiles à leur prospérité, comme il s’en est tant présenté que l’homme a utilisées. Si des variations utiles à un être organisé apparaissent, les individus affectés doivent assurément avoir une meilleure chance de l’emporter dans la lutte pour l’existence, de survivre et, en vertu de l’hérédité, de produire des descendants semblablement caractérisés. C’est ce principe de conservation, de survivance du mieux adapté, que j’appelle sélection naturelle. Il conduit à l’amélioration de chaque être dans ses rapports avec les conditions organiques et inorganiques dans lesquelles il vit et, par conséquent, vers ce qu’on peut, dans la majorité des cas, considérer comme un état progressif d’organisation. Néanmoins, des formes inférieures et simples pourront durer longtemps, lorsqu’elles seront bien adaptées aux conditions peu complexes de leur existence… » Darwin, L’Origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la lutte pour l’existence dans la nature, p. 148.

11 Les variétés sont des espèces naissantes!

12 Un exemple d’évolution : la couleur des phalènes du bouleau
Évolution des bouleaux : noircissent du fait de la pollution en milieu industrielle depuis le 19ème. Le phalène noir est donc plus adapté en milieu industriel.

13 La théorie évolutionniste explique les similitudes et les variations entre les espèces proches :
Proailurus, ancêtre le plus probable des félins, vivait il y a 25 millions d’années

14 Ou entre les espèces éloignées :
L’archeopteryx Patte de lézard Patte de poule

15 Toutes les espèces vivantes sont parentes : elles ont un ancêtre commun
À l’année de la publication de De l’origne des espèces, on ignorait la nature du support des caractères morphologiques héréditaires. On ignorait également la cause des variations morphologiques aléatoires postulées dans le principe de variation. La découverte de Mendel (1865) des lois de l’hérédité répondit à la question des principes gouvernant la transmission des caractères morphologiques héritables. Il fallu toutefois attendre les travaux de  Watson et Crick (1953) pour savoir que le support des caractères héréditaires (les gènes) sont de grosses molécules (molécules d’ADN) logées sur les chromosomes. Les facteurs susceptibles d’engendrer des mutations (modifications des chaînes d’ADN) sont : (1) les erreurs dans la duplication de la molécule d’ADN ; (2) les agents chimiques ; (3) les agents radiologiques. La théorie synthétique de l’évolution La théorie synthétique de l’évolution, appelée aussi « théorie moderne de l’évolution » ou « néo-darwinisme », a été élaborée dans les années 1970 sur la base de la théorie de l’évolution de Darwin en y ajoutant et intégrant les connaissances acquises depuis en génétique, en génétique des populations, en biologie moléculaire, en écologie et en éthologie. Trois principes forment l’ossature de cette théorie : 1. Principe de variation Dans toute population, il se produit des mutations génétiques aléatoires, pouvant s’exprimer par des traits phénotypiques particuliers chez les individus porteurs de ces gènes mutants. 2. Principe de sélection Les individus porteurs de traits favorables par rapport au milieu de vie bénéficient d’un plus grand succès reproducteur au sein de leur population. 3. Principe de spéciation La scission d’une population en deux sous-populations isolées conduit au fil des générations à l’incompatibilité sexuelle entre ces sous-populations. (Donnant ainsi naissance à une nouvelle espèce.)

16 Selon la théorie de l’évolution, l’homme n’a pas de place singulière dans l’ordre de la création :
- son apparition résulte du concours du hasard et des mécanismes de l’hérédité. Rien ne montre qu’il est le but de la création , ni l’étape ultime de l’évolution. C’est dans son ouvrage La descendance de l’homme et la sélection sexuelle (1871) que Darwin affirme explicitement que l’homme serait une espèce parmi les autres qui entretiendrait avec ces dernières des liens de parenté qui remonterait ultimement à une forme de vie primitive. Cette affirmation a des conséquences philosophiques considérables : l’homme dans son état actuel serait une forme de vie résultante des principes aveugles de la variation et de la sélection ; son espèce ne serait ni meilleure ni pire que les autres, dans la mesure où toutes les espèces actuelles seraient les termes adaptés d’un vaste processus évolutif régi par les lois de sélection naturelle. Théorie de Darwin confirmée ensuite par les progrès de la génétique récuse définitivement les conceptions polygénistes à la base du racisme. Tous les être humains appartiennent à une même espèce (monogénisme) La filiation de l'homme (1871)

17 « On ne peut plus croire que l'homme soit l'œuvre d'un acte séparé de création »
« avec toutes ses capacités sublimes, l'homme porte toujours dans sa construction corporelle l'empreinte indélébile de sa basse origine. » Extraits de La filiation de l’homme, 1871

18 Ces deux espèces descendent de l’homo erectus.
L’espèce humaine (Homo sapiens, 35OOO ans) est cousine d’une autre espèce : l’homme de Néanderthal, aujourd’hui disparu. Ces deux espèces descendent de l’homo erectus. - Toutes ces espèces d’ hominidés ont eux-mêmes un ancêtre commun avec tous les primates, dont font partie les actuels singes. L’évolution humaine Selon l’anthropologie physique contemporaine, l’espèce humaine actuelle (Homo sapiens sapiens) est apparue il y a seulement 100,000 ans environ (± 50,000 ans). Elle appartient à la lignée des hominidés, formée des genres Homo et Australopithecus, qui sont les primates bipèdes fossiles et actuels. Homo sapiens sapiens ne représente plus que la seule espèce de cette lignée. Le genre Homo dérive du genre Australopithecus, qui comportait plusieurs espèces, dont A. afarensis constitue vraisemblablement le tronc commun. L’apparition du genre Homo remonterait à deux millions d’années environ, à l’est du grand rift africain. L’arbre généalogique ci-dessous, très simplifié, est toujours en cours d’élaboration et des incertitudes demeurent, tellement les découvertes s’accumulent rapidement. On constate de toutes façons l’effarant développement de la culture chez Homo sapiens sapiens. Depuis que nous existons, hommes et femmes Homo sapiens sapiens, notre évolution est culturelle et non biologique. (N.B. : Les temps sont approximatifs et les volumes cérébraux sont moyens.) (Problème) Comment expliquer les différences entre les humains s’ils possèdent tous la même nature biologique? Le problème du biologisme est de considérer chaque individu comme entièrement déterminé par son état biologique, alors qu’il l’est au moins autant par son histoire. Un grand nombre de facteurs de différenciation sont acquis, c’est-à-dire semblent dépendre de ce que l’on apprend : n’importe quel être humain éduqué dans un certain contexte peut apprendre une langue comme n’importe quel autre système culturel. La diversité humaine ne peut s’expliquer en termes biologiques mais seulement en termes culturels.

19 Croquis de l’évolution supposée des espèces ancêtres de l’homme
Crâne d’homo habilis (conservé au Museum d’histoire naturelle) daté de 1,4 millions d’années Le long processus d’hominisation, commencé il y a plus ou moins quinze millions d’années a consisté fondamentalement à passer d’une adaptation génétique à l’environnement naturel à une adaptation culturelle. Au cours de cette évolution, qui a abouti à Homo Sapiens Sapiens, le premier homme, s’est opérée une formidable régression des instincts, « remplacés » progressivement par la culture, c’est-à-dire par cette adaptation imaginée et contrôlée par l’homme qui se révèle beaucoup plus fonctionnelle que l’adaptation génétique, car beaucoup plus souple et plus rapidement transmissible. La culture permet à l’homme non seulement de s’adapter à son milieu, mais aussi d’adapter celui-ci à lui-même, à ses besoins et à ses projets, autrement dit la culture rend possible la transformation de la nature. Squelette de Lucy, australopithèque de plus de 3 millions d’années découvert en Ethiopie

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21 -paléontologie (étude des fossiles)
La théorie de Darwin a été confirmées de multiples manières, dans des champs très diverse : -paléontologie (étude des fossiles) -embryologie (notamment : comment l’embryogenèse rappelle la phylogenèse chez les mammifères) -science de la classification biologique étude des virus et bactéries (cf. évolution du virus de la grippe A) etc. Bien sûr, il reste des zones d’ombres en ce qui concerne la vie: -tout l’ordre du vivant et son histoire est encore loin d’être complètement expliqué. Mais explicable. -l’apparition des premières formes de vie

22 3.La diversité des sociétés humaines et des comportements humains s’expliquent-elles par la biologie évolutionniste ? a- le « darwinisme » social de H. Spencer •Individus et sociétés humaines évolueraient comme les êtres vivants. la lutte pour la vie est l'état naturel des relations sociales. elle est source des progrès de l'être humain. •de la théorie à l’idéologie politique : au sein des sociétés : supprimer les institutions et comportements qui font obstacle à l’élimination des « moins aptes » et à la sélection « des plus aptes ». entre les sociétés : la compétition entre les groupes humains, la lutte entre les « races » est le moteur de l’histoire.

23 b- la sociobiologie (Edward O. Wilson; Richard Dawkins)
•Avant la révolution néolithique, il y a ans, l’homme a vécu pendant des centaines de milliers d’années au sein de groupes qui vivaient de la chasse et de la cueillette. Son organisme, ses instincts, les comportements qui en découlent, se sont adaptés à un tel milieu et mode de vie. •Les comportements actuels de l’homme se comprennent en fonction de cet EAE (environnement de l’adaptation évolutionniste) : nous héritons des gênes de ces ancêtres. • exemple : le choix du conjoint. Selon certaines expériences, le choix amoureux est inconsciemment déterminé par des hormones qui fournissent des informations génétiques sur le partenaire, (donc sur sa descendance potentielle). Importance des gènes dans cette théorie : le gène égoïste : la sélection se fait surtout au niveau des gènes. L’individu est le véhicule, l’hôte de ses gènes, qui tentent de reproduire.

24 c- Darwin : le processus de civilisation distingue l’homme du régime des autres espèces.
Bien que l’homme soit le résultat de l’évolution, une rupture s'établit chez l’homme Nous autres hommes civilisés, au contraire, faisons tout notre possible pour mettre un frein au processus de l'élimination [des plus faibles]; nous construisons des asiles pour les idiots, les estropiés et les malades ; nous instituons des lois sur les pauvres … » Extraits de la filiation de l’homme

25 Si importante qu'ait été, et soit encore, la lutte pour l'existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l'homme, il y a d'autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l'habitude, aux capacités de raisonnement, à l'instruction, à la religion, etc., que grâce à la Sélection Naturelle ; et ce bien que l'on puisse attribuer en toute assurance, à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral. Extraits de la filiation de l’homme La sélection naturelle explique l’apparition de l’espèce humaine et même des instincts sociaux (tendance de l’homme à entrer en relation avec ses semblables). Mais de ces relations sociales émergent de nouvelles aptitudes. Darwin insiste sur le « sens moral ».

26 II. L’Homme, un animal dénaturé par la culture ?
1. L’Homme est un animal cultivé « Il est manifeste, (…), que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain » Les Politiques, I,1 Un homme, biologiquement parlant, qui vivrait isolé de tout autre membre de son espèce resterait à l’état animal et ne pourrait être considéré comme humain. Lorsque Aristote affirme que « l’homme est par nature un animal politique » et que celui qui par nature n’appartient à aucune cité est soit « une créature dégradée », une brute, soit un dieu, il met en avant le caractère proprement culturel de l’homme. C’est par la vie en société, l’utilisation du langage, la distinction du juste et de l’injuste, que l’homme se distingue des autres animaux et acquiert son humanité. Le concept d’humanité irréductible à une définition purement biologique Hominisation : désigne le passage du non-humain à l’humain dans l’histoire des espèces Humanisation : désigne le processus éducatif permettant au nourrisson de devenir adulte et de réaliser son humanité. L’hominisation a produit un être qui devra s’humaniser. Aristote ( )

27 Le cas des « enfants sauvages » semble venir confirmer cette idée :
Dans un livre intitulé Les enfants sauvages, Lucien Malson  recense et étudie les différents cas d’enfants qui ont survécu en situation d’extrême isolement. Il faut d’abord préciser que sur le nombre d‘enfants qui ont dû être perdus ou abandonnés, on n’a recensé depuis le XIV siècle et sur toute la planète seulement 52 cas d’individus ayant survécu en situation d’extrême isolement.  Les enfants que l’on a pu découvrir seuls dans la nature étaient assez peu humain de par leur comportement. Victor de l’Aveyron par exemple, a été trouvé à l’âge de 6 ans par des chasseurs près d’un village. Il avait vécu comme un jeune animal dans les bois. Sa gorge n’émettait qu’un cri rauque, il cherchait constamment à fuir, il était indifférent aux mauvaises odeurs, à l’hygiène en général, il ne reconnaissait même pas son image dans un miroir. Il faisait le tour du miroir pour savoir qui était caché derrière. C'était une sorte de petit animal farouche. En bref, il ne semblait manifester aucune des caractéristiques « humaines » : le langage articulé, la sociabilité, la connaissance réflexive de soi, jusqu'à la station debout. Était-ce normal?     Devant un cas d’école de ce type, suivant la représentation de la nature humaine qui sert de point de départ, on peut prendre deux positions extrêmes (cf. texte 1 de Lucien Malson) :     1) soit partir du principe qu’il existe une nature humaine innée, douée du langage de la sociabilité etc. et confronter l’idée de la nature humaine avec tel ou tel cas. Comme l’enfant sauvage ne semble pas posséder les traits caractéristiques de la nature humaine, on aura tendance à penser que l’enfant est déficient, parce qu’il devrait les posséder, puisqu’elles sont innées. Le premier psychiatre à avoir examiné Victor, Pinel, prit ce parti. Victor ressemblait par son comportement aux idiots de naissance que l’on tente de soigner en psychiatrie. Pinel conclut que cet enfant devait être idiot et pour cette raison devait avoir été abandonné par ses parents.     2) soit partir du principe qu’il n’y a pas vraiment de nature humaine qui soit proprement innée, les éléments de la nature humaine étant plutôt acquis en société. Si Victor est privé de la sociabilité, du langage, de la connaissance réflexive de soi, ce n’est pas parce qu’il est idiot, mais parce qu’il ne les a pas appris, n’ayant pas été mis en contact avec ses semblables dans une société. Le second médecin le docteur Itard adopta ce point de vue. Cette divergence de point de vue nous conduit à nous poser la question de la définition de l’humain. A travers sont étude sur les enfants sauvages, Lucien Malson en arrive à conclure que dans le cas de l’homme, l’absence ou la présence des autres a toujours un impact déterminant dans le développement des caractéristiques propres de l’humain. Victor de l’Aveyron

28 Pinel Itard Partisan d’une nature humaine innée humanité « acquise »
Si l’enfant « sauvage » ne présente pas les traits caractéristiques « innées » de l’humain (parole, sociabilité, etc.), c’est parce qu’il mentalement déficient. Pinel y voit là la raison de son abandon. humanité « acquise » Si l’enfant est privé de la sociabilité, du langage, de la connaissance réflexive de soi, ce n’est pas parce qu’il est idiot, mais parce qu’il ne les a pas appris, n’ayant pas été mis en contact avec ses semblables dans une société. les caractéristiques proprement humaines se développent-elles naturellement, indépendamment de tout contact avec ses semblables, même dans un isolement strict ? Le cas des enfants sauvages semblent venir contredire cette idée, et tend à montrer que la nature humaine et ce par quoi elle se définit habituellement ne peut se développer qu’au contact de ses semblables, à travers des formes d’apprentissage. Le cas des enfants sauvages est la démonstration vivante de l’incapacité à s’humaniser hors du contact avec leurs semblables. Pour devenir humain, le petit d’homme doit donc être humanisé. Les conditions de son humanisation passent par son appartenance à une culture et à l’éducation qui lui sera inculquée. Dans ce sens, l’homme peut bien être défini d’abord comme un « être de culture ».

29 Photos extraites du film de François Truffaut, L’Enfant Sauvage
Texte 2 : Lucien Malson, Les enfants sauvages, p.8-9 « La vérité est que le comportement, chez l’homme, ne doit pas à l’hérédité spécifique ce qu’il lui doit chez l’animal. Le système de besoins et de fonctions biologiques, légué par le génotype, à la naissance apparente l’homme à tout être animé sans le caractériser, sans le désigner comme membre de l’ « espèce humaine ». En revanche cette absence de déterminations particulières est parfaitement synonyme d’une présence de possibles indéfinis. A la vie close, dominée et réglée par une nature donnée, se substitue ici l’existence ouverte, créatrice et ordonnatrice d’une nature acquise. Ainsi, sous l’action des circonstances culturelles, une pluralité de types sociaux et non un seul type spécifique pourront-ils apparaître, diversifiant l’humanité selon le temps et l’espace. Ce que l’analyse même des similitudes retient de commun chez les hommes, c’est une structure de possibilités, voire de probabilités qui ne peut passer à l’être sans contexte social, quel qu’il soit. Avant la rencontre d’autrui, et du groupe, l’homme n’est rien que des virtualités aussi légères qu’une transparente vapeur. Toute condensation suppose un milieu, c’est-à-dire le monde des autres ».

30 On peut ainsi distinguer au moins deux notions de l’humain :
•être humain au sens biologique : anatomie et physiologie typique de l’espèce homo sapiens (espèce de primate) une certaine nature •être humain au sens « moral » : - avoir développé des capacités intellectuelles et morales - adopter un mode de vie civilisé avoir acquis une culture

31 2. significations de la notion de « culture »
Premier sens : sens agricole : processus de transformation d’une terre en vue de la faire fructifier. La notion de culture revêt d’abord un sens qui concerne un processus, celui par lequel un individu, ou un peuple, voire l’humanité toute entière, vise à s’élever dans l’ordre de la spiritualité. Selon cette acception du concept de culture, celle-ci n’est autre que l’ensemble des efforts faits par l’individu pour se rapprocher de la réalisation effective et concrète de son humanité. La quête de culture désigne ici le désir, propre à l’homme, d’être « cultivé ». Le mot « culture » trouve son origine dans la cultura latine, par application de la culture agricole au domaine de l’esprit. Voici la définition étymologique qu’en donne Hannah Arendt dans La crise de la culture : « La culture, mot et concept, est d’origine romaine. Le mot « culture » dérive de colere – cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver – et renvoie primitivement au commerce de l’homme avec la nature, au sens de culture et d’entretien de la nature en vue de la rendre propre à l’habitation humaine » p. 271. Le terme de « culture » renvoie étymologiquement aux soins prodigués à la terre et à ce que l’on s’efforce d’en récolter, à la mesure de l’ensemencement effectué préalablement. La métaphore de la récolte joue à plein ici, et le sujet qui se « cultive » espère recueillir, pour le prix de son travail, quelques beaux « fruits ». On trouve notamment l’usage de cette métaphore chez Cicéron, Tusculanes, II, 13 : « Un champ, si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » Cicéron est aussi le premier à forger, pour l’identifier ici à la philosophie, l’expression même de « culture de l’âme » (cultura animi) : « La culture de l’âme, c’est la philosophie : c’est elle qui extirpe les vices, met les âmes en état de recevoir les semences, leur confie et, pour ainsi dire, sème ce qui, une fois développé, jettera la plus abondante des récoltes ».

32 Par métaphore , Cicéron de « culture de l’âme ».
La culture désigne alors le processus de formation de l’être humain, par lequel celui-ci accède à une forme de vie plus élevée. Cf. l’idéal humaniste de la Renaissance. « Un champ, si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » « L’homme ne naît pas homme. Il le devient. » - Qu’est-ce que « se cultiver » dans ce sens ? C’est un processus de formation de soi qui ne peut se confondre avec le simple engrangement de connaissances positives (inanité d’une conception « quantitative » de la culture, « la tête bien pleine »), le simple travail d’érudition et qui trouve son modèle dans l’exigence socratique du « connais-toi toi-même » ; c’est dans cette tradition antique que naît pour la première fois ce projet de « culture ». Ce projet de formation de soi, de « culture de l’âme » pourra être confondu avec ce que Cicéron appelle « humanitas » : cela même que les grecs avaient nommé paideia, terme qui désigne « le traitement à appliquer aux enfants » et qui avait pour vocation la réalisation en l’homme de son humanité. (Projet alors réservé aux hommes « libres »). Tradition qui perdure tout au long du moyen-âge et de la renaissance (l ’humanisme, cf. Erasme, etc. « L'homme ne naît pas homme il le devient »). Evoquer l’idée de perfectibilité de l’homme dans la perspective des lumières (Condorcet) « La perfectibilité de l'homme est réellement indéfinie [...]; les progrès de cette perfectibilité, désormais indépendants de toute puissance qui voudrait les arrêter, n'ont d'autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés. » Condorcet, Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain, 1795 Cicéron (Ier s. a.v.J.C.) Érasme ( ) Cicéron ( av. J.-C.

33 Ce sens évolue et s’appauvrit jusqu’à désigner les connaissances (scientifiques, humaines, philosophiques, artistiques…) que l’on acquière, (devenant ainsi ‘cultivé’)

34 l’ensemble des acquis sociaux
Un autre sens apparaît : au sens ethnologique , la culture est le mode de vie et les manières de penser propres à une société l’ensemble des acquis sociaux « Culture ou civilisation, pris dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et les autres capacités ou habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société » Cet effort de culture ne peut se réaliser qu’au sein d’une société qui nous en donne les moyens, qui peut assurer notre éducation. Il faut souligner ici le lien nécessaire qui unit l’homme cultivé à tout ce qui peut l’aider dans cette effort de culture : les parents, les éducateurs, les institutions, les œuvres culturelles constituées, les « objets culturels », bref tout ce qui provient de la société à l’intérieur de laquelle ce travail peut prendre racine et se perpétuer. Selon cette signification de la culture comme processus de formation de soi, d’humanisation, il apparaît qu’aucun projet de cette sorte ne peut se réaliser indépendamment de la société, c’est-à-dire d’une « culture » ou d’une « civilisation » déjà constitués. On entend alors par le concept de « culture » non plus le processus de formation, mais les institutions elles-mêmes, les valeurs, les croyances, les modèles de comportement, les rites, les coutumes, les mœurs qui dans une société donné président à la formation des individus. Elle devient synonyme de « civilisation ». Une culture prise en ce sens se définit plus brièvement – selon la formule de l’ethnologue Ralph Linton – comme « le mode de vie d’une société ». E. B. Tylor ( )

35 Dans tous les sens, la culture de l’homme se distingue de sa nature, la transforme, voire la nie…

36 3- la différence entre nature et culture
Comment distinguer en l’homme ce qui relève de la nature / de la culture (les acquis sociaux) ? Claude Lévi-Strauss : anthropologue ( ) • la nature, dans l’homme -(sens courant) : les caractéristiques que nous ne pouvons pas changer -(Définition de LS) : l’ensemble des caractéristiques que nous tenons de l’hérédité biologique : l’innée. anatomie, physiologie, instincts (Critère de reconnaissance selon LS ) : caractéristiques universelles et uniformes. Pourtant, la variété dans les manières de satisfaire les besoins naturels montre que ces pratiques ne sont pas simplement naturelles.

37 • la culture Définition : habitudes et capacités que l’homme tient de sa communauté ou société, et que celle-ci a crée. Critère : variable d’une société à une autre.

38 « Les quatre conquêtes culturelles de l’homme »
Malinowski, La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives (1923). « Les quatre conquêtes culturelles de l’homme » « Le comportement typique, caractéristique de l’état civilisé, diffère essentiellement du comportement animal à l’état de nature. Quelque simple que soit sa culture, l’homme dispose d’un ensemble matériel d’instruments, d’armes d’ustensiles domestiques; il évolue dans un milieu social qui l’assiste et le contrôle à la fois ; il communique avec les autres à l’aide de langage et arrive à former des concepts d’un caractère rationnel, religieux ou magique. L’homme dispose ainsi d’un ensemble de biens matériels, il vit au sein d’une organisation sociale, communique à l’aide du langage et puise les mobiles de ses actions dans des systèmes de valeurs spirituelles. Ce sont là les quatre principaux groupes dans lesquels nous rangeons la totalité des conquêtes culturelles de l’homme. Nous ne connaissons donc la culture qu’à l’état de fait accompli, mais nous ne l’observons jamais, et c’est ce dont il importe de se rendre compte avec toute la clarté possible, in statu nascendi (à l’état naissant) »

39 Ex : étude de la famille ou « lien de parenté » par LS
• Conception ordinaire: la famille est d’abord une entité naturelle, car: - « liens de sang » : rapport biologique parents / enfants - répond à une fonction naturelle (reproduction et survie des enfants).

40 • Acquis de l’ethnologie : les structures familiales et rôle assigné à chacun des membres varient d’une société à une autre. famille eskimo = famille occidentale.

41 type hawaïen (ex : Hawaï) : frères et sœurs des parents = parents ; tous leurs enfants = frères et sœurs. Système iroquois : le frère de la mère et la sœur du père n’ont pas le même statut que le frère du père et la sœur de la mère (ce qui se répercute sur la génération suivante: leurs enfants ne sont que des cousins). Congo : sœurs et frères de la mère sont « mères » (« Ma Jean-Paul »), sœurs et frères du père sont « pères » (« Pa

42 4. La culture comme négation de la nature
« Je pose en principe un fait peu contestable : que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apporte pas de réserve ». Mais si la culture est formation de soi, elle est aussi dans le même temps étymologiquement transformation de la nature, dénaturation. La « culture » recouvre alors tout ce par quoi l’existence humaine arrive à se hisser au-dessus de la pure animalité, et plus généralement, à travers elle, au dessus de la nature. L’homme est un animal dénaturé par la culture : par la culture et l’éducation l’homme nie la nature en lui et hors de lui (perspective anthropologique) Georges Bataille ( )

43 a-L’homme nie la nature hors de lui par la transformation de son milieu
Négation de la nature hors de lui par la transformation de son milieu. L’homme ne fait pas que s’adapter à son environnement, il adapte celui-ci à ses propres besoins. Contrôle/maîtrise de ses conditions de vie. Nature/artifice. La culture est transformation du donné naturel. Par le travail, la technique ou l’art l’homme transforme la matière brute, l’humanise en lui imposant sa volonté, et crée un monde nouveau. La culture se présente comme l’autre de la nature (ce qui est donné, premier), comme l’artifice venant la remplacer. La culture est ce que l’homme ajoute à la nature. Cultures dans le Kansas cultures dans une zone désertiques entre l’Afrique du sud et la Namibie

44 Ocean Dome, Miyazaki sur l’île de Kyushu au Japon
Ocean dome : un parc aquatique au Japon. Ocean Dome, Miyazaki sur l’île de Kyushu au Japon

45 Le projet Biosphère II, désert de l’Arizona
Biosphère II, ou Biosphère 2, est un site expérimental construit pour reproduire un système écologique artificiel clos situé à Oracle (en), dans le désert de l'Arizona. Biosphère 2 fut construite entre 1987 et 1991 par Space Biosphere Ventures, une entreprise dont les promoteurs furent John Polk Allen et Margret Augustine. Cette structure avait pour but de tenter de recréer un écosystème viable à l'intérieur d'un immense dôme fermé. Il avait entre autres objectifs d'évaluer la faisabilité de biosphères identiques lors de la colonisation spatiale. L'expérience a été baptisée Biosphère 2 en considérant que la Terre est « Biosphère 1 ». Les fonds nécessaires, évalués à 200 millions de dollars furent fournis par Edward Bass (en) entre 1985 et 2007. Avec une superficie de 1,27 ha, c'est le plus grand système écologique fermé jamais construit. On y avait reconstitué différents écosystèmes : une forêt tropicale humide, un océan avec sa barrière de corail, une mangrove, une savane, un désert, un terrain reservé à l'agriculture, un habitat humain avec ses quartiers privés et ses lieux de travail, ainsi qu'un étage en sous sol pour les installations techniques. De l'eau chaude et froide circulait à travers un réseau de tuyaux indépendant, et l'énergie électrique était fournie par une centrale au gaz naturel. Son étanchéité permit aux scientifiques de mesurer chaque modifications de l'air, de l'eau et du sol, ainsi que l'état de santé de l'équipage humain qui y vivait. Deux missions ont été menées dans le dôme scellé. La première a duré du 26 septembre 1991 au 26 septembre La seconde a duré six mois en Biosphère 2 a été créée car les chercheurs voulaient voir s'il était possible de faire une telle expérience sur Mars pour pouvoir vivre à sa surface. Ce projet, s'il a échoué, concernant notamment le recyclage de l'air, a eu le mérite de montrer la difficulté de maîtriser un écosystème. En juin 2006, la zone n'est plus utilisée à des fins scientifiques, la structure n'est plus en système clos. Située dans la périphérie de Tucson, elle intéresse les promoteurs immobiliers qui comptent y construire des résidences[1]. Le 5 juin 2007, la structure et ses terrains environnants, totalisant 668 hectares, sont vendus à un promoteur immobilier pour 50 millions de dollars. Un projet de construction de maisons et d'un hôtel est prévu. La structure de la Biosphère doit rester ouverte pour des visites touristiques[2]. Le 26 juin 2007, l'Université d'Arizona annonce qu'elle pourrait reprendre des recherches au sein de Biosphère 2, ce qui met fin aux craintes de voir la structure détruite. Les responsables de l'université annoncent que des dons privés pourront permettre de financer les recherches et les coûts d'entretien pour trois années, avec une possible extension à 10 ans[

46 Échangeur à L.A.

47 b- L’homme nie la nature en lui : le refus de l’animalité
•Mise à distance de la dimension animale du corps : Soins hygiéniques Vêtements : fonction naturelle mais aussi fonction morale : pudeur occultation de certaines pratiques qui renvoient à notre animalité dans l’intimité

48 peinture corporelle chez les Aborigènes d’Australie
transformation esthétique du corps : de l’initiation à l’esthétisation quotidienne Dans nombre de sociétés, l’enfant ne devient véritablement homme qu’une fois passée les rites d’initiation (intégration dans la communauté ) peinture corporelle chez les Aborigènes d’Australie Rituels de scarification chez les Papous Remarque: les réactions à la douleurs sont largement variables selon les groupes culturels considérés, voir l’étude de Marc Zborowski, « cultural components in responses of pain », cité par JMM, Médecine et sciences humaines.

49 •Maîtrise des instincts/pulsions par l’intériorisation de règles et de valeurs.
- Négation de certains réflexes instinctifs (ex : méfiance, peurs) ou de pulsions Contrôle : différer leur satisfaction ; adopter une manière de les satisfaire

50 - pratiques religieuses - pratiques artistiques Fêtes et jeux etc.
•Intégration dans des pratiques qui n’ont plus rien de naturel et qui sont entièrement « symboliques » - pratiques religieuses - pratiques artistiques Fêtes et jeux etc. Aucune fonction naturelle: fonction simplement sociale et culturelle Dimension « symbolique » : ont du sens pour ceux qui s’y livrent /qui les comprennent : des règles, des buts, des valeurs… qui « expliquent » le sens de ces pratiques. Ce sens ne se comprend pas d’un point de vue naturel. L’homme, du point de vue de ses besoins et de ses comportements de base est un animal comme les autres. Mais l’homme apprend à se détacher des ses instincts animaux et à modifier ses comportements grâce à l’éducation et à l’intériorisation de règles. « Cette absence de règles semble apporter le critère le plus sûr qui permette de distinguer un processus naturel d’un processus culturel. Rien de plus suggestif à cet égard, que l’opposition entre l’attitude de l’enfant, même très jeune, pour qui tous les problèmes sont réglés par de nettes distinctions, plus nettes et plus impératives, parfois, que chez l’adulte, et les relations entre les membres d’un groupe simien, tout entières abandonnées au hasard et à la rencontre, où le comportement d’un sujet n’apprend rien sur celui de son congénère, où la conduite du même individu aujourd’hui ne garantit en rien sa conduite du lendemain. »  Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté L’éducation permet à l’homme de différer et de réorienter la satisfaction de ses besoins sous des formes réglées : l’homme donne une forme culturelle à la satisfaction de ses besoins naturels. Comme les autres animaux, c’est sur un fondement instinctif que les hommes construisent leurs comportements : l’instinct est là, qui les pousse à agir. Mais pour devenir véritablement des hommes, les jeunes enfants doivent recevoir une éducation qui passe par un véritable dressage de leurs instincts. Ce dressage permet de structurer ces tendances latentes en eux et de convertir leur comportement en autre chose que la simple satisfaction de besoins spontanés. Ce dressage permet de différer la satisfaction des besoins et de réorienter l’énergie instinctive vers des activités gouvernées par des règles. L’homme donne une forme culturelle à la satisfaction de ses besoins naturels. Ce dressage des instincts permet également d’entrer dans des activités qui n’ont pas la satisfaction des besoins naturels pour objet immédiat, signe de pratiques entièrement culturelles.

51 Margaret Mead (1901-1978), Mœurs et Sexualité en Océanie
5. Y ‘a-t-il encore quelque chose de naturel en l’homme ? - La thèse culturaliste : Rien n’est naturel en l’homme L’anthropologie et l’ethnologie nourrissent grandement la perspective culturaliste à notre époque par la mise en évidence de la dimension éminemment culturelle et sociale de certains comportements longtemps pensés comme naturels. La famille, les différences de sexe, etc. ne peuvent pas être définies de façon purement biologique, c’est le résultat, en partie d’une construction sociale et culturelle, et dont les logiques peuvent varier. Cf. texte Margaret Mead Margaret Mead, ethnologue et militante féministe. Cet engagement militant la poussa à expérimenter sur le terrain des sociétés différentes les thèses qui étaient les siennes, selon lesquelles il n’y avait pas de tendances naturelles du comportement, même dans les sexes, et que tout comportement était culturel. Elle étudia notamment la personnalité culturelle de trois tribus de Nouvelle-Guinée, les Arapesh, les Mundugumor et les Chambuli. En portant son attention sur l’éducation en fonction des sexes, elle découvre des types de personnalités par l’observation des comportements et par une sorte de description psychologique de l’intérieur. Sont étudiés spécialement les phénomènes et institutions qui lui paraissent déterminants dans la formation de la personnalité (enfance et adolescence, rites de passage) ainsi que les attitudes traduisant les comportements dominants (relations entre époux, entre parents et enfants, etc.). Elle aboutit à la constatation que la personnalité des Arapesh est marquée par la douceur, l’aspect plutôt féminin du comportement chez l’homme comme chez la femme. L’agressivité et les manifestations d’autorité y sont rares. Chez les mundugumor, au contraire, à quelque centaines de kilomètres, on a affaire à un groupe où l’agressivité et la violence dominent, avec une vie sociale conflictuelle, y compris dans les relations, qui devraient être les plus paisibles, entre parents et enfants, ainsi qu’entre époux. Elle montre combien l’éducation, depuis l’âge le plus tendre, pousse à cette agressivité et à cette violence. Enfin chez les Chambuli, les différences sexuelles sont plus accusées et les hommes, doux, émotifs sont dominés par des femmes actives, travailleuses et viriles. Elle met en évidence la plasticité de l’humain, sa capacité à adopter des comportements culturellement déterminés et remet en cause l’idée de tendances innés qui viendrait définir et réguler les comportements entre individus en fonction des différences de sexe. Critique : apprentissage/éducation rendue possible seulement par la structure biologique de l’homme, etc. Culture moins négation de la nature première, animale de l’homme que son achèvement… Margaret Mead ( ), Mœurs et Sexualité en Océanie

52 L’identité sexuelle varie d’une société à l’autre
Ideal-type de l’identité sexuelle dans les sociétés occidentales traditionnelles (années 30) Identité masculine, « virile » Identité féminine « efféminée » Tempérament (Traits psychologiques) Activité et fonction sociale L’identité sexuelle varie d’une société à l’autre Identité sexuelle type de société Mâle femelle Sociétés occidentales Arapesh Mundugumor Chambuli Dans la perspective « culturaliste », l’homme n’a pas de « nature » à proprement parler, il a une condition et une histoire individuelle qui s’insère et prend sens dans une histoire collective. L’homme est un être en devenir, chargé d’inventer sa propre définition. Rejoint la thèse de Sartre dans l’existentialisme est un humanisme lorsqu’il soutient l’idée selon laquelle chez l’homme « l’existence précède l’essence ». L’homme se produit lui-même, s’invente une nature, la culture. Mais du coup, si l’homme n’est que ce qu’il se fait être, on est directement confronté à l’impossibilité d’une définition universelle de l’humain. En témoigne la diversité culturelle. Il y aurait autant d’humanités différentes qu’il y a de cultures différentes. Relativisme. Impossibilité de penser l’humain par delà la diversité des cultures, de façon universelle, dans son unité. Se borner à constater les différences ? Perspective peut-être trop radicale qui oublie que pour qu’il y ait apprentissage il faut qu’il y ait des dispositions innées qui le rendent possible, c’est que rappelle de façon décisive le biologiste François Jacob dans Le Jeu des Possibles.

53 Identité masculine, « virile » Identité féminine « efféminée »
Ideal-type de l’identité sexuelle dans les sociétés occidentales traditionnelles (années 30) Identité masculine, « virile » Identité féminine « efféminée » Tempérament (Traits psychologiques) Agressif, brutal, dominateur, Volontaire, actif courageux actif Douce, sensible Servile Passive Timide Activité et fonction sociale Travail Guerre Travail domestique Education des enfants Dans la perspective « culturaliste », l’homme n’a pas de « nature » à proprement parler, il a une condition et une histoire individuelle qui s’insère et prend sens dans une histoire collective. L’homme est un être en devenir, chargé d’inventer sa propre définition. Rejoint la thèse de Sartre dans l’existentialisme est un humanisme lorsqu’il soutient l’idée selon laquelle chez l’homme « l’existence précède l’essence ». L’homme se produit lui-même, s’invente une nature, la culture. Mais du coup, si l’homme n’est que ce qu’il se fait être, on est directement confronté à l’impossibilité d’une définition universelle de l’humain. En témoigne la diversité culturelle. Il y aurait autant d’humanités différentes qu’il y a de cultures différentes. Relativisme. Impossibilité de penser l’humain par delà la diversité des cultures, de façon universelle, dans son unité. Se borner à constater les différences ? Perspective peut-être trop radicale qui oublie que pour qu’il y ait apprentissage il faut qu’il y ait des dispositions innées qui le rendent possible, c’est que rappelle de façon décisive le biologiste François Jacob dans Le Jeu des Possibles.

54 L’identité sexuelle varie d’une société à l’autre
Ideal-type de l’identité sexuelle dans les sociétés occidentales traditionnelles (années 30) Identité masculine, « virile » Identité féminine « efféminée » Tempérament (Traits psychologiques) Agressif, brutal, dominateur, Volontaire, actif courageux actif Douce, sensible Servile Passive Timide Activité et fonction sociale Travail Guerre Travail domestique Education des enfants L’identité sexuelle varie d’une société à l’autre Identité sexuelle type de société Mâle femelle Sociétés occidentales viril effeminée Arapesh efféminé éfféminée Mundugumor virile Chambuli Dans la perspective « culturaliste », l’homme n’a pas de « nature » à proprement parler, il a une condition et une histoire individuelle qui s’insère et prend sens dans une histoire collective. L’homme est un être en devenir, chargé d’inventer sa propre définition. Rejoint la thèse de Sartre dans l’existentialisme est un humanisme lorsqu’il soutient l’idée selon laquelle chez l’homme « l’existence précède l’essence ». L’homme se produit lui-même, s’invente une nature, la culture. Mais du coup, si l’homme n’est que ce qu’il se fait être, on est directement confronté à l’impossibilité d’une définition universelle de l’humain. En témoigne la diversité culturelle. Il y aurait autant d’humanités différentes qu’il y a de cultures différentes. Relativisme. Impossibilité de penser l’humain par delà la diversité des cultures, de façon universelle, dans son unité. Se borner à constater les différences ? Perspective peut-être trop radicale qui oublie que pour qu’il y ait apprentissage il faut qu’il y ait des dispositions innées qui le rendent possible, c’est que rappelle de façon décisive le biologiste François Jacob dans Le Jeu des Possibles.

55 • selon M.Mead, l’identité masculin/féminin est une construction
sociale • la nature humaine peut être modelée librement par la société • conséquences politiques : justifie une politique féministe contre la domination masculine Idéologie : ensemble d’idées qui justifient une certaine vision de la société au service des intérêts d’un groupe particulier L’analyse anthropologique libère de l’idéologie naturaliste et sexiste et justifie ici une politique féministe. Remarque : la société a le pouvoir de faire évoluer la culture : - changement involontaire (évolution des mœurs ) - changement délibéré (action politique ou civile) La répartition des rôles sociaux selon le genre sexuel est justifié par une idéologie naturaliste: par nature, l’homme devrait dominer les rapports sociaux.

56 Déterminé par les instincts
III- Le partage entre l’humanité et l’animalité est-il si pertinent? L’opposition stricte homme / animal n’est-elle pas simpliste ? Animal Homme Nature Culture Naturel Artificiel Universel Particulier Inné Acquis Instinct Raison Hérédité génétique Héritage social Gènes Education Besoins Désirs Déterminé par les instincts Liberté

57

58 l'homme est par nature un animal politique
1- rapprocher l’homme de l’animal : a- la nature de l’homme le pousse à acquérir une culture l'homme est par nature un animal politique Extrait du Jeu des possibles Aristote ( )

59 •des dispositions naturelles à la culture
-la main nous rend capable de la maîtrise d’outils -nos organes vocaux nous rendent capable de parler. -Le cerveau nous rend capable d’acquérir des aptitudes intellectuelles (Aristote : le coeur).

60 -plus profondément, ce sont nos gènes qui nous prédisposent à l’acquisition d’une culture
« Comme tout organisme vivant, l’être humain est génétiquement programmé, mais il est programmé pour apprendre. Tout un éventail de possibilités est offert par la nature au moment de la naissance. Ce qui est actualisé se constitue peu à peu pendant la vie par l’interaction avec le milieu » François Jacob (1920- )

61 La culture ne peut apparaître qu’en société (holisme).
•Mais il reste que les acquis culturels ne se réduisent pas au développement de notre nature biologique. La culture ne peut apparaître qu’en société (holisme). Aristote insiste sur le fait que dans la communauté, nous apprenons: -le langage -les normes et les valeurs -nous développons notre pensée.

62 b- entrecroisement des facteurs naturels et culturels
• Pour presque tous les phénomènes humains il y a à la fois des causes naturelles et des causes culturelles. • des cas-limites - des conduites complètement naturelles - des conduites complètement culturelles

63 Facteurs individuels ( ψ individuelle) Facteurs culturels
3 sortes de facteurs dans les comportements humains Facteurs individuels ( ψ individuelle) Facteurs culturels Arts, religion Jeux de hasard suicide jeux , sports pratiques esthétiques préférences alimentaires alimentation, orientation sexuelle sexualité Préférences individuelles, désirs particuliers douleurs respiration digestion Facteurs naturels

64 • Peut-on ordonner ces facteurs ?
la nature joue surtout comme un support , détermine surtout des besoins très généraux (ex: pulsion sexuelle, besoin alimentaire) elle peut être plus davantage déterminante (ex: hétérosexualité, domination masculine, alimentation carnée…) Mais la culture peut décider de l’orientation finale (ex: ce qui est permis ou interdit en matière sexuelle ou alimentaire; végétarianisme, homosexualité, etc).

65 2- rapprocher l’animal de l’homme : les « proto-cultures » animales
• préjugé : les animaux seraient conditionnés par leurs instincts (innés) • nombre d’espèces acquièrent des capacités par l’expérience (acquis) Éthologie : science du comportement animal Descombes, « Louis Dumont et les outils de la tolérance », Esprit, n°253, juin 99, cf. p. 68 Par ailleurs, distinguer les faits : par soi / par stimulation ou dressage d’origine humaine Ex : le gypaète barbu, un rapace qui se nourrit d’os, est capable de casser les os les plus gros: il les laisse tomber d'une hauteur de 50 à 100 mètres sur des rochers(champ de pierres). Or, il a besoin de 7 ans d’expérience avant de pouvoir casser correctement ces os. Peut-on parler de technique animale, au même sens qu’une technique humaine? Le problème se pose encore plus nettement en ce qui concerne des espèces voisines de l’espèce humaine.

66 • certains de ces acquis sont des acquis sociaux : acquis par transmission sociale

67 Document : « la culture des chimpanzés » Identités homme - animal:
- transmission sociale par imitation et enseignement des aînés des traits universels et des variantes culturelles propres à chaque groupe des comportements similaires entre groupes dont le but est cependant différent un progrès culturels Document : « la culture des chimpanzés » Identités homme - animal: - transmission sociale par imitation et enseignement des aînés - traits universels (débarrasser l’autre de parasites), identités culturelles entre groupes et variation culturelles qui permet d’identifier le groupe (« culture gombe » ; ex de la méthode hygiénique) Des comportements similaires entre groupes dont le but est cependant différent (déchirer les feuilles avec les dents pour séduire / pour attirer l’attention) - un progrès culturels... probablement semblable à celui à l’oeuvre dans les cultures lithiques de nos ancêtres

68 les « cultures » animales ne seraient pas de véritables cultures.
• des différences manifestes avec les cultures humaines, mais comment les comprendre ? Deux manières : - Thèse continuiste : il n’y a que des «différences de degrés » entre l’homme et l’animal les cultures animales seraient alors des « proto-culture » (proto : premier) thèse dualiste ou discontinuiste : des « Différences de nature » (différence d’essence) entre l’homme et l’animal les « cultures » animales ne seraient pas de véritables cultures. Mais qu’est-ce qui ferait cette différence de nature ? - «Différences de degrés » : même chose au fond (l’homme n’est strictement qu’un animal : une essence commune), mais différence de complexité, de variété, de développements… Cultures animales seraient des « proto-culture » : première forme de culture, balbutiement de la culture. - « Différences de nature » (différence d’essence) - imitation // apprentissage par enseignement qui implique récompense, punition, correction - but naturel // signification pour l’acteur capacité linguistique

69 3- les cultures humaines sont l’expression d’une pensée symbolique
•les conduites de certains animaux sont animées par une intention •mais cette intention est-elle consciente, connue de l’acteur ? •l’homme est capable d’exprimer intention, et sens de son action dans un langage, composé de termes abstraits (« bien / mal »; etc. ) d’une grammaire qui nous rend capable de combiner des pensées Les conduites humaines sont donc animées de pensées et intention symboliques (= qui ont une signification) qui tirent (en partie) leur sens de la société (cf. notion de « représentations sociales »).

70 La culture, ce sont les manières de vivre acquises qui trouvent source dans la transmission sociale et qui ont du sens pour ceux qui les pratiquent : les manières de vivre humaines sont toujours aussi accompagnées de représentations sociales

71 Conclusion : Il serait absurde de nier que l’homme soit, sur le plan biologique, un animal. il fait partie de ses espèces sociales, animées par des instincts sociaux (Darwin). dans certaines sociétés animales, l’individu acquière des aptitudes par la transmission. dans les sociétés humaines, ces acquis culturels sont clairement animées de représentations mentales (pensées) qui sont aussi des représentations sociales.


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