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Raisonnement et rationalité

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Présentation au sujet: "Raisonnement et rationalité"— Transcription de la présentation:

1 Raisonnement et rationalité

2 3 types de traitement: descriptif - ce qu’on fait et comment on le fait (processus) normatif - comment on devrait faire évaluatif - si ce qu’on fait correspond à ce qu’on devrait faire Tradition rationaliste fondée sur les principes de la logique

3 Espace d’un problème: l’ensemble de l’état initial, de l’état final ou état but (solution) et des opérateurs qui définissent les contraintes à l’intérieur desquelles le problème peut être résolu

4 Problèmes dont l’espace est strictement défini (par exemple, problème des cannibales et des missionnaires): se résolvent via des algorithmes ou séquences d’opérations cognitives qui conduisent à la solution avec certitude Problèmes dont l’espace n’est pas strictement défini (par exemple, partie d’échecs ou diagnostic médical): se résolvent via des heuristiques, qui ne garantissent pas la solution mais dont l’expérience nous apprend que la solution peut être atteinte avec une probabilité supérieure à celle du hasard

5 Point de vue pessimiste sur la rationalité humaine: a émergé au début des années 70 (inspiré des travaux de Amos Tversky, Daniel Kahneman) les gens raisonnent et prennent des décisions de telle sorte qu’ils violent les règles familières de la rationalité — étude des heuristiques et des biais de raisonnement

6 Les gens ordinaires ne possèdent pas la compétence rationnelle nécessaire pour traiter certaines tâches de raisonnement et exploitent alors une série de heuristiques qui entraînent des biais de raisonnement (raisonnements qui vont à l’encontre de règles logiques) supposition: les règles de raisonnement dérivent de théories formelles (la logique, la théorie des probabilités, et la théorie de la décision)

7 Il faut notamment tenir compte des facteurs sociaux et émotionnels qui peuvent influencer la rationalité humaine. L'apparition et la disparition d'erreurs ou de biais de raisonnement pourrait dépendre de ces facteurs. Illustration: le paradigme de décision "vie ou mort" de Tversky et Kahneman (1981), ou le « problème de la maladie asiatique », mettant en évidence des effets de « framing ».

8 Dans ce paradigme, les sujets sont confrontés à un grave problème de choix face à une situation où un certain nombre de personnes sont infectées par une maladie mortelle Ils doivent choisir entre deux plans de traitement disponibles suivant leur préférence pour les issues respectives, déterministe dans un cas et probabiliste dans l'autre (issue certaine ou risquée, respectivement)

9 L'issue déterministe conduira à la survie certaine d'un tiers des patients, tandis que l'issue probabiliste résultera dans la probabilité d'un tiers que le groupe complet des patients survivra et la probabilité de deux tiers que personne ne survivra

10 Dans l'une de leurs expériences initiales, Tversky et Kahneman ont fait référence dans leur problème à 600 patients hypothétiques anonymes « Imaginez que les Etats Unis se préparent à l’occurrence d’une maladie asiatique inhabituelle, dont on s’attend à ce qu’elle tue 600 personnes. Deux programmes alternatifs pour combattre la maladie ont été proposés. Supposez que les estimations scientifiques exactes des conséquences sont comme suit: Si le Programme A est adopté, 200 personnes seront sauvées. Si le Programme B est adopté, il y a une probabilité d’un tiers que les 600 personnes seront sauvées et une probabilité de deux tiers que personne ne sera sauvé. Lequel des deux programmes favoriseriez-vous? »

11 Description différente du même problème: Si le Programme C est adopté, 400 personnes mourront. Si le Programme D est adopté, il y a une probabilité d’un tiers que personnes ne mourra et une probabilité de deux tiers que les 600 personnes mourront. Lequel des deux programmes favoriseriez-vous?

12 Lorsque les choix étaient exprimés positivement en termes du nombre de personnes qui pourraient être sauvées, 72% des sujets ont choisi l'issue déterministe En revanche, lorsque le choix était exprimé négativement en termes du nombre de personnes qui iraient mourir, 78% des sujets ont choisi l'issue probabiliste (risquée)

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14 « vies sauvées » ou « vies perdues »
Ce renversement dans les préférences de choix viole le principe d'invariance de description de la théorie rationnelle du choix, suivant lequel des descriptions différentes des mêmes issues des choix devraient conduire au même ordre de préférence « vies sauvées » ou « vies perdues » aversion de la perte, en particulier de la perte de vie humaine mais ce qui compte comme un gain ou une perte dépend du taux de base et de la formulation (mode d’expression) sémantique

15 Le « framing » positif conduit les sujets à percevoir les résultats comme des gains (aversion du risque) et le « framing » négatif à les percevoir comme des pertes (recherche du risque) Kahneman & Tversky (1979): entre le choix d’un gain sûr de $3000 et une probabilité .80 de gagner $4000, 80% des sujets choisissent le premier entre le choix d’une perte sûre de $3000 et une probabilité .80 de perdre $4000, 92% des sujets choisissent le second

16 Cet effet de « domaine » (gain ou perte) est un phénomène distinct de celui du « framing » Une perte de $20 peut être formulée de manière à paraître un gain (si une perte encore plus grande était attendue) mais objectivement est une perte On peut manipuler indépendamment le « framing » et le « domaine » (dans la maladie asiatique, il s’agit de menace ou perte plus ou moins grande) (dans d’autres cas il s’agit d’opportunités) Afin de créer un effet de « framing », la situation de décision doit nous permettre de voir une situation de deux perspectives différentes (un verre d’eau comme moitié vide ou moitié plein)

17 La Théorie du « prospect » (perspective) rend compte de l’effet de « framing » de la manière suivante: percevoir un résultat comme un gain ou une perte dépend du point de référence (supposé être le « statu quo » au moment du choix) La fonction de valeur de préférence, ou valeur subjective, est concave pour les gains, et convexe pour les pertes Les décideurs optent pour une alternative sûre perçue comme un gain plutôt que pour une alternative risquée et l’inverse pour ce qui est perçu comme perte (optent pour perte risquée plutôt que sûre)

18 Deux étapes dans le traitement de la situation de choix: Editing : les « prospects » sont reformulés et encodés en termes de gains et pertes; le point de référence peut varier selon la formulation Evaluation : les options sont comparées en tenant compte tant des probabilités objectives que de la fonction de valeur subjective

19 Propriétés de la fonction de valeur subjective:
Point de référence : les déviations du PR définissent des gains et des pertes Courbe S —> aversion du risque (gains) et recherche du risque (pertes) Réponse aux pertes plus intense qu’aux gains correspondants

20 Différences liées au sexe: Fagley & Miller (1990): mort, perte d’emploi, expulsion de l’école... Des effets de « framing » ont été observés chez les femmes pour 4 des 5 problèmes, mais chez les hommes pour un seul et dans le sens opposé à la fois à celui prédit par la théorie du « prospect » et observé chez les femmes

21 Fagley & Miller (1997) vies humaines versus argent prédiction: l’effet de « framing » serait plus grand pour les vies humaines « Imaginez qu’il y a trois ans vous avez acheté une maison. Il y a six mois elle valait $36000 dollars de plus que ce que vous aviez payé. Maintenant vous êtes transféré à Chicago et vous devez la vendre. Mais le marché a baissé et la meilleure offre c’est seulement $12000 de plus Deux options: Vendre maintenant au meilleur offrant et gagner $12000 Vendre à terme, avec probabilité de 1/3 de gagner $36000 et de 2/3 de ne rien gagner » Version négative: perdre au lieu de gagner

22 Résultats: 1. l’effet de « framing » n’était pas plus grand pour les vies humaines que pour l’argent
2. — dans le « framing » positif les sujets ont fait plus de choix risqués pour les vies humaines que pour l’argent (contraire à ce qui était prédit) — mêmes résultats pour le « framing » négatif (conforme à ce qui était prédit)

23 cf. Wagenaar et al. (1988): avec « framing » négatif, plus de choix risqués en réponse à un scénario de prise d’otage d’enfants (100 enfants de maternelle) qu’à un scénario de maladie dans une île (100 vacanciers gravement atteints) La plus grande valeur attribuée aux vies des enfants aurait-elle conduit à des choix plus risqués?

24 3. Interaction entre formulation et sexe: le « framing » a affecté le choix chez les femmes mais pas chez les hommes Les femmes ont fait plus de choix risqués lorsque les résultats étaient formulés négativement que lorsqu’ils étaient formulés positivement

25 Levin & Chapman (1900), utilisant 6000 (et pas 600) individus à risque, ont modifié la maladie asiatique en « nouvelle épidémie de SIDA » 1/3 des sujets: l’épidémie affecterait surtout les hommes homosexuels et bisexuels et les drogués 1/3: les hémophiles 1/3: pas spécifié Pour les deux derniers groupes, effets habituels Groupe 1: pas d’effet de « framing »

26 Raisonnement influencé par des « intuitions morales » (exemple de heuristique dans le domaine des jugements moraux) Cropper et al. (1994) a démontré l’importance du « framing » moral dans le cadre très important, du point de vue moral, politique et juridique, des obligations envers les générations futures: les gens ne distinguent pas entre sauver 1 vie aujourd’hui et 45 dans 100 ans Questions du type « choisiriez-vous un programme qui sauve 100 vies maintenant ou un nombre plus grand dans 100 ans? »

27 La réponse pourrait dépendre de l’incertitude sur cette mort (peut-être des progrès technologiques les sauveront). D’autres types de formulation conduisent à des résultats très différents: Frederick (2003) a montré que beaucoup de gens considèrent également « mauvaise » une seule mort de pollution l’année prochaine et une seule mort de pollution dans 100 ans. Donc, les jugements moraux des gens sur les obligations envers les générations futures sont influencés par des effets de « framing »

28 Autre question importante: est-ce que le gouvernement devrait considérer non seulement le nombre de vies mais aussi le nombre d’années de vie sauvées par les interventions de réglementation? Si on tient compte du nombre d’années de vie, un programme qui sauve des enfants devrait recevoir beaucoup plus d’attention qu’un programme similaire qui sauve des personnes âgées Est-ce immoral?

29 Les intuitions morales dépendent d’effets de « framing » (Sunstein, 2004) Les personnes rejettent une approche qui compterait chaque personne âgée comme valant moins que ce que vaut un enfant ou un jeune. Mais si on leur demande si elles favoriseraient une politique qui sauverait 105 vieux ou 100 jeunes, beaucoup de gens préfèrent la dernière, ce qui suggère que l’on tient en compte le nombre d’années de vie à sauver

30 Wang (1996) a réalisé une étude dans laquelle le nombre de patients anonymes hypothétiques était varié: 6, 60, 600 et 6000 Pour les groupes de 600 et 6000 les résultats de Tversky et Kahneman ont été reproduits: plus de choix déterministes lorsqu'on indiquait le nombre de personnes sauvées et de choix probabilistes lorsqu'on indiquait le nombre de personnes condamnées Cependant, pour les groupes de 6 et 60 patients, il n'y avait pas d'effet du mode d'expression verbale du problème, la majorité (relativement faible) préférant l'issue probabiliste

31 Autre expérience de Wang, destinée à tester les fonctions sous-jacentes aux préférences de choix: la référence au groupe familial de 6 patients hypothétiques était introduite au travers de la spécification de leurs identités Dans cette expérience, indépendamment du mode d'expression verbale du problème, une claire majorité des sujets a choisi l'issue probabiliste Cependant, il y avait une différence dans la tendance à faire ce choix : 72% des sujets l'ont choisie lorsque l'issue était exprimée en termes du nombre de patients sauvés, et 94% lorsque l'issue était exprimée en termes du nombre de personnes condamnées

32 Donc, l'expression négative a conduit à une augmentation de la nature intrinsèquement négative de la nature du problème de la vie et de la mort dans un contexte familial (sans qu'il y ait, cependant, de renversement irrationnel de la préférence en fonction du mode d'expression) En résumé, la rationalité de la décision est affectée par les relations de parenté. Lorsque la perte de vies implique des personnes apparentées, une famille, nous devenons plus probabilistes

33 Les résultats indiqués ci-dessus ont été obtenus avec des sujets américains Wang les a reproduits avec des sujets chinois. La seule différence est que l'effet du mode d'expression verbale ne s'est pas manifesté pour le groupe de 600 patients hypothétiques, la tendance majoritaire favorisant le choix probabiliste

34 Cette différence peut être liée à la "taille" subjective des petits groupes qui serait différente chez les américains et les chinois, étant donné les caractéristiques démographiques de la population chinoise (en particulier, plus grande taille de la famille, interactions sociales plus stables à travers les générations dans la communauté locale, faible mobilité des groupes sociaux) Le nombre de 600 personnes apparaîtrait donc moins grand pour des chinois que pour des américains

35 Ces résultats appuient la pertinence d'une approche sociale de la rationalité La rationalité des décisions ne dépend pas seulement de la probabilité formelle et de la structure en termes de coûts et bénéfices d'un problème de choix mais aussi, et de manière déterminante, du contenu et du contexte

36 Théorie combinant effort cognitif minimal à valeur affective (Gonzalez et al., 2004) L’effort cognitif requis pour sélectionner un gain sûr est plus petit que celui requis pour choisir un gain risqué; et celui requis pour choisir une perte sûre est égal à celui requis pour choisir une perte risqué L’effet de « framing » a lieu en raison d’une fonction d’échange entre l’effort cognitif nécessaire pour calculer les valeurs d’une alternative (quand c’est coûteux, on a moins tendance à choisir) et sa valeur affective (on choisit moins si elle est négative)

37 Résultats: les participants ont préféré des gains sûrs à des gains risqués et des pertes risquées à des pertes sûres fMRI: moins d’activité lors du choix d’un gain sûr (comparé à risqué) et même activité pour le choix de perte sûre ou risquée temps de réaction pour choisir dans les « framing » négatifs (formulés en termes de perte) plus longs que dans les « framing » positifs (formulés en termes de gain)

38 Mémoire de licence de Valérie Bachérius: Domaines :
Santé Argent (Fagley & Miller, 1990: davantage de choix déterministes) Relations affectives (Boon & Griffin, 1996: davantage de choix probabilistes, mais effet de « framing » uniquement chez les sujets qui avaient une relation stable) Examens

39 Questionnaire sur « l’importance » des 4 domaines (« ratings » de 1 à 7) :
* Relations affectives: 6.6 * Santé: 5.7 * Examens: 5.0 * Argent: RA > Examens et Argent (mais seulement 14 sujets)

40 Prédictions: 1. En moyenne, plus grande est l’importance du domaine, plus le comportement est « risqué » (= plus il y a de choix probabilistes 2. En moyenne, effet de « framing » 3. Interaction entre domaine et « framing »

41 Méthode: 296 sujets (150 F, 146 M) 8 situations de choix (scripts) 2 « framing » différents Contrôle de l’ordre de présentation des 8 scripts (intra-sujets) « Framing » et implication personnelle: facteurs inter-sujets

42 S600 (S pour santé): “Asian Disease Problem” S2 : survie individuelle suite à 2 types de thérapie Argent: ayant gagné 20 € dans un pari de 60 €, rejouer (probabilité de récupérer les 60 €/perdre tout) ou ne pas rejouer Infidélité: conséquences de la révéler ou non au partenaire (non: un an de plus; oui: stop / pour toujours) “Déclaration”: 1 soirée sûre vs toujours / jamais “Pari” (drague multiple) : 1 sûre vs 3 probabiliste Confiance: un secret (à l’ami 1, sûr pendant 3 mois; à l’ami 2, pas sûr: pour toujours / révélé immédiatement) Examens: 2 méthodes: garantie de succès dans 2/6 examens vs 30% probabilité de 6/6 (70% 0/6)

43 Domaine p<. 0001 Formulation p<. 068 Domaine x Formulation p<
Domaine p< Formulation p<.068 Domaine x Formulation p<.027 Sexe p<.006 Domaine x Sexe p<.01 « Framing » significatif pour santé Non significatif pour examens, relations affectives et argent

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46 Discussion « framing effect ») confirmé que pour 2 scripts (« S600 » & « Pari ») « S2 »: seule très légère tendance: 58% (N) vs 53% (P) choix prob. Infidélité et « Déclaration »: > 80% de choix prob.; « Pari » et Confiance: 47% et 42% —> grandes différences au sein du même domaine Argent : 67% de choix déterministes —> trop peu d’argent? Infidélité : préférence trop claire ? —> expé 2

47 Expérience 2 Argent: x10 (600 euros) « Infidélité 10%»: 10%-90% au lieu de 30%-70% « Infidélité renversé » - conséquences de la révéler sont devenues déterministes: 1 an de plus avec certitude; ne pas révéler: probabiliste « S600 » (pour réplication avec ce groupe)

48 185 étudiants (73 F,113 M) nouveaux sujets Procédure (comme dans Exp
Effet de « framing » pour « S600 » et « Infidélité renversé » Pas d’effet pour Argent : 62% de choix déterministes Pas d’effet pour « Infidélité 10% » : 94% de choix probabilistes

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50 « Infidélité renversé »: le résultat de l’Exp
« Infidélité renversé »: le résultat de l’Exp. 1 était probablement dû à un principe moral (dire la vérité); dans l’Exp. 2 il y a ambiguïté, dire la vérité n’est pas satisfaisant affectivement en termes de résultat (1 an de plus)

51 Conclusions Effet de « framing » dans plusieurs domaines, mais même dans ces domaines pas toujours (santé - 1 script / 2), relations affectives (2 scripts / 6) Quand le choix est facile, pas d’effet de « framing » Quand le choix est difficile (ambiguïté), l’effet n’apparaît pas toujours —> l’ambiguïté est nécessaire mais pas suffisante —> autres facteurs (?) sont-ils impliqués? ? EM: émotionnels, moraux? ? Q: quantité? (S2, argent, examens) ? « Trade-off » entre EM et Q? De toute manière, la « prospect theory » requiert re-élaboration

52 Neuroscience de l’effet de “framing” De Martino et al
Neuroscience de l’effet de “framing” De Martino et al. (Science, 2006): IRMf spécifiquement associé à l’amygdale —> rôle crucial du système émotionnel dans les biais décisionnels l’activité du cortex préfrontal médian et orbital était associé à une susceptibilité réduite à l’effet de “framing” Nouvelle tâche de décision financière: les sujets reçoivent 50$ et doivent choisir entre une option sûre et une option risquée, sous deux formulations: sûre = conserver 20$, perdre 30$ versus risquée = un schéma (identique dans les deux formulations) énonçant les probabilités de gain et de perte —> effet de « framing »

53 Irrationalité dans les jugements de fréquence
Combien de mots, dans tout ce que je vous ai montré aujourd’hui, ont « ment » comme quatre dernières lettres? Combien de mots ont « aux » comme quatre dernières lettres? Combien ont « ot » comme deux dernières lettres? Combien ont « g » comme avant-dernière lettre? Combien ont « n » comme avant-dernière lettre? Combien de mots ont « ain » comme trois dernières lettres?

54 Linda is 31 years old, outspoken, and very bright
Linda is 31 years old, outspoken, and very bright. She majored in philosophy. As a student, she was deeply concerned with issues of discrimination and social justice, and also participated in anti-nuclear demonstrations Please, rank the following statements by their probability, using 1 for the most probable and 8 for the least probable

55 Linda is a teacher in elementary school (b) Linda works in a bookstore and takes Yoga classes (c) Linda is active in the feminist movement (d) Linda is a psychiatric social worker (e) Linda is a member of the League of Women voters (f) Linda is a book teller (g) Linda is an insurance sales person (h) Linda is a book teller and is active in the feminist movement

56 Les problèmes de conjonction font partie des tâches qui demandent un jugement de probabilité Kahneman & Tversky (1982): 89% ont jugé que (h) était plus probable que (f), malgré qu’on ne puisse pas être un cadre de banque féministe sans être un cadre de banque 85% des étudiants du cours de science de décision de la Stanford Business School ont donné la même réponse

57 Sophisme de conjonction: une conjonction de deux éléments est jugée plus probable que l’un des composants de la conjonction c’est un effet très robuste

58 Ancrage Tversky & Kahneman (« Judgment under uncertainty », 1974) les processus de raisonnement quantitatifs - notamment la production d’estimations - peuvent être fortement influencés par les valeurs prises comme point de départ Exemple de tâche: estimer rapidement (en 5 secondes) le produit de (groupe 1) 8x7x6x5x4x3x2x1 (groupe 2) 1x2x3x4x5x6x7x8

59 Prédictions confirmées: 1
Prédictions confirmées: 1. Sous-estimation par manque de temps de faire tous les calculs 2. Résultat de 1 plus élevé que résultat de 2 (médiane pour 1 fut de 2250 et pour 2 de seulement 512) Réponse correcte:

60 —> estimation médiane: 45% après 65 et 25% après 10
Autres exemples de « ancrage »: Estimation du pourcentage de pays africains aux Nations Unies avant cela on montrait aux sujets un nombre arbitraire (roue de la fortune en leur présence): 65 ou 10 dire si l’estimation correcte était plus grande ou plus petite que le nombre indiqué et produire une estimation quantitative —> estimation médiane: 45% après 65 et 25% après 10 Cet effet a lieu même lorsque sujets sont conscients que le nombre d’ancrage a été généré par un processus aléatoire!

61 Suffisance ou présomption (« overconfidence ») Tâche: indiquer le degré de confiance dans sa réponse à des questions factuelles Quelle ville a le plus d’habitants dans chaque paire: (a) Las Vegas (b) Miami (a) Sydney (b) Melbourne (a) Hyderabad (b) Islamabad (a) Bonn (b) Heidelberg

62 Et quel événement historique a eu lieu d’abord: (a) Signature de la « Magna carta » (b) Naissance de Maomé (a) Mort de Napoléon (b) L’achat de Louisianne (a) L’assassinat de Lincoln (b) La naissance de la Reine Victoria

63 Après chaque réponse les sujets devaient dire leur degré de confiance dans la correction de leur réponse: 50% 60% 70% 80% 90% 100% En général, quand ils sont confiants à 100%, seules 80% des réponses sont correctes; quand ils sont confiants à 90%, seules 70% de leurs réponses sont correctes; et quand ils sont confiants à 80%, seules 60% de leurs réponses sont correctes Prévenir les sujets sur cet excès de confiance, ou leur offrir de l’argent (ou des bouteilles de champagne français) pour l’exactitude n’affecte pas le patron de résultats. Cela a été montré avec différentes populations: étudiants de plusieurs niveaux, médecins et même des analystes de la CIA

64 Négligence du taux de base dans les jugements probabilistes Kahneman & Tversky (1973) ont montré que les sujets sous-évaluent l’importance des probabilités antérieures Exemple: psychologues administrent des tests de personnalité à 30 ingénieurs et à 70 avocats, qui tous réussissent dans leur domaine, et en font des descriptions écrites sommaires. Pour 50 (au hasard) des 100 descriptions, il faut indiquer la probabilité que la personne soit ingénieur ou avocat Ceci pour une moitié des sujets; pour l’autre moitié on a inversé le nombre d’ingénieurs et d’avocats - Certaines descriptions se conformaient au stéréotype ingénieur, d’autres au stéréotype avocat, et d’autres neutres

65 Jack is a 45-year-old man. He is married and has four children
Jack is a 45-year-old man. He is married and has four children. He is generally conservative, careful and ambitious. He shows no interest in political and social issues and spends most of his free time on his many hobbies which include home carpentry, sailing, and mathematical puzzles Dick is a 30-year-old man. He is married with no children. A man of high ability and high motivation, he promises to be quite successful in his field. He is well liked by his colleagues Résultats: Les sujets des 2 groupes ont attribué à Jack une très haute (et similaire) probabilité d’être ingénieur. L’ignorance des taux de base était encore plus frappante pour Dick, car la probabilité médiane était de 50% dans chaque groupe

66 L’information sur les probabilités à la base est entièrement ignorée, sauf en cas de description « nulle »: « Supposez que vous n’avez aucune information sur un sujet choisi aléatoirement dans l’échantillon » Quand il n’y a aucune information, les probabilités sont utilisées de manière appropriée; mais quand une information spécifique non pertinente est présentée, ce n’est plus le cas

67 Casscells et al. (1978) sujets de la Medical Harvard School Si un test utilisé pour détecter une maladie dont la prévalence est de 1/1000 a un taux de faux positifs de 5%, quel est le risque qu’une personne chez qui on trouve un résultat positif ait réellement la maladie, en supposant que l’on ne sait rien sur ses symptômes?

68 0.001 / 0.05 = 0.02 —> 18% des sujets 45% ont répondu p = 0.95

69 Les travaux plus récents cherchent à contrecarrer l’approche pessimiste de la rationalité humaine: 1. Conceptions de la psychologie évolutive 2. Rôle des facteurs pragmatiques et linguistiques (on n’a pas fait assez attention à la manière dont les gens interprètent les tâches expérimentales)

70 Hypothèses psychologiques:
Psychologie évolutive: De manière générale, la cognition humaine comprendrait une collection assez étendue de modules fonctionnellement spécialisés et connectés entre eux, lesquels guideraient la pensée et le comportement en fonction de problèmes évolutifs persistants posés par l'environnement écologique mais aussi par l'environnement social (cf. la théorie de Cosmides & Tooby, 1992) Hypothèses psychologiques: hypothèse de la détection de fraudeurs ou tricheurs hypothèse fréquentielle

71 L’hypothèse fréquentielle (ou fréquentiste) « les animaux ont dû faire des jugements sous incertitude » (Cosmides & Tooby, 1996) Dans le monde moderne nous sommes confrontés à beaucoup de descriptions d’informations statistiques (prévisions sur des risques de maladies, de pluie le lendemain, etc.) Mais ce qui était disponible dans le monde où nous avons évolué était la fréquence d’événements réels, par exemple que l’on a eu du succès dans 5 fois sur les 20 où l’on a chassé au nord de la rivière

72 Le raisonnement inductif aurait donc utilisé des représentations de fréquence (dans les probabilités, le n disparaît et par conséquent aussi la fiabilité de l’information) Prédictions: La performance en raisonnement inductif va être différente selon que l’on demande aux sujets de juger une fréquence ou la probabilité d’un seul événement 2. La performance sur les versions fréquentielles de problèmes sera supérieure aux versions non-fréquentielles 3. Plus les sujets peuvent former une version fréquentielle, meilleure sera leur performance

73 38 sujets (76%) ont donné la bonne réponse
Cosmides et Tooby ont réalisé une série d’expériences similaires à celle du diagnostic médical de Casscells et al. Reproduction avec des étudiants de Stanford: 3 (12%) ont donné la réponse correcte: 2% 14 (56%) ont répondu 56% Version fréquentielle: « 1 dans chaque 1000 américains ont la maladie X. (...) En chaque 1000 américains en bonne santé, 50 donnent un résultat positif. (...) Imaginez que nous prenons 1000 américains au hasard. (...) Combien, parmi ceux qui ont donné un résultat positif, ont réellement la maladie? » 38 sujets (76%) ont donné la bonne réponse

74 Facteurs entraînant une amélioration de la performance: Demander une réponse en termes de fréquences donne le plus grand effet, suivi immédiatement par la présentation du problème en termes de fréquences Les représentations fréquentielles activent des mécanismes permettant de raisonner correctement

75 Dans le problème « Linda » (Fiedler, 1988: « Il y a 100 personnes qui correspondent à cette description. Combien sont...? ») a obtenu les résultats suivants: version originale: employée de banque féministe plus probable que employée de banque: 91% des sujets version fréquentielle: seulement 22% ont donné cette réponse

76 Effet de suffisance: Gigerenzer et al
Effet de suffisance: Gigerenzer et al. (1991) L’effet peut disparaître si les sujets doivent répondre à des questions formulées en termes de fréquences A la fin du test (y compris le jugement de confiance), on demandait aux sujets « combien de ces questions vous pensez avoir réussi »? « Il y avait même une légère tendance à la sous-estimation. L’illusion cognitive était disparue »

77 L’hypothèse de détection de tricherie Test de sélection de cartes de Wason (1966) E C « Si une carte a une voyelle d’un côté, alors elle a un chiffre impair de l’autre »

78 Griggs & Cox (1982) beer coke years old years old If a person is drinking beer, then he must be over 20 years old Dans le contexte d’une histoire sur les limitations d’âge concernant la boisson (le patron du bar perd sa licence si la règle n’est pas respectée)

79 Problème structurellement identique au premier, mais son contenu a un effet très différent Premier problème: 25% des sujets donnent la réponse correcte Second problème: 75% Pourquoi?

80 L’altruisme réciproque est avantageux du point de vue évolutif Mais les arrangements réciproques sont vulnérables à la tricherie D’un point de vue individuel, ce serait mieux d’être aidé quand il le faut mais de ne pas réciproquer quand les autres ont besoin d’aide Dans ces conditions, il faut des mécanismes cognitifs qui permettent la détection des tricheurs de manière à ce qu’ils ne soient plus aidés à l’avenir

81 Cosmides et Tooby: modules Darwiniens dont le rôle est de reconnaître les arrangements réciproques et détecter les tricheurs qui acceptent les bénéfices mais ne paient pas les coûts de tel arrangements Et voilà, certaines versions de la tâche de sélection engagent ces modules qui doivent détecter les tricheurs dans des situations d’échange social (donc, la performance à cette tâche dépend de la manière dont elle est présentée)

82 D’après la méta-analyse de Cosmides et Tooby (1992), les problèmes sur des règles présentées en conformité avec un contrat social ont été bien réussis (16/16 expériences), tandis que pour ceux dont le thème ne concernait pas un contrat social cela ne fut le cas que pour 3/19

83 Gigerenzer et Hug (1992) percevoir la règle comme un contat social n’est pas suffisant, il faut aussi qu’il y ait des indices de la possibilité d’une tricherie Version 1: « tricherie » Histoire sur le fait que les occupants d’une cabine à haute altitude dans les Alpes suisses doivent apporter leur propre contribution de bois. « Il y a des rumeurs que la règle n’est pas toujours suivie ». « Un garde vérifie si chacun des occupants a violé la règle »... Version2: non-tricherie: Des membres du Club Alpin pouvaient aussi y passer la nuit Version 1: 89% de réponses correctes Version 2: 53%

84 Autre problème avec possibilité de tricherie bilatérale (entre employeurs et employés) sujets placés dans la perspective des employés et possible tricherie des employeurs: 75% versus 5% sujets placés dans la perspective des employeurs et possible tricherie des employés: 60% versus 10%

85 Mais. Pas de théorie sur les mécanismes Par ailleurs
Mais... Pas de théorie sur les mécanismes Par ailleurs... Il y a des alternatives: — schémas de raisonnement pragmatique — module inné de raisonnement déontique (permissions, obligations, promesses, menaces, conseils...) Le sophisme de conjonction a été présenté par Kahneman et Tversky (1996) comme argument contre l’idée que cet effet disparaît lors des jugements fréquentiels; peut-être cette dernière hypothèse est-elle trop simpliste

86 Pour la psychologie évolutive, le raisonnement humain n’est pas servi par des heuristiques rapides et pas flexibles mais par « des machines élégantes » construites par la sélection naturelle pendant des millions d’années nous ne devons pas être pessimistes en ce qui concerne la rationalité humaine

87 Objection pragmatique: nous ne pouvons pas supposer, sans plus d’arguments, que les gens comprennent les tâches de la manière dont les expérimentateurs voudraient qu’ils comprennent. Par exemple, dans le problème « Linda », le terme « et » peut ne pas être compris comme un opérateur fonctionnel. L’information la plus complète peut être la plus vraisemblable, la plus plausible.

88 Mais... (contre-objection) si c’est comme cela que les sujets l’interprètent, pourquoi la version fréquentielle conduit à une augmentation des réponses correctes? Cela doit être parce qu’il y a quelque chose d’erroné dans notre raisonnement face à la version originale du problème « Linda » Adler (1984): principes de Grice sur la prgmatique de la conversation (par exemple, une phrase est pertinente dans le contexte linguistique spécifique dans lequel elle est prononcée)

89 Si les sujets se comportent selon ces principes, alors ils doivent choisir une alternative dans laquelle la description de Linda est pertinente. Alors dans (f), si on dit seulement que Linda est un cadre de banque sans dire qu’elle est féministe, alors c’est qu’elle n’est pas féministe (ce qui n’est pas probable dans le cadre de la description de Linda). Selon Adler, les gens ne violent pas la règle de conjonction, mais fournissent la bonne réponse étant donné leur interprétation de la question. Il reste à comprendre pourquoi les sujets exhibent l’effet de conjonction dans la version originale mais pas (ou moins) dans la version fréquentielle

90 L’effet de l’âge (expérience
L’effet de l’âge (expérience?) sur les préférences « irrationnelles » Tentori et al. (2001) La détérioration du jugement peut être attendu aux âges avancés erreur de décision dite « préférence irrégulière »: Si je préfère des croissants à des couques au chocolat pour le petit déjeuner, je devrai continuer à préférer les croissants si on me propose de choisir les croissants aux couques au chocolat si l’on ajoute une troisième possibilité de choix, par exemple des couques aux amandes

91 Mais cela n’est vrai que si le 3e produit n’apporte pas de nouvelle information sur les deux premiers. Le changement de préférence peut avoir lieu, même lorsque C n’est pas une alternative attractive, si C peut être plus facilement comparé à B (couque au chocolat) qu’à C (croissant) Simonson & Tversky (1992): A: 6 dollars en main; B: un stylo élégant; C: un stylo pas très élégant —> la proportion de sujets choisissant B a été plus élevée dans la situation à deux alternatives que dans la situation à 3

92 Tentori et al. (2001): réductions au super-marché variant selon la réduction de prix et le prix minimum d’achat Réduction offerte Achat minimum Carte A % $20 Carte B % $45 Carte C % $100

93 D’après une étude pilote, les sujets ne pensent pas que leurs préférences entre A et B pourraient être influencées par la présence de C. Les auteurs en retirent la conclusion qu’il est improbable que la présence de C ajoute de l’information à propos de A ou de B. Etude 1 (300 universitaires et 190 personnes âgées, moyenne: 69 ans) sur AB et ABC % choisissant B Etudiants Adultes âgés AB ABC Une plus grande proportion d’étudiants, mais non d’adultes âgés, a choisi B quand C était présent

94 Etude 2 (italiens) Réduction offerte Achat minimum Carte A 20% 25
Etude 2 (italiens) Réduction offerte Achat minimum Carte A % lire Carte B % lire Carte C % lire % choisissant B Etudiants Adultes âgés AB ABC

95 Interprétations (consistantes): — l’expérience quotidienne du marché enseigne l’adulte (âgé) à être conscient des effets contextuels dans le jugement de la valeur des marchandises — la familiarité avec la catégorie des produits peut réduire la prise de décision « irrégulière » — résistance aux achats « impulsifs »: écartement des produits dont le minimum dépasse le budget (prudence) dans tous les cas, cela agit contre le déclin des processus de contrôle (en particulier d’inhibition)

96 “Background contrast effects in the market, well-being, and morality domains” Background contrast effect: the same product may appear attractive on the background of less attractive alternatives and unattractive on the background of more attractive alternatives

97 Two-step single comparison:
Subject 1 chooses a vs b, subject 2 chooses a’ vs b’ then all subjects choose x vs y

98 Attraction and background contrast effects have been found in the market domain. Are they displayed also in (perhaps) personally more engaging domains like well-being, affective relationships and morality? Most of the work on the latter issues have used explicit judgments —> Compare the occurrence or not of those effects to explicit judgment ratings

99 Focusing illusion: Judgment about a category with attention focused on a subset of the category leads to overweighting this sub-category relative to others (Schkade & Kahneman, PS, 1998, 9, ) When more is less and less is more: the silver medal that fell short of the gold but distanced the bronze, versus was quite distant from the gold but only slightly ahead of the bronze (Medvec et al., JPSP, 1995, 69, )

100 Temporal factors: The value attached to a whole life is not the sum of the values of its parts assessed in isolation: for example, a life that begins badly and ends well is better than one that begins well and ends badly (Diener et al., PS, 2001, 12, ) Peak-end theory of Kahneman: tendency to neglect duration

101 James Dean & Alexander Solzhenitsin effects Positive life Negative life
Number of years Non-extended Extended But: Could retrospective, global judgments of quality of life could be different from choices with the goal of attaining a good life in the future? Preference judgments at a point looking forward and after an event: looking ahead, people may anticipate more positive experiences; looking back, they might prefer the best story

102 Other temporal phenomena: People prefer to integrate losses (receive two rejection letters on the same day) but to segregate gains (earn two prices on different years) (Linville & Fisher, JPSP, 1990, 59, 1-18) Effets de renversement de préférence et rationalisation (cf. dissonance cognitive)

103 Mémoire de Carole Liesens

104 Déduction et modèles mentaux P
Déduction et modèles mentaux P. Johnson-Laird modèles qui utilisent la connaissance générale, des représentations sémantiques de la situation évoquée par les prémisses, et pas seulement (ou pas du tout) les règles de la logique formelle 1. Chaque modèle mental représente une possibilité 2. Il représente ce qui est vrai, pas ce qui est faux

105 Raisonnement modal: à propos de ce qui est possible et de ce qui est nécessaire il est facile d’inférer une possibilité mais difficile d’inférer une impossibilité (qui exige de vérifier tous les modèles mentaux applicables); en revanche, facile d’inférer que quelque chose n’est pas nécessaire que quelque chose est nécessaire (de nouveau, tous les modèles)

106 Jeu de basket un-contre-un If Allan is in then Betsy is in If Carla is in then David is out Can Betsy be in the game? If Allan is out then Betsy is out If Carla is out then David is in Can Betsy be in the game? Or: Must Betsy be in the game?

107 Réponses oui non correctes Question sur ce qui est possible % % Question sur ce qui est nécessaire % %

108 Stratégies On cherche rarement les contre-exemples Plus de la moitié des gens dans cette salle parlent français Plus de la moitié des gens dans cette salle parlent anglais Est-ce qu’il s’ensuit que plus de la moitié des gens dans cette salle parlent à la fois français et anglais?

109 X X X X X X X

110 Situations d’estimation de probabilités sur la base de la mathématique ou sur la base de notre expérience Es-ce qu’il y a plus de mots en Anglais qui commencent par la lettre K ou qui ont K en troisième position? Si un couple a 3 garçons (G) et 3 filles (F), quelle est la séquence de naissances la plus probable: GGGFFF ou GFFGFG ? Intuitions (paris) sur la base de la « disponibilité »

111 Tversky & Kahneman (1973) lecture d’une liste de 39 noms de gens connus (20 hommes 19 femmes mais les femmes étant plus célèbres, ou l’inverse) Y avait-il plus d’hommes ou de femmes? Surestimation de la fréquence du genre pour lequel il y avait le plus d’individus célèbres

112 Bill est un homme de 36 ans, grand, pas sportif, décrit par le voisinage comme étant intellectuel et timide. Il est coopératif et a besoin d ’ordre et structure. Est-il plus probable qu ’il soit un agent de commerce ou un bibliothécaire? (A) La nuit passée, à Las Vegas, vous avez gagné 1.000$, (B) Hier vous avez découvert que dans votre compte il y avait 1.000$ de plus que prévu. Question: dans quel cas allez-vous jouer demain une somme plus grande que d’habitude? 1. Radio: 50$ - 25$ 2. Ordinateur: 2.545$ $

113 La notion de représentativité Distribution au hasard de jetons entre 5 enfants: I II Alan Ben Carl Dan Ed Est-ce qu’il y aura plus de cas I ou II ?

114 Quand « plus » signifie « moins » On préfère minimiser les expériences ou résultats négatifs ou désagréables Mais exception, si étendus dans le temps

115 Kahneman et al. (1993) Deux expériences aversives: 1
Kahneman et al. (1993) Deux expériences aversives: 1. Immerger une main dans de l’eau à 14° pendant 60 secondes 2. Même chose, plus 30 secondes d’augmentation progressive de la température de 14° à 15° Possibilité de choix pour la répétition: 69% ont préféré 2 (l’augmentation de la température rendait l’expérience moins négative). L’expérience subjective n’est pas la simple addition de ses composantes : importance du moment le plus fort et des derniers moments

116 Exemple d’application pratique: traitements médicamenteux douloureux Redelmeier & Kahneman (1996) examen de colonoscopie rectale groupe contrôle: terminé abruptement groupe expérimental: terminé par un retrait plus graduel de la sonde Le groupe expérimental a trouvé l’expérience moins désagréable que le groupe contrôle

117 Les jugements moraux

118 Idée d'un module inhibiteur de la violence à l'origine du développement de la moralité, entre autres de la distinction entre transgression morale et conventionnelle Il ferait défaut chez les psychopathes ou, plus généralement, chez les personnes atteintes de APD - "antisocial personality disorder" (Blair, 1993, 1995)

119 Pour Blair, les êtres humains posséderaient un mécanisme cognitif d'inhibition de violence (VIM). Lorsqu'il serait activé par une communication non-verbale de désarroi (par exemple, une expression faciale triste, la vue et l'écoute de pleurs, etc.) l’individu initierait une réponse de retrait, arrêtant ainsi l'attaque Camras (1977) : la présentation d'indices de désarroi (dans ce cas, une expression faciale triste) a conduit à l'arrêt de l'agression chez des enfants de 4 à 7 ans qui cherchaient à s'emparer d'un objet L'agresseur en général mettait fin à ses demandes et permettait à celui qui initialement avait détenu l'objet de continuer à jouer pendant un temps relativement long

120 Pour Blair, le VIM ne serait pas le seul mécanisme cognitif contrôlant le comportement de retrait d'agression Les fonctions exécutives (cf. le système attentionnel de supervision) pourraient déterminer la réponse finale, allant ainsi éventuellement à l'encontre de la réponse qu'aurait suscitée l'activation du VIM, soit dans un but d'attaque soit pour mettre en place un comportement d'aide Le VIM serait de toute manière un pré-requis pour le développement de trois aspects de la "moralité": les émotions "morales" (sympathie, empathie, culpabilité, remords, etc.), l'inhibition d'une action violente et la distinction moral/conventionnel

121 Blair a étudié particulièrement la distinction entre les transgressions de normes morales et de normes conventionnelles Habituellement, les enfants et les adultes jugent les transgressions morales comme plus sérieuses que les transgressions de conventions. Ils considèrent que les transgressions morales ne sont pas acceptables, même en l'absence de règles d'interdiction tandis que les transgressions de conventions sont jugées comme permissibles s'il n'y a pas de règle qui les interdit Les transgressions morales sont moins sous une juridiction d'autorité (l'acte ne serait pas permissible même si une autorité dit qu'on peut le faire) que les transgressions de conventions

122 La distinction moral/conventionnel a été trouvée chez des enfants (> 39 mois) et à travers différentes cultures Blair: l'appariement répété de représentations de transgression avec les indices de désarroi causés par l'acte conduit à ce que ces représentations deviennent, à travers un conditionnement de type classique, des stimuli conditionnés pour l'activation du VIM En revanche, puisque les transgressions de conventions, par définition, ne produisent pas de victime, leurs représentations ne sont jamais appariées avec des indices de désarroi et par conséquent ne deviennent jamais des stimuli pour l'activation du VIM L'aversion ressentie lors de la réponse de retrait suite à l'activation du VIM (en cas de transgression morale) fait que l'acte soit jugé comme mauvais

123 Le VIM serait un mécanisme cognitif indépendant d'autres mécanismes cognitifs tels que le mécanisme de la théorie de l'esprit responsable de l'attribution d'intentionnalité En effet, Blair a trouvé que les psychopathes, contrairement aux autistes, ne sont pas appauvris dans les tâches d'attribution de croyances. Le manque de VIM fait perdre une source de l'interruption de l'action violente Le développement du psychopathe serait donc une conséquence du manque de VIM accompagné de facteurs cognitifs (éventuellement des déficits au niveau des fonctions exécutives) ou environnementaux qui restent non spécifiés

124 Dans l'expérience de Blair (1995), des psychopathes et des contrôles ont été questionnés sur des histoires comportant des situations de transgression morale et de conventions (un enfant frappant un autre enfant, un enfant tirant les cheveux d'un autre qui se met à pleurer, un enfant abîmant un piano ou cassant un jouet; deux enfants parlant en classe, tournant le dos à l'enseignant ou partant de la classe sans autorisation, etc.) Les résultats ont montré que les réponses des psychopathes, contrairement aux non psychopathes (ainsi qu'aux enfants autistes), ne faisaient pas la distinction entre les transgressions morales et de convention

125 Cependant, contrairement aux prédictions de l'auteur, les psychopathes ont traité les transgressions de conventions comme des transgressions morales et pas le contraire Le fait que ces sujets étaient incarcérés et hautement motivés pour leur libération les portaient à essayer de démontrer que les traitements qu'ils recevaient étaient efficaces et qu'ils adhéraient aux règles de la société Pour eux, toutes les normes transgressés étaient donc indépendantes de la juridiction de l'autorité Enfin, les justifications avancées par les psychopathes se référaient beaucoup moins au bien-être de la victime que celles des non psychopathes

126 Une autre tradition de travail concerne les dilemmes moraux Les émotions influencent les jugements moraux aussi bien dans les situations impliquant des normes morales que dans les situations impliquant des dilemmes moraux La reconnaissance de cette influence a pu mener à la sous-estimation du rôle des règles dans le jugement moral

127 Greene et al., Science, 2002, 293, Script 1: A runaway trolley is headed for five people who will be killed if it proceeds on its present course. The only way to save them is to hit a switch that will turn the trolley onto an alternate set of tracks where it will kill one person instead of five. Ought you to turn the trolley in order to save five people at the expense of one? Yes Script 2: You are standing next to a large stranger on a footbridge that spans the tracks, in between the oncoming trolley and the five people. The only way to save the five people is to push this stranger off the bridge, onto the tracks below. Will you do it? No

128 Greene et al., Science, 2002, 293, Cingulaire postérieur et préfrontal médian, corrélats neuraux de l’émotion: plus activés lors du deuxième problème que du premier Interférence émotionnelle: conduit à des temps de réaction plus longs dans le cas des réponses émotionnellement « incongrues » (répondre oui dans la deuxième situation; tendance légère à l’effet opposé dans la première situation) Interprétation de Greene et al. : les actions personnelles génèrent un engagement émotionnel plus important

129 Greene et al., Science, 2002, 293, Une violation morale est personnelle si elle peut causer un dommage corporel sérieux, à une certaine personne et si le dommage ne résulte pas d’une tentative d’écarter cette personne d’un danger préexistant pour elle Cependant, il y a beaucoup d’arguments contre l’« hypothèse personnelle »: autodéfense, guerre et punition (par exemple, donner une fessée à son enfant) sont personnels et émotionnels mais jugés permissibles Variations culturelles: cf. la circoncision des garçons et, chez les Yanomanö , le fait que les maris peuvent frapper leurs femmes, bien que ce soit personnel et émotionnel

130 Nichols & Mallon, Approche de la moralité fondée sur des règles: une action est mauvaise ou erronée si elle viole une règle morale « Ne pas tuer »: n’interdit pas un acte qui mène à ce résultat mais où cet effet, bien qu’attendu, n’était pas intentionnel: en réalité il s’agit d’un débat complexe Alternative: distinction entre une action qui viole une règle mais, tout pris ensemble, peut être acceptable (faiblement non permissible), et une action qui, tout pris ensemble, est considérée mauvaise ( (totalement non permissible)

131 Scénarios de Greene et al
Scénarios de Greene et al. + deux scénarios impersonnels qui minimisent le contenu émotionnel Question: l’asymétrie (entre l’individu spectateur ou présent sur la passerelle) se maintient-elle? Cas impersonnel du spectateur: la maman de Billy sort en interdisant les enfants de casser ne fût-ce qu’une seule des tasses qui sont sur la table. Un peu plus tard, Billy voit que sa soeur a mis les tasses sur les rails de son train; il peut encore faire dévier son train vers un rail où il n’y a qu’une tasse... Cas impersonnel de la passerelle: la seule possibilité de stopper le train est de jeter l’une des tasses contre lui, ce qui permet de sauver les 5 autres

132 Expérience 1 1. Est-ce que Billy a enfreint la règle de sa mère
Expérience 1 1. Est-ce que Billy a enfreint la règle de sa mère?: 22/39 2. Est-ce que, tout considéré, Billy a bien fait de jeter la tasse?: 34/39 Expérience 2 (between-subjects) Question 1: 44% % Situation 2: 85% des participants ont dit que Billy avait enfreint la règle mais avait eu raison de le faire Expérience 3 Cas catastrophe: un train qui transporte un virus extrêmement dangereux, Jonas (un scientifique) voit que sur le rail il y a une bombe, si le train passe sur la bombe le virus sera libéré et des billions de personnes iraient mourir; seule solution, pousser quelqu’un sur la voie devant le train

133 Est-ce que Jonas a enfreint une règle morale
Est-ce que Jonas a enfreint une règle morale? : 68% Est-ce que tout considéré Jonas a pris la mauvaise décision (did Jonas do the wrong thing)? : 24% Les sujets ne sont pas des déontologistes absolus: il peut être permis de faire quelque chose qui viole une règle morale, y compris la règle qui interdit de tuer des innocents 1. Les gens ont la capacité de raisonner sur ce qui peut minimiser les mauvais effets 2. Ils ont un ensemble de règles qui qui interdisent certaines actions 3. Cet ensemble de règles n’est pas éliminé par la capacité de raisonner sur la minimisation des effets nocifs

134 Les jugements moraux dépendent de 2 types de processus: 1
Les jugements moraux dépendent de 2 types de processus: 1. Processus intuitifs, qui modifient les états hédoniques en réponse à certains stimuli socialement pertinents 2. Processus (délibératifs) généraux sous-jacents au raisonnement abstrait et au contrôle cognitif En général, les 2 convergent: les buts socialement adaptés sont souvent congruents avec les principes moraux abstraits mais dans les dilemmes éthiques il y a compétition Rôle de la sensibilité contextuelle des affects: les affects apportent de l’information sur l’environnement Des sentiments de positivité induits par le contexte au moment du jugement peuvent réduire la négativité perçue ou signal d’aversion à une violation de la règle morale et conduire à une réponse utilitaire

135 Pour induire un affect positif, Valdesolo & DeSteno (2006) ont montré un passage de « Saturday Night Life » (le passage neutre était un documentaire sur un village espagnol) Fréquences des réponses au dilemme de la passerelle: appropriée inappropriée neutre positif

136 Un lien entre l’intuition et les comportements sociaux
Un lien entre l’intuition et les comportements sociaux? L’évaluation rapide de situations complexes Le moyen: les neurones Von Economo, grandes cellules bipolaires, localisées dans la couche 5 du cingulaire antérieur et du cortex fronto-insulaire (une seule dendrite basale, large, contrairement aux cellules pyramidales), qui existent uniquement chez les humains et les grands singes (dernières 15 millions d’années) et se développent tardivement chez l’individu (petit nombre à la 35e semaine de gestation, à la naissance seulement 15%, et nombre adulte seulement vers 4 ans) Chez les bébés: 6% plus nombreux dans l’hémisphère droit; à l’âge adulte: 30%

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140 Récepteurs de 3 neurotransmetteurs: de la vasopressine 1a: impliqué dans la formation des liens sociaux de la dopamine D3: signale l’expectative de récompense en situation d’incertitude de la sérotonine 2b (très nombreux aussi dans l’estomac et les intestins): antagoniste de la dopamine, signale le danger et la punition la conscience de l’activité viscérale joue un rôle dans la prise de décisions bien adaptées au contexte comportemental: les « marqueurs somatiques » Calcul de la probabilité relative de récompense et de punition

141 L’intuition: exige des calculs complexes, probabilistes, peu conscients, en situation d’incertitude; expérimentée au niveau viscéral L’autisme: une situation de manque d’intuitions sociales rapides réduction du volume et hypoactivation du cingulaire antérieur droit anomalies dans la croissance et l’organisation de ces structures (notamment, défauts de la migration neuronale) pendant les premières années de vie chez les autistes

142 La prise de décision De la sélection d’un acte simple, comme bouger un doigt, jusqu’à la sélection d’une action complexe, comme acheter des parts de marché ou courtiser un potentiel partenaire sexuel Trois processus partiellement distincts fonctionnellement et temporellement: 1. L’évaluation et l’établissement de préférences (attribution de valeur) parmi plusieurs options 2. La sélection et l’exécution d’une action (détermination et organisation temporelle d’une séquence d’actes, inhibition d’actes incongrus ou compétiteurs) 3. L’évaluation des conséquences de l’action (par rapport à celles attendues ou espérées)

143 L’évaluation permet d’ajuster les valeurs attribuées pendant le premier stade, et redéfinir la sélection et l’exécution de l’action pendant le deuxième stade, en vue de la prise de décision suivante La prise de décision, dans une perspective dynamique, relative à l’histoire de l’individu, est un processus itératif et adaptatif La prise de décision est souvent associée à de l’incertitude, qui peut être représentée explicitement comme la probabilité de la conséquence d’une action, ou implicitement comme l’association d’une conséquence à une action

144 Chaque option, dans une situation de prise de décision, a une certaine valeur, et celle-ci peut être représentée relativement aux autres options envisagées —> la prise de décision est dépendante du contexte Jugements de préférence pour des stations de ski différant par la qualité de la neige et le prix de l’hôtel —> tendance à valoriser davantage l’attribut qualité de la neige; mais s’il faut estimer le prix maximum que l’on est prêt à payer tendance à surestimation de l’attribut prix —> tendance à ne pas traiter les options globalement mais sur la base des attributs individuellement (certains sont surestimés, d’autres sous-estimés)

145 Ajouter une option avec une valeur extrême sur un attribut peut avoir deux effets: augmenter la préférence pour l’option avec une valeur moyenne sur cet attribut (compromis) ou rejeter l’option dont l’attribut en question est moins attractif (polarisation): ajouter une caméra « haute qualité et prix » augmente la préférence pour la caméra de qualité et prix moyens, mais ajouter une caméra « basse qualité et prix » augmente la préférence pour une caméra « haute qualité et prix »

146 Les sujets sélectionnent une option plus vite quand il y a une association forte entre cette option et l’action correspondante en mémoire à long terme, car cette action est plus accessible Les valeurs attribuées aux options ne sont pas déterminées de manière uniquement rationnelle (logique) mais aussi de manière affective (associative)

147 Bernouilli, il y a 200 ans, a reconnu que l’évaluation des conséquences potentielles d’une décision est fondée sur une valeur subjective et diffère du produit mathématique de la magnitude de la probabilité et de la magnitude de la conséquence Fonction psychologique concave pour les valeurs positives (gains) et convexe pour les valeurs négatives (pertes) : la différence entre $200 et $400 est évaluée comme plus grande (plus avantageuse en cas de gain et plus désavantageuse en cas de perte) que la différence entre $1200 et $1400

148 Nous tendons à valoriser moins la réduction d’une probabilité que son élimination complète (nous préférons passer de 1% à 0% de chances d’être malade que passer de 2% à 1%) A cause des ressources limitées de traitement de notre système cognitif, nous tendons à simplifier notre représentation des options quand elles sont complexes: en supprimant les éléments communs (par ex., deux prix de voiture très similaires —> on néglige cet attribut dans l’évaluation finale des options) et en séparant les éléments à risque et sans risque

149 Contraste d’arrière-plan ou avec l’expérience préalable: on a tendance à sélectionner un pneu meilleur marché (donc selon le prix plutôt que la qualité) quand on a dû choisir avant entre deux pneus qui différaient peu en prix et beaucoup en garantie, mais un pneu avec une garantie plus longue si le choix préalable présentait le patron de différences opposé

150 Distinction entre utilité de la décision et utilité subjective ou impact émotionnel expérimenté de sa conséquence (Kahneman): situations hypothétiques de décision vs situations réelles —> nécessité de comparer les substrats neuraux en situation fictive et quand il y a réelle récompense ou punition discordance entre le sentiment de plaisir sur une décision importante dont l’action est lointaine ou, en revanche, imminente: p. ex. accepter de faire une conférence quand les conséquences changent sur beaucoup vs peu d’essais, il y a activation soutenue des substrats neuraux importants pour le traitement temporel

151 Auto-contrôle: habileté à utiliser les représentations des conséquences futures, à long terme, des actions pour conditionner le comportement de prise de décision Les affects positifs peuvent conduire à une surestimation de la probabilité des événements favorables et à une sous-estimation des événements défavorables et à des stratégies de décision plus complexes. Les affects négatifs peuvent réduire le champ des alternatives et l’utilisation de différentes sources d’information, et accélérer la sélection des réponses

152 Système I - ancien, rapide, souvent automatique, peu accessible à la conscience et au contrôle et qui utilise des principes de similarité et de relation associative Système II - fondé sur des règles et algorithmes (calcul de probabilités, logique formelle), lent, requiert de l’effort et contrôle conscient En présence de risques, on tend à utiliser des heuristiques affectives (un « pool » d’affects) en situation de prise de décision. Ce « pool » d’affects contient toutes les signaux positifs et négatifs consciemment ou inconsciemment associés aux actions des options Comment ces systèmes sont-ils représentés dans le cerveau?

153 Shiv et al. (2005a): patients avec lésions dans le cortex préfrontal ventral médian, confrontés à la « tâche d’investissement »: recevaient au début $20, à chaque tour (20 tours) devaient décider soit investir $1 soit s’abstenir; 50% de chances de perdre le $1 investi, 50% de recevoir $2.50. Investir à chaque tour représente une valeur attendue de $1.25 et seulement 13% de risque de gagner à la fin moins que les 20% reçus Les patients ont révélé moins d’aversion « myopique » à la perte, ont fait plus de décisions avantageuses et ont gagné plus d’argent, que les normaux

154 Anomalies du cortex orbitofrontal chez les toxico-dépendants
Anomalies du cortex orbitofrontal chez les toxico-dépendants. Or, les toxico-dépendants et les patients avec lésions dans la région ventro-médiane du préfrontal montrent des comportements similaires: nient ou ne sont pas conscients qu’ils ont un problème; et poursuivent une action qui peut conduire à une gratification immédiate au risque de subir conséquences négatives, y compris la perte de leur réputation, travail, maison et famille. Ils pourraient, dans certains cas, prendre de meilleures décisions que les normaux: cas du conducteur (avec lésion orbitofrontale) qui évitait de freiner sur la neige (Damasio, 1994) La perte de traitement de l’information émotionnelle peut se révéler avantageuse

155 Résultats de Shiv et al. (« The dark side of emotions », 2005 b) avec sujets toxico-dépendants (médianes): Patients Dépendants Normaux Déc. investir % % % Inv. après perte % % % Inv. après gain % % % Alors que les normaux tendaient à ne pas choisir une option risqué après une perte, les frontaux et les toxico-dépendants présentaient beaucoup de choix risqués après une perte ou un gain —> traitement atténué de la perte (dû à l’idifférence émotionnelle)?, diminution de l’habileté à évaluer les conséquences négatives futures?, inhabileté à inhiber l’attractivité d’une récompense immédiate?

156 Les émotions ont une valeur adaptative en réduisant les options pour l’action (écartant celles qui sont dangereuses) et en permettant de prendre les décisions plus rapidement Mais... il ne faut pas toujours faire confiance aux émotions comme étant l’arbitre infaillible des bonnes et mauvaises décisions Il faut analyser les circonstances et arriver à un équilibre raisonnable de cette analyse et des émotions

157 Fishbein et al. (2005): même type de résultats sur des toxico-dépendants, qui ont par ailleurs montré moins d’activation dans le cortex cingulaire antérieur ventral Les toxico-dépendants performent aussi moins bien dans des tâches d’inhibition (« stop task » et « go / no go »)

158 Mesure de la réactivité physiologique pendant les situations de prise de décision, afin d’examiner les effets des émotions Damasio: théorie des marqueurs somatiques Hypothèse du risque comme affect: le cingulaire antérieur et l’insula antérieure peuvent être critiques pour l’intégration de l’information interoceptive afférente relative aux stimuli externes et aux états émotionnels

159 Est-ce que les changements corporels, par exemple les changements de rythme cardiaque, sont primaires (servant à alerter les aires du cerveau sur la signification du stimulus ou de la sélection d’une action) ou secondaires (initiés par le cerveau pour préparer l’individu à ces actions?) Crone et al. (2005): les changements de rythme cardiaque peuvent être liés spécifiquement à la variabilité dans les conséquences (selon ce qui pourrait arriver) —> auraient plutôt une fonction d’alerte pour ajuster la performance future (cohérent avec la première hypothèse)

160 Structures neurales: Celles qui sont importantes pour le traitement de la récompense, de la punition et des affects positifs et négatifs, sont aussi actives dans les situations de prise de décision L’évaluation pourrait être liée au cortex pariétal postérieur (au delà des différents degrés de traitement attentionnel) et le cingulaire antérieur sous-tendrait le choix d’une grande récompense hautement incertaine

161 Kuhnen & Knutson (2005): l’activation du noyau accumbens précède les choix risqués et les erreurs de recherche du risque, tandis que l’activation de l’insula antérieure seraient liées aux choix non risqués et aux erreurs d’aversion du risque Donc, différents circuits cérébraux sous-tendent différents types de choix financier, et « l’activation excessive de ces circuits peut conduire à des erreurs d’investissement » — ou serait-ce l’inverse?

162 Les différences individuelles: Goudrian et al
Les différences individuelles: Goudrian et al. (2005): les joueurs pathologiques ne régulent pas leur comportement décisionnel adéquatement, soit par manque de flexibilité soit parce qu’ils sentent la nécessité de regagner après des pertes, et utiliseraient une stratégie « apropriée » dans un objectif inapproprié. De même, les toxico-dépendants montrent une prise de décision adaptative dans un cadre d’objectifs perturbé

163 La perception du risque peut aussi être modulée par la crainte éprouvée: risque d’un accident nucléaire et d’un accident d’avion

164 Théorie des marqueurs somatiques - SM, signaux engendrés par des émotions (Damasio) développée pour rendre compte des problèmes de prise de décision exhibés par des patients qui présentent certains types de lésions frontales et des anomalies du comportement émotionnels Quand un SM s’associe par apprentissage aux conséquences futures prédites de certains scénarios, la combinaison fonctionne comme une alarme si le SM est négatif et comme un incitation s’il est positif

165 Parfois le SM peut fonctionner sans parvenir à la conscience (il faut distinguer la conscience du SM de la conscience des faits, options, résultats et stratégies impliqués dans la situation de prise de décision) Le « Iowa Gambling Task » - Tâche de Jeu (de hasard) de Iowa (Bechara), a été développé pour évaluer et quantifier les déficits de prise de décisions chez des patients neurologiques en simulant des conditions de récompense et de punition en incertitude La tâche est interrompue après les premiers 20 essais et puis tous les dix (sur un total de 100 essais) afin d’interroger le sujet sur sa connaissance consciente de la situation (non du SM). La conductance de la peau (indice de SM) était mesurée avant et après chaque décision

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168 Résultats: Des patients (avec des lésions dans le cortex pré-frontal ventro-médian) qui ont montré une connaissance consciente de la situation (ils s’étaient rendu compte de quels piles de cartes étaient mauvaises): la connaissance consciente de la situation n’est pas suffisante pour implémenter des décisions avantageuses D’après les auteurs, en raison de l’absence d’un SM, conscient ou inconscient —> les SM assistent les processus cognitifs même quand ils ne sont pas conscients La réponse de conductance de la peau a été observée chez les sujets normaux pendant la phase de pondération des décisions risquées, mais pas chez les patients

169 Résultats: En outre, les sujets de contrôle ont commencé à prendre les meilleures décisions (ainsi qu’à exhiber des réponses de conductance de la peau, indicateurs de SM) alors qu’ils n’avaient pas encore montré de connaissance appropriée de la situation: donc, l’absence de connaissance consciente n’empêche pas un comportement décisionnel avantageux Débat récent: Maia & McClelland (2004) ont mis en question cette dernière idée (c’est-à-dire, que les normaux décident avantageusement avant de connaître consciemment la stratégie avantageuse)

170 Maia & McClelland (2004): les questions de Bechara et al
Maia & McClelland (2004): les questions de Bechara et al. étaient insuffisantes pour évaluer la connaissance consciente: « Tell me all you know about what is going on in this game »; « Tell me how you feel about this game » Ces questions n’incluent pas des indices, et les sujets peuvent ne pas vouloir rapporter une connaissance encore hypothétique (plus facteurs de personnalité ou degré d’engagement) Les auteurs ont utilisé des questions plus précises, détaillées, exigeant des réponses sur échelle, et ont trouvé que vers l’essai 50 au moins 80% de leurs sujets (tous normaux) avaient une connaissance explicite claire de la situation

171 Maia & McClelland (2004) ont dès lors mis en doute l’idée que les sujets de Bechara et al. auraient décidé avantageusement sans être conscients des décisions avantageuses Mais ils reconnaissent que leurs résultats ne démontrent pas que la connaissance consciente aurait un rôle causal ou que des biais non-conscients pourraient contribuer au comportement de décision En outre, si de tels biais existent, ils pourraient ne pas être liés à des SM mais, par exemple, à des ajustements de pondérations dans l’activation ou l’inhibition transmises via les connexions dans les réseaux neuronaux

172 Et la réponse anticipative de conductance de la peau
Et la réponse anticipative de conductance de la peau? Elle pourrait être liée à une plus grande incertitude de la situation lors de la sélection dans les mauvaises piles de cartes (qui présentaient aussi la plus grande variance) Dans une version modifiée du Yowa Task, où c’étaient les bonnes piles qui avaient la plus grande variance, les réponses de conductance de la peau ont montré une plus grande amplitude pour les « bonnes » piles (Tomb et al., 2002)

173 Pour Maia & McClelland, les patients auraient en fait des difficultés à contrarier une réponse qui aurait été établie suite aux expériences positives initiales avec les piles de $100 (au début du jeu celles-ci sont effectivement avantageuses) —> problème d’adaptation aux renversements de contingences Réponse de Bechara et al. (2005): pour qu’il y ait adaptation à des renversements de contingence il faut un signal « stop » et ce signal est émotif, donne lieu à un SM Inhiber une réponse c’est en soi une « décision » D’ailleurs les régions cérébrales associées à l’apprentissage de renversements sont les mêmes qui sont associées au traitement émotionnel, y compris le pré-frontal ventral médian

174 Bechara et al. notent que ces patients rejettent les mauvaises piles après une perte (tout comme les normaux) mais y retournent plus vite et plus souvent, donc ne tenant pas compte de tous les essais passés Mais ils ne répondent pas à la possibilité que la réponse de conductance soit liée à l’incertitude En résumé, pour Bechara, Damasio et collaborateurs l’émotion joue un rôle clé entre la connaissance et le comportement, entre ce que l’on connaît et ce que l’on fait; alors que pour Maia et McClelland non seulement « les SM ne sont pas nécessaires pour rendre compte des résultats relatifs aux participants normaux dans le IGT » mais « actuellement il n’y pas d’évidence les soutenant »

175 Discordances entre l’intention et le résultat de l’action dans une tâche de décision simple La détection de ces discordances nous permet d’ajuster notre comportement à des circonstances changeantes Nous créons des modèles mentaux des conséquences de nos actions (avant même de les exécuter) et nous les comparons aux conséquences réelles Et dans quelle mesure détectons-nous les discordances? Si nous ne les détectons pas, comment jugeons-nous introspectivement les raisons de nos choix vis-à-vis des différences entre le résultat attendu et le réél?

176 Johansson et al. (2005): situation expérimentale de choix, dans laquelle ils ont manipulé la relation entre le choix et sa conséquence Paires de photos de femmes pour choix en termes d’attractivité, suivi de description verbale des raisons Dans certains cas, échange non remarqué des visages entre le choix et la description

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178 Johansson et al. (2005): Résultats: très faible détection de l’échange: 13% (27% si temps libre pour délibération) Analyse en ayant éliminé tous les essais après une détection (car les sujets deviennent suspicieux): Entre M (manipulé) et NM: pas de différence dans la longueur des déclarations ni dans les rires (signe potentiel de nervosité) Specific confabulations: « I chose her (the blonde woman) because she had dark hair »: 13.3% Original choice: « I chose her because she smiled (about the solemn one) »: 11.2% « choice blindness »: extension de l’effet de « change blindness »


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