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Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Septième cours : Bosnie-Herzégovine, Macédoine et Kosovo.

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1 Géopolitique de l’Europe de l’Est et des Balkans Septième cours : Bosnie-Herzégovine, Macédoine et Kosovo

2 Septième cours : Bosnie-Herzégovine, Macédoine et Kosovo 1 – La Bosnie-Herzégovine 2 – La Macédoine 3 – Le Kosovo

3 1 – La Bosnie-Herzégovine 1.1 – Notions générales 1.1.1 – Géographie La Bosnie-Herzégovine est constituée de deux régions et s'étend sur 51 129 kilomètres carrés. La Bosnie, qui constitue la majeure partie du territoire (80%), se situe au nord. L’Herzégovine constitue la pointe sud. La forme triangulaire du pays est un héritage de la domination ottomane sur le territoire bosniaque et de celle de l’Empire austro-hongrois (et précédemment de Venise) sur la Croatie Le pays partage des frontières avec la Croatie, la Serbie et le Monténégro et dispose d’une fenêtre maritime de 20 km.

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5 La majorité des frontières suivent une rivière : la Save au Nord, la Drina à l'Est et l’Una à l'Ouest. Il s’agit des principaux cours d’eau du pays, mais de nombreuses autres rivières serpentent à travers le territoire Moins de 1 % du territoire est recouvert d’eau, mais on compte certains lacs relativement importants comme celui de Bileca (33 km2) et de Busko (56 km2) Généralement montagneux, le pays est constitué de trois zones géographiques distinctes : le nord est plat et bien irrigué, alors que la Bosnie centrale est une zone de hautes montagnes comprise dans les Alpes Dinariques. Puis vient l’Herzégovine, également en haute altitude. C’est dans cette zone que se trouve le mont Maglic, qui culmine à 2386m. Le climat du pays varie en fonction de la zone, mais il est en général de type continental

6 Administrativement, le pays est séparé en deux entités, la Fédération de Bosnie-Herzégovine, sur 51 % du territoire au sud et au centre, et la République serbe au nord et à l'est, à quoi il faut ajouter le district de Brcko au nord-est, reconnu comme district autonome.

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8 1.1.2 – Démographie L’avant dernier recensement remonte à 1991 et les données de l’époque font état d’une population de 4,3 millions d’habitants, dont 44 % de Musulmans, 31 % de Serbes, 17 % de Croates, 5,5 % de Yougoslaves et 2 % d’autres Selon les données préliminaires du recensement de 2013, la population serait en baisse, à 3,9 millions d’habitants. L’élément musulman gagne en importance, avec 48 %, ainsi que l’élément serbe, avec 33%, alors que la part des Croates est en baisse, avec 15%. À ce rythme, à l’horizon 2025, les Musulmans constitueront près de 70 % de la population. Il est impossible d’avoir les indices ventilés en fonction de l’appartenance ethnique et tous les chiffres doivent être considérés avec précaution. L’indice de fécondité est faible, à 1,28 enfant par femme, mais il est probablement plus élevé chez les Musulmans.

9 L’espérance de vie est élevée à 76 ans, de même que l’âge médian, à plus de 41 ans. Le critère confessionnel a pris de l’importance dans le cadre des conflits. Selon les données de 1991, le pays comptait alors 40 % de musulmans, 30 % d’orthodoxes, 15 % de catholiques et 14 % « d’autres ». Dans le classement IDH, le pays se classe au 86 e rang. Compte tenu de l’alphabétisation du pays (99 %) et de son espérance de vie, on doit conclure que le pouvoir d’achat de la population est particulièrement faible. Le niveau de vie est différencié en fonction des zones ethniques, les territoires musulmans étant les plus pauvres, les croates, plus riches. Le pays est faiblement urbanisé, avec un taux de 49 %. Les principales villes Sarajevo (300 000 habitants), Banja Luka (175 000 habitants), Tuzla (89 000 habitants), Zenica (85 000 habitants) et Mostar (65 000 habitants).

10 1.1.3 – Bref historique Originellement peuplé d’Illyriens, le territoire du pays fut incorporé à l’empire romain, avant que les Goths ne s’y installent. Au début du VIe siècle, ceux-ci sont chassés et le territoire bosniaque devint une partie de l'Empire byzantin. C’est à cette époque que les Slaves commencèrent à s'y installer en deux vagues successives, au nord et à l’ouest (Croates), le reste étant occupé par les Serbes. Au IXe siècle, une partie du nord-ouest fut conquise par les Francs, avant d’être incorporée par la Croatie médiévale ; le reste tomba aux mains d'une des principautés serbes. Au cours des XI e et XII e siècles, la Bosnie fut soumise à Byzance, mais en 1180, l’emprise grecque cessa et pour la première fois, un territoire bosniaque devint une entité indépendante, qui exista de façon autonome de 1180 à 1463.

11 Elle s’étendit tout au long de cette période, sans vraiment cependant constituer un État centralisé, mais plutôt un ensemble de principautés. L’isolement de ces terres entraina le développement d'une Église bosniaque. D’abord dominée par le catholicisme, la Bosnie se singularisa et peu à peu l’orthodoxie s’imposa. À la fin du XIVe siècle, les incursions étrangères se multiplièrent et les Bosniaques subirent plusieurs défaites, alors que le territoire était en proie à une guerre civile, qui aboutit à la séparation de l’Herzégovine (« duché »). En 1463, les Turcs s’emparèrent de presque tout le territoire bosniaque, avant de conquérir aussi l’Herzégovine en 1482. Tout le territoire fut absorbé dans l'Empire ottoman. Le système politique et économique se distingua peu de celui en place sur les autres territoires de l’Empire, sauf sur un point : une grande partie de la population se convertit à l'islam.

12 Il fallut plus de cent ans aux musulmans pour devenir majoritaires. La raison d'un tel développement réside dans l'histoire religieuse du pays, alors que la Bosnie n’avait pas bénéficié d'une Église nationale bien établie, de sorte que la chrétienté y était plus faible qu’ailleurs dans les Balkans. Tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, la Bosnie, qui servait de terres de recrutement pour les Turcs, fut le théâtre des guerres que se livraient Vienne et la Sublime porte et son territoire changea de mains à de multiples reprises. Ces luttes affaiblirent le pays et ralentirent le développement économique, même si certaines de ses villes, comme Sarajevo, connurent des périodes de splendeurs. Une littérature nationale s’y développa aussi. Une mutation politique survint au cours de cette période, par laquelle l’eyalet de Bosnie développa un statut particulier au sein de l’empire, alors que son kapetan s’attribua avec le temps de plus en plus de pouvoir.

13 Lorsque l’empire s’employa à se réformer, il rencontra une résistance farouche dans cette province et des conflits éclatèrent alors entre la Bosnie et le centre. En 1876, la Serbie et le Monténégro déclarèrent la guerre à l'Empire ottoman, appuyés par la Russie. Les États européens imposèrent alors le traité de Berlin, qui décida que la Bosnie et l'Herzégovine, en restant virtuellement sous souveraineté turque, seraient gouvernées par l'Autriche-Hongrie. Au cours de la période autrichienne, la Bosnie se développa économiquement et culturellement. Vienne se trouva alors confrontée au yougoslavisme, ce qui provoqua l’annexion de la Bosnie et de l’Herzégovine en 1908. À la fin de la Première Guerre mondiale, des politiciens bosniaques de chacune des trois communautés suivirent les dirigeants politiques de Croatie et de Slovénie, en s'associant à la création du royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

14 Quand la Constitution fut établie, la Bosnie ne garda aucun statut officiel, mais son tracé fut préservé sur la carte jusqu’en 1929, alors qu’elle fut partagée en quatre districts administratifs différents et rayée de la carte. En 1941, après l'invasion de la Yougoslavie par les forces de l'Axe, le territoire bosniaque fut absorbé dans l'État fantoche connu sous le nom d'« État indépendant de Croatie ». Les massacres perpétrés en Bosnie entre 1941 et 1945 furent effroyables. On estime le nombre total des morts en Bosnie au cours de la guerre à 164 000 Serbes, 75 000 musulmans, 64 000 Croates et 14 000 juifs. Après la guerre, la Bosnie-Herzégovine devint une des républiques de Yougoslavie et fut affecté par l'abolition de nombreuses institutions musulmanes traditionnelles. Dans les années 1960, une inflexion de la politique officielle conduisit à la reconnaissance du terme « Musulman » comme désignation d'une identité nationale.

15 Le déclin de l'économie yougoslave conduisit à une large insatisfaction à l'égard du système politique et des partis indépendants firent leur apparition en 1988. Le référendum de février 1992 ayant donné la victoire aux partisans de l’indépendance, les Serbes de Bosnie se rebellent et choisissent leur propre indépendance dans les zones où ils sont majoritaires, proclamant l'indépendance de la République serbe de Bosnie Des milices serbes lancent alors des attaques. D'abord alliés aux Musulmans, les Croates choisissent de prendre leur indépendance avec la région où ils sont majoritaires. Ils sont soutenus par l'armée de Croatie et ouvrent un nouveau front, en avril 1993, contre les Musulmans. À cela s'ajoutent des conflits entre Musulmans, dans la région de Bihac, dans le nord-ouest du pays, où Fikret Abdić proclame une province autonome de Bosnie occidentale.

16 Les civils ont été les cibles principales des combats, alors que les idéologies nationalistes œuvraient à séparer les trois nationalités. Au total, 2,2 millions d’habitants ont été chassés de chez eux et, parmi eux, 1,2 million de Musulmans. Afin de mettre fin au bain de sang, les États occidentaux placent la Serbie-et-Monténégro sous embargo et décident l’envoi de troupes d’interposition. En 1994, dix-sept mille soldats sont déployés. Le point d’orgue est atteint en juillet 1995, alors que l’enclave de Srebrenica tombe sous l’assaut des milices serbes : 8 000 Musulmans sont massacrés et les États occidentaux décident d’armer massivement les Croates et les Musulmans. Lâchés par Belgrade et considérant qu’après la chute des enclaves de Srebrenica et Zepa, le territoire qu’ils contrôlent est assez continu, les Serbes de Bosnie se décident à négocier.

17 Le cessez-le-feu du 10 octobre 1995 permet le début des négociations à Dayton. Elles dureront vingt jours, au terme desquels les délégations serbe, croate, et bosniaque accepteront le principe de la création d'une entité commune pour les Croates et les Musulmans sur 51 % de territoire, ainsi que d’une entité serbe couvrant 49 % de celui-ci et se conformant à peu de chose près au sort des armes et aux opérations de nettoyages ethniques. La Forpronu est alors remplacée par l’IFOR, à qui est confiée la mission de permettre la mise en œuvre des accords de paix. En 1996, l’IFOR est à son tour remplacé par la SFOR jusqu’en 2004, alors que la EUFOR Althea, force européenne, prend la relève.

18 1.2 – Situation intérieure 1.2.1 – Système politique Le pays est composé de deux entités, la fédération croato- bosniaque et la république serbe de Bosnie. L’élaboration des institutions s’est faite sous le signe de la collégialité, même si au lendemain des guerres, il s’agissait surtout d’un vœu pieux. La constitution a été élaborée dans le cadre des accords de Dayton et est présentée à l’annexe 4 de ces accords. Elle fait du pays une république parlementaire multipartiste et met en place des institutions politiques très complexes. Il y a trois présidents à la tête du pays, chacun représentant l’une des trois communautés. Chacun de ceux-ci occupe la présidence pour 8 mois. Ils sont élus au suffrage universel dans chacune de leur communauté pour quatre ans. Il s’agit aujourd’hui de Dragan Covic (Croate), Mladen Ivanic (Serbe) et Bakir Izetbegovic (Musulman).

19 Le président est le chef de l’État en titre et ses responsabilités sont assez importantes : il dirige la politique étrangère du pays et définit le budget de l’État, en plus de nommer les ministres du gouvernement, sous réserve d’approbation par le parlement. Le parlement est bicaméral, composé d’une chambre basse (la chambre des représentants de Bosnie-Herzégovine) et haute (la Chambre des peuples de Bosnie-Herzégovine). La première comprend 42 députés (28 de l’entité croato- musulmane, 14 de l’entité serbe), élus au suffrage universel pour 4 ans. Elle est responsable de l’adoption des lois, présentées par le gouvernement, dont elle doit par ailleurs approuver la nomination. La chambre des peuples est composée de 15 membres, à raison de 5 représentants pour chacune des communautés. Ils sont élus au suffrage indirect par les députés de chacun des parlements régionaux des entités constitutives du pays.

20 Leur principale responsabilité consiste à s’assurer qu’aucune loi ne puisse être adoptée sans l’appui de chacun des trois groupes ethniques. Au dessus de ces structures se trouve le Haut représentant international, qui a pratiquement le statut d’un dictateur. Il est nommé par l’ONU et depuis 2009, c’est Valentin Inzko qui occupe ce poste que seuls des étrangers peuvent occuper. Le système partisan est très complexe et n’est pas parvenu à transcender les lignes de fractures communautaires. Les 42 sièges sont répartis entre 12 partis (4 pour la République serbe et 8 pour la fédération croato-musulmane). Le plus important parti serbe en chambre est l’Alliance des sociodémocrates indépendants (8 sièges), Du côté de la fédération, c’est le Parti de l’Action démocratique du président Musulman Izetbegovic, qui a remporté le scrutin de 2014, avec 10 députés.

21 Le plus important parti croate, le Front démocratique de Zeljko Komsic a pour sa part obtenu 5 sièges. Le gouvernement est par essence instable et les alliances nécessaires pour maintenir le gouvernement sont très fluctuantes.

22 1.2.2 – Économie En 1992, le pays n’avait eu que quelques années pour lancer le processus de réformes, lequel n’avait que peu progressé. Le conflit de 1992-1995 a fait très mal à l’économie, mais aussi aux infrastructures. Ainsi, le processus de réformes doit être mené de front avec cette reconstruction. Mais les choses avancent assez bien depuis le début des années 2000. Très agricole en 1945, l’économie de la Bosnie-Herzégovine a été réorientée dans la cadre de la Yougoslavie titiste, recevant entre autres rôles celui d’être l’armurier du pays. Le PIB s’est contracté tout au long des années 1990-1995, mais la fin de la guerre a permis de renouer avec une croissance stimulée par la reconstruction. De 1997 à 1999, la croissance du PIB a été très forte (30 % annuellement) et s’est maintenue à un niveau assez élevé dans les années 2000, avec une moyenne annuelle de près de 5 %.

23 La crise n’a pas eu d’effets prolongés sur l’économie et même si on a alors assisté à une contraction de 3 % en 2009, dès 2010, l’économie reprenait une croissance modeste (1 %) et qui s’est poursuivie depuis (1,4% en 2014). Si pour certains paramètres la Bosnie est économiquement en fâcheuse posture par rapport à ses voisins (chômage à 27 %), d’autres indicateurs sont plus positifs, comme une inflation de moins de 2 %, ainsi que le meilleur rapport dette publique/PIB de toutes les anciennes républiques yougoslaves. Le secteur agricole continue d’occuper une place importante dans l’économie (8 % du PIB et 20 % de la main-d’œuvre), mais il éprouve des difficultés à nourrir la population, car peu réformé et basé sur une agriculture de subsistance et une part importante de l’alimentation provient des importations. Le secteur industriel peine à se reconvertir et demeure inefficace (26 % du PIB et 32 % de la main-d‘œuvre).

24 Outre le complexe militaro-industriel, le secteur industriel est orienté vers l’extraction et la transformation des minerais, dont la productivité risque de croître au cours des années à venir, s’agissant du secteur qui absorbe la plus grande part des investissements étrangers. Le secteur des services domine l’économie, avec 48 % de la main-d’œuvre, pour 65 % du PIB. À noter, le développement rapide d’une industrie touristique importante, à l’image de la Croatie voisine. L’économie bosniaque est de plus en plus amarrée à celle de l’Union européenne (Allemagne, Italie, Slovénie et Autriche), alors que les voisins immédiats perdent de leur importance, même si la Serbie et la Croatie demeurent pour le moment des partenaires significatifs. La monnaie est le BAM, c’est-à-dire le « mark convertible », introduit en 1998 et depuis 2002, adossé à l’euro.

25 1.3 – Relations étrangères La question des relations étrangères du pays est à la fois complexe et simple : les contentieux avec les voisins qui l’ont agressé demeurent nombreux, mais il est sous tutelle internationale et donc, ce n’est pas tant l’exécutif du pays qui gère les rapports internationaux que le Haut représentant. Avec la Serbie, les relations sont tendues. Sarajevo a poursuivi dans les années 2000 son voisin devant la Cour internationale de justice pour agression et génocide, accusations qui ont été jugées non fondées par la suite, et d’autres problèmes continuent de miner les rapports avec Belgrade, dont la question de la limitation des frontières entre les deux États. Avec la Croatie, les relations sont également tendues, mais dans une moindre mesure. Depuis 1999, plusieurs traités conclus entre Sarajevo et Zagreb ont réduit le nombre d’irritants, liés surtout à la question des frontières.

26 Il va de soi que, lorsqu’il s’agit de ces deux États, les relations de Sarajevo se trouvent compliquées par la présence de minorités nationales serbes et croates, lesquelles sont parfois instrumentalisées par leur foyer national respectif pour faire pression sur Sarajevo. Le rôle important joué par Washington dans la conclusion des Accords de Dayton a contribué à faire des États-Unis un partenaire fondamental de la Bosnie, d’autant que Sarajevo avait tout intérêt à lier d’excellentes relations avec un partenaire puissant, afin de rééquilibrer son rapport de force. Washington demeure le principal bailleur de fonds pour la Bosnie-Herzégovine. Les relations bilatérales se développent, mais la tutelle internationale empêche d’envisager que le pays puisse rejoindre à part entière les grandes institutions occidentales et atlantistes, EU et OTAN, même si cela sera assurément l’objectif des dirigeants lorsque sera levée cette tutelle.

27 2 – La Macédoine 2.1 - Notions générales 2.1.1 - Géographie Avec 25 000 km2, la Macédoine est la 3 e plus petite des républiques issues de l’éclatement de la Yougoslavie. Le pays est complètement enclavé et partage des frontières avec la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et l’Albanie. Le territoire est dominé par les montagnes et près de 50 % de la surface du pays se trouve à une altitude comprise entre 500 et 1000 mètres. Le point culminant du pays est le Golem Korab, à 2 753 mètres, mais la plupart des hauts sommets atteignent près de 2 000 mètres.

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29 Le territoire est coupé en deux par le Vardar, principal cours d’eau du pays, qui court sur près de 400 km. Le Drin noir est le second cours d’eau en importance d’un pays qui compte de nombreuses rivières coutes et à faible débit. Ce découpage met en évidence deux régions : l’ouest, qui concentre la majorité de la population et où l’on trouve les plus hauts sommets, et l’est, moins populeux et moins élevé. Le pays compte un nombre assez important de lacs. Le plus grand de ceux-ci, le lac d’Ohrid, couvre une superficie de 350 km2 environ. Il est suivi par son voisin, le lac Prespa, qui s’étend sur 313 km2. Grâce à un territoire montagneux, les masses d’air venues du sud donnent au pays un climat assez clément. Le pays est situé à la rencontre des plaques eurasienne et africaine, d’où la fréquence élevée de séismes importants, comme celui de 1963, qui détruisit Skopje à 50 %, tuant de même 1 500 personnes.

30 2.1.2 – Démographie La république de Macédoine est un pays éclaté et disparate au plan démographique. Malgré des crises majeures au tournant des années 2000, le pays est parvenu en partie à se maintenir hors des conflits et les déplacements de population typiques de la zone et de la période ont été peu fréquents ici. La population s’élève à un peu plus de 2 millions d’habitants, en très légère hausse depuis quelques années, alors que les années 1990 avaient vu une baisse de celle-ci. Les Macédoniens, peuple appartenant à la branche sud des Slaves et qui parlent une langue spécifique, forment près de 65 % de la population. Les Albanais, avec un peu plus de 25 %, constituent une minorité très influente, alors que le reste est partagé entre Turcs (4 %), Roms (3 %) et Serbes (2 %).

31 Les indices démographiques sont assez bons : le taux de fécondité a chuté brutalement depuis 30 ans, s’établissant aujourd’hui à 1,6 enfant par femme. L’âge médian est peu élevé, à 34 ans, et l’espérance de vie est de 74 ans. Le clivage religieux recoupe celui de l’appartenance ethnique, alors que l’Église orthodoxe macédonienne regroupe 65 % de la population et l’Islam, un peu plus de 33 %. Dans le classement IDH, la république de Macédoine occupait en 2014 le 84 e rang, ce qui en fait l’un des États les moins développés de la zone. Sa position est d’ailleurs probablement plombée encore une fois par un pouvoir d’achat plutôt faible. Le pays est assez urbanisé pour sa zone, avec un taux s’établissant à un peu plus de 60 %. La capitale, Skopje, est de loin l’agglomération la plus importante, avec 470 000 habitants, et le pays compte six autres villes de plus de 50 000 habitants, dont Kumanovo (95 000 habitants), Bitola (86 000 habitants) et Prilep (72 000 habitants).

32 2.1.3 – Bref historique Ce sont d’abord les Illyriens qui occupent le territoire de la Macédoine, avant que les Grecs n’absorbent ces terres au VIe siècle avant notre ère, à l’époque de Philippe II de Macédoine. Envahi par les Romains au IIe siècle avant notre ère, le territoire tombe sous le contrôle de Byzance, avant que les tribus slaves ne s’y installent au tournant du VIe siècle. Jusqu’à l’arrivée des Ottomans, le territoire sera partagé à plusieurs reprises entre les royaumes serbes et bulgares. Intégrée à l'Empire ottoman à la fin du XIV e siècle, le pays ne verra le développement de sa culture nationale qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle : la classe intellectuelle naissante se divise alors en deux camps, l’un défendant la spécificité des traditions du pays, l’autre militant pour l’intégration bulgare, vue comme la culture d’origine du pays.

33 Après la défaite ottomane de 1878, la Russie impose la création d'une grande Bulgarie incluant la majeure partie de la Macédoine, mais le congrès de Berlin replacera la Macédoine dans le giron ottoman. Le gouvernement ottoman refusant d’appliquer des réformes visant à améliorer le statut des chrétiens, des révolutionnaires macédoniens fondent en 1893 une organisation révolutionnaire, l’ORIM, qui deviendra le fer de lance de l’opposition aux Turcs. À partir de 1895, l’ORIM multiplie les insurrections locales et les attentats et en août 1903, proclame la république de Krouchevo, qui constitue le véritable acte de naissance du nationalisme macédonien indépendant. La révolution jeune-turque en 1908, marque une trêve, mais dès l’année suivante, les nouvelles autorités turques interdisent toutes les organisations macédoniennes.

34 L'alliance antiturque va sceller le sort de la Macédoine : après les guerres balkaniques, la Macédoine est partagée au traité de Bucarest entre la Grèce, la Serbie, la Bulgarie et l'Albanie. Pendant la 1 ère Guerre mondiale, les Bulgares pénètrent sur les territoires macédoniens de Serbie et de Grèce avant d’en être chassées en septembre 1918. C’est à ce moment que les frontières de la Macédoine sont dessinées, le pays étant intégré à la Yougoslavie pendant l’entre-deux-guerres, avant d’être démembré par la Bulgarie et l'Albanie en 1941. En 1943, Tito pose le principe d'une Yougoslavie fédérale, dont les Macédoniens seraient un des peuples constitutifs et en août 1944, les partisans macédoniens réunissent la première session du Conseil antifasciste de libération nationale, acte fondateur de la république de Macédoine. Pendant la période titiste, la Macédoine se dote des attributs de sa spécificité nationale : en 1958, l'archevêché d'Ohrid est rétabli, et en 1967, l'Église devient autocéphale.

35 À partir de 1989, la Macédoine fait face à la décomposition de la Yougoslavie et différents partis apparaissent, certains se fixant pour mandat la défense de la minorité albanaise. La Macédoine organise ses premières élections libres en novembre-décembre 1990 et Kiro Gligorov s’empare de la présidence de la République en janvier 1991. Après le référendum du 8 septembre 1991, le Parlement adopte la nouvelle Constitution, qui proclame l'indépendance et la souveraineté du pays, mais la pays aura du mal à obtenir sa reconnaissance internationale. Si la Macédoine a échappé aux guerres yougoslaves, elle a bien failli imploser sur la question albanaise, cette minorité manifestant depuis le début du XX e siècle des velléités autonomistes. En 1996, une partie des Albanais du Kosovo choisit la lutte armée contre Belgrade; l’UCK, adepte de la grande Albanie, décide de déstabiliser la Macédoine par des rébellions et des attentats.

36 La situation se détériore le 24 mars 1999, quand l'OTAN entre en guerre contre la Serbie : près de 300 000 Albanais kosovars se réfugient chez leurs « cousins », ce qui inquiète Skopje, qui craint le développement d’un déséquilibre démographique entre les albanophones et les autres ethnies, d'autant qu’une partie des réfugiés rejoignent alors l’UCK. Au plus fort des bombardements, Skopje ouvre un corridor humanitaire pour faire passer les réfugiés. Après l'accord de paix au Kosovo, la majorité des réfugiés va rentrer, avec parmi eux des éléments de l’UCK qui, dès 1998, avait déclaré que la Macédoine était la « zone de guerre numéro deux ». Avec la fin des bombardements de l'OTAN, certains Albanais envisagent de reproduire les actions de l’UCK, pensant obtenir le soutien des Occidentaux. C’est dans ce contexte qu’apparaît l’UCKM, qui se lance dans une série d’attentats afin de favoriser un « Dayton albanais » ou la transformation du pays en une confédération albano-macédonienne.

37 Au cours de l‘hiver 2001, l’UCKM occupe certaines zones, contraignant Skopje à un cessez-le-feu avec les rebelles qui sera continuellement violé par ceux-ci. La crise s'internationalise et l’occident pousse le gouvernement à négocier, ce qu’il fait. Mais les rebelles, percevant dans cette volonté de négociations un aveu de faiblesse, multiplient les actions contre lui. Enfin, le 5 juillet, les Occidentaux arrachent un cessez-le-feu fragile qui aboutira à l’accord de paix d’Ohrid le 8 août. En vertu de cet accord, l'albanais devient seconde langue officielle dans les districts où vivent au moins 20 % d'Albanais, la Constitution est amendée afin de donner certains droits de veto aux députés albanais et la guérilla est désarmée et ses combattants amnistiés.

38 2.2 – Situation intérieure 2.2.1 – Système politique La Constitution macédonienne fait du pays une république parlementaire et reconnaît la présence sur le sol de 27 minorités ethniques, ce qui continue d’indisposer la minorité albanaise, qui aimerait être reconnue comme nationalité. Le parlement de Macédoine ne comprend qu’une seule chambre, la Sobranie, composée de 120 députés élus au suffrage universel dans le cadre d’un système comprenant des éléments de proportionnalité et de représentativité. Le président est élu au suffrage universel pour 5 ans. Malgré le fait que son pouvoir soit bridé par le parlement et le gouvernement, il occupe certaines fonctions importantes : il est chef de l’Armée, responsable de la politique étrangère du pays, en plus d’avoir la responsabilité de désigner le chef du gouvernement parmi le ou les partis majoritaires en chambre.

39 Depuis mai 2009, Gjorge Ivanov, réélu en avril 2014, occupe la fonction suprême; il s’agit du quatrième président de la république de Macédoine depuis son indépendance. Le système partisan est au minimum pléthorique, à cause d’une loi sur les partis très libérales. Mais les choses s’améliorent et lors des dernières élections, seulement 25 partis ont pris part à la compétition. Plusieurs des partis sont strictement régionaux et un grand nombre n’est jamais parvenu à faire élire des représentants au parlement. Dans ce contexte, seules de larges coalitions regroupant un très grand nombre de partis peuvent permettre la mise en place d’un gouvernement stable. Depuis l’indépendance, le pays a peu gouté à l’alternance politique, la droite nationale se retrouvant généralement à la tête du pays, même si les partis défendant cette orientation politique ont changé.

40 Depuis 1998, la scène politique est dominée par le VMRO- DPMNE, l’Organisation révolutionnaire intérieure de Macédoine – Parti démocrate pour l’unité nationale macédonienne, une très large coalition qui a pris part à tous les gouvernements de macédoine depuis 1998. Les dernières élections ont eu lieu en avril 2014 et on reconduit au pouvoir le VMRO-DPMNE (composé pour le moment de 6 partis), dirigé par le premier ministre Nikola Grouevski, qui a obtenu 61 sièges, devant l’Union sociale- démocrate de macédoine, éternelle opposition de centre gauche, qui a obtenu 34 sièges. Le VMRO-DPMNE ayant manqué de peu la majorité en chambre a donc besoin de l’appui du 3 e parti, l’Union démocratique pour l’intégration (19 sièges), représentant la minorité albanaise, afin de gouverner.

41 2.2.2 – Économie La Macédoine était la moins développée des républiques yougoslaves, sa production ne représentant qu’environ 5 % de la production du pays avant son éclatement. Ce n’est que la mise en place de la Yougoslavie titiste qui a permis le développement d’un certain secteur industriel dans certaines régions du pays, lequel bénéficiait alors des transferts fédéraux. L’économie a beaucoup souffert de l’effondrement de l’État central, la Macédoine perdant alors les transferts fédéraux. Après 5 années de contraction, l’économie a pu redémarrer, avant d’être à nouveau stoppée par le conflit albanais. Depuis, cependant, les choses s’améliorent peu à peu. Au cours des années 2000, la croissance du PIB a été continue, mais relativement faible, avec des taux oscillants entre 0,3 % en 2002 et 5,3 % en 2008.

42 La crise n’a pas été très sévère, entrainant une contraction de seulement 0,7 %, pertes récupérées dès l’année suivante. Depuis lors, la croissance a été assez forte, se situant autour de 4% (3,5% en 2014), permettant le rattrapage graduel de cette économie peu développée, comme en fait foi d’ailleurs un taux de chômage très élevé, à près de 28 %. L’alimentation demeure le secteur dominant du pays. D’abord parce que le secteur agricole lui-même est encore important (11 % du PIB pour 19 % de la main-d’œuvre), mais aussi parce que la part de l’industrie de la transformation alimentaire est très importante dans l’ensemble du secteur industriel (27 % du PIB pour 28 % de la main-d’œuvre), comme en témoigne le fait que les principales exportations du pays sont la nourriture, les breuvages, le tabac et les textiles. Le secteur des services se développe lentement (54% de la main d’œuvre et 63% du PIB), limité par un marché intérieur faible et un taux de pauvreté élevé (près de 30 %)

43 Les principaux partenaires commerciaux de Skopje sont avant tout ses voisins (Serbie, Grèce et Bulgarie), mais aussi les principales puissances économiques de l’Europe centrale que sont l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche. Le dinar macédonien, monnaie nationale, a été introduit dans la foulée de l’indépendance du pays.

44 2.3 – Relations étrangères Après la fin du conflit avec sa minorité albanaise, Skopje s’est lancé dans le processus d’adhésion l’UE. Cependant, et même si le statut de candidat lui a été octroyé dès 2005, les négociations n’ont toujours pas commencé, entre autres à cause du problème du nom du pays. En ce qui concerne l’OTAN, la situation est semblable : candidat depuis 1999, Skopje s’est vu refuser l’adhésion à l’OTAN par un veto grec en 2008. Ici aussi, le règlement définitif du problème entourant le nom du pays est en cause. Le nom de Macédoine indispose Athènes. Tant que la Macédoine n’était pas sujet de droit international, son nom n’indisposait pas la Grèce. Mais la fin de la Yougoslavie et l’arrivée de la Macédoine comme État a changé les choses, car pour Athènes, la Macédoine est une région grecque et une part importante de l’histoire du pays.

45 C’est pourquoi le pays a deux noms, concession faite à la sensibilité grecque Le nom constitutionnel du pays de « République de Macédoine » par 118 pays, dont plusieurs très importants (Chine, États-Unis, Russie). Pour l’Union européenne, conduite sur ce terrain par la Grèce, le gouvernement de Skopje est reconnu plutôt en tant que gouvernement de « l’Ancienne République yougoslave de Macédoine », ce qui est plutôt long comme nom de pays. Il y eut aussi la controverse entourant le drapeau du pays, Skopje ayant d’abord choisi de faire figurer sur celui-ci le Soleil de Vergina, symbole de Philipe II, protégé par les lois grecques en tant que symbole national. Afin de désamorcer la controverse, Skopje a finalement opté sur son drapeau pour un soleil stylisé, qui rappelle Phillipe II, sans plus Plus simples, tout en étant aussi compliquées, les relations avec la Bulgarie s’améliorent.

46 Le problème de Sofia avec la Macédoine est que, tout en considérant légitime l’existence du pays voisin, elle refuse de reconnaître l’existence du peuple macédonien et de la langue macédonienne, considérant qu’en fait, les Macédoniens sont des Bulgares parlant une variante régionale du bulgare. C’est donc sur la Grèce qu’achoppe le développement des relations internationales de Skopje. La chose apparait d’autant plus surprenante qu’aujourd’hui, la Grèce est devenue le plus grand investisseur du pays et un important partenaire Malgré certains contentieux avec la Serbie les relations sont bonnes en général, d’autant que malgré son rapprochement avec l’Occident, la Macédoine demeure très proche des principaux alliés de Belgrade, Moscou et Pékin Skopje s’est employé à mettre en place des relations bilatérales très solides avec Washington, qui a de son côté apprécié la façon dont Skopje a réglé les problèmes avec sa minorité albanaise.

47 Bref, la petite macédoine, qui est parvenue à éviter l’éclatement de son territoire au début des années 2000 et a même fini par faire figure de modèle dans l’ex-Yougoslavie en ce qui concerne le traitement de ses minorités. Il reste à permettre à Skopje d’intégrer les structures européennes pour compléter une transition somme toute assez bien réussie, malgré les écueils.

48 3 – Le Kosovo 3.1 – Notions générales 3.1.1 – Géographie Le Kosovo, considéré par certains comme un État souverain, et par d’autre comme un territoire serbe irrédent, s’étend sur un peu moins de 11 000 km2. Le Kosovo ne dispose d’aucun accès direct à la mer et est enclavé entre la Serbie., la Macédoine, l’Albanie et la Monténégro Le caractère topographique du territoire, ce sont les montagnes, comme d’ailleurs chez un grand nombre de ses voisins.

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50 Avec une majeure partie de son territoire située à près de 1000 mètres d’altitude, le Kosovo compte néanmoins une zone de plaine située à l’ouest, près de la frontière avec l’Albanie, coincée entrer deux massifs rocheux. Le point culminant du pays s’élève pour sa part à 2 656 mètres d’altitude, le long de la frontière albanaise. Le territoire du Kosovo n’est guère choyé d’un point de vue hydrographique. Les principaux cours d’eau sont le Drin blanc, l’Erinik, la Sitnica et l’Ibar. Tous ces fleuves et rivières ont une longueur inférieure à 100km sur le territoire kosovar. Quant aux lacs, ils sont peu nombreux et dans l’ensemble, assez petit. Le plus important, le Gazivoda, un lac artificiel qui s’étend sur à peine 12 km2, se situe près de la frontière avec la Serbie. Le climat du Kosovo est de type continental et montagneux, avec des étés chauds et des hivers relativement froids.

51 3.1.2 – Démographie Pour un territoire aussi petit, la population est très importante, soit 1,8 millions d’habitants. En ce qui concerne la composition ethnique, les données sont peu fiables et reposent sur des évaluations, le dernier recensement remontant à 1991. Selon ces estimations, les Albanais constituent aujourd’hui 92 % de la population, le reste étant partagé entre Serbes, Bosniaques, Roms et Goranis (Macédoniens islamisés), principalement. Si ces chiffres sont exacts, on constate un accroissement du pourcentage d’Albanais par rapport à 1991, alors qu’ils formaient 80 % de la population. La population du Kosovo est la plus jeune d’Europe : près de 30 % de sa population à moins de 14 ans et l’âge médian est de 27 ans à peine.

52 Deux statistiques expliquent cette caractéristique de la, soit un indice de fécondité très élevé, à 2,2 enfants par femme et une espérance de vie faible, s’établissant à 70 ans environ. Il est difficile d’avoir une idée exacte de la situation, car le statut international du territoire fait en sorte qu’on ne le retrouve pas dans beaucoup de statistiques mondiales. Certains chercheurs ont néanmoins calculé la position potentielle du pays dans l’indice IDH (autour de la 100 e position) en se basant sur les statistiques disponibles. La religion est un marqueur d’appartenance fort et il n’est guère étonnant de constater une forte majorité de musulmans (90 %). Le taux d’urbanisation n’est pas disponible, mais, il doit être relativement élevé. Pristina, compte 200 000 habitants, mais plusieurs autres villes ont une population comprise entre 50 000 et 100 000 habitants, comme Pec, Mitrovica, Ferizaj et Kamenice.

53 3.1.3 – Bref historique Pour l’essentiel, l’histoire du Kosovo jusqu’en 2008 se confond avec celle de la Serbie, même si son rattachement à la Serbie ne date que de 1913. Le territoire fut colonisé par les Illyriens, puis par les Serbes à partir du VIe siècle. L’événement le plus important de l'histoire serbe se déroule d’ailleurs sur ce territoire, alors qu’ils sont défaits par les Turcs en 1389. Après avoir passé la majeure partie de la Seconde Guerre mondiale sous contrôle albanais, le Kosovo obtient au sein de la Yougoslavie le statut de région autonome, puis de province autonome à partir de 1974. Tout au long de cette période, le pourcentage de Serbes décroit au profit de la population albanaise, celle-ci passant de 60 % de la population en 1948 à 80 % en 1991.

54 À partir de 1989, le Kosovo perd les prérogatives que lui avait accordées la Constitution de 1974 Dès lors, la situation des Albanais du Kosovo devient très mauvaise : ils se retrouvent exclus du pouvoir et de la vie sociale normale, l’enseignement de la langue albanaise est restreint et le gouvernement exerce une forte répression à l'encontre de la communauté albanaise, provoquant un mouvement de plus en plus fort en faveur de l’indépendance. En septembre 1990, un parlement clandestin proclame la république du Kosovo, et des élections pluripartites législatives et présidentielles ont lieu en mai 1992. Discrète au début, l'UCK multiplie les attentats à partir de 1996 et passe à l'offensive en 1998. Les affrontements conduisent les Occidentaux à proposer une solution négociée et en octobre, un accord entérine la mise en place d'un dispositif de surveillance du retrait des forces serbes sous le contrôle de l’OSCE.

55 Malgré l’accord de Belgrade, les hostilités continuent et le Groupe de contact sur l'ex-Yougoslavie convoque Serbes et Kosovars à des négociations avec obligation d'aboutir Les négociations échouent, les Serbes refusant l’octroi d’une large autonomie au Kosovo et le déploiement d'une force multinationale. Ainsi, le 24 mars 1999, l'OTAN attaque la Serbie, qui lance alors des opérations de nettoyage ethnique. Battu, Belgrade accepte de faire quitter le territoire kosovar par les forces serbes, alors qu’appuyé par l’OTAN, l’UCK établit sa loi au Kosovo et procède à son tour à un nettoyage. Au terme des accords de paix de 1999, le Kosovo est placé sous administration de l’ONU et les forces de l’OTAN sont chargées de se déployer. Relancées en 2005-2007, les négociations sur le statut du Kosovo entre Belgrade et Pristina resteront dans l’impasse, aboutissant le 17 février 2008 à la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo.

56 3.2 – Situation intérieure 3.2.1 – Système politique le Kosovo a adopté sa constitution en juin 2008, laquelle du pays une république parlementaire pluripartiste. Le parlement du Kosovo est monocaméral et composé de 120 députés élus pour quatre ans suivant un scrutin proportionnel: 100 députés sont élus par toute la population, 10 par la minorité serbe, 4 par les minorités roms, ashkali et égyptienne (c’est-à-dire des Roumains albanisés), 3 autres par les minorités bosniaque, croate, hongroise et monténégrine, 2 par la minorité turque, et 1 par les Gorani. L’assemblée est souveraine et détient la majorité des pouvoirs, dont celui de confirmer le premier ministre, véritable chef de l’exécutif.

57 De 2008 à décembre 2014, с’était Hasim Thaci, ancien chef de l’UCK au passé trouble, accusé qui dirigeait le gouvernement, et c’est désormais un ancien collaborateur d’Ibrahim Rugova, Isa Mustapha, qui occupe le poste. Le pays a connu 3 présidents depuis l’indépendance, et depuis 2011, la fonction suprême est occupée par Atifete Jahjaga. Le pays étant très jeune, il n’a connu que deux élections législative depuis l’indépendance, en 2010 et en 2014. Le système partisan est échevelé et lors des élections d’octobre 2014, 28 partis ont pris part à la compétition, 15 étant parvenus à faire élire au moins un député. Le premier parti en chambre est le parti démocratique du Kosovo de Thaci (37 sièges), suivi de la ligue démocratique du Kosovo (30 sièges) du premier ministre Mustapha, qui parvient à gouverner en s’appuyant sur une large coalition comprenant entre autres le parti de Thaci.

58 3.2.2 – Économie Le Kosovo est aux prises avec de nombreuses difficultés économiques. N’ayant pas pu disposer de souveraineté économique dans les années 1990, le système Milosevic a perduré jusqu’au lendemain de la guerre de 1999. Mais par la suite, des réformes structurelles ont pu être lancées, même s’il faut attendre 2008 pour que le gouvernement s’attèle plus sérieusement aux réformes. En outre, la corruption est endémique (une part substantielle du budget du pays provient des organisations internationales), ce qui fait dire à certains spécialistes qu’il s’agit pour l’essentiel d’une économie mafieuse. L’économie kosovare est une économie de transition, lourdement dépendante de l’étranger : les subsides internationaux représentent près de 12 % du PIB, alors que les transferts de la diaspora kosovare en représentent autant.

59 Peu d’argent est investi dans le développement de l’économie, ce qui explique un taux de chômage de l’ordre de 50 % et le fait que 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les taux de croissance du PIB ne sont pas mauvais, avec une moyenne de 3 % par année depuis l’indépendance (-3% en 2014), mais ceux-ci sont dus aux investissements publics, car peu d’investisseurs étrangers se montrent intéressés. L’agriculture emploi près du quart de la main-d’œuvre du pays, pour une contribution de l’ordre de 12 % du PIB. Des réformes seront ici nécessaires pour relancer le secteur, mais le territoire n’est pas très propice. Le secteur industriel, moins développé que dans les autres territoires de l’ex-Yougoslavie, n’est pas très important et représente un peu plus de 20 % du PIB, pour 25 % de la main- d’œuvre. Dans ce domaine, le pays dispose cependant d’un potentiel intéressant, surtout en ce qui concerne l’extraction et la transformation des métaux.

60 Le secteur tertiaire est le plus important (68 % du PIB et 55 % de la main-d’œuvre), mais cela est surtout dû à la faiblesse des deux autres secteurs et au fait que l’économie kosovare est basée sur l’apport des capitaux étrangers. En fait, l’un des principaux générateurs de commerce au pays est la base américaine de Bondstell. Les principaux partenaires commerciaux du Kosovo sont l’Italie, l’Albanie et la Macédoine pour les exportations, l’Allemagne, l’Italie et la Hongrie pour les importations. La monnaie du pays est l’euro, bien que le pays ne fasse bien sûr pas partie de la zone euro.

61 3.3 – Relations étrangères Puisque la moitié des États du monde refusent de reconnaître son indépendance, la priorité du gouvernement de Pristina est de tout tenter pour accroître le nombre des pays qui le reconnaissent. Au sein de l’Union européenne même, cinq États refusent de reconnaître cette indépendance : Chypre, Espagne, Grèce, Roumanie et Slovaquie Mais même si le nombre de pays reconnaissant la république du Kosovo est en hausse, peu de nouveaux venus se sont ajoutés depuis 2009 à ceux qui l’ont reconnu d’emblée. En outre, le Kosovo ne deviendra finalement un pays que lorsque le Conseil de Sécurité de l’ONU acceptera cet état de fait. Or, deux poids lourds du Conseil, la Russie et la Chine, refusent pour le moment de l’envisager, autant pour des raisons intérieures et extérieures.

62 Depuis 2009, le Kosovo a pu conclure différentes ententes avec des voisins ou d’autre pays européen, dans un cadre bilatéral ou multilatéral. De même, en juin 2009, Pristina a été admis à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international en tant qu’État indépendant. Il n’en demeure pas moins que, dans l’état actuel des choses, le Kosovo n’est pas (encore) vraiment un pays : il dépend de l’aide internationale, une partie non négligeable de sa population refuse de reconnaître la légitimité du gouvernement et la présence de l’immense base américaine témoigne assez du peu d’indépendance réelle de ce pays, par ailleurs grandement dépourvu de potentiel économique. Tant que Belgrade se refusera à accepter l’indépendance de sa province irrédente, Moscou suivra son allié et conséquemment, les portes des institutions internationales demeureront fermées pour Pristina.

63 Les derniers accords conclus à l’été 2015 laissent cependant entrevoir à moyen terme une normalisation des relations avec Belgrade, ce qui pourrait conduire éventuellement à une reconnaissance plus large.


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