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Karl Lachmann et l’édition historico-critique :

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1 Karl Lachmann et l’édition historico-critique :
un aperçu historique

2 L’idée La méthode La réception La critique Une conclusion

3 L‘idée Prémisses: Original d‘auteur = meilleur texte
Transmission = détérioration du texte But principal: Reconstruire l‘original d‘auteur à partir des manuscrits disponibles

4 Karl Lachmann, 1817: « Wir wollen aus einer hinreichenden Menge von guten Handschriften einen allen diesen zum Grunde liegenden Text darstellen, der entweder der ursprüngliche selbst seyn oder ihm doch sehr nahe kommen muss » Compte rendu pour: « Niebelungen Lied », éd. Friedrich Heinrich von Hagen und „Edel Stein“, éd. Georg Friedrich Bennecke. « On veut, à partir d’une quantité suffisante de bons manuscrits, restituer le texte au quel ces manuscrits remontent tous, qui soit l’original ou bien un texte assez proche de celui-ci » Mais, soyons précis: il s’agit du texte le plus proche de l’original reconstruit !

5 La méthode La triade de Lachmann: Recensio Emendatio Iudicium
Trois étapes suivantes

6 a) Recensio Analyse et appréciation de tous les manuscrits disponibles
Selon deux hypothèses: Si deux manuscrits présentent une erreur commune, ils sont apparentés La leçon plus facile est inférieure par rapport à la leçon plus difficile, et, par conséquent, plus jeune. Recensio: Analyse comparative et appréciation des manuscrits transmis, selon, en principe, deux hypothèses : L’erreur commun : lorsque deux manuscrits présentent la même leçon fautive, il est fort probable que ceux-ci soient apparentés, c'est-à-dire qu’ils soient copiés l’un sur l’autre directement ou bien qu’ils remontent, en dernier lieu, à un seul et même modèle. L’iée de la lecon plus difficile: Selon l’hypothèse que la transmission des textes entraîne nécessairement la détérioration du texte, On peut dier que le scribe tend à simplifier le texte en transcrivant, plutôt que de le rendre plus compliqué. Un texte qui comporte une lecon plus facile devrait donc, par conséquent, être plus jeune que celui qui comporte la lecon plus difficile, qui est censé être plus proche de l’originial d’auteur.

7 Exemple: lectio facilior
… almatique, ce est .. ung ceint qui est [lé] en meilleu, et en la lieure est plus estroit Un ceint qui est lé en meilleu et en la lieure est plus estroit. Tirée de la trad. env du Liber introductorius, manuel astronomique/astrologique Almatique, c’est une ceinture – ou plutôt un baudrier – qui est plus large au milieu et plus fin vers le nœud où l’on le lie. Comme, dans les manuscrits médiévaux, les e accentués ne portent pas d’accent, le scribe pourrait supprimer la forme, qu’il pourrait méprendre comme article masculin singulier, qui serait effectivement mal placée à cet endroit. C’est dans ce sens que l’on dit que les scribes tendent plutôt à simplifier. Le disciple Lachmannien considère donc moins probable, voire impossible, le cas inverse, qu’un scribe ait inséré l’adjectif dans la phrase car il jugeait plus beau le chiasme ainsi produit. Donc ici, la règle de Lachmann est parfaitement valable: Le manuscrit plus ancien, en retenant l‘adjectif lé, présente bien la lecon plus difficile, tandis que le manuscrit plus jeune simplifie le texte en l‘omettant.

8 Exemple: erreur commune
Au lieu de : berbis guicheuses Règle de saint Benoît, éd. Y. Schauwecker l. 135 Les manuscrits R et A donnent : brebis nuers cheuses Guiscos = inquiet et recalcitrant Comme nuers cheuses ne veut rien dire, il n‘est pas possible qu‘il s‘agisse, ici, d‘une faute méchanique ou d‘une lecon plus facile. Il est quasiment exclu que les deux copistes aient commis indépendamment cette même erreur, donc ces deux manuscrits doivent remonter, en dernier lieu, à un même modèle.

9 Établissement du stemma et choix du manuscrit de base
Ω P V α N T S B Les relations établis sur la base des erreurs communs et des leçons faciles sont utilisées dans un premier instant pour établir des familles de manuscrits, qui sont ensuite intégrés dans un stemma, (c’est-à-dire une arbre) avec des modèles intermédiaires supposés. L’Omega représente, dans ce stemma hypothétique comme dans tous les stemmas, l’archétype hypothétique, c’est-à-dire, pour Lachmann, l’original d’auteur reconstruit, ou un texte assez proche de celui-ci. Les Majuscules latines représentent des manuscrits conservés disposés selon leurs relations génétiques qui sont, à leur tour, représentés par les lignes bleues. Les lettres grecques représentent des intermédiaires perdus voire reconstruites hypothétiqhes. Alpha minuscule représente un hyparchétype hypothétique, c’est-à-dire que les lecons de N et T, en n’étant certainement pas copiés l’un sur l’autre, suggèrent qu’ils remontent néanmoins tous les deux à un modèle (nuer cheuses). Ce manuscrit hypothétique est représenté par une lettre grecque pour indiquer que cet hyparchétype ne nous est pas conservé. La disposition verticale est déteminée par l’âge des manuscrits, donc S et B sont sensiblement plus jeunes que V, mais aussi que N et T. La ligne interrompue entre V et S/B représente une quelconque relation dont la nature plus précise reste impossible à déterminer.

10 L‘objectif du stemma Aider à déterminer le manuscrit de base
Orienter l‘éditeur sur l‘hiérarchie des variantes quand il procède à la correction du texte L’objectif du stemma est double : Dans un premier instant, il aide l’éditeur à choisir son manuscrit de base. Selon l’idée Lachmannienne, il devrait opter pour le « meilleur » manuscrit conservé. En pratique, cette règle est le plus souvent réduite et simplifiée sur la base de la réflexion suivante : le plus ancien doit être le meilleur, justement parce qu’il est le plus proche de l’original qui nous soit transmis. Avec cela, la pratique Lachmannienne, qui se veut objective et scientifique, se met volontairement en contraste avec les démarches antérieurs, fustigée comme vague, arbitraire et dépourvu de fondement scientifique. Ensuite, on se rapporte au stemma dans l’élaboration des variantes. Donc, quand l’éditeur juge que le texte n’est pas en pleine forme à tel ou tel endroit, il peut procéder à des corrections selon les autres manuscrits : c’est ce que l’on appelle l’emendatio, l’amélioration du texte, et il est là qu’entre en jeu ce que l’on appelle le judicium de l’éditeur

11 Reconstruction et normalisation du texte
Emendatio : correction du texte sur la base d‘endroits parallèles dans les autres manuscrits Conjecture (iudicium) : correction libre Normalisation : régularisation du texte, adaptation à la langue présumé d‘auteur Réconstruction et normalisation du texte Une fois que l’éditeur a choisi le « meilleur » manuscrit, il procède à sa transcription. Or, il ne suit pas le manuscrit littéralement, mais il consulte régulièrement les autres manuscrits, par ordre de proximité dans le stemma, pour en déduire les interventions nécessaires pour ramener le texte à son état original. Le but de l’éditeur n’est donc pas de reproduire un instantané dans la tradition du texte, mais de rapprocher le texte de son édition tant que possible à l’original d’auteur. Pour y arriver, il peut procéder à des corrections, soit l’emendatio ou la conjecture, voire la normalisation du texte. Emendatio : L’éditeur corrige le texte sur la base d’endroits parallèles dans le même manuscrit ou bien suivant les autres manuscrits dans l’ordre du stemme. Il peut opter pour la leçon représentée le plus fréquemment dans les manuscrits ou bien choisir celle qui lui paraît être la meilleure: judicium. Conjecture: Il peut aussi, lorsqu’aucun des manuscrits conservés ne présente de leçon qui lui apparaît appropriée, opter pour une conjecture : c’est-à-dire une correction libre du texte, selon son iudicium, selon ce qui lui semble le mieux, et introduire une leçon qui lui semble plus adéquate. Normalisation : Dans cette seconde étape, l’éditeur réécrit ce texte composite, en le normalisant dans la langue d’auteur en ce qui concerne la morphologie, la syntaxe et le dialecte.

12 Et nostre Si[res qui] quert entre si grant pule les siens ovriers
Exemple: emendatio Et nostre Si[res qui] quert entre si grant pule les siens ovriers (et Notre Seigneur qui cherche son ouvrier dans Son grand peuple …, Règle de saint Benoît, Prologue) Ici, toutes les manuscrits sauf la base de notre édition présentent [res qui], et la syntaxe aussi bien que le sens y sont mutilées. J‘ai donc opté pour une correction selon la plupart des manuscrits conservés.

13 Exemple: conjecture Libre a les arbres aigres
Alchabitius, Livre introductoire, trad. anon., ca. 1360, éd. Y. Schauwecker l. 351) Libre a les arbres haingres (arbores proceras)  ms: aῖgre ? Le Livre introductoire d‘Alchabice est le manuel le plus important en matière astronomiques/astrologiques tout au long du moyen âge. Le chapitre dont cette phrase est tirée présente les rapports entre les planetes et les arbres, à chaque planète est attribuée un certain type d‘arbre ou de plante. Or, l’adjectif aigre, dans la pensée aristotélicienne, est régulièrement associé avec trois autres adjectifs: doux, amer, et salé. On aurait donc attendu, à l’intérieur de cette même énumération, une planète qui aurait les arbres doux, amers, salés. Or, on n’y trouve rien de pareil. Les arbres aigres sont complémentées par les arbres d’esgale longueur, donc, on pourrait dire, d’une silhouette plutôt arrondie. Le texte latin à ce même endroit se lit : arbores proceras, donc : « arbres allongés, hauts, grands », ce qui se met bien en contraste avec les arbres d’esgale longueur. Donc dans ce cas, où la logique inhérente du texte est corrompue, j’ai opté pour une conjecture, qui suit le texte latin, et qui est d’autant plus probable que les deux mots se ressemblent beacoup en termes de graphie – que l’on songe de l’h initial que l’on met des fois, des fois on oublie, et du n signalant la nasalisation que est si souvent mis en abbréviation.

14 Exemple: normalisation
Dans bon (écrit dans A bon 5950 ou buen 1872), j’aurais pu m’autoriser […] pour me tenir à la graphie du manuscrit. Mais j’ai préféré égaliser la graphie ici comme ailleurs. J’ai introduit partout la graphie étymologique. […] J’ai noté le son K par c devant les voyelles gutturales, et par k devant les voyelles palatales. Le copiste est très inégal quant à la vocalisation de l (baudor 1130, altretant 1142, mals 1281, vasaus 1286). Il fallait régulariser. Extrait de: Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1891. La normalisation du texte est certainement le point le plus fréquemment attaqué dans la méthode Lachmannienne. Dans bon (écrit dans A bon 5950 ou buen 1872), j’aurais pu m’autoriser de la rime qui se trouve au vers 4507, pour me tenir à la graphie du manuscrit. Mais j’ai préféré égaliser la graphie ici comme ailleurs. J’ai introduit partout la graphie étymologique. […] J’ai noté le son K par c devant les voyelles gutturales, et par k devant les voyelles palatales. Ainsi il m’a fallu changer en K le qu des mots suivants : ki (nomin.), onkes, iluekes, alkes (cp. Mall Comp. p. 93). Le copiste est très inégal quant à la vocalisation de l (baudor 1130, altretant 1142, mals 1281, vasaus 1286). Il fallait régulariser. Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1891. Ceci est un extrait de l’introduction qui comprend 8 pages! Le résultat est ce que l’on appelle un « texte critique »

15 La réception en France Adoptée de façon hésitante, grâce à une capmagne par Gaston Paris et Paul Meyer Abandonnée, en principe, dès la seconde édition du Lai de l‘ombre par Joseph Bédier en 1913. Si, en France, , la méthode connût un certain succès à l’époque, c’est grâce à une campagne assez vigoureuse de la part de Gaston Paris et Paul Meyer. On peut se rapporter à l’édition qu’a préparée Paul Meyer de la Vie de saint Alexis (1872). Dans son préface, Paul Meyer explique et justifie chaque étape de la nouvelle méthode, tout en admettant qu’elle ne sera jamais capable de produire un vrai texte d’auteur, uniquement un texte possible. Il a même jugé que son texte de la Vie de saint Alexis revêtait de « la bonne langue française telle qu’elle devait se parler et écrire au milieu du XIe siècle » (135), c’est-à-dire une langue qui ne nous est même pas transmise dans les manuscrits. En 1913, Joseph Bédier publie une édition du Lai de l’Ombre, dans laquelle il émet des doutes en ce qui concerne la scientificité de la méthode qu’il finit par appeler la Méthode Lachmannienne. Ayant démontré qu’il est possible de déduire, des « erreurs communes » relevées dans le Lai de l’Ombre, non pas un seul stemma, comme il l’avait suggéré lui-même dans son édition de 1890, mais trois stemmata alternatifs. Cela dit, il opte, cette fois, pour une « best manuscript »-édition (une édition de référence) dans son nouvelle édition du Lai de l’Ombre.

16 « L'archéologue Didron a dit un jour cette sage parole: 'II faut conserver le plus possible, réparer le moins possible, ne restaurer a aucun prix. Ce qu'il disait des vieilles pierres doit s'entendre aussi, croyons-nous, de nos beaux vieux textes. » (J. Bédier, Le Lai de I'Ombre, 2e éd. (Paris, 1913), p. xxxi). Il conclut : « L'archéologue Didron a dit un jour cette sage parole: 'II faut conserver le plus possible, réparer le moins possible, ne restaurer a aucun prix. Ce qu'il disait des vieilles pierres doit s'entendre aussi, croyons-nous, de nos beaux vieux textes. » (Le Lai de I'Ombre, 2e éd. J. Bédier, (Paris, 1913), p. xxxi). En fait, c’est la démarche qu’ont adopté, dès 1913, la plupart des éditeurs français. (Jusqu’au point ou certains éditions semblent justifier leur manuscrit de base à tout prix, même aux endroits où tous les autres manuscrits conservés présentent une leçon déviante plus saine (ex. l’édition des œuvres de Chrestien de Troyes par Mario Roques, Les Romans de Chrétien de Troyes, I, Erec et Enide).

17 La réception en Allemagne
Généralement adoptée dès Lachmann. Remise en cause en 1904 par Gustav Roethe: pladoyer pour l‘édition de référence Objection dans les 60 par Karls Stackmann: impossible de reconstruire l‘original d‘auteur École de Würzburg: étude de la transmission en relation avec les auteurs, les scribes, les rédacteurs, et avec leur public contemporain. Abandon définitif lors des débats autour de la New-Philology dans les années 1990  Zusatzblatt!! En Allemagne : Dans l’aire germanophone, -- devrais je dire: germaniste? Car les Romanistes ont toujours opté soit pour l’édition de référence, soit pour l’édition critique: en proche contact avec les éditeurs francais, les deux options étaient propagués. En Allemagne aussi, les textes composites selon la méthode Lachmannienne sont attaqués dès 1876, comme le montre la remarque de Wilhelm Scherer : (« Wer gegen Lachmann polemisiert, der setzt sich sofort in die Positur des gesinnungstüchtigen und unentwegten KämpfersWilhelm Scherer, Preußische Jahrbücher des Jahres 1876). « Quand un jeune homme attaque Lachmann, il ne manquera pas d’être perçu comme combattant plein d’énergie et de conviction tenace […] on dira qu’il a pris le torau par les cornes ». Néanmoins, il fallait attendre les années 2000 jusqu’à ce que l’approche Lachmannienne eût finalement été abandonnée dans les lettres et par les médiévistes allemands. En effet, Gustav Roethe publia, dès 1904, un article que l’on doit considérer la première étape vers l’abandon successif de la méthode historico-critique. Dans cet article, il propose une démarche alternative, surtout parce qu’il la juge apte à rendre rapidement accessible des textes importants : le Leithandschriftenprinzip : l’édition de référence. Il s’agit d’établir, dans un premier instant, un stemma suivant les démarches lachmanniennes. Ensuite, on choisira, à partir de ce stemma, le « meilleur manuscrit », celui que l’on prendra pour base de son édition. Les variantes de la transmission seront rendues accessibles à travers l’appareil critique de l’édition (cf. R. Bentzinger, « Die deutschen Texte des Mittelalters in Vergangenheit, Gegenwart und Zukunft », Altgermanistische Editionswissenschaft, Dokumentation germanistischer Forschung 1, hg. Von Thomas Bein, Frankfurt a. M., Berlin, u.a., 1995, ). Ce principe fut adopté par la série prestigieuse des Deutsche Texte des Mittelalters. Dans les années soixante, la méthode Lachmannienne se voit remise en cause par une nouvelle approche qui abandonne, pour la première fois, la primauté de l’original d’auteur, notamment pour les textes à tradition contaminée, c’est-à-dire qui se fondent sur plusieurs modèles.  Il est dans ce sens-là que Karl Stackmann adopte une nouvelle perspective en disant que pour de tels textes, on ne sera jamais capable de reconstruire de véritable texte d’auteur (fameux exposé Karl Stackmann, « Mittelalterliche Texte als Aufgabe », Festschrift für Jost Trier. Hg. V. William Foerste u. Karl Heinz Borck. Köln, 1964, ). Ensuite, Kurt Ruh fonde une groupe de recherche à Würzburg, dans les années 1970 : Würzburger Forschergruppe für Prosa des deutschen Mittelalters (Klaus Grubmüller, Peter Johanek, Konrad Kunze, Georg Steer). Celui-ci s’orientait notamment vers l’histoire et la transmission des textes. Leur intérêt principal s’appliquait à l’« historicité du texte », en ce qu’elle reflèterait le développement propre, pour ne pas dire : variance (« Eigenbewegung ») des textes. On analysait la transmission des textes, notamment des textes d’usage (droit, manuels, etc.), en relation avec les auteurs, les scribes, les rédacteurs et leur public. En partant de l’analyse approfondie des données diachroniques, diatopiques et diastratiques de la transmission, les modifications subies par une œuvre littéraire étaient désormais interprétées comme un procédé lié à la réception, et mises en relation avec la transmission textuelle. (cf. Werner Williams-Krapp : « Die überlieferungsgeschichtliche Methode, Rückblick und Ausblick“, Internationales Archiv für Sozialgeschichte der deutschen Literatur. 25, 2009, p. 1-21). On voit que cette approche anticipe, en effet, l’idée de la variance, telle qu’elle était formulée en 1989 par B. Cerquiglini dans son Eloge de la variante (Paris, Le seuil, 1989 (= Des travaux), ainsi que par la New Philology dans les années quatre-vingt-dix. Celle-ci considère chaque manuscrit avec la variance qui lui est propre, un original d’auteur à soi, créé indépendamment par un scribe quelconque. À la différence de celle-ci, l’école de Würzburg n’abandonne pas complètement les concepts d’auteur et d’œuvre, mais insiste plutôt sur les relations multiples qui existent entre l’auteur, le scribe et le public. Or, à l’époque, cette perspective évolutive sur les textes médiévaux et l’abandon de la primauté du texte d’auteur etc. n’étaient pas reçues en dehors d’un petit groupe de germanistes médiévistes allemands. En fait, la méthode historico-crtique ne fut abandonnée, en Allemagne, qu’avec un retard considérable par rapport à la France, c’est-à-dire dans les années quatre-vingt-dix, quand surgit le débat autour de la New Philology.

18 La critique … en ce qui concerne l’original d’auteur reconstruit
… en ce qui concerne la reconstruction du texte … en ce qui concerne l’original d’auteur reconstruit : Même si l’on ne va pas jusqu’à adopter la perspective de la New Philology: il ne sera jamais possible de reconstruire le véritable original d’auteur Les concepts idéalisant l’auteur et l’original d’auteur remontent seulement au 19e siècle et ne sont donc pas aptes à être appliqués tels quels aux textes médiévaux Cercle vicieux dans la conclusion de l’éditeur : classer une leçon manuscrite comme « erreur », présuppose déjà une idée sur ce que c’est, la « meilleure » version parmi les manuscrits que l’on a sous les yeux Un texte composite ne pourra, en aucun cas, représenter une entité historique réelle. En revanche, une édition de référence, même si elle ne pourra fort probablement pas être préparée à partir de l’autographe du texte, constitue, du moins, une source authentique. … en ce qui concerne la reconstruction du texte : Quelles variantes doivent être considérées significatives quant à l’établissement du stemma ? Les données recueillies par la recensio ne sont le plus fréquemment pas univoques, on peut souvent déduire des erreurs communs plusieurs options en ce qui concerne la relation des manuscrits, rôle décisive que joue la subjectivité, le iudicium, de l’éditeur . Interprétation de la transmission comme sens-unique vers la détérioration et la simplification du texte : Pourquoi ne pas admettre qu’un scribe habile eût été capable d’introduire des leçons plus difficiles dans son modèle ? Surtout la reconstruction dialectale, morphologique et phonétique rend le texte inutilisable pour toute approche linguistique.

19 Une conclusion À mon avis, une édition devrait toujours recenser l’intégralité de la transmission manuscrite et essayer de les classer par familles. Cette classification, qui prendra en compte le texte aussi bien qu’un bon nombre d’autres critères (état du manuscrit, mutilations, lisibilité, âge, etc.), permettra de bien fonder et, surtout, de rendre compte son choix par rapport au manuscrit de base. Le texte doit suivre le manuscrit de base, en principe, rigoureusement et à la lettre, mais pas à tout prix. Le but d’une édition sera de conserver un texte et de le rendre accessible à la recherche, sans pourtant trop imposer l’interprétation de l’éditeur L’éditeur pourra se voir obligé d’intervenir si le texte du manuscrit. Ces cas précis doivent être limités et bien définis dans l’introduction, et l’éditeur devrait aussi rendre compte de toute modification qu’il effectue sur le texte dans l’appareil critique. À mon avis, les seules observations qui peuvent justifier une intervention sont les endroits où soit la syntaxe est mutilée (p.ex. quand il manque un mot dans la phrase), soit le sens (p. ex. quand l’omission de ne a produit un contre-sens, quand il manque une partie, p.ex. d’une période conditionnelle). Dans ces cas, on peut insérer soit une période tirée d’un autre endroit dans le manuscrit, soit la période telle qu’elle est transmise dans un autre manuscrit. Toute( !) variante doit être enregistrée. Néantmoins, retenir une variante n’équivaut pas nécessairement à l’enregistrer dans l’appareil critique en bas de page. On peut les enregistrer en différents endroits du livre en fonction de son type, soit dans l’introduction, soit dans l’appareil, soit dans le cadre d’une édition synoptique ou électronique. Enfin : toute entreprise d’édition exige, dans une certain mesure, ses propres demarches. Inutile de suivre rigoureusement telle ou telle théorie. Mais il est indispensable que l’éditeur rende bien compte de toute décision prise dans le cadre de son projet. .


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