Eléments caractéristiques du milieu d’une classe Freinet (expérimentée) par rapport à une autre classe (novice) Classes expérimentées du milieu Classes novices du milieu nombreuses interactions entre élèves : travaux de groupe, mise en action réseaux d’aide. nombreuses interactions entre élèves : travaux à plusieurs, rares au niveau de l’entraide. l’enseignant circule dans la classe, apporte son aide, corrige les travaux finis. les élèves « en panne » passent par l’enseignante, souvent à son bureau. les élèves se déplacent dans la classe pour solliciter les élèves aideurs. les élèves se déplacent surtout vers le bureau de l’enseignant. la durée des situations d’entraide est variable, courte comme plus longue la durée des situations est courte : pressée par la file d’attente au bureau. réseaux d’aide organisés autour d’un tableau d’aide ; aides en lien avec le tableau, autres non. pas de réseau d’aide institué ; aides spontanées, en fonction des difficultés qui surviennent. -les aides correspondent à des situations de type :organisation, contenus, savoir-faire, … -les aides sont centrées sur les contenus des apprentissages.

Classes novices Classes expérimentées Analyse Durée de l’entraide sur une séance de T.P. Moins de 4 mn Entre 20 et 25 mn Entraide autorisée… encouragée, « imposée »… Objets de travail Contenus-savoirs Contenus-savoirs / organisation travail / savoir-faire Domaines travaillés sur plus large spectre Déplacements aidés et aideurs Peu – enfant aideur Entre voisins – enfant aidé Déplacements en fonction du type d’aide Régulation entraide dans le groupe-classe Aucun temps Au « Quoi de Neuf? » ou au bilan Institutionnalisation de l’entraide dans la classe Exemple de tableau d’entraide institutionnalisée et régulée quotidiennement

Eléments significatifs de notre milieu -Apprentissages liés à l’autonomie, à l’organisation de leur travail, de temps, outils, matériel ; -Apprentissages liés au respect des autres, des différences, à l’éducation à la citoyenneté ; -Apprentissages liés à la solidarité, à l’entraide, au partage, au travail en groupe ; -Apprentissages liés à la personne : capacités d’auto-contrôle, d’adaptation aux contraintes institutionnelles.

L’analyse de l’activité d’entraide 1- Sur l’objet de travail commun Centration sur le but de la situation : -séquence d’ouverture montrant l’identification du but : état des lieux, prise d’informations, diagnostic -séquence médiane de mise en action erreurs reconnues, difficultés exprimées, questionnements, oppositions, ajustements réciproques, propositions, relances sur l’objet de travail, anticipations, … -séquence de clôture apportant un bilan, des perspectives de travail -une séquence médiane de mise en action : Résolution de la tâche sans recherche de compréhension, par : -des questionnements « fermés » ou « éparpillés », -des attitudes « attentistes », d’abandon de posture, -des demandes confuses, -des solutions apportées rapidement… on reste dans l’exécution de la tâche, -un objet de travail non maîtrisé

2-Des régularités liées à la relation interpersonnelle une dimension de la relation plus ou moins maîtrisée : prises de position haute ou horizontale -prise de pouvoir, mettant de côté la finalisation de l’activité -tentative de sauver sa place, défense d’une position -engagement dans des territoires communs d’action, co-pilotage une gestion de la relation plus ou moins étayée : -utilisation d’un système régulateur : captateurs (tu sais, tu vois…) ; déictiques (tu, je, on …); régulateurs d’attitude (attends, …), régulateurs d’approbation (tu vois…) -utilisation de connecteurs : -connecteurs pragmatiques, pour relancer l’échange (alors, donc, …) -connecteurs argumentatifs, pour défendre une position, étayer une proposition (mais, …) -…et parfois un éparpillement des connecteurs des savoir-faire relationnels plus au moins appropriés -les questionnements, interpellations -les tentatives d’enrôlement, par l’injonction, la proposition, le Conseil -des modes d’ajustement, de prise de conscience -des modes de non ajustement, enrôlement sous la contrainte, question fermée, enchaînement rompu, jugement de valeur, ..Non verbalisation

Exploration par les objets du milieu Registre temporel, organisationnel : emploi du temps, plan de travail, … Registre institutionnel : brevets, livret de formation, règles d’entraide, fiches d’apprentissage, … Registre de l’activité : -texte libre, tables d’opérations -objet matériel : règle, cahier, crayon, fichier, … -d’ordre méthodologique : présentation du travail Aucune référence à ces objets dans la classe novice et chez les élèves novices.

Conclusions La classe Freinet, comme milieu porteur d’un outillage intellectuel, d’instruments d’action pour les élèves participant à l’entraide. Par un cadrage méthodologique fondé sur la responsabilisation, l’autonomie des acteurs et la coopération entre eux : règles de travail élaborées au Conseil d’enfants, règles d’entraide, … Par un dispositif matériel, un outillage mis en place dans la classe, dans l’école : réseau d’aide institué - moments de régulation - outils d’organisation de la classe (sur les registres mis à jour.) Par une culture inscrite dans la durée : sentiment d’appartenance à un groupe social, à la fois restreint (par les situations dyadiques d’entraide) et élargi (par les régulations et institutions liées à l’entraide). Pour permettre à chacun : de réaliser des choix, d’identifier les enjeux de son action, d’engager des possibilités d’auto-organisation de ses apprentissages La relation au dispositif et aux outils utilisés devient un moyen, une ressource mobilisée, mobilisable pour l’activité du sujet.(« instrument subjectif » – travaux de Rabardel) C’est l’action même, celle de l’entraide inscrite dans une culture construite, qui est première. Modèle de « sujet capable », agissant dans et sur le réel, sachant développer ses propres ressources. C’est en tant que sujets capables qu’ils utilisent un ensemble de ressources constitutives de ce pouvoir d’agir.