Les enseignants développent-ils davantage ou prioritairement les compétences technologiques que pédagogiques ?
Intégrer les ICT dans ses pratiques plutôt que changer ses pratiques pour intégrer les ICT.
La légitimité pédagogique des formations aux TIC n’est pas encore acquise. L’image que les enseignants ont de ces formations est davantage technologique que pédagogique, à raison peut-être d’abord puisqu’ils exercent déjà tous leur métier – et qu’ils verraient sans doute d’un mauvais œil qu’on le leur réapprenne – et ensuite parce qu’ils pensent devenir compétents en surdéveloppant (ou surinvestissant) le côté technique. La valeur innovative et transformante des formations initiales et continues intégrant les ICT est peu démontrée par manque de véritable isomorphisme. Parfois, elles offrent de vivre des situations réellement innovantes (par exemple sur le plan de l’évaluation des savoirs ou compétences) mais dans des univers identifiés comme clos ou protégés.
L’inertie du système éducatif et des institutions sur le plan structurel (modification des plans d’études, des grilles horaires, des paradigmes pédagogiques, des modes de travail et d’évaluation) est très grande malgré une bonne « absorption » des aspects technologiques nouveaux (investissement en machines, en temps de formation, etc.). Les fonctionnalités des ICT ne sont prises que dans une logique de prolongement de gestes professionnels existants, elles remplacent des techniques actuelles, mais ne sont pas vues comme des instruments permettant l’ouverture de champs de perception nouveaux questionnant les pratiques.
L’innovation est un processus complexe et lent qui nécessite de l’énergie, du temps, un accompagnement, une sécurisation et le consentement des différents acteurs impliqués. Rarement toutes ces conditions sont réunies. La prise en compte des pratiques comme point de départ des formations s’avère très pertinente cependant il convient de trouver les « bons leviers » pour permettre aux enseignants de se questionner sur leur fonctionnement tout en évitant de mettre en place des hiérarchies de valeur peu propices à la remise en question et au changement consenti.