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Dr Hélène Knoerr ILOB, Université d’Ottawa

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Présentation au sujet: "Dr Hélène Knoerr ILOB, Université d’Ottawa"— Transcription de la présentation:

1 Dr Hélène Knoerr ILOB, Université d’Ottawa
LIN1720 cours 10 Ontogénèse du langage: acquisition et développement du langage chez l’enfant Dr Hélène Knoerr ILOB, Université d’Ottawa

2 Définitions Acquisition - processus ou mode naturel par lequel un apprenant s’approprie des connaissances ou une langue. Processus d'appropriation naturel sous forme d'une construction langagière inconsciente et implicite par le seul bain linguisitique en se focalisant sur le sens Apprentissage - processus guidé en milieu institutionnel (scolaire ou professionnel) sous une forme artificielle, consciente et explicite qui impliquerait une focalisation sur la forme.

3 Définitions Krashen (linguiste et méthodologue américain, The Natural Approach, 1983): modèle du moniteur l'acquisition: processus de construction créative d'un système/d'une langue selon une série d'étapes communes à tous les apprenants de la même LE. C'est donc un processus inconscient qui résulte de l'application de stratégies universelles comme le démontre l'ordre naturel de l'acquisition de certains aspects grammaticaux par les adultes et les enfants. l'apprentissage: processus conscient d'intériorisation de règles explicites. D'après Krashen, l'apprentissage s'explique par l'intervention d'un moniteur qui apparait lorsque l'apprenant centre son attention sur la forme et non par sur le contenu (pas de contraintes temporelles pour la production). Dans ces situations qui ne sont pas en temps réel, les apprenants produisent des erreurs plus irrégulières et l'ordre universel n'est pas si net. (Gema Sanz Espinar, 2006)

4 Universalité de l’acquisition du langage
Dès les 2-3 premiers mois de vie, voire dès la naissance, on observe chez l’enfant une préférence pour la parole comparée à des bruits et des traitements différents de la parole et de la musique (latéralisation hémisphérique) Les bébés de trois mois sont attentifs à la parole naturelle et la traitent plutôt dans l’hémisphère gauche (Dehaene-Lambertz et al., 2002). La parole a un statut spécial pour l’enfant. Étymologie: latin « in-fans » (in privatif et fan = parler): enfant = celui qui ne parle pas. infans/ puer, infant/ child deux termes, deux âges: celui du non parlant et celui du parlant.

5 Universalité de l’acquisition du langage
Un enfant acquiert la maîtrise native de sa première langue (ou de ses premières langues) en quelques années. Cet apprentissage se fait sans intervention d'un spécialiste de l'enseignement du langage: c'est l'insertion de l'enfant dans la communication avec son entourage qui active cette capacité à produire un nombre infini d'énoncés à partir de moyens finis. Les conditions d'acquisition peuvent varier d'une manière extrême, mais tous les locuteurs d'une langue donnée arrivent à un stade de compétence qui leur permet - en règle générale - de se comprendre immédiatement.

6 Universalité de l’acquisition du langage
L'acquisition du langage obéit à une chronologie étonnamment uniforme à travers les langues le babillage les phrases à un mot, les phrases à deux mots, l'explosion linguistique, l'apparition de certaines constructions spécifiques à certains moments (la négation, la présence de marques morphologiques, d'éléments fonctionnels etc. suivent un "calendrier universel" largement invariable). Le cadre universel n'empêche cependant pas l'apparition de variations multiples d'un individu à l'autre

7 Théories de l'acquisition du langage
Avant 1975: optique culturelle Le langage comme phénomène social L’homme est un être de culture entièrement façonné par la société, l’expérience, l’apprentissage Après 1975: optique cognitiviste Le langage comme phénomène mental L’esprit humain est un programme interne de traitement de l’information guidé par une logique interne

8 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Créationnistes Empiristes Behavioristes Innéistes Constructivistes Interactionnistes Cognitivistes Connexionnistes

9 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Créationnistes Le langage est un don de Dieu Le roi Frédéric de Prusse Mark Baker (2001): les principes et paramètres chomskyens n’ont pas d’origine biologique ou sociale mais une origine divine Avant-Hier Pour beaucoup, le langage est un don de Dieu. Le roi Frédéric de Prusse (24 janvier 1712, Berlin - 17 août 1786, Potsdam), en était si convaincu qu’il était persuadé qu’un enfant élevé sans entendre la moindre parole autour de lui, acquerrait la langue originelle de Dieu, le roi était sûr que ce serait le latin ou l’hébreu. Il fit réaliser cette expérience en confiant un nouveau-né à une nourrice muette et l’enfant n’acquit aucune parole. Mark Baker, [2] presents arguments that not only are there certain "parameters" (as Chomsky called them) that are innate switches in the LAD, but linguists are very close to the point where these parameters could be put together in a "periodic table of languages" as determined by their parameter features. Baker's work is very controversial, however, because he has argued[3] that principles and parameters do not have biological or sociological origins, but instead were created by God (i.e. creationism).

10 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Empiristes la pensée fonctionne par enregistrement des données de l’expérience Le langage apparait grâce à une bonne perception auditive et à l’imitation «bain de langage» : placer l’enfant en présence de parole, bain dans lequel il apprend de façon naturelle en imitant. Empiristes: la pensée fonctionne par enregistrement des données de l’expérience

11 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Behavioristes (Skinner, ) Reuchlin (1986) définit le comportement verbal comme une variété de comportements ayant un effet sur l’environnement qui exerce à son tour un effet sur le sujet langage = mécanisme de « conditionnement opérant », apprentissage associatif entre la réponse au stimulus et la présentation du renforçateur le langage n'est pas foncièrement différent des autres facultés humaines accent sur les comportements d'imitation SKinner ( ) Béhavioriste On ne s’intéresse qu’à la production du langage chez l’enfant. Peu d’intérêt pour la production du bébé et sa compréhension précoce. Le béhaviorisme (ou comportementalisme) ne peut rendre compte de l'acquisition du langage par l'enfant et de la capacité humaine à produire une infinité d'énoncés à partir d'un nombre fini d'éléments appris. Il faut donc supposer une faculté langagière innée dans l'esprit humain, cette hypothèse est largement confirmée par les recherches en éthologie, ethnolinguistique etc. Burrus SKinner ( ) Béhavioriste On ne s’intéresse qu’à la production du langage chez l’enfant Peu d’intérêt pour la production du bébé et sa compréhension précoce. >1960 Noam Chomsky (1928-) Nativiste L’enfant dispose d’aptitudes innées pour le langage « Critique dévastatrice » du béhaviorisme et « révolution dans la pensée linguistique » Nécessité de nouvelles techniques (expériences contrôlées) pour évaluer les ‘compétences linguistiques’ du bébé et de l’enfant: Compréhension et production.

12 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Innéistes (Chomsky) L’enfant dispose d’aptitudes innées pour le langage: le LAD (dispositif d’acquisition du langage) Tout être humain possède une capacité innée à décrypter et à comprendre un code langagier grâce à une fonction intellectuelle spécifique. Il n'y a pas plusieurs systèmes distincts mais une seule et unique "grammaire universelle" comportant des universaux de la langue (phrases, syntagmes nominaux ou verbaux) >1960 Noam Chomsky (1928-) Nativiste L’enfant dispose d’aptitudes innées pour le langage « Critique dévastatrice » du béhaviorisme et « révolution dans la pensée linguistique » Nécessité de nouvelles techniques (expériences contrôlées) pour évaluer les ‘compétences linguistiques’ du bébé et de l’enfant: Compréhension et production.

13 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Constructivistes (Piaget) Le langage « se développe à travers des systèmes successifs dont chacun possède une cohérence suffisante pour fonctionner à son propre niveau ». Pas de système distinct d’acquisition du langage : « la caractéristique spécifique de l’homme n’est pas le langage, mais la disposition de structures cognitives, dont dépend l’émergence du langage ». Apprentissage par manipulation

14 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Constructivistes (Piaget): 4 stades de développement: stade sensorimoteur: de la naissance à environ 2 ans. Le contact de l’enfant avec le monde qui l’entoure dépend de ses mouvements et sensations. stade pré-opératoire: de 2 ans à ans. L’enfant devient capable de penser en termes symboliques, de se représenter des choses à partir de mots ou de symboles (avènement du langage). stade des opérations concrètes: de ans à ans. L’enfant devient capable d’envisager des événements qui surviennent en dehors de sa propre vie, de conceptualiser et de créer des raisonnements logiques. stade des opérations formelles: de ans à 15 ans. Capacités de faire des raisonnements hypothético-déductifs, d’établir des relations abstraites, de réfléchir sur des probabilités et sur des questions morales.

15 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Interactionnistes (Vygotsky) Dimension sociale : “la vraie direction du développement ne va pas de l'individuel au social, mais du social à l'individuel ” Le rôle des interactions est essentiel: L’enfant commence à développer ses capacités en présence des autres, et l’adulte joue un rôle de médiateur dans le rapport de l’enfant à son environnement. C’est l’intervention de l’adulte qui lui permet de construire et d’intérioriser le sens des situations vécues et de réduire l’écart existant entre ce qu’il peut faire à l’aide de son entourage et ce qu’il peut réaliser seul " zone proximale de développement " : ce qu'un enfant sait faire aujourd'hui en collaboration avec un adulte, il saura le faire tout seul demain. Vygotsky conçoit également l’apprentissage comme un processus de construction, mais il insiste pour sa part sur l’importance de sa dimension sociale. L’enfant commence à développer ses capacités en présence des autres, et l’adulte joue un rôle de médiateur dans le rapport de l’enfant à son environnement. C’est l’intervention de l’adulte qui lui permet de construire et d’intérioriser le sens des situations vécues et de réduire l’écart existant entre ce qu’il peut faire à l’aide de son entourage et ce qu’il peut réaliser seul (la "zone proximale de développement"). « zone prochaine (ou proximale) de développement » : ce qu'un enfant sait faire aujourd'hui en collaboration avec un adulte, il saura le faire tout seul demain. De nombreux travaux récents confirment une bonne partie des thèses de Vygotski, notamment l'importance des relations interpersonnelles pour l'apprentissage, à travers le travail en groupe

16 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Interactionnistes (Bruner) Le langage est un des instruments de construction de l’abstraction L'adulte accorde son discours avec celui de l'enfant dans le cadre d'une interaction et sert de support à l'apprentissage Language Acquisition Support System (LASS) L’interaction entre le LAD et le LASS rend possible l'acquisition du langage. c'est dans le cadre d'une interaction que l'adulte accorde étroitement son discours avec celui de l'enfant et sert par conséquent de support au cours de l'apprentissage. C'est ce qu'il appelle le Language Acquisition Support System (LASS). Il reprend la théorie chomskyenne et postule que si un DAL existe sous quelque forme que ce soit, alors c'est une interaction entre ce DAL et ce LASS qui rend possible l'acquisition du langage. Bruner introduit selon nous des termes clés dans la désignation du processus d'échange qui s'enclenche entre l'adulte et l'enfant

17 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Cognitivistes (Fodor) cognition = manipulation de représentations symboliques modèle caractéristique de l'intelligence artificielle la pensée humaine procède de la même façon qu'un programme informatique: elle combine des opérations logiques en série effectuées sur des symboles abstraits (langage formel) Le postulat central du cognitivisme réside dans l'hypothèse selon laquelle la cognition est essentiellement la manipulation de représentations symboliques. A l'origine de ce modèle, caractéristique de l'intelligence artificielle, se trouve l'idée que toutes nos réflexions pourraient être décrites sous forme d'une suite d'opérations logiques. Pour un cognitiviste, la pensée humaine procède de la même façon qu'un programme informatique. Elle combine des opérations logiques effectuées sur des symboles abstraits

18 Théories de l'acquisition du langage
Perspectives théoriques Connexionnistes L’individu construit le monde par l’intermédiaire de ses expériences, à partir d’une mise en relation de réseaux de neurones Système cognitif construit à partir de composants simples susceptibles de se relier entre eux par des connexions parallèles Depuis le début des années quatre-vingts, un autre courant, le connexionnisme, s'est développé. Il prend pour modèle le réseau de neurones formels, inspiré du modèle proposé en 1943 par deux cybernéticiens : Warren Mc Culloch (neurophysiologiste) et Walter Pitts (logicien)[[McCulloch Warren & Walter Pitts, 'Logical Calculus of the Ideas Immanent in Nervous Activity', {Philosophy of Science}, 1943, vol.10, n°1, ]]. Dans cette modélisation en réseau, les caractéristiques physiologiques et chimiques du neurone sont laissées de côté pour faire place aux neurones idéalisés considérés comme des appareils à seuil pouvant être soit actifs, soit inactifs, laissant ou non passer le courant en fonction des impulsions excitatrices et inhibitrices qu'ils reçoivent. L'article de McCulloch et Pitts annonçait un tournant en introduisant l'idée que la logique pouvait être considérée comme la discipline appropriée à la compréhension du cerveau et de l'activité mentale.  L'approche connexionniste utilise une stratégie qui consiste à construire un système cognitif en partant de composants simples susceptibles de se relier entre eux par des connexions. L'idée de base est que pour résoudre des problèmes, la pensée humaine ne procède pas par une suite de déductions logiques ; c'est de l'interaction entre micro-unités d'information qu'émerge une solution.

19 Théories de l'acquisition du langage
Classification des théories psycholinguistiques par Bailly (1998a)

20 Stades de développement

21 Stades de développement
PERCEPTION DISCRIMINATION : sons de la langue maternelle / sons d’autres langues CATEGORISATION : constituer des classes de phonèmes SEGMENTATION : du continuum sonore pour repérer les phonèmes PRODUCTION: 0-2 mois : sons végétatif-réflexes, apprentissage de l’occlusion du larynx 2-3 mois : apparition des consonnes et début de l’alternance ouverture-fermeture du canal phonatoire 4-5 mois: voyelles, contours intonatifs (maîtrise des cordes vocales) 5-6 mois : babillage non duplicatif: successions des consonnes et voyelles, maîtrise de l’alternance ouverture-fermeture du canal phonatoire 7-8 mois: babillage duplicatif: combinaisons de consonnes-voyelles 9-12 mois: babillage varié Dès l’apparition du babillage on retrouve un certain nombre de caractéristiques de la langue maternelle.

22 Stades de développement
4 stades de développement dans l'acquisition du langage chez l’enfant stade prélinguistique : 2 étapes: babillage (de mois à 12 mois): le bébé essaie de faire des sons. premier mot (4 - 6 mois à 12 ou 18 mois): le bébé nuance ses productions sonores, priorise les sons de la langue (ou des langues) qui l'entoure. Il modifie ses productions selon le contexte social. Il perd peu à peu la capacité de distinguer les sons étrangers des sons de sa propre langue. stade holophrastique (18 mois à 24 mois), l'enfant s'exprime par mots isolés. Il est probable que l'énonciation soit simplement l'expression de l'émotivité créée par la vision de l'objet plutôt que le résultat d'un énoncé mal complété.

23 Stades de développement
4 stades de développement dans l'acquisition du langage chez l'enfant stade syntaxique (de 2 à 5 ans) acquisition de la syntaxe. L'enfant acquiert la syntaxe par l'analyse de la régularité des structures qu'il entend, et non par imitation, par règles explicites ou par répétition. les erreurs produites sont très régulières surgénéralisation: "il a metté" au lieu de "il a mis", “il a prendu” au lieu de “il a pris”, “il a ouvrí” au lieu de “il a ouvert” stade avancé (5 ans et plus) acquisition des fonctions les plus fines du langage: formes passives, inversions verbales, etc. Adaptation de la formulation au contexte. La prononciation se rafine, notamment quant aux liquides /R/ et /l/.

24 Avant la naissance Le système auditif du foetus est fonctionnel vers la 25ème semaine et ressemble à celui d’un adulte vers la 35ème semaine Le foetus entend les voix (uniquement les basses fréquences) Il peut traiter les sons de la parole et en extraire les caractéristiques invariantes au travers du liquide amniotique Il réagit au changement d’ordre de deux syllabes

25 Avant la naissance Lecanuet (1995)
Présentation d’une série de 16 dissyllabes à des fœtus de 36 à 40 semaines /BA BI/ Habituation Introduction d’une nouvelle cible /BI BA/ Résultat : décélération du rythme cardiaque du fœtus en état de sommeil calme lorsqu’on introduit un nouveau son De Casper et Spence (1986) : la poésie selon le fœtus Des futures mamans enceintes de 33 semaines ont lu un poème à leurs bébés durant 4 semaines. Au bout de 4 semaines on fait écouter en alternance aux fœtus le poème connu et un poème qu’ils n’avaient jamais entendu auparavant Résultat : décélération du rythme cardiaque pour le poème familier/ aucune variation pour le poème inconnu

26 À la naissance Immaturité du conduit vocal
L’apprentissage de la parole est lié à un processus de maturation et d’organisation des organes articulatoires.

27 À la naissance Parler =coordonner plus de 100 muscles pour les mouvements du larynx, de la glotte, du voile du palais, de la mâchoire, des lèvres, de la langue, avec un débit de 15 phonèmes par seconde Le conduit vocal du nouveau-né ne permet pas de produire des sons articulés car il ressemble à celui des primates non-humains Pinker : « Le larynx monte comme un périscope et s’engage dans le passage nasal, forçant l’enfant à respirer par le nez et rendant possible pour lui de respirer et boire en même temps ». Le pharynx du nourrisson est proportionnellement plus court que celui de l’adulte, sa cavité orale est plus grande; la masse de la langue est située plus en avant, remplit la bouche, ce qui limite sa possibilité de mouvement. Le nouveau-né peut produire des sons végétatifs: cris, pleurs

28 À la naissance Le codage de la parole dans le format de la langue maternelle est une des premières étapes de l’acquisition de la langue. Ce codage, ou filtre, présent dès la naissance, permet au nouveau-né de classifier grossièrement les langues suivant leurs caractéristiques mélodiques et rythmiques. Des nouveau-nés français de 4 jours discriminent des phrases anglaises de phrases japonaises. Cette classification des langues est imparfaite elle ne leur permet pas de distinguer ces mêmes phrases anglaises de phrases hollandaises, dont les caractéristiques prosodiques sont trop proches pour être distinguées sur ce seul paramètre. L’analyse prosodique de la parole permet aux nouveau-nés de se former rapidement une première représentation de leur langue maternelle, qui les amène à réagir différemment à des phrases selon qu’elles appartiennent à leur langue maternelle ou pas. Ils s’orientent plus vite vers un haut-parleur diffusant des phrases de leur langue maternelle que vers celui diffusant des phrases d’une langue étrangère Dès les premières semaines, les nourrissons reconnaissent que les phrases qu’ils entendent appartiennent à un même ensemble, leur langue maternelle.

29 0 à 4 mois À quelques jours le nourrisson distingue les sons de la langue parlée dans son environnement des autres langues. Tous les bébés (humains) de la terre ont les capacités de prononcer tous les sons langagiers répertoriés. L'ordre d'acquisition de ces sons est semblable pour tous les bébés. Tendance universelle: /a/ plutôt que /i//u/ Identifie la voix de sa mère

30 0 à 4 mois: Production Esling et al. (2004): le nouveau-né apprend à contrôler le larynx et le pharynx. Apprentissage de l’occlusion dans le pharynx Mise en place d’un contrôle de plus en plus fin de la phonation Dans les six premier mois, l’enfant apprend à varier, au niveau de la glotte, la hauteur tonale, la sonorité et le souffle Les vocalisations avant 6 mois : voyelles isolées + nasalisation, coups de glotte Hypothèse: contrôle de la zone pharynx/larynx universelle à la naissance, puis disparition lorsque la langue ne possède pas ces lieux d’articulation

31 0 à 4 mois: Perception Contrastes discriminés: Voisement (b-p)
Lieu d’articulation (b-d) Mode d’articulation (b-m) Liquides (l-r) Glissantes (j-w) Fricatives: les résultats sont très controversés Voyelles (a-i-u sont discriminées dès la naissance) Discrimination des contrastes non pertinents dans la langue. Capacité universelle permettant aux êtres humains, dès la naissance, de discriminer tout type de contraste (???) phonétique de toute langue naturelle. Best (1994): capacité générale: hiérarchie perceptive des contrastes (certains contrastes sont plus saillants que d’autres)

32 0 à 4 mois: Perception Heimas et al., 1971: voisement (contraste progressif du VOT)

33 6-9 mois: Perception Accroissement de la connaissance des règles phonotactiques de leur langue (successions de phonèmes à l’intérieur des mots) en français, aucun mot ne comporte la succession «mk» (mais possible en hollandais) P. Jusczyck: des nourrissons de 7 mois repèrent la répétition de formes sonores, correspondant à des mots, dans des énoncés, Les nourrissons exposés à une dizaine de répétitions d’un mot préfèrent ensuite écouter des phrases où ce mot apparaît que des phrases sans ce mot. Ils sont capables de mémoriser ces formes acoustiques. Après avoir écouté une demi-heure d’histoire pendant 10 jours, des nourrissons de 8 mois préfèrent écouter, 15 jours plus tard, des listes de mots extraits de ces histoires plutôt que des listes de mots qu’ils n’avaient jamais entendus. Les nourrissons sont capables de stocker des formes acoustiques fréquentes indépendamment de leur sens.

34 6-9 mois: Perception Importance de la prosodie pour la détermination des unités fonctionnelles de la langue repérage permettant le découpage des unités les plus larges (phrases, propositions, syntagmes) vers les unités les plus petites (mots). délimitation des unités lexicales Langues à accent fixe Langues à ton Sensibilité aux consonnes L’enfant sait quelles sont les chaînes de phonèmes les plus probables au début des mots, par exemple en français /fr/ est un début de mot possible mais pas /kn/.

35 6-9 mois: Perception Jusczyk (1993): à partir de 7-8 mois, les enfants se servent des schémas accentuels des mots pour la segmentation si les nourissons sont exposés à «king», «kingdom» présenté ensuite n’entraîne aucune préférence, démontrant qu’ils ont correctement isolé le mot «king». 8 mois: le bébé est capable de diviser une phrase en ses sous-éléments en utilisant des indices prosodiques. il préfère écouter des phrases avec un silence entre le sujet et le verbe (frontière naturelle) qu’entre le verbe et le C.O (pas une frontière naturelle). Il a appris le schéma accentuel des mots de sa langue (ex: en anglais, syllabe forte suivie d’une syllabe faible)

36 6-10 mois: Production À partir de 6 mois, babillage canonique (reduplicated babbling); pas de caractère référentiel, suites répétitives de syllabes : /ba, ba, ba/, /dae dae dae/, /be be be/ Progression linéaire jusqu’à l’âge de 10 mois, indépendamment du milieu socio-économique, mono- ou bilinguisme le plus souvent labiales et dentales /p, b, t, d, m, n/ ; parfois vélaires /g, k/ : plus de 80% des consonnes en début de babillage Les consonnes présentes dans le babillage sont celles qu’on retrouve dans le plus de langues combinées avec /a/, /o/, /ae/ ; les autres voyelles sont relativement rares dans les productions Ex : production du bébé de 8 mois (Grégoire) : /pa pa/, /ta ta ta/, /de de de / /emamwa/, /aba abwou/, /go agou ga/, /go agé eka/ Suites VCV fréquentes : /aba/, /aedae/, /éka/ Syllabes fermées : rares : /dat/, /bam/

37 6-10 mois: Production 7-8 mois: les premières syllabes
Tendances universelles: bilabiales, voyelles ouvertes ou centrales (rareté des voyelles fermées) Indices visuels (bilabiales) Structure syllabique CVCV 9-10 mois : babillage panaché» (variegated) plus complexe, se rapproche des syllabes de la langue native : alternance de segments consonantiques plutôt que duplication Changements dans les voyelles : /i/ et /u/ (voyelles fermées) sont les plus difficiles à prononcer à cause de la configuration du tractus vocal

38 6-10 mois: Production Dès 8 mois: Caractéristiques rythmiques, contours d’intonation, type de phonation, qui reflètent des caractéristiques de la langue Présence d’un accent dès l’âge de 8 mois identifier parmi différents échantillons ceux appartenant à des enfants de leur propre communauté linguistique Paires d’échantillons de babillage d’enfants de 8 mois, français, arabes cantonais : choix (quel est, parmi deux, le babillage du bébé français?) correct à plus de 70%

39 10 mois et plus Début de la 2ème année: intonation et propriétés métriques spécifiques plus nettes, début de la production de tons lexicaux Dès mois les enfants commencent à utiliser l’intonation dans un but de communication La proportion augmente considérablement entre 12 et 14 mois lorsque l’enfant produit une variété de consonnes sur un patron intonatoire de la phrase; la production des mots commence et l’enfant essaye d’imiter un grand nombre de patrons intonatoires différents : sorte de laboratoire où s’effectue une préparation à la production des sons de la langue avec leur spécificité articulatoire

40 10 mois et plus Changements des capacités de traitement: spécialisation des caractéristiques de la langue environnante. Perte progressive des contrastes absents de la langue environnante. Werker & Tees (1984): à 12 mois les enfants anglais ne perçoivent plus les contrastes Hindi et Thompson (Colombie Britannique) qu’ils percevaient à 6 mois

41 10 mois et plus Les bébés de 10 mois ont déjà sélectionné un répertoire de consonnes qui reflète la composition du répertoire de la langue de l’environnement Dès l’âge de 10 mois, les bébés français produisent plus de labiales que les bébés japonais ou suédois Enregistrement de bébés français, américains, japonais, suédois de dix mois (0 mots) à mois (25 mots) Analyse de la distribution des consonnes en fonction du lieu d’articulation (labiales, dentales, vélaires) et selon le mode (plosives, fricatives, nasales, liquides) Tendances générales universelles liées à la physiologie de l’appareil articulatoire Pourcentage important des consonnes labiales et dentales Prépondérance des occlusives Rareté des fricatives et des liquides /l/ et /r/

42 Rôle de la motricité dans le babillage (MacNeilage & Davis, 1995, 2000)
Théorie « Frame/Content » d’évolution de la parole : rôle central de l’alternance consonne-voyelle, s’explique par le mouvement simple d’ouverture et de fermeture de la mâchoire Les consonnes et les voyelles requièrent des mouvements mandibulaires incompatibles: conduit ouvert pendant la phonation : voyelles; conduit vocal relativement fermé : consonnes L’oscillation mandibulaire fournirait le «cadre» («frame») articulatoire, dont le contenu («content») serait donné par les mouvements de la langue – Frame: mouvement basique de la production de la parole, ouverture/fermeture de l’axe mandibulaire. – Content: contrôle plus fin des mouvements de la langue et de sa position

43 Perspective darwinienne, neurobiologique
Rôle de la motricité dans le babillage (MacNeilage & Davis, 1995, 2000) Perspective darwinienne, neurobiologique L’oscillation mandibulaire pour la parole a un précurseur (il y a 200 millions d’années) sous la forme d’oscillations mandibulaire pour des buts d’ingestion (mastiquer, sucer, lécher); ce comportement a été utilisé pour la communication visuo-spatiale chez les primates pré-humains et finalement associé à la phonation pour former les protosyllabes chez les hominidés

44 Le langage chez l’enfant sourd
Un enfant sourd ne peut, parce qu’il n’a pas accès au monde sonore, se construire ni construire sa vision du monde dans la modalité audio-orale. Il est exceptionnel qu’un enfant sourd acquière une compétence dans la forme orale d’une langue vocale. Mais un enfant sourd acquiert une LS de manière tout à fait aisée et naturelle et selon les mêmes étapes que celles de l’acquisition d’une langue vocale par un enfant entendant ; seule l’acquisition d’une LS permet à l’enfant sourd un développement cognitif comparable à celui de l’enfant entendant. Si la LS est la seule langue naturelle de l’enfant sourd, elle n’est sa langue maternelle que dans un très petit nombre de cas: alors qu’habituellement ce sont les parents qui transmettent leur langue à leurs enfants (et, donc, leur culture et leur vision du monde), 95% des enfants sourds ont des parents entendants, non locuteurs de la LS Cette langue, qui est pourtant la sienne et la seule qui puisse lui assurer un plein développement cognitif et une pleine interaction avec le monde, sera donc le plus souvent absente des premières interactions de l’enfant sourd avec ses parents.

45 Le langage chez l’enfant sourd
Jusqu’à l’âge de 5-6 mois, les bébés sourds congénitaux vocalisent comme les bébés entendants À 7 mois, les vocalisations des bébés sourds diminuent, et les bébés ne produisent pas de babillage canonique Après un an, les bébés sourds commencent à produire un babillage canonique, surtout constitué de bilabiales (visibles) (Oller et al.)

46 Bases cérébrales et contraintes biologiques du langage
Existe-t-il une période critique pour ces apprentissages ? La spécialisation hémisphérique gauche pour le traitement linguistique est-elle présente dès la naissance ou se développe-t-elle au cours de l’acquisition de la langue maternelle?

47 Période critique Le cerveau d'un nouveau-né se compose de beaucoup plus de neurones et de synapses qu'il n'en aura jamais besoin. structure du cerveau l'adulte = résultat du renforcement des synapses régulièrement utilisées et de l'élimination des neurones et des synapses inutilisés processus semblable au câblage d'un ordinateur. Eric Lenneberg (neuropsychologue, Fondations biologiques du langage, 1967): la capacité d’acquérir le langage est innée et, comme beaucoup de mécanismes innés, limitée dans le temps. Période critique pour le langage entre 6 mois et 3 ans Cette longue maturation post-natale, plus longue que chez n'importe quelle espèce, permet aux structures cérébrales de se développer tout en étant modulées par l'interaction avec le monde extérieur: le langage ne va se développer normalement que si l'enfant est exposé pendant cette période à une ambiance linguistique normale

48 Période critique – le cas des enfants sauvages
Genie (1957) élevée jusqu’à l’âge de 13 ans par des parents perturbés, dans des conditions de privation de langage quasi-totale. Malgré des cours de langue ultérieurs soutenus, elle ne put atteindre qu’un niveau de communication rudimentaire Langage d’un enfant de 2 ans (syntaxe…) Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron (1797), décrit par le docteur Itard qui a tenté d'effectuer une rééducation comme pour un enfant sourd, sans grands résultats ; Amala et Kamala, les fillettes-louves, décrites par le révérend Singh et le Dr Sarbadhicari qui les ont prises en charge de manière intuitive, sans pouvoir leur apprendre véritablement à parler.  période critique pour l’acquisition du langage

49 Période critique – le cas des enfants sauvages
Une année après sa libération, langage d'un enfant normal d'entre 18 et 20 mois. distingue noms au singulier / au pluriel distingue phrases positives / négatives. produit des phrases de deux ou trois mots enfant normal à ce stade de développement langagier → explosion linguistique Mais pas pour Genie. Quatre ans plus tard elle n'avait toujours pas maîtrisé la négation - elle en était encore à l'étape où l'enfant produit 'No + Vb + Objet. Et si elle comprenait des questions 'WH-, elle n'était pas capable de les produire correctement. Elle ne maîtrisait pas la capacité de réorganiser la phrase sous-jacente (Chomsky)

50 Période critique – le cas du bilinguisme
L’âge d’apprentissage apparaît comme un facteur essentiel déterminant les performances dans la seconde langue. Plus l’apprentissage est précoce, meilleures sont les performances [20, 21]. des adultes bilingues catalans-espagnols, éduqués dans les deux langues depuis au moins l’âge de six ans, ne possèdent pas les mêmes catégories phonétiques suivant la langue de leur entourage dans les premières années de vie. les sujets d’origine espagnole ne discriminent pas «é» de «è», contrairement aux Catalans [23]

51 Période critique – le cas du bilinguisme
Weber-Fox et Neville : tous les aspects du langage ne sont pas également sensibles à l’âge d’apprentissage l’adulte n’a aucun mal à apprendre de nouveaux mots, alors qu’il fait de nombreuses erreurs grammaticales en L2 même après des années de pratique. Johnson et Newport ont testé des immigrés chinois aux États-Unis → leur compétence en anglais ne dépend pas de la durée de leur séjour mais de l’âge de leur arrivée

52 Période critique – le cas du bilinguisme
études chez les bilingues → un certain nombre de paramètres linguistiques, comme la phonétique, ne sont vraiment acquis que si l’exposition à la langue est très précoce. études chez l’adulte → différents modules linguistiques, avec des contraintes cérébrales fortes et des périodes critiques différentes → importance des étapes perceptives de la première année de vie.

53 Spécialisation hémisphérique

54 Spécialisation hémisphérique
Dès les 2-3 premiers mois de vie, voire dès la naissance préférence pour la parole par rapport aux bruits (Columbo & Bundy, 1983) traitements différents (latéralisation hémisphérique) de la parole et de la musique (Bertoncini et al., 1989 ; Best, 1988 ; Entus, 1977). Les bébés de trois mois sont attentifs à la parole naturelle et la traitent plutôt dans l’hémisphère gauche (Dehaene-Lambertz et al., 2002).

55 Spécialisation hémisphérique
Dehaene-Lambertz (1997): indices électrophysiologiques chez les nourrissons (technique des potentiels évoqués pour la parole entendue) spécialisation hémisphérique gauche pour le langage oral, dès la naissance les  nourrissons utilisent les mêmes régions cérébrales que les adultes, alors qu’ils sont loin de leur niveau de compétences. implication plus importante de l'hémisphère gauche qui suggère fortement l'existence d'un biais génétique dans l'organisation des aires cérébrales du langage.

56 En résumé... Acquisition/ apprentissage
Les diverses théories de l’acquisition Les stades de développement du langage: universaux Universaux en perception: codage de la parole dans le format de la LM à la naissance contrôle de la zone pharynx/ larynx à la naissance discrimination des contrastes phonétiques à la naissance Importance de la prosodie (détermination des unités, dès 7 mois) Universaux en production: Voyelles et consonnes préférées Structures syllabiques préférées Accent, caractéristiques rythmiques et intonatives Spécialisation des caractéristiques de la langue environnante: perte des capacités non activées dès mois Période critique (Lenneberg)

57 Références (quelques)
[1] Dehaene-Lambertz G, Houston D. Faster orientation latency toward native language in two-month-old infants. Lang Speech 1998;41:21–43. [2] Kuhl PK,Williams KA, Lacerda F, Stevens KN, Lindblom B. Linguistic experiences alter phonetic perception in infants by 6 months of age. Science 1992;255:606–8. [3] Werker JF, Lalonde CE. Cross-language speech perception: Initial capabilities and developmental change. Dev Psychol 1988;24:672–83. [4] Jusczyk PW, Hohne EA, Bauman A. Infants’ sensitivity to allophonic cues for word segmentation. Percept Psychophys 1999;61:1465–76. [5] Jusczyk PW, Hirsh-Pasek K, Nelson DG, Kennedy LJ,Woodward A, Piwoz J. Perception of acoustic correlates of major phrasal units by young infants. Cognit Psychol 1992;24:252–93. [6] JusczykPW, Friederici A,Wessels J, SvenkerudV, Jusczyk A. Infants’ sensitivity to the sound pattern of native language words. JMem Lang 1993;32:402–20. [16] Eimas PD, Siqueland ER, Jusczyk PW, Vigorito J. Speech perception in infants. Science 1971;171:303–6. [17] Kuhl PK. Perception of auditory equivalence classes for speech in early infancy. Infant Behav Dev 1983;6:263–85.

58 Références (quelques)
[20] NEWPORT E.L. : « Maturational constraints on language learning », Cognitive Science, 1990 ; 14 : [21] WEBER-FOX C.M., NEVILLE H.J. : « Maturational constraints on functional specialization for language processing : ERP and behavioral evidence in bilingual speakers », J. Cogn. Neurosci., 1996 ; 8 : [22] JOHNSON J.S., NEWPORT E.L. : « Critical period effects in second language learning : the influence of maturational state on the acquisition of English as a second language », Cogn. Psychol., 1989 ; 21 : [23] PALLIER C., BOSCH L., SEBASTIAN N. : « A limit on behavioral plasticity in speech perception », Cognition, 1997 ; 64 : B9-17.


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