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Histoire de la France révolutionnaire

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Présentation au sujet: "Histoire de la France révolutionnaire"— Transcription de la présentation:

1 Histoire de la France révolutionnaire
Septième cours : La Monarchie de juillet et la seconde république ( )

2 Septième cours : 1 – Les Trois glorieuses 2 – La monarchie de Juillet
3 – Économie et société sous la monarchie de Juillet 4 – La Seconde république ( ) 5 – Politique étrangère ( )

3 1 – Les Trois glorieuses Les élections de juin 1830 donnèrent une majorité de députés à l’opposition et Polignac convainc Charles X de gouverner par ordonnance, comme le prévoit la Charte. En juillet, les ministres préparent les ordonnances dans le plus grand secret, ce qui accroît d’autant la tension, car libéraux et radicaux s’attendent à un coup de force. Les ordonnances, publiées le 26 juillet, suppriment ce qui reste des institutions libérales : suspension de la liberté de la presse, instauration de la censure, dissolution de la chambre, modification à la loi électorale, réduction du nombre de députés de 428 à 258, convocation des collèges électoraux pour septembre et nomination d’ultras au Conseil d’État.

4 La population parisienne et l’opposition réagissent dès la publication
La population parisienne et l’opposition réagissent dès la publication. Les libéraux préparent une adresse à la nation dans la presse et tentent de s’organiser, pendant que la population commence à manifester. Le 27 juillet, l’émeute prend de l’ampleur. On y trouve des victimes de la situation économique, des membres de la petite bourgeoisie parisienne, dont plusieurs étaient membres de la Garde nationale et des bonapartistes. Ils sont dirigés par des étudiants et des meneurs politiques de la gauche radicale. Les libéraux cherchent à éviter un effondrement du régime, craignant autant les débordements de la population que les réactionnaires du gouvernement. Lorsque surviennent les premiers heurts entre les manifestants et la police, Paris se couvre de barricades. Les premiers coups de feu retentissent, la population s’arme, les premiers morts tombent et l’émeute se transforme en insurrection.

5 Le 28 au matin, plus de 10 000 personnes participent à l’insurrection et le gouvernement ne répond que par la force : Charles X décrète la capitale en état de siège et donne l’ordre à la garnison d’écraser l’insurrection. La guerre urbaine qui se déchaîne n’est pas à l’avantage des troupes régulières, qui manœuvrent difficilement dans les rues étroites. Des combats ont lieu autour de l’Hôtel de Ville, capturée par les insurgés. Les libéraux tentent de convaincre le roi de faire des concessions, en annulant les ordonnances du 26 juillet, mais le roi est intraitable. La Fayette propose de passer outre le roi pour obtenir un cessez-le-feu entre la troupe et les manifestants. Un député suggère de faire porter la responsabilité de la crise aux seuls ministres, coupables d’avoir trompé le roi. Ces démarches seront vaines, le roi continuant d’exiger la reddition des insurgés comme préalable et ordonne l’arrestation de certains libéraux.

6 Voyant l’impossibilité d’en arriver à un compromis, un groupe de libéraux approche le duc d’Orléans pour sonder ses intentions dans le cas où la monarchie serait renversée, mais celui-ci tergiverse. Le matin du 29, deux régiments impliqués dans la répression font défection et passent du côté des insurgés et au soir, la capitale sera entre leurs mains. Politiquement, les tractations se poursuivent au sommet toute la journée, le roi acceptant de renvoyer Polignac et de retirer les ordonnances, mais il est alors trop tard, puisqu’il a perdu le contrôle de Paris. Hors de question pour les libéraux de laisser les émeutiers, qui réclament la république, de s’imposer politiquement. Ils parviendront à imposer un compromis, une part importante de la population s’inquiétant des débordements. Les républicains sont très divisés et n’ont pas de forces politiques capables de s’opposer à des libéraux expérimentés.

7 Deux jours de tractations permettront d’imposer le compromis libéral : maintien de la monarchie, (concessions importantes pour les libéraux), avec à sa tête Louis-Philippe d’Orléans, qui se rallie après que Charles X, le 31 juillet, se soit enfui de la capitale. Les républicains s’opposent à ce qu’ils voient comme un vol des fruits de leurs efforts, mais la population préférera suivre la voie indiquée par les modérés. Le 31 juillet, La Fayette donne l’accolade au duc d’Orléans sur le balcon de l’hôtel de ville, entérinant symboliquement le choix de Louis-Philipe comme monarque de remplacement. La monarchie de juillet débute le 7 août, avec l’adoption d’une révision de la Charte et la proclamation officielle, consécutivement au vote de 219 députés contre 33 (près de 200 députés étaient absents) en faveur de cette solution.

8 C’est ainsi que la branche cadette des Bourbons, avec à sa tête un homme populaire, qui a combattu dans les armées républicaines, prend la tête de la France. Si les radicaux enragent, ils n’ont d’autre choix que de se soumettre à la volonté de la majorité. Une fois encore, les libéraux tirent les marrons du feu. Même s’il jouit d’une grande popularité au centre du spectre politique et que le reste de la France acceptera sans grande difficulté son règne, Louis-Philippe, « roi des barricades » pour la droite, « roi de pacotille » pour la gauche, sera toujours contesté.

9 2 – La monarchie de Juillet
2.1 – Les institutions La Charte de 1814 demeure le fondement constitutionnel de l’État après l’arrivée au pouvoir de Louis-Philipe, mais le changement du personnel politique et les modifications apportées à la Charte constitutionnelle changent le caractère du régime. Le caractère parlementaire du régime est accentué par la suppression de l'article 14 sur les ordonnances et du préambule de la Charte et par l'association des Chambres à l'initiative des lois. Des changements symboliques accompagnent ce changement fondamental et permettent l’ajout de certains éléments de la tradition républicaine.

10 Le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc et Louis-Philipe règne en tant que roi des Français et non roi de France. Le catholicisme perd son statut de religion d'État, lequel redevient clairement laïc. Une série de réformes vise à accroître le pluralisme et le régime représentatif, en élargissant la base électorale. Le système demeure élitiste, mais une loi de mars permet d’impliquer plus de 2 millions de personnes dans le processus politique municipal, même si maires et adjoints sont toujours nommés par les préfets ou par le roi. En avril 1831, la loi électorale est modifiée de façon importante : les électeurs devaient avoir 25 ans et payer 200 francs d'impôts directs ; les éligibles devaient avoir 30 ans et payer 500 francs d'impôts. Les députés étaient désormais élus par quatre cent cinquante-neuf collèges électoraux, dans le cadre d’un scrutin uninominal direct.

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12 Le nombre d’électeurs de députés passa à 166 000 en 1831, mais progressa lentement par la suite, sans parvenir à dépasser 250 000 à la fin du régime. La Chambre des pairs n’est pas abolie, mais son importance politique est réduite par l’abolition de l’hérédité de la pairie et les modifications concernant le processus de nominations, ses membres étant désormais désigné par le roi. De sorte que le parlement prenait une plus grande importance dans le système politique.

13 2.2 – Les forces politiques
Même s’il n’y a d’abord pas de partis politiques, les députés étant élus en fonction de leur influence et de leurs idées, les débats en chambre acquièrent une grande importance, même si les diverses tendances se manifestent aussi à l’extérieur de la chambre, dans la société civile et les journaux. Compte tenu du caractère élitiste du système, les courants de la « gauche radicale » demeurent très posés, ce qui va contribuer au développement de forces politiques extra-parlementaires et à un retour marqué de l’agitation révolutionnaire au fil du temps, les classes populaires n’étant pas représentées. Quatre tendances politiques peuvent être distinguées Dans l’opposition, à droite, on compte les légitimistes, partisans de Charles X, qui rejette le nouveau régime, ce qui les confine à un rôle nettement diminué.

14 Surpris par l'effondrement du système de 1814, ils ont beaucoup de difficultés à jouer un rôle politique et sont très divisés. Beaucoup s'abstiennent de participer à la vie publique, d'autres tentent de s’organiser et de réagir en renouant avec la pratique de sociétés secrètes, songeant à susciter des conspirations intérieures ou à nouer des liens à l’extérieur, afin d’obtenir un appui des cours européennes conservatrices. Un troisième groupe de légitimistes intègre l’action politique, occupant le terrain légal contre le nouveau régime et contre l’Usurpateur Louis-Philippe. Malgré leur perte d’influence, ils demeurent puissants et capables de se projeter dans l’opinion publique et disposent de nombreux relais de presse à Paris et en province, où l'on assiste à une multiplication de titres qui rappellent les anciennes provinces de France.

15 Le légitimisme ne s’appuyait pas que sur les membres de l’aristocratie et son aire d’influence se situe dans l’ouest (où il s’appuie sur un clergé méfiant envers la capitale) et le Midi, grâce a une clientèle populaire, qui exprime ainsi la résistance de l'ancienne société aristocratique, rurale et artisanale, contre une société plus moderne, individualiste et urbaine. L’autre grande force d’opposition se situe à l’autre extrême du spectre politique. On y trouve des républicains convaincus, mais aussi les bonapartistes. Ce courant est aussi très éclaté, comme en témoigne sa distribution géographique, essentiellement à Paris et dans l’est de la France, ainsi que dans la ville de Lyon. Ce courant se décompose en plusieurs tendances. Les plus modérés, se montrent d’abord favorables à une collaboration avec la monarchie de Juillet, mais au fil des années, en fonction du conservatisme croissant du système, ils s’en détournent peu à peu.

16 Le jacobinisme est toujours vivant et se situe dans la tradition égalitariste de la révolution (revendications du suffrage universel). Centraliste, il rejette en général les méthodes extra-légales et s’en tient à la lutte parlementaire et légaliste pour faire valoir ses opinions. Malgré leurs dissensions, les républicains partagent certaines orientations : en politique étrangère, entre autres, ils critiquent le refus du gouvernement d’aider les mouvements nationaux polonais et italiens. Les républicains disposent de nombreux leviers pour diffuser leurs points de vue, surtout dans un cadre associatif qui renoue avec la tradition très jacobine des clubs politiques. Certaines de ses associations sont antérieures à 1830, mais la plupart sont nouvelles. La plus importante fut la Société des droits de l'homme et du citoyen, très influente en , qui avait recours à l'action légale, mais aussi violente, et était très populaire auprès des étudiants et des ouvriers.

17 Au centre de ces deux tendances se rassemblent les députés de la majorité, que l’on nomme les partis dynastiques, que l’on peut diviser en deux groupes À gauche, le Parti du mouvement vers la démocratie est légaliste et voit dans la révolution de Juillet un point de départ pour de nouvelles réformes. Sans défendre le suffrage universel, il souhaite une extension du droit de vote et rejoint les républicains dans leur réclamation d’une politique d'aide aux peuples révoltés. Le principal appui de cette gauche modérée se trouve dans la petite bourgeoisie parisienne et de l’est. Anticléricale et méfiante envers les légitimistes, elle dirigera le gouvernement au début du régime et devra freiner le mouvement révolutionnaire, avant d’être rejeté dans l’opposition. Enfin, le Parti de la résistance forme le gouvernement à partir de 1831 et presque tout au long du régime et, il s’est rapidement identifié lui-même à celui-ci.

18 Composée de libéraux opposés à la restauration, de hauts fonctionnaires ayant servi tous les régimes et de gens promus à des fonctions politiques par la révolution de Juillet, cette tendance de centre droit, tenant de la « loi et l’ordre », identifie les intérêts de la bourgeoisie dont elle issue et qui forme le pays légal, c’est-à-dire le corps électoral, et ceux de l'ensemble de la nation. Elle mène une politique dite du « juste milieu » entre le danger légitimiste et les nuances républicaines. Ces libéraux traditionalistes soutiennent l’idée d’un régime parlementaire limitant les interventions de l'État et cherchant à garantir les initiatives individuelles. Se retrouvant à la tête du gouvernement, ils seront contraints à l’opportunisme et à faire passer au premier plan le rétablissement de l'ordre et la répression légale.

19 2.3 – Évolution politique Le même problème qu’en 1789 se pose aux nouveaux chefs politiques et ils doivent freiner l’agitation des masses, qui considèrent pour beaucoup que la bourgeoisie les a privés des fruits de ses efforts. L'agitation révolutionnaire qui se poursuit pendant plusieurs mois se trouve favorisée par une liberté complète de la vie politique, en raison de l'affaiblissement de l'autorité. On constate de même un décalage entre Paris et la province, entre les aspirations des insurgés de Juillet et les nouvelles institutions. La révolution a entraîné un ralentissement de la consommation des classes dirigeantes urbaines et entravé le commerce extérieur en raison des craintes de guerre, la réaction des puissances européennes suscitant l’inquiétude.

20 Le prix du blé et du pain augmente et le chômage sévit, conjonction funeste pour un pouvoir politique encore mal assis. Une épidémie de choléra frappe le pays en 1832 et fait 20 000 morts à Paris seulement, surtout dans les quartiers populaires surpeuplés. Mais les victimes ne se limitent pas qu’à la capitale, la maladie touchant surtout les villes ouvrières, dont Lille, mettant ainsi en évidence l’inégalité des individus devant la mort, même si la haute société est touchée. L’agitation est causée par la situation économique (comme à Lyon à l’automne 1831, où une grève dégénère en insurrection), mais la propagande républicaine attise le mécontentement populaire, comme en juin 1832, alors que les funérailles du général Lamarque, député de la gauche radicale, provoquent une émeute dans les quartiers ravagés par le choléra.

21 Rapidement, le gouvernement est contraint de réduire les libertés en promulguant des lois liberticides, comme celle d’avril 1834, encadrant les organisations de la société civile et restreignant leurs activités. Les légitimistes posaient aussi problème, même si leurs actions tournaient autour de conspirations plutôt que de révoltes ouvertes. La plus grave d’entre elles concerna la duchesse de Berry, belle-fille de Charles X, débarquée secrètement en avril 1832 sur les côtes de Provence, d'où elle gagna l'Ouest pour tenter de soulever les paysans bretons et vendéens, avant d’être capturée et emprisonnée. Pour le reste, leurs actions peu efficaces visaient à affaiblir le régime en attaquant la légitimité du roi. Les élections de 1831 et 1834 donnèrent une majorité favorable au régime et aux partisans du maintien de l’ordre, l'opinion publique s’inquiétant de la persistance de l’agitation populaire.

22 L’attentat de juillet 1835 contre le roi servi de prétexte à un tour de vis. Une loi de septembre 1835, réprimant les délits de presse et la propagande anticonstitutionnelle, favorisa la stabilisation politique et ouvrit la porte à une décennie plus calme. La période étant moins dominée par le souci de l’ordre, les partisans du régime se divisent en plusieurs tendances, rendant difficile la gouvernance. Les ministères Thiers (1836) et Molé ( ) virent une constante recomposition des forces politiques, alors que le roi lui-même se mêlait de plus en plus fréquemment de la gestion gouvernementale. Les élections de février 1839 sanctionnèrent la classe politique et cette implication trop grande du monarque, sans parvenir à donner en chambre une majorité cohérente et il fallut encore une menace sociale (l’émeute du 12 mai 1839 provoquée par les blanquistes) pour mettre fin à la crise ministérielle.

23 Thiers reprend le poste de président du conseil en et mène une politique nationaliste, illustrée par le retour des cendres de Bonaparte en Cependant, le ressort nationaliste ne fonctionne pas très longtemps et la reprise de l’agitation vient à bout de Thiers. Grèves et manifestations inquiètent l'opinion, qui craint la révolution et la guerre, alors que des tensions internationales opposent la France et la majorité des États européens sur la question d’Orient. Le cabinet suivant, formé en octobre 1840, devait être un cabinet de transition, mais il dura jusqu’en Il est dirigé par le maréchal Soult, même si en fait Guizot mène, avant de remplacer le maréchal en 1847. Après avoir apaisé la situation internationale, malgré des difficultés financières, la mort du duc d’Orléans en 1842, le regain de l'opposition légitimiste et les lenteurs de la conquête d’Algérie, le gouvernement Guizot parvient peu à peu à stabiliser sa position.

24 Il est aidé par l'appui du roi et celui des Chambres, en dépit de la faible majorité dont il dispose jusqu’en 1846, mais aussi à la prospérité économique. L'opposition est trop divisée pour s'unir sur un programme positif et se contente de dénoncer la politique extérieure. Guizot gouverne en ne tenant compte que de l'opinion du pays légal. Son autorité tient à l'impossibilité de mener une autre politique sans modifier la constitution. Pour s'assurer ses majorités, il recourt au clientélisme, accordant des avantages aux départements qui votent du bon côté, accroissant ainsi la corruption. Le vent se lève à partir de 1846, alors que les élections d'août voient l'opinion se diviser en deux tendances : les conservateurs, qui ont bénéficié d’une croissance économique qui satisfait la bourgeoisie provinciale et qui a profité aussi des pressions administratives et de l’autre, les opposants, de droite comme de gauche.

25 Le premier groupe demeure majoritaire, avec 291 députés contre 168 opposants. Mais Paris est représenté par des députés très à gauche, traduisant un divorce entre la capitale et le gouvernement. Mais sa majorité permet à Guizot de de faire avorter tous les projets de réforme. Exclue du jeu politique, l'opposition s'exprime alors hors du parlement. Les intérêts locaux ou personnels dominent de plus en plus et le ministère transforme la stabilité en immobilisme, ce qui exaspère l’opposition. Devant l'échec de leurs différents projets de réformes, les opposants changent de tactique, comprenant l'impossibilité de parvenir au pouvoir par la voie électorale sans modifier le régime des élections. Les radicaux acceptent d'atténuer leurs revendications afin de mener avec l'opposition dynastique et le centre gauche une campagne en faveur de la réforme électorale.

26 À partir de juillet 1847, des banquets réunissent, dans les grandes villes du Nord et de l'Est, électeurs, membres des professions libérales, journalistes et députés d’opposition, afin de faire abaisser le cens à cent francs, ce qui permettrait à la petite bourgeoisie libérale de jouer un rôle politique important . Se déroulant d’abord selon les formes légales, ces banquets dégénèrent après celui de Lille, en novembre 1847, qui voit des radicaux exiger le suffrage universel, Craignant des débordements, le gouvernement interdit le banquet de clôture prévu pour le 22 février 1848 à Paris. Les radicaux organisent une manifestation pour protester et le 22 février, des accrochages se produisent entre gardes municipaux et étudiants ou ouvriers. Des barricades s'élèvent et la base de revendication s’accroit : ce n’est pas seulement le gouvernement que les manifestants critiquent, mais le régime lui-même.

27 Sous la pression de son entourage, le roi demande à Guizot sa démission, mais personne ne parvient à constituer une majorité gouvernementale et l'émeute se développe à la suite d'une fusillade qui fait 52 morts. Le 24 février, l'émeute devient révolution et l'on compte près de 500 barricades dans Paris. Le maréchal Bugeaud, commandant les troupes, lance une offensive contre les manifestants, puis ordonne de cesser le feu, car le roi a abdiqué en faveur de son petit-fils et abandonné les Tuileries. Il a désigné la duchesse d'Orléans comme régente, mais lorsque celle-ci se présente à la Chambre des députés avec ses fils, les insurgés s’y rendent, suivis par la foule, obligeant la duchesse et la majorité des députés à s’enfuir. Seule l'annonce d'un gouvernement provisoire républicain apaise l'émeute.

28 3 – Économie et société sous la monarchie de Juillet
Entre 1830 et 1845, la France connaît une période d’expansion économique, s’appuyant sur la croissance démographique et de la production. Au cours de cette période, le revenu national augmente de 2,5 % par année en moyenne, soit le double du taux de croissance de la décennie précédente ( ). Les moyens de transport se développent, avec une expansion des chemins carrossables et surtout celle du système ferroviaire, même si dans un premier temps, jusqu’en 1837, la population et les milieux financiers ne perçoivent pas l’importance de cette innovation.

29 Une loi de juin 1842 règle les conditions de construction des grandes lignes, concédées à des compagnies constituées en sociétés anonymes, l'État se chargeant de l'expropriation des terrains nécessaires et des travaux d'infrastructure. Si en 1842, il n’y avait que 570 km de voies ferrées, en 1848, le réseau compte près de 2 000 kilomètres. La ligne la plus importante relie Paris à la Belgique, en passant par les bassins houillers du Pas-de-Calais. La construction de chemins de fer stimule la métallurgie. Le nombre de hauts fourneaux à coke passe de 41 en 1840 à 107 en Ils produisent alors 45 % de la fonte française. Le développement de l’industrie lourde favorise la concentration de la production entre quelques grands consortiums. Des sociétés se constituent pour drainer l'épargne et financer ces grands travaux, comme la Caisse générale du commerce et de l'industrie.

30 La progression de la production de charbon est importante, mais insuffisante pour combler les besoins, alors que l'industrie textile se développe très bien, grâce à la mécanisation, à Rouen et à Lille, entre autres. L'agriculture progresse grâce à l'amélioration des transports, qui favorise la commercialisation des produits agricoles et améliore le rendement économique du secteur. La production s’accroît aussi grâce à l’amélioration de la productivité (conséquence de la mécanisation, comme les machines à battre le grain, mais aussi au recours plus fréquent au fumier), qu’à la mise en valeur de terres jadis impropres à l’agriculture. Les progrès scientifiques permettent l’amélioration des techniques d’élevage, par la sélection des races et le développement des prairies artificielles et des plantes fourragères.

31 La petite propriété continue de dominer, le paysan étant plus soucieux d'acheter de la terre que d'améliorer celle qu'il possède, mais un capitalisme agricole se développe dans certaines régions comme en Flandre, en Limagne, en Beauce et en Brie. Ces transformations sont inégalement réparties et profitent surtout aux régions déjà riches. Le déséquilibre entre la France du Nord et de l'Est et celle du sud de la Loire s’en trouve accentué. À partir de 1846, les choses se gâtent, entre autres à cause de facteurs incontrôlables. La récolte de 1846 est mauvaise et oblige à recourir à l’importation de blé. L’enchérissement des produits alimentaires provoque une réduction de la consommation des biens industriels, qui se répercute sur l’emploi et entraîne un chômage important, particulièrement dans l’industrie textile. Par exemple, au printemps 1847, à Roubaix 8 000 des 13 000 ouvriers du secteur sont en chômage.

32 À ces facteurs conjoncturels, il faut ajouter les difficultés d'adaptation des structures financières. Dans la construction ferroviaire, l'engouement pour les actions des compagnies et la sous-estimation du coût des travaux ont fait monter les actions. Mais dès 1847, le manque de liquidité de ces entreprises les oblige à faire des appels de fonds qui provoquent l’éclatement d’une bulle spéculative, entrainant la faillite de nombreuses banques. La crise ruine de nombreuses familles bourgeoises qui rejettent la responsabilité sur le gouvernement. Les troubles sociaux qui affectent les campagnes, comme les pillages en Normandie, provoquent une peur sociale qui est aggravée par l’agitation ouvrière. La bourgeoisie ressent le malaise à la fois comme victime et comme témoin du mécontentement des basses classes qui se mobilisent pour tenter d’obtenir un nouveau partage économique et politique.

33 3.2 – Agitation sociale Les progrès économiques de la décennie  sont inégalement répartis entre les groupes sociaux. La bourgeoisie d'affaires, minoritaire parmi les élites dirigeantes, joue un rôle qui lui assure de plus en plus la domination sur la politique économique. La bourgeoisie foncière et l'aristocratie investissent peu dans les affaires industrielles et préfèrent les placer dans des fonds d'État, encore prisonniers d’une logique essentiellement rentière. La population de la France (35 millions d’habitants en 1846), demeure en majorité composée de paysans, dont les conditions économiques sont difficiles. Le nombre de petits propriétaires augmente, mais nombreux sont ceux qui sont lourdement endettés, l'usure étant l’un des grands maux de la société rurale.

34 Les ouvriers sont encore en majorité des artisans
Les ouvriers sont encore en majorité des artisans. Des sociétés de secours mutuels, parfois inspirées par les patrons, parfois servant de façade à des associations ouvrières illégales, apparaissent et constituent une première forme d'organisation ouvrière. Les conditions des travailleurs des manufactures sont très pénibles et s’illustrent entre autres par l’emploi d'enfants très jeunes et de jeunes filles. Prélats et sympathisants légitimistes s’emploient à dénoncer la situation, moins pour témoigner leur sympathie pour ces déclassés que pour critiquer la bourgeoisie orléaniste. Les théoriciens socialistes, alertés par la situation ouvrière, commencent à réclamer une organisation rationnelle de la société, par opposition au libéralisme. Utopistes issus de milieux généralement aisés, ils sont très peu en contact avec les ouvriers et s’intéressent plus aux aspects idéologiques de l’organisation sociale qu’aux problèmes concrets de la population ouvrière.

35 Le saint-simonisme, qui a éclaté en plusieurs directions après la dispersion de la communauté de Ménilmontant, a lancé l’idée d'organisation et d'association, qui sera reprise par Charles Fourier. Les idées de Fourier furent reprises et vulgarisées par Victor Considérant, utilisant son journal La Démocratie pacifique pour promouvoir les thèmes principaux du socialisme de l’époque, dont le droit au travail et l’idéologie coopérative. Le fait que le premier gouvernement de la seconde république ait dans un premier temps envisagé l’inclusion du droit au travail dans la constitution témoigne de la grande influence de ces socialistes. Les années 40 verront la grande implication de Pierre- Joseph Proudhon, l'un des rares théoriciens socialistes d'origine populaire. Son ouvrage Qu’est-ce que la propriété?, publié en 1840, est considéré par certains théoriciens de l’anarchisme comme le premier du genre.

36 Proudhon, sceptique devant la révolution de 1848, voyant le manque d’intérêt pour une réforme socio- économique qu’il considère comme étant plus importante que les réformes politiques, fut le premier à se définir anarchiste. S’opposant à la violence, il participera aux débats parlementaires, étant élu à l’Assemblée nationale, avant de passer trois ans en prison pour « offense au président de la République ». Il s’implique dans le mouvement coopératif, en fondant la Banque du Peuple en 1849, mais à cause de sa condamnation et de son long séjour en prison, le projet ne fonctionnera pas longtemps. Le socialisme démocratique est représenté par les thèses de Philippe Buchez, fondées sur l'idée de coopération plus que sur celle d'abolition de la propriété et surtout par Louis Blanc.

37 Ce dernier publie en 1839 L'Organisation du travail, dans lequel il réclame pour l’État une implication économique importante, passant par l'organisation de l'activité économique et la création d'ateliers nationaux Ce courant se distingue des autres formes de socialisme par la priorité qu’il accorde aux transformations politiques. Cette orientation permettra une alliance étroite entre eux et les républicains radicaux. Le communisme fait son apparition dans les années 1840, avant d’être popularisé par Marx. Visant un partage des biens, le communisme inspire des théoriciens rêvant d'un communisme humanitaire (Constantin Pecqueur), des communistes égalitaires (Étienne Cabet) et des communistes matérialistes se rattachant à la tradition de Gracchus Babeuf. Le plus influent d'entre eux est Auguste Blanqui, moins théoricien que tacticien de l'insurrection et des sociétés secrètes.

38 3.3 – Évolution artistique
La période voit le triomphe du romantisme, qui avait avant 1830, vu s'affirmer, à côté du courant initial catholique et ultra-royaliste, un courant non conformiste, plus révolutionnaire et rejetant la société établie et la culture classique. Le romantisme anime tous les domaines de la vie intellectuelle et artistique et continue à inspirer la poésie lyrique qui donne une expression littéraire au désarroi moral, plutôt que social, d’une jeunesse bourgeoise étrangère par son mode de vie à la misère populaire (Hugo, Musset et Lamartine, par exemple). Ce romantisme est aussi à la base des travaux des grands historiens de l’époque, qui cherchent à faire revivre le passé plutôt qu’à l’analyser, comme Augustin Thierry et surtout Michelet.

39 Dans le domaine de l’analyse sociale et politique, la période voit la publication de La Démocratie en Amérique d’Alexis de Tocqueville ( ), qui présente une sociologie anticipée de la société nouvelle. Le romantisme s’essouffle à partir des années 40, avec la détérioration de la situation économique et l’arrivée à maturité de certains auteurs romantiques, dont le regard sur le monde change en faveur d’une analyse plus matérialiste qui annonce le réalisme. L’échec des Burgraves de Victor Hugo en 1843 est considéré comme l’un des moments forts de ce changement, alors qu’en opposition avec ce qui est présenté comme la mode de l'engagement des écrivains dans les questions actuelles, un Théophile Gautier formule sa doctrine de « l'art pour l'art ». De nombreux écrivains dépassent le romantisme par un souci de plus en plus poussé de la description du réel, comme Sainte-Beuve ou Stendhal.

40 La lourdeur sociale des textes des années 1840 n’est pas du goût de tous, le public appréciant les romans- feuilletons d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue, le mélodrame et le vaudeville. La peinture romantique est dominée par Delacroix ( ). Déjà célèbre en 1830, il renouvelle son inspiration par un voyage en Algérie et au Maroc. D'autres courants inspirent la peinture française : Jean- Auguste-Dominique Ingres continue une carrière académique qui le conduit à la direction de la villa Médicis à Rome et à la décoration de châteaux royaux. Son art du portrait fait revivre les personnages de son temps.

41 4 – La Seconde république (1848-1852)
4.1 – Le républicanisme à l’épreuve des faits La révolution de février 1848 a triomphé sans grande difficulté et l'abdication du roi a rallié tous les dirigeants à la République, qui n’avait pas de compétiteur idéologique. L’opportunisme de certains députés et le radicalisme de certains autres expliquent la confusion des premiers mois et portent le germe du retour de balancier qui surviendra après ce nouvel élan républicain. Après l'arrivée de manifestants à la Chambre des députés, plusieurs parmi ces derniers annoncent l'établissement d'un gouvernement provisoire composé et de libéraux et de quelques radicaux.

42 S'efforçant d'apaiser les insurgés, le gouvernement provisoire, qui proclame la république, prend de nombreuses décisions : ouverture à tous les citoyens de 21 à 55 ans de la garde nationale, convocation d’une constituante au suffrage universel, garantie de la liberté de presse et de réunion, abolition de la peine de mort pour raisons politiques, etc. Sur le plan symbolique, le gouvernement refuse la demande des radicaux d’adopter le drapeau rouge comme emblème national. La présence des radicaux au sein du gouvernement se fait sentir des mesures à caractère social : suppression de l'esclavage dans les colonies, proclamation du droit au travail et réduction de la durée de la journée de travail à 10 heures à Paris et 11 heures en région. Le changement provoque un rebond de la crise économique, d’autant que et les clubs révolutionnaires terrorisent la bourgeoisie par leurs proclamations.

43 Afin de résorber une partie du chômage, le gouvernement ouvre des ateliers nationaux mais la situation des finances publiques l’oblige à augmenter les impôts de près de 50 %, suscitant la colère de la province et des paysans. Ce dernier point, allié au renouvellement de l'administration des départements, contribue à établir un décalage entre la province et Paris. Dans la capitale, les forces populaires restent maîtresses et réclament des mesures sociales, alors qu’en province, on se méfie des décisions et de l'influence parisiennes. Les élections à la constituante du 23 avril sont favorables aux républicains modérés. La population a participé en masse à ces élections au suffrage universel. Les 900 élus comptent un peu moins de 500 républicains modérés, près de 130 légitimistes ou catholiques, 170 anciens orléanistes et environ une centaine de radicaux et de socialistes.

44 Malgré des émeutes à Limoges et Rouen, la transition s'opère dans le calme et l'Assemblée constituante désigne une Commission de cinq membres, qui succède au gouvernement, d’où sont exclus les socialistes. C’est pourquoi ces deniers tentent de passer en force le 15 mai en organisant des manifestations auxquelles la majorité refuse de s’associer. Les meneurs du mouvement sont arrêtés, mais la tentative a donné des munitions aux conservateurs et entraîne l’abandon des mesures les plus radicales d’abord proposées. Les élections complémentaires de juin renforcent les conservateurs et mettent en évidence la popularité de Louis Napoléon Bonaparte. Les difficultés financières du gouvernement entraînent la suppression des ateliers nationaux, provoquant une insurrection à Paris à la fin de juin. En réponse, l'Assemblée supprime la Commission exécutive et la remplace par un chef du pouvoir exécutif.

45 4.2 – La république conservatrice (1848-1851)
Le général Cavaignac, chef de l’exécutif, met en place un gouvernement composé de républicains conservateurs et la répression s’abat sur les meneurs des journées de juin. 3 000 insurgés sont emprisonnés ou déportés en Algérie, alors que des lois limitent la liberté des clubs et de la presse. Les élections municipales et des conseils généraux de l’été donnent aux conservateurs une majorité importante, d'autant que légitimistes et orléanistes se sont unis contre les radicaux, pour la défense de l'ordre social, donnant naissance au « parti de l'Ordre ». La constitution, adoptée le 4 novembre 1848 par 733 voix contre 42, donne le pouvoir exécutif à un président de la République, élu au suffrage universel pour quatre ans, et le pouvoir législatif à une assemblée unique élue pour trois ans.

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47 Le remplacement du droit au travail par un droit à l'assistance donne une bonne idée du glissement vers la droite. L'élection présidentielle de décembre, fait ressortir la division entre républicains conservateurs (Cavaignac obtient 20 %) et radicaux (Ledru-Rollin obtient 5 %), pendant que les socialistes peinent à rassembler 1 %. Le courant populaire est exploité par les conservateurs en faveur de Louis Napoléon Bonaparte, qui triomphe avec près de 75 % des suffrages exprimés. Cette victoire constitue un désaveu clair de la politique menée depuis février, confirmé par les élections du 13 mai 1849, qui voient le parti de l’ordre remporter 55 % des voix et obtenir un peu moins de 500 députés, alors que les démocrates socialistes, menés par Ledru- Rollin, obtiennent 35 % des voix et 180 élus, surtout dans les régions industrielles.

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49 À Paris, les sièges sont partagés par les deux camps, avec entre autres Victor Hugo pour les conservateurs et Ledru-Rollin pour les démocrates. Les conservateurs sont inquiets du succès des démocrates et prendront prétexte des manifestations organisées par la Montagne en juin pour liquider cette opposition : menacé d’arrestation, Ledru-Rollin s'enfuit à Londres, pendant que d'autres députés sont poursuivis et emprisonnés. L'état de siège est proclamé à Paris et à Lyon et six journaux radicaux furent suspendus. Le parti de l’Ordre profite de sa situation pour prendre un tournant conservateur en faisant voter diverses lois, l’une assurant la « liberté d’enseignement », une autre établissant une surveillance étroite des instituteurs suspects de propagande socialiste. Surtout, après les élections de mars 1850, qui sont plus favorables aux démocrates, l’assemblée modifie la loi électorale en réduisant le suffrage universel.

50 Pour être électeur, il faut payer la taxe personnelle depuis trois ans dans la commune, ce qui permet d’éliminer les tiers des électeurs. Fort de son appui, le président mène une politique personnelle, réunissant un groupe comprenant ses fidèles, des libéraux restés à l'écart du parti de l'Ordre et des représentants du milieu des d'affaires, Le prestige de son nom et diverses mesures favorisent les relations entre l'armée et celui qu'on commence à appeler le « prince Louis Napoléon ». La Société du 10 Décembre apparaît comme le noyau d'un grand parti napoléonien comptant à Paris boutiquiers, petits rentiers et ouvriers, auquel se joignent des modérés du parti de l’Ordre, déçu par le tournant conservateur. Celui-ci se trouve est dominé par les partisans d’une autre restauration monarchique. Mais orléanistes et légitimistes continuent à s’opposer, favorisant la consolidation du parti napoléonien.

51 La situation était compliquée par la loi constitutionnelle, qui ne permettait pas à Louis Napoléon de voir son mandat renouvelé en 1852. Du côté démocrate, on craint le pouvoir grandissant du « prince-président » et divers événements accentuent la pression révolutionnaire des radicaux tout au long de l’année 1851, suscitant bien sûr le retour d’une peur révolutionnaire.

52 4.3 – Vers le Second Empire Le président canalise à son profit la peur de la révolution et entreprend une campagne pour réviser la Constitution, ce qui lui permettrait d'être rééligible. Une campagne de pétitions menée dans tout le pays permet de réunir un million de signatures. Bien que la révision fût acceptée par une grande partie des légitimistes et des orléanistes, il n'y eut que 446 députés pour accepter la révision contre 270. Ainsi, la majorité des trois quarts des voix (543), requise par la Constitution ne fut pas atteinte et l'article 45 interdisant la rééligibilité fut maintenu. Pour rallier l’opposition démocrate et déconsidérer les conservateurs, Louis Napoléon demande l'abolition de la loi électorale de 1850 qui avait amputé le suffrage universel.

53 L'Assemblée s'y refusa, permettant au président de se présenter comme un démocrate et de rallier une majorité de modérés conservateurs et de modérés républicains. Devant le regain d’agitation des socialistes et des radicaux, Louis Napoléon, qui peut compter sur le soutien des forces armées, fixe la date de son coup d'État au 2 décembre, anniversaire d'Austerlitz. Des affiches, imprimées dans la nuit du 1er au 2 décembre, reproduisent un « appel au peuple et aux soldats » ainsi que deux décrets : l'un dissout l'Assemblée nationale, rétablit le suffrage universel et décrète l'état de siège ; l'autre appelle les Français à un plébiscite pour reconnaître l'autorité de Louis Napoléon. Au matin, les députés républicains et monarchistes qui tentent de résister sont arrêtés. Un Comité de résistance républicain tente de soulever Paris et des barricades sont dressées, avant d’être rapidement démantelées. Il n’y eut pas de soulèvement populaire.

54 La résistance violente fut le fait de paysans et s'étendit du 3 au 8 décembre, un peu au nord et dans quelques régions du sud-ouest, mais surtout dans le sud-est. Mais l’opposition fut vite réduite : 32 départements furent mis en état de siège et 27 000 personnes furent arrêtées, dont 10 000 furent condamnées à la déportation et 259 envoyés aux travaux forcés. Le mouvement républicain sortit de l’opération décapité, pendant que la propagande présenta les actions de Bonaparte comme une nécessité face à la subversion socialiste, ralliant conservateurs et clergé. Un nouveau ministère est constitué le 4 décembre, et le plébiscite de fin de décembre, qui demandait des pouvoirs constitutionnels pour Louis Napoléon, rassembla l'approbation de 7,5 millions de personnes, le non réunissant 650 000 votants. À Paris, le vote fut plus serré, avec 132 000 « oui » contre 80 000 « non ».

55 Le 14 janvier 1852, une Constitution, reprenant les grandes lignes de la constitution napoléonienne de l'an VIII fut proclamée. Le prince-président obtenait le gouvernement de la République française pour 10 ans et disposait de l'initiative de la promulgation des lois. La répression toucha la presse et la plupart des journaux républicains disparurent. De nouveaux décrets en février et mars 1852 retirèrent toute liberté à la presse, placée sous le contrôle d'un ministère de la Police. Une grande campagne fut menée pour rétablir l’Empire : Louis Napoléon voyageant à travers la France à l’automne 1852 est accueilli par les cris, pas toujours spontanés, de « Vive l'Empereur! ». Afin de rassurer les puissances étrangères, dont l’inquiétude est compréhensible, il déclare « L'Empire, c'est la paix. » Un décret approuvé par plébiscite les 21 et 22 novembre 1852 rétablit la dignité impériale.

56 5 – Politique étrangère (1830-1848)
Les Trois glorieuses ont provoqué l’inquiétude chez les partenaires européens, qui craignent le revanchisme. Cela étant, outre le fait que le républicanisme est minoritaire à ce moment, la France en 1830 n’est de toute façon pas en mesure de partir en guerre. Passé ce premier moment de frayeur, les puissances européennes se rallieront au renversement de Charles X, qui fait place à un monarque constitutionnel posé et réfléchi. De 1830 à 1831, les gouvernements européens se rallient et reconnaissent la légitimité de Louis-Philippe. La monarchie de juillet pourra poursuivre en Europe la politique de bonne entente, dont la révolution belge de constitue le premier test.

57 Une part significative de l’opinion belge et française se montre favorable à un rattachement de la Belgique à la France, mais il n'est pas question pour le roi de chercher à récupérer la Belgique, ce qui serait perçu comme un acte hostile par le Royaume-Uni. Il va donc favoriser l’indépendance et la neutralité de la Belgique, refusant la couronne qui lui est proposée et participant avec les autres puissances à un ballet diplomatique qui aboutira à l’indépendance du pays. En juin 1831, le congrès national belge porte au trône à une forte majorité Léopold de Saxe, prince de de souche allemande proposé par les Anglais. En faisant montre de son pacifisme, autant au moment de la proclamation de l’indépendance belge que lors de la guerre qui suivra et qui opposera la Belgique aux Pays-Bas, la France parviendra à s’imposer comme une puissance neutre et raisonnable, favorable au maintien de la paix en Europe.

58 Cette politique de neutralité bienveillante à l’endroit de certains mouvements insurrectionnels sera à la base de la politique française en Pologne, longtemps alliée de la France et qui en 1830 se soulève contre l’occupation de son territoire. À la différence du cas belge, la distance géographique fera en sorte que, en dépit de violentes critiques, le gouvernement ne s’impliquera pas dans le règlement de la crise, qui se soldera par l’écrasement des insurgés. Il en sera de même avec les troubles en Italie du début des années 1830, alors que Paris laissera les Autrichiens régler le problème par la force. Partout en Europe, la France s’en tient à la diplomatie de la Restauration. La période voit aussi un rapprochement avec le Royaume-Uni, alors qu’apparaît pour la première fois l’expression d’Entente cordiale entre les deux grands rivaux, avec cependant des résultats mitigés.

59 Mais les relations oscillent continuellement au cours des deux décennies, pas tant à cause des problèmes européens que d'intérêts contradictoires dans le monde. L’évolution de l’Alliance, d’abord triple (Royaume-Uni, Portugal et Espagne), devenant quadruple avec l’ajout de la France, témoigne de ces différentes phases des relations diplomatiques franco-britanniques. Si la France demeure en retrait en Europe, c’est qu’elle est occupée à reconstituer un espace colonial, d’où les conflits avec Londres. Dès avant la chute de Charles X, l’opération visant à s’implanter de l’autre côté de la méditerranée avait été lancée et en juin 1830, Alger était tombé aux mains de l’Armée française. Pendant dix-sept années, les efforts des Français pour s’implanter sur le territoire de l’actuelle Algérie se heurtent à la résistance des populations locales, menées par Abd el-Kader, dont la politique à l’endroit de la France oscille entre collaboration et franche hostilité.

60 Ce n’est que la reddition des forces d’el-Kader en qui permettra le début d’une pacification du territoire, première base d’expansion de la France en Afrique. Avant même la fin de la lutte en Algérie, Paris se projette ailleurs sur le continent, par exemple en multipliant les implantations commerciales et militaires dans la région du golfe de Guinée à la fin des années Toujours en Afrique, mais cette fois en direction de l’Asie, la France s’installe à Madagascar et à Mayotte, dans les Comores, qui devient un protectorat français en1841. Plus loin dans l’est, la mise en place d’un protectorat sur Tahiti en 1843 constituera la base de développement de l’empire français en Asie et dans le Pacifique.


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