La formation universitaire à l’enseignement professionnel Richard Gagnon, Université Laval 2e journée pédagogique nationale en formation professionnelle 5 novembre 2010, Victoriaville
Comme un poisson dans… l’air Former à l’enseignement professionnel à l’université (psychopédagogie, didactique, fondements, organisation scolaire…): une solution (pour le MELS): certificat de 30 crédits (1973-2003) baccalauréat de 120 crédits (depuis 2003) un problème (pour plusieurs): conciliation travail-famille-étude (d’ordre pratique) pertinence d’une telle formation (d’ordre culturel et identitaire) CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Conditions et contexte de la formation à l’enseignement Une formation disciplinaire antérieure (métier, technique ou formation universitaire pertinente) Expérience en milieu de travail Formation universitaire à l’enseignement presque toujours à temps partiel Enseignants en exercice pour plusieurs Perspective et conditions d’emplois souvent défavorables CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010 Symptômes du problème Taux d’abandon élevé Confiance mitigée dans l’institution universitaire (enseignements et intervenants) Implication faible dans les études Impact limité de la formation dans la pratique enseignante CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
En quête d’une explication Passons outre l’immense difficulté de la conciliation travail-famille-étude (responsable d’une partie des symptômes) Considérons la pertinence de la formation du point de vue: des origines et des objets des métiers et des techniques de la culture de formation dominante dans ces métiers et techniques CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Des origines et des objets différents Tradition Humains Technoscience Choses Ébéniste Maçon Cuisinier Technicien en radiologie Opticiens d’ordonnance Éducateur spécialisé Aide-infirmier Vendeur Coiffeur Usineur Électromécanicien Technicien de laboratoire Pompier Routier Sage-femme Policier CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Culture de formation dominante Métiers traditionnels Savoirs largement empiriques Formation par compagnonnage (réplication) Imitation du maître (faire comme lui, devenir comme lui, c’est-à-dire partager ses méthodes et ses valeurs) Expérience (en milieu de travail): répertoire de cas Approche pédagogique sous-jacente: largement béhavioriste (directe, communauté de pratique) Valeurs sous-jacentes: le « cœur » (admiration) et le « corps » (geste, objet) Métiers techniques Savoirs largement technoscientifiques Formation conceptuelle et appliquée Relations de cause à effet Expérimentation: application raisonnée de concepts et principes Approche pédagogique sous-jacente: hypothético-déductive (indirecte, atelier-laboratoire) Valeurs sous-jacentes: la « tête » (explication) et le résultat (application) CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Des méthodes de travail différentes Situation de départ concrète Opération Situation d’arrivée concrète Situation de départ conceptualisée Situation d’arrivée conceptualisée Comparaison diagnostique Abstraction Résolution formelle Vérification de congruence Reconnaissance Données d’expérience Solution à l’identique T R A D I O N E C H S CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Transposition en milieu scolaire La tradition se traduit dans une pédagogie de l’imitation: démonstration du maître et pratique supervisée des élèves en atelier, « juxtaposées » à des cours théoriques en classe, très souvent sans liens véritables proches avec les enseignements en atelier. (Le contexte traditionnel n’existe plus, remplacé qu’il est par le contexte scolaire.) L’approche technoscientifique se traduit par un enseignement des concepts et principes sous-jacents en classe et par une application raisonnée de ceux-ci dans des exercices théoriques et pratiques jugés pertinents, réalisés en classe, en laboratoire ou en atelier. (Le contexte scolaire convient à ce type d’approche pédagogique.) CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Formation universitaire L’esprit règne en maître. La formation intellectuelle des étudiantes et étudiants est largement privilégiée. Valeurs dominantes: compréhension, conceptualisation, pratique réflexive, objectivité, autonomie intellectuelle, sens critique… Le modèle à acquérir, et à suivre, est mental (conceptuel). Le modèle humain n’a de valeur que s’il est traduit en concepts et principes objectifs qui guident l’action, c’est-à-dire désincarné, inhumain. Valeurs combattues: imitation de l’autre (à la limite du plagiat); reproduction (à la limite de la sottise). ? ? Tradition Université Technoscience CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010 Hypothèses Aux (futurs) enseignants d’un métier qui dérive de la tradition, l’université renvoie une image négative de leurs valeurs professionnelles d’origine, de leur approche privilégiée de la formation et indirectement d’eux-mêmes, contribuant au décrochage effectif de leurs études universitaires en enseignement (évitement de l’effort, centration sur le diplôme, abandon….). Aux (futurs) enseignants des métiers à caractère technoscientifique, l’université renvoie une image qui les conforte dans leur identité personnelle et professionnelle et dans leur approche de la formation, favorisant la persévérance de ces derniers dans leurs études universitaires en enseignement et la réussite de celles-ci. CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Question d’aller plus loin Qu’en pensez-vous personnellement? Comment avez-vous vécu votre formation à l’enseignement? Un même programme de formation peut-il convenir à l’enseignement des métiers traditionnels et à l’enseignement des métiers techniques? À quoi ressemblerait un tel programme? Comment les centres de formation à professionnelle peuvent-ils contribuer à la réussite de leur personnel en formation à l’enseignement? CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010
Merci de votre attention! CPIQ, Victoriaville, 5 novembre 2010