La prise en compte du travail « hors la classe » M2 MEF Références théoriques sur l’évaluation La prise en compte du travail « hors la classe » Bruno HUBERT Formateur Espe de l’Académie de Nantes centre du Mans Docteur en sciences de l’éducation Chercheur associé au C.R.E.N.
Un temps de travail « hors la classe » Une partie du travail des élèves est fait « hors la classe » les devoirs Une partie du travail des enseignants est fait « hors la classe » la préparation
L’importance de la famille Même à l’intérieur de l’école, de la classe, la famille semble jouer un rôle essentiel dans la transmission des savoirs. « la famille est le lieu privilégié de la transmission » Vincent de Gaulejac
Trois types d’activités scolaires Les travaux à dominante d’information Les travaux à dominante d’appropriation Les travaux à dominante d’entraînement Les premiers s’effectuent à l’école, les deux autres trop souvent à la maison.
Les devoirs et les leçons au croisement de la famille et de l’institution scolaire Aujourd’hui l’institution scolaire renvoie une partie du travail scolaire à la responsabilité des parents > mouvement d’externalisation (Martine Kherroubi) Le maître fait faire des séries d’exercices et vérifie sur place > parce qu’elle est dévoreuse de temps, l’appropriation hors la classe.
Au début du XXème, les enfants travaillaient à la ferme, à la maison, à l’atelier,… La scolarisation n’a pas fait entrer l’enfance dans le travail, elle l’a initiée à un travail d’une autre nature (Compère, 1997) Le temps où les élèves travaillent et apprennent (relecture du cours, entraînement, mémorisation…) loin du regard enseignant.
Des attentes des enseignants souvent à contre-courant des dynamiques familiales L’aide parentale fait difficilement l’objet d’échanges entre les enseignants et les manières concrètes de faire. (Kherroubi, 2008) Des discours quelquefois contradictoires : en primaire « ce qui est fait dans la journée doit être suffisant, 10mn. pas plus », au collège « soutenez les enfants » (enquête 2005-2007)
De nécessaires soutiens L’efficacité de l’école semble liée à la capacité pour l’enfant d’avoir accès à des soutiens péri scolaires et extrascolaires : aide parentale, services communaux, cours payants. Le premier partage se fait entre les enfants bénéficiant d’un suivi parental complété par d’autres formes au besoin, et les autres. D’où l’émergence du concept d’ « accompagnement scolaire » dans les années 1980.
L’accompagnement scolaire Définition proposée par la charte de l’accompagnement en 1992 : « On désigne par accompagnement scolaire l’ensemble des actions visant à offrir à côté de l’école l’appui et les ressources dont les élèves ont besoin pour leur réussite scolaire, appui qu’ils ne trouvent pas dans leur environnement familial et social. » Témoignage d’un aide éducateur : « C’est vrai que les enfants pour qui l’étude fonctionne, de toute façon, ce sont des enfants dont le travail est repris à la maison… Et les enfants qui ne terminent pas leur travail en étude, souvent ne le termine pas non plus à la maison. » De grosses tensions vont se jouer sur ce terrain des devoirs.
Des sous-entendus aux malentendus (P. Rayou) Même si les effets négatifs existent, les aspects positifs semblent l’emporter. Si la première finalité est de stabiliser des acquisitions faits en classe, la deuxième consiste à transférer sur d’autres objets pour enfin former un sujet apprenant qui aura pris le pli du travail. Les élèves doivent être capables de comprendre qu’à travers la suite discontinue de travaux donnés, se met en place une construction de leur propre personne. (Les « pédagogies invisibles » de Bernstein, 2007)
Des médiations peu construites Les professeurs tendent à penser que les activités qu’ils conduisent avec les élèves, souvent ludiques, morcelées et simplifiées suffisent à armer les élèves pour affronter le soir seuls les tâches prescriptives. (Bautier, 2006) Les élèves ne reconnaissent pas les situations auxquelles ils sont censés se référer.
« Tout ce qui ne relève pas des apprentissages scolaires est marginalisé, souvent traité de manière très inégale selon les populations et toujours absent dans les procédures d’évaluation de l’éducation. C’est encore plus vrai quand ces diverses activités sont renvoyées à la sphère privée, en considérant qu’elles ne sont pas du ressort de l’école et au motif que celle-ci ne saurait tout faire. Ce qui est exact mais ne doit pas nécessairement renvoyer l’enfant à lui-même ou aux seules ressources du milieu familial. Car c’est bien là que se construisent les inégalités scolaires. »[1] [1] SUE Roger, « Temps éducatifs et temps scolaire » in Pratiques de formation/analyses, n°51, novembre 2006, p. 87
Conclusion Beaucoup de paramètres échappent au regard du professeur et il va devoir intégrer dans sa réflexion non pas comment gérer ce « hors la classe » mais comment reconnaître son existence et son influence dans la dynamique d’apprentissage de ses élèves.
Bibliographie BAUTIER, E. et RAYOU, P.(2009). Les inégalités d’apprentissage. Programmes, pratiques et malentendus scolaires, Paris, PUF. BERNSTEIN, B. (2007). « Classe et pédagogies : visibles et invisibles » in Les sociologues, l’école et le transmission des savoirs, Paris, La Dispute, p. 85– 102 BERGIER, B., FRANCEQUIN G., La revanche scolaire CHARTRAIN, X., HUBERT B. (2000). Prévenir l’échec scolaire, Chronique sociale. COMPERE, M.-M. et SAVOIE, P. (2005). « L’histoire de l’école et de ce qu’on y apprend », Revue française de pédagogie n°152, p. 107-146e MARCEL, J.-F. (2004). Les pratiques pédagogiques hors la classe , Paris, Lharmattan. RAYOU, P., (2009). Faire ses devoirs, PUR. SUE, R. (2006). Temps éducatifs et temps scolaire, Pratiques de formation n°51.