L’amour conjugal dans la vie et l’œuvre d’Alberto Moravia

Présentation au sujet: "L’amour conjugal dans la vie et l’œuvre d’Alberto Moravia"— Transcription de la présentation:

1 L’amour conjugal dans la vie et l’œuvre d’Alberto Moravia
Dr.Abdelhakim Amaioua 16 ème congrès marocain de sexologie Marrakech, 1er Novembre 2013

2 OBJECTIFS I- Possibilité de l’application de la sexoanalyse comme outil de critique littéraire. II- Possibilité d’utilisation de la NARRATION littéraire (romancière) comme outil de la SEXOTHERAPIE.

3 SEXOANALYSE ● La sexoanalyse est avant tout l’étude de l’INCONSCIENT SEXUEL et de ses manifestations. ●Etudier le sexuel dans ses dimensions intrapsychiques, symboliques et IMAGINAIRES; explorer les voies souterraines, trouver les mécanismes de l’inconscient sexuel.

4 ●Découvrir dans un premier temps les CONFLITS et les ANXIETES inconscientes dont le trouble sexuel est porteur, et dans un deuxième temps, les neutraliser par un travail systématique sur l’imaginaire . ● Frontière entre la psychoanalyse et le théorie cognitivo-comportementale. ●Intégration du réseau conscient et inconscient.

5 EXPLORATION DES LIENS ENTRE LES RÊVES, les FANTASMES éveillés et les
CONDUITES sexuelles réelles.

6 LE SEXUEL EN SEXOANALYSE
●La sexualité: l’ensemble des productions fantasmatiques et des conduites réelles qui sont une source potentielle ou manifeste de plaisir érotique. ●La genralité : la quantité de masculinité et de féminité dont est porteur un individu. ●Le rapport à l’autre sexe: l’ensemble des perceptions conscientes et inconscientes concernant l’autre sexe.

7 DEVELOPPEMENT ONTOGENIQUE
●De la fusion à l’individuation ●La PROTOFEMINITE ●Développement de la genralité ___________________________________ Complexe fusionnel avec la mère= état conflictuel entre les besoins d’individuation et de fusion

8 PROBLEMATIQUE D’INDIVIDUATION
●Anxiété d’abandon ●Anxiété d’individuation ●Anxiété de réengloutissement

9 La NECESSITE d’explorer l’inconscient sexuel dans la clinique sexologique s’appuie sur les quatre propositions suivantes: Les anxiétés et les désirs sexuels insupportables pour le moi conscient sont susceptibles d’être rejetés hors du champ de la conscience.  Les troubles sexuels reposent en général sur des anxiétés et des désirs sexuels inconscients; d’où la necessité de les conscientiser et d’en comprendre la signification afin de déconflictualiser le mode d’érotisation et d’éliminer les troubles sexuels.

10 Les anxiétés et les désirs sexuels inconscients peuvent être décodés par l’analyse des FANTASMES éveillés et des REVES. Une fois conscientisées, les anxiétés inhérentes aux troubles sexuels peuvent être endiguées par la création de nouvelles ouvertures fantasmatiques et par l’adaptation au réel.

11 LES FANTASMES La fantasmatique érotique est un lieu privilégié pour décoder la dynamique sexuelle de l’individu.

12 LE FANTASME, LE REVE ET LA REALITE
●La sexoanalyse s’intéresse particulièrement aux interrelations, aux concordances et aux discordances entre les manifestations sexuelles fantasmatiques, oniriques et réelles. Les désirs érotiques circulent plus librement dans l’espace imaginaire que dans la réalité. A l’abri du regard et du jugement social, le sujet fantasmant peut transgresser plus aisément les interdits(Crépault,1981).D’autres productions érotiques imaginaires seront acceptables à la condition d’être symbolisées ou transformées en leur contraire.

13 ●Le rêve est l’expression de la « mémoire du passé »
●Le rêve est l’expression de la « mémoire du passé ». Mais il est aussi une « mémoire du futur » dans la mesure où il peut proposer des solutions à un conflit. Les transformations du mode d’érotisation dans le cadre de la cure sexoanalytique passent habituellement par le rêve avant de s’installer dans la fantasmatique éveillée. C’est comme si le changement était moins menaçant dans le rêve. Une fois rêvé, le changement peut être imaginé. Une fois imaginé, il peut être réalisé.

14 FONCTIONS DE LA SEXUALITE
 Genrale : consolidation de l‘identité de genre.  Hedonique: plaisir  Complétive: combler des besoins psychoaffectifs fondamentaux (fusion-antifusion) Défensive: masquer ou résoudre PROVISOIREMENT certains conflits. Protection: contre le vide narcissique et contre l’anxiété d’abandon. _____________________________________ Santé érotique # Santé amoureuse

15 LA SANTE AMOUREUSE La capacité d’éprouver un sentiment amoureux. La capacité de transformer un lien amoureux en une relation AFFECTIVE SEXUALISEE DURABLE.

16 CLASSIFICATION DES TROUBLES SEXUELS
(désordres psychosexuels) (Crépault, 1993) I.Troubles de la genralité II.Troubles de la sexualité III. Dysphories intersexuelles

17 IV.Désordres de la vie amoureuse
-Inaptitude à l’investissement amoureux -Inaptitude à transformer un lien amoureux en une relation affective sexualisée durable ● Syndrome de Clérambault (Erotomanie) ● Jalousie sexuelle morbide

18 APPROCHE PSYCHANALYTIQUE LA CREATION LITTERAIRE
DE LA CREATION LITTERAIRE ● Le rêve constitue l’élément de base quant à cette relation hypothétique existant entre créativité artistique et la vie fantasmatique. ● On est amené à se poser la question sur la nature et les mécanismes du rêve chez le créateur artistique, en l’occurrence l’écrivain.

19 FANTASMES ET ECRITURE I.Rêve éveillé et créativité ● en 1908, S.Freud parle du rêve éveillé chez le créateur littéraire. IL repère les désirs non satisfaites en tant que produits de fantasmes dont le but pour le sujet est une CORRECTION de la réalité malheureuse ou de la réalité qui ne donne pas satisfaction. ● les désirs-surtout insatisfaits-seraient donc les promoteurs de fantasmes.

20 Ils varient selon le sexe, le caractère et les
Ils varient selon le sexe, le caractère et les conditions de vie du sujet. Ils permettent à celui-ci d‘embrasser ses fantasmes en tant qu‘appel de secours qui le soulagerait de l‘impact traumatisant d‘une réalité vécue comme dure. ● Grosso modo, les désirs empruntent deux principales directions et ont, de ce fait, deux aspects soit ambitieux soit érotique. Malgré leur divergence, ces deux directions convergent pour enfin se confondre. C’est ainsi que dans l’art réussi, se mêlent désirs ambitieux et érotiques.

21 II. Fantasmes, temps et désir
● Nous avons à saisir le rapport entre fantasme, temps et désir. Notre faculté représentative éveille le désir, et celui-ci rappelle un événement dans le passé-le plus souvent dans l‘enfance-puis Construit une situation dans l‘avenir où la réalisation du dit désir serait possible. ● Ce processus rassemble passé, présent et futur. IL réalise dans un échelonnement du temps“au long fil continu du désir“ du rêve éveillé.

22 C‘est ainsi que le psychisme du sujet est envahi par des fantasmes variables dans le temps pour répondre à la dite « oscillationtemporelle » III. Narration, héros et moi ●Dans le roman aussi bien classique que psychologique, l’auteur reste imprégné de fantasmes et créateur de l’héros imaginaire. Celui–ci est centre d’intérêt et bénéficie d’une providence qui garantit son immortalité.

23 Il s’agit, en somme, d’un héros idéalisé qui fascine autrui: les personnages qui lui viennent en secours sont jugés bons alors que ceux qui lui sont hostiles ou lui veulent du mal sont jugés méchants. Bref, le héros du roman n’est autre que le « moi », un moi exceptionnel. ●Quant au roman psychologique, il s’éloigne du prototype classique quoique le fantasme continue à y figurer par des transitions continues.

24 En effet, là aussi, le créateur concentre son génie sur le héros, à partir de l’âme duquel, tout sera décrit. De cette façon, on peut dire que l’auteur moderne dans le roman psychologique, selon un SHEMA de MIROIR, adopte l’auto-observation et arrive à scinder son moi en « moi partiels ». Les différents courants qui envahissent son psychisme sont personnifiés en héros divers

25 IV. Jeu des adultes et prime de séduction
●Le travail de l‘écrivain résulte de fantasmes évoquant des désirs qu‘il faudrait réaliser. ●Le créateur littéraire, par son travail artistique, nous autorise en quelque sorte à jouir désormais de nos propres fantasmes sans honte. Ce que nous cachons, malgré nous, dans notre vie de société se trouve, grâce à la créativité et à l‘invitation de l‘auteur, autorisé. Et c‘est à travers cette fenêtre (fantasmatique!?) que nous nous abandonnons, oeuvre artistique à l‘appui, à nos propres fantasmes.

26 « L’amour dans le couple »
L‘AMOUR CONJUGAL « L’amour dans le couple » ____________________________________ « L’avance que prennent les femmes changera le vécu de l’amour aujourd’hui plein d’erreurs […] en fera une relation qui unisse un être humain à un autre être humain et non plus un homme à une femme ». Rainer Maria Rilke œuvres, le seuil, 1976

27 LE COUPLE AMOUREUX ● « L‘amour naissant devient amour par une série d‘étapes que chacun impose à l‘autre. C‘est dans ce dépassement que se fait la rencontre. Le risque en est grand, car sinon c‘est le désamour » ●« Le deuil de la passion se fait souvent à l’insu du couple qui n’en a pas parlé. Les comportements se ritualisent, s’automatisent, la séduction s’estompe, le désir s’émousse et le couple risque de se retrancher dans un quotidien stérilisant de son amour naissant ».

28 ●« L’invention du couple et sa disponibilité à l’amour sont le meilleur antidote contre l’émoussement du désir. En cela le couple amoureux ne peut être qu’un couple mature ouvert aux autres et à la vie ». « Inventer le couple » Philippe Brenot. Odile Jacob 2001

29 L‘IMGINAIRE DANS LA VIE DE COUPLE
●« Fondamentalement, l’imagination autorise ce que la bonne éducation interdit. La vie à deux est fondée sur la permanence de sentiments stabilisants et horizontaux- la confiance, l’estime, la tendresse, la complicité, le respect de l’autre. En revanche, les fantasmes érotiques se fondent globalement sur un rapport dominant / dominé. L’imaginaire a donc pour rôle, par-delà toute règle démocratique, de permettre de retrouver cette dimension plus archaïque qui, si elle était mise en œuvre dans la réalité, rendrait la vie à deux impossible .»

30 ●« L’imaginaire érotique est donc le réservoir de ce que nous avons de plus archaïque, qui DOIT rester secret. On peut aussi l’activer lors d’une thérapie ou au moyen d’exercices dirigés… » [ La force du désir ] Willy Pasini Odile Jacob 1999

31 LE SYNDROME DE CASABLANCA
« Une des principales raisons pour lesquelles j’aime le Maroc et ne pourrais vivre ou écrire nulle part ailleurs, c’est qu’à Casablanca, les hommes me considèrent comme une éclatante beauté et ne manquent pas de le faire remarquer à chaque fois que je me promène dans les rues de la Médina.

32 J’ai cinquante-sept ans et de belles hanches bien larges… dommage que mon mystérieux sex-appeal ne fonctionne qu’à Casablanca. Dans les autres villes marocaines, nul ne paraît se rendre compte de mon existence, ni à Rabat où je vis, ni à l’étranger. » Fatima Mernissi Le livre « Rêves de femme.Une enfance au harem » Albin Michel, 1996 Existe un ailleurs, un lieu ou une personne créature ou création capable d’éveiller le désir.

33 PROPOSOTION Afin d’illustrer certaines de ces contraintes, je vous propose d’analyser une figure très célèbre du monde littéraire: l’écrivain Italien ALBERTO MORAVIA dont la biographie et la bibliographie illustrent le jeu complexe des anxiétés conflictuelles oscillant entre ABANDON et REENGLOUTISSEMENT, faisant appel à des fantasmes en accordéon et finissant toujours par une défaite quant à l’investissement amoureux durable.

34 PRESENTATION DE CAS: ALBERTO MORAVIA ( ) BIOGRAPHIE De son vrai nom : Alberto Pincherle Moravia= nom de sa grand-mère paternelle Né à Rome en 1907 beaucoup de voyages Décédé à Rome en 1990 Deuxième (2e) d’une partie de 4 enfants Né d’un père de confession juive et d’une mère

35 d’origine dalmate, de confession catholique, de 20 ans plus jeune que son mari.
Enfance en milieu plutôt féminin Père quasi-absent, voyages à Venise. Architecte peintre amateur(artiste raté) Ne supportant pas la vie familiale Maman souffrait du mal d’Emma Bovary Ses aspirations à mener une vie mondaine n’étaient guère satisfaites par son époux Le couple n’était pas un modèle d’amour conjugal.

36 La tuberculose osseuse l‘avait empêché de finir ses études.
8 ans ans Trois (03) ans pour diagnostiquer sa tuberculose: forme sèche, sans abcès Accès de fièvre et contractions musculaires qui évoquaient une épilepsie Rechutes fréquentes Amélioration en 1924 à Sanatorium Cordivilla à Cortica d‘Ampezzo

37 Séjours multiples dans plusieurs sanatoriums
_____________________________________ << Pour ma part, tout m’incite à croire que la tuberculose osseuse que j’ai contractée a une origine psychosomatique.. J’ai traversé alors une véritable Crise existentielle provoquée par un dégoût de vivre>>

38 « Jai été précocement désemparé par le sexe »
« Je sentais l’ennui et l’incapacité qui alimentait par compensation le mauvais infini d’une sexualité vouée à l’échec » Qu’est-ce que la réussite (corollaire ! ) « J’oscillais entre l’ennui et la manie sexuelle » « révélations sur la masturbation » garnements de viareggio

39 MORAVIA est un écrivain dont la destinée littéraire est liée à la maladie:
Mais quelles maladies ?! FRAGILITE - de son existence - de sa réalité Etat de contemplation

40 Il écrit à 20 ans son premier roman:
« les indifférents », dans le sanatorium de Bressanone. Roman existentialiste L‘oeuvre dissèque souvent les rapports amoureux, sexuels ou non, charnels ou spirituels, en fouillant de manière distanciée (?) La psychologie de ses personnages. Ses livres questionnent volontiers la société et le couple dans leurs rapports ( le mépris, l’ennui, l’amour conjugal, la femme léopard )

41  « La contradiction constitue le fond mouvant et imprévisible de l‘âme humaine »
 « essais » de voyages.  Député européen, apparenté communiste

42 VIE CONJUGALE D’A.MORAVIA
A propos de trois (03) femmes:  Elsa Morante ( )  Dacia Maraini (Née 1936 à Florence )  Carmen Llera ( Née à Pamplune )

43 I- Elsa Morante: Née à Rome en 1912 Décédée à Rome en 1985 Epouse A.Moravia 1941 se sépare de lui en 1962 Romans * Mensonge et sortilège 1948 * Île d’Arturo 1957 * La Storia 1974 * Aracoli

44 II- DACIA MARAINI ( Née en 1936 à Florence ) * Auteur de théâtre, roman et poésie * Partage la vie d’A.Moravia * Romans: - La vacanza - L’âge du malaise

45 III- CARMEN LLERA: * Née en 1953 à Pamplona * Ecrivaine Espagnole * Roman: - Georgette est un succèes * Mariée avec Moravia en 1986

46 OEUVRE D’ALBERTO MARAVIA
A propos de trois (03) romans: L’amour conjugal, 1948 Le mépris, 1955 L’attention, 1965

47 I- L’AMOUR CONJUGAL Histoire d’un couple imparfait: une passion qui cède parfois la place à une « bonne volonté » Blessant l’ego. Silvio et Léda, deux personnages friables, faillibles malgré l’apparente force liée à leur position sociale. L’oeuvre se construit, peu à peu, entre littéature et sentiments, entre aveuglement et révélation comme si l’amour conjugal, radeau frêle, était une question de perception.

48 Silvio est incapable d’accepter que la vie conjugale soit un organisme vivant et non une nature morte. Le roman est une réflexion sur la création profondément liée à la passion amoureuse, à la possession déçue et convertie en observation respectueuse. l’auteur parle autant de l’impuissance artistique de son héros que de l’impasse de la possessivité amoureuse.

49 « C’était une passion conjugale: ce mélange de dévotion ardente et de légitime luxure, de possession exclusive et sans limite et de joie confiante née de cette possession même. Pour la première fois, j’éprouvais le sentiment d’être Le “ maître”... » « J’écrivais chaque jour dix à douze pages d’un seul élan rapide et impétueux, mais sans désordre ni dérèglement; Puis, durant tout le jour, je restai ébloui, étourdi, à demi-conscient, sentant qu’en dehors de mon travail plus rien n’avait d’importance pour moi dans la vie, pas même mon amour pour ma femme. »

50 II- LE MEPRIS Pendant les deux premières années de leur mariage; Emilie et Richard Molteni ont été heureux. Homme de théâtre, au début de sa carrière, il écrivait avec entrain dans leur modeste chambre meublée qu’Emilie soignait en ménagère accomplie. Puis l’occasion s’offre de changer de vie: Richard se voit confier par le producteur Battista la rédaction d’un scénario de cinéma. C’est pour eux le moyen d’acquérir à crédit voiture et appartement.

51 Richard ne tarde pas à être accablé par ses dettes et l’obligation qu’elles lui imposent de travailler sur commande. Il en vient à éprouver presque de la rancune envers Emilie pour qui il sacrifie sa liberté d’artiste. Or c’est elle qui, au soir même de leur installation dans le logis neuf, lui signifie sa décision de se séparer de lui. Non seulement elle ne l’aime plus, mais encore déclare le mépriser. Richard cherche dans le passé comme dans le présent la cause de cette rupture brutale.

52 Son enquête fébrile est une analyse magistrale de la faillite qui menace hommes et femmes unis par l’amour et séparés par leur individualité. « C’était au donateur qu’elle se livrait, non au mari. Et ces pièces nues et sonores, odorantes de vernis et de plâtre encore frais, avaient ému au plus profond de ses viscères quelque chose que jusqu’ici aucune de mes caresses n’avait eu le pouvoir d’éveiller. » p.21

53 « Mais je l’aimais et il y a dans l’amour une grande capacité non seulement d’illusion, mais encore d’oubli » P.39

54 III- L’ATTENTION: Francesco Merighi, journaliste qui nourrit des ambitions littéraires, a débuté dans la presse de gauche . Pour fuir l’irréalité du monde bourgeois auquel il appartient, il a épousé Cora, une petite couturière dont il a adopté l’enfant illégitime, Baba. Il ne tard pas à être déçu et pour échapper à l’univers qu’il s’est créé devient volontairement « inattentif ».

55 Au retour d’un voyage en Iran, il décide de tenir pendant quelques semaines le journal de sa vie, dans l’espoire d’en tirer un roman « authentique » dont il serait lui-même le protagoniste. Or, pour écrire ce journal relatant le « traintrain quotidien » il lui faut passer de l’état d’inattention à celui de vigilance

56 [ Et, en effet, voici que Baba me sourit, puis, tout à coup, me lance un clin d’oeil, provoquant et équivoque. J’éprouve en même temps, horreur et désir et l’horreur naît du désir et le désir naît de l’horreur; je m’écrie à haute voix: « mais tu es ma fille ! » ] p.71 [ Et ceci parceque je l’avais aimée, que je l’aimais encore et sentais que seul l’amour permet de faire certains aveux. Surttout un amour comme celui que j’éprouvais pour elle, tout à fait desespéré et désormais définitivement lié au renoncement ] p.352

57 CONSTATATIONS Dans ces écrits, certaines remarques sont manifestes: CONFRONTATION amour conjugal Art (couple) ( écriture) Dans les romans, c’est l’homme qui est artiste RATÉ. Dans la biographie de l’auteur, c’est la femme . Malheur: toutes les trois convives féministes militantes.

58 Confrontation: réalité irréalité
charnel spirituel fantasmes rêves La femme trop idéalisée; mais en même temps soumise et rabaissée. JALOUSIE dans la vie et dans l’oeuvre Vengeance par l’art ou par l’amour

59 Présence de l’inceste dans les trois romans.
Images de la mère Angoisse de l’Abandon Angoisse de Réengloutissement

60 DIALOGUE AVEC LA SEXOANALYSE
● C‘est dans une Italie (Rome) de 1907 que naît celui qui deviendra le célèbre écrivain ALBERTO MORAVIA ● Rome, en ce moment, possède un certain nombre de caractéristiques culturelles qui modèlent profondément les valeurs, les normes et les rôles sexuels. ● Le rôle fondamental de la femme dans la société est la sphère domestique: rôle de la maman.

61 IMAGES PARENTALES ● La maman de Moravia aspirait à la vie mondaine, mais estompée par le mari ● le papa quasi-absent ● tous les deux parents vus en ECHEC par leur petit Alberto. ● L‘image de la maman hyperprotectrice mais finissant par l‘échec ● Le papa est hypoprotecteur mais soutien matériel. ● Les figures d‘attachement se chevauchaient entre hyper et hypoprotection. ● Fragilité marquante.

62 TUBERCULOSE OSSEUSE ● Chronicité de la maladie. ● Précocité de la maladie ● séjours dans les sanatoriums ● Précarité de la santé et des choses ● Renforce l‘état de fragilité qui accompagnera l‘auteur toute sa vie

63 I- MORAVIA ET L‘EXPRESSION DU MACHISME
● L‘identité de genre de Moravia a été marquée par un certain machisme et un narcissisme extrême. ● Cette masculinité exacerbée laisse deviner certaines fragilités, l‘attrait érotique pour le rabaissement de la femme et un certain degré d‘homophobie. ● Un besoin de dominer, associé à un égocentrisme dans ses relations masculines et surtout féminines ● Ce qui exigeait une grande adulation qui s‘accompagnait du maintien d‘une distance.

64 ● Il ne pouvait supporter une intimité trop grande qu‘il fuyait ( par l‘art d‘écrire ! )
● Ce machisme s‘appuie sur une sorte d‘autosuffisance que pourrait cacher une peur de la dépendance ( anxiété de réengloutissement ) ● Incapacité à rompre ses relations, en particulier avec ses épouses et maîtresses. ● Moravia semble redouter le lien fusionnel à la femme ( Etait-ce le résultat d‘un lien trop fusionnel à la mère et à la féminité ? ! )

65 ● Mais ne peut fuir ce lien de peur de rester seul
(anxiété d‘abandon ) ● Entre Anxiété Anxiété de réengloutissement d‘abandon L‘art vient colmater la brèche ( l‘Amour SEUL NE SUFFIT PAS )

66 * Conséquences des perturbations d‘images
parentales ● Le déplacement du NOM Pincherle Moravia Nom de grand-mère paternelle ● « Je suis mieux protégé par une femme, une maman; mais quand même il faut un père. »

67 II- MORAVIA et LES FEMMES
● nombreuses ont été les femmes qui ont fait partie de la vie de Moravia ● Dans cette procession, trois ( 03 ) d‘entre elles ont eu une influence significative sur sa vie: Femmes  Elsa Morante +++ Moravia de  Dacia MARAINI +++ Tempérament  Carmen Llera + Moravia

68 ● Malgré leur importance, il tente de les rabaisser, les soumettre.
● Jalousie morbide, soulagée par l‘écriture mais la trace indélibile restera. ● De Elsa à Carmen, certaines convergences:  fusion et distance Liaisons  manipulation et rejet Tumultueuses  ruptures et retours  misogynie et révérence

69 ● incapacité de fidélité: quand il n‘y aura pas de concurrent partenaire, restera (il y aura ) l‘écriture ● L‘art d‘écrire permet une certaine sublimation de l‘acte sexuel bestial ● Parfois, l‘invitation de la partenaire à une activité artistique permet de fuir sa faiblesse, ses compétences physiques supposées fragiles et précaires à cause de ses antécédents pathologiques.

70 ● Les risques de trahison
● Les flirts avec l‘inceste ● L‘image de la mère ( la maman ). ● Moravia retrouve et répète le modèle même-fils qu‘il avait connu dans son enfance: maman qui était parfois à sa dévotion, mais toujours menacé par ses aspirations insatisfaites.

71 ● Louange à la déception de la maman et regret pour la déception du père
●Déception de la maman: corrigée par les relations avec des femmes artistes militantes qu‘il cherche à soumettre et dont il reste jaloux ● Déception du père ( vis-à-vis de l‘art, peintre amateur ) qu‘il corrige par ses réussites dans le champ d‘écriture romancière ● L‘amour et l‘art se révêlent ainsi comme deux compléments pour ajuster le malaise identitaire ( exprimé par la thématique de l‘Ennui )

72 III- MORAVIA ET L‘EROTISME
● Fasciné par l‘érotisme, désireux de manifester une hypersexualité; mais en sous-jacent toujours menacé par le sentiment de fragilité. ● Pour pallier à ce tumulte, l‘auteur s‘accroche aux femmes de talent et en même temps cherche à s‘aider par les tendances artistiques ● Pour ainsi dire, il était à la quête de femme prestigieuse mais qui avait le fantasme de soumission

73 ● Dans ses relations, on peut dire qu‘il fantasmait
sur les fantasmes de la partenaire ● Pour cela, il se mettait à la place de la femme pour révêler ses fantasmes: Il fonctionnait selon une distorsion cognitive en boule de cristal « ja sais comment pense la partenaire » « Je devine le fantasme de la partenaire »

74 ● Il ne sait comment faire perdurer une relation amoureuse
● Il réussit difficilement ( du moins en s‘appuyant sur les rêves artistiques ) à transformer un lien amoureux en une relation affective sexualisée durable. ● On retrouve là un DÉSORDRE DE LA VIE AMOUREUSE

75 MORAVIA ET SON OEUVRE ● « Je fais coucher les mots sur la page blanche… » ● Écrire serait-il une activité sexuelle? ● « Je ne crois en aucune religion, à aucune finalité en soi… je crois en l’écriture… » ● l‘art qui était utilisé comme moyen de colmater la brêche de fragilité devient une fin en soi. ● La confrontation entre amour et art représente la peur de l‘échec

76 ● La quasi-totalité des romans mettent en parallèle une histoire de couple et une histoire de création ( parfois mythologique ) ● L‘amour et l‘individuation illustrent l‘attraction / répulsion pour les femmes ● L‘amour décrit est en général Conjugal la vie de couple est un piège ● On ne réussit ni dans l‘amour ni dans l‘art. ● Les femmes dans les écrits de MORAVIA sont idéalisées et soumises au début, puis au contraire détestées et méprisées par la suite, reflétant en quelque sorte la DICHOTOMIE de la culture ITALIENNE de l‘époque.

77 ● L‘oeuvre de l‘auteur est marquée par la quête de la figuration érotique allant :
- du lyrisme au mépris - de la réalité à l‘irréalité ● La présence de situations incestueuses dans les écrits. ● Dans les romans, les rêves décrits et les dialogues soumis aux héros marquent les tendances à l‘inceste et sont en même temps un amortisseur du passage à l‘acte.

78 R É S U M É ● En résumé, on peut dire que la vie et l‘oeuvre de Moravia ont été marquées par: - Un désordre identitaire - Un sentiment de fragilité et d‘ennui - Un désorde fantasmatique - Une jalousie morbide ( sexuelle ? ! ) - Une distorsion cognitive: boule de cristal - Inaptitude ( malaise ) à l‘investissement amoureux - Inaptitude ( difficulté ) à transformer un lien amoureux en une relation affective sexualisée et durable ● Selon la classification des troubles sexuels on conclut pour un DÉSORDRE DE LA VIE AMOUREUSE (trouble)

79 C O N C L U S I O N S ● Les matrices culturelles et les expressions artistiques sont, à l‘instar des fantasmes et des rêves, révélatrices par leurs thèmes et leurs images, des conflits et des ambivalences sexuels ● Il serait utile lors de l‘anamnèse d‘interroger le patient sur ses origines culturelles et sur les images qui l‘habitent pour mieux saisir sa dynamique identitaire et érotique. ● La narration pourrait être utilisée en thérapie sexuelle ● La sexoanalyse serait un moyen efficace dans la critique littéraire: SEXOCRITIQUE.

80 B I B L I O G R A P H I E 1- Brenot,p inventer le couple, Odile Jacob 2003 2- Brenot, p Le sexe et l‘amour, Odile Jacob 2010 3- Crépault, c et Lévy, J Nouvelles perspectives en sexoanalyse Presses de l‘université du Québec,2005 4- Jaap, Linvet Essai de typologie narrative Ed.José Corti, Paris 1984

81 5- Moravia,A L‘amour conjugal Ed,Bompiani et Denoël, 1948 6- Moravia,A Le mépris Flammarion, 1955 7- Moravia, A L‘attention Flammarion, 1966 8- Pasini, W La force du désir Odile Jacob, 1999

82 POST-SCRIPTUM Que l‘âme de Moravia repose en paix et nous pardonne cet abord agressif. Ce ne sont que le but scientifique et l‘amour que nous portons à l‘auteur qui justifient ce travail.

83 ALBERTO MORAVIA ( )