Chapitre IV Le multiculturalisme: L’impact de la critique communautarienne du libéralisme.

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1 Chapitre IV Le multiculturalisme: L’impact de la critique communautarienne du libéralisme

2 Rawls et le triomphe du libéralisme Triomphe du libéralisme  Transformation des partis socialistes en partis libéraux de gauche  John Rawls: Theory of Justice et Political liberalism  >< Sandel: Liberalism end the Limits of Justice  Débat entre les libéraux et les communautariens Grande diversité de position, mais inspiration critique commune  Socialisme: conditions socio-économiques nécessaires à l’exercice des libertés  Communautarisme: conditions éthico-culturelles nécessaires à la constitution des identités personnelles et à la cohésion sociale  Justice distributive ≠ Valeurs constitutive d’une vie bonne

3 Plan du chapitre I – La critique communautarienne II – La critique communautarienne et la politique communautarienne III – Un post-matérialisme libéral: le libéralisme multiculturel

4 Communauté et société Tönnies:  Epoque moderne = effacement progressif du modèle de la communauté au profit de celui de la société Communauté et intégration du sujet  Fait naturel et indépendant de la volonté individuelle  Dépend de caractéristiques communes indisponibles (langue maternelle, race, religion, lieu de naissance…)  Rôles sociaux clairement définis  Valeurs et normes communes quasi-institutionnalisées (Eglise, tradition…)  Fortes cohésion sociale et pression sociale Eclatement des communautés naturelles  Mobilité géographique, sociale, religieuse, linguistique…  Le vivre ensemble n’est plus régi par des normes et valeurs partagées  Nécessité de s’accorder sur les règles qui vont organiser la société

5 Communauté et société Société et pacte social :  Association volontaire d’individus  Perte d’éthicité  Coordination des comportements individuels  La communauté se veut bonne  La société se veut juste Libéralisme: priorité du juste sur le bien = primauté du modèle de la société et acceptation du fait du pluralisme moral Critique communautarienne:  Incapacité du libéralisme à penser la manière dont se forme la conception du bien d’un individu  Incapacité du libéralisme à penser l’intégration d’un individu au sein de la collectivité  Incapacité du libéralisme à justifier une conception du juste sans s’appuyer sur une conception du bien

6 L’atomisme libéral et le holisme communautarien Naïveté de l’atomisme libéral L’identité individuelle ne préexiste pas à l’inscription dans un contexte social et à la formation des préférences et convictions Un individu ne donne pas un sens à sa vie en décidant volontairement quel idéal de vie bonne il entend poursuivre, mais il comprend quel sens sa vie possède en se découvrant membre d’une communauté dotée de valeurs communes  Holisme communautarien : un individu n’existe qu’en tant qu’il est membre d’une collectivité Double caricature ?  Propositions normatives plutôt que descriptives  Libéralisme: valorisation du potentiel critique par rapport aux traditions culturelles  Communautarisme: valorisation de la préservation de la culture communautaire et de son intériorisation

7 La sagesse de la tradition et l’orgueil de l’individu Comment le communautarisme peut-il justifier le privilège accordé aux valeurs communautaires ? 1.Justification conservatrice du communautarisme: la valorisation de la tradition  Critique de l’orgueil de l’individu qui remet en cause la sagesse traditionnelle héritée de la succession des générations  Poids de l’expérience passée Mais:  Justifie plus qu’une simple présomption en faveur des traditions ?  Les traditions en vigueur ne sont-elles pas le résultat de rapports de force ?  L’héritage du passé ne rend-t-il pas possible le progrès plutôt que de s’y opposer ?

8 L’exigence de cohésion sociale 2.Justification sociale du communautarisme: la cohésion sociale  La société libérale n’est qu’un agrégat d’individus ne coopérant que quand leurs intérêts convergent  La solidarité personnelle ne peut se fonder que sur une logique assurantielle  Asymétrie entre la capacité de contribution et le risque de précarisation  Nécessité d’imposer par la contrainte la solidarité  Faiblesse des mécanismes de redistribution sociale  Une authentique justice interpersonnelle requiert un sentiment d’appartenance collective et une identité collective fondée sur des valeurs communes  Proportionnalité entre l’adhésion aux valeurs communes, la cohésion sociale et la solidarité  Revalorisation du modèle d’intégration de la communauté

9 L’exigence de cohésion sociale Communautarisme: Primauté du bien sur le juste  Les principes de justice peuvent dépendre d’une communauté à l’autre >< Libéralisme : Primat du juste sur le bien et universalité du juste  Congruence entre les limites de l’Etat et de la communauté  La légitimité de l’Etat repose sur les valeurs communautaires  Modèle de l’Etat-nation Mais:  Migrations successives  Individualisation  Perte d’homogénéité des nations  Paradoxe communautarien: nécessité de reconstruire artificiellement ce qui est présenté comme une donnée qui s’impose à nous

10 Les ressources critiques 3.Justification psychologique du communautarisme  Impossibilité pour un individu de choisir une conception du bien in abstracto  Besoin d’être structuré par une culture donnée Mais:  La coexistence d’une pluralité de traditions est un fait  Possibilité d’une critique interne à une tradition, mais comment arbitrer entre une pluralité de traditions ?  Recréer l’unité communautaire perdue ou exiger la préservation de la pluralité des communautés comme condition de la liberté culturelle ?  Communautarisme antilibéral ou libéralisme multiculturel ?

11 Plan du chapitre I – La critique communautarienne II – La critique communautarienne et la politique communautarienne III – Un post-matérialisme libéral: le libéralisme multiculturel

12 Repli communautaire ou pluralisme culturel ? Retrouver l’unité perdue ?  Processus d’homogénisation culturelle  Rejet de l’autre, de « l’étranger » = celui qui ne partage pas les valeurs de la communauté  Intégrisme religieux, nationalisme xénophobe ? Nécessité de distinguer entre la critique communautarienne et des politiques communautariennes Critique communautarienne:  N’entend pas revenir à un en-deçà du libéralisme  Insuffisances culturelles du libéralisme  Risque de provoquer des phénomènes réactionnaires  Nécessité de réviser le libéralisme afin de mieux prendre ne compte l’importance des appartenances culturelles

13 Plan du chapitre I – La critique communautarienne II – La critique communautarienne et la politique communautarienne III – Un post-matérialisme libéral: le libéralisme multiculturel

14 Une nouvelle autotransformation du libéralisme ? Etat libéral:  Garantir une juste répartition des ressources (essentiellement matérielles) nécessaire à la mise en œuvre de la liberté individuelle  Neutralité axiologique Critique communautarienne:  Formalisme du droit individuel au choix de sa conception du bien (identité individuelle)  Importance du sentiment d’appartenance collective nécessaire à la cohésion sociale (identité collective) Une part de malentendu ?  Transformation de thèses normatives en propositions descriptives ?  Généralisation de thèses valables uniquement dans le champs politique ? Possibilité d’intégrer les objections communautariennes au sein du libéralisme:  Prise en compte des conditions culturelles nécessaire à la préservation des droits fondamentaux

15 Les différentes formes de neutralité Le fait du pluralisme: meilleure justification du libéralisme ?  Absence de consensus axiologique => nécessité que l’Etat demeure neutre Discussions internes au libéralisme: trois interprétations de la neutralité 1.La neutralité par abstraction  L’Etat ne doit pas tenir compte des conceptions axiologiques de ses membres  La sphère publique doit être vierge de toute référence axiologique  Un argument axiologique n’est pas légitime dans le débat politique  Pas de parti politique confessionnel  Pas de subventionnement des cultes

16 Les différentes formes de neutralité 2.La neutralité par inclusion  L’Etat reflète le pluralisme axiologique  Légitimité des arguments axiologique dans le débat politique, mais primauté des règles démocratiques sur les institutions religieuses  Présence de partis confessionnels  Subvention des cultes et de l’enseignement confessionnel  Limites pragmatiques menaçant la préservation des cultures minoritaires 3.La neutralité par correction  L’Etat doit garantir la préservation d’une pluralité culturelle  Discrimination positive envers les communautés les plus fragilisées  Accommodements raisonnables

17 Des droits collectifs ou des droits culturels Multiculturalisme: autotransformation du libéralisme  Pluralisme moral : préserver la diversité des communautés culturelles de la domination de la culture majoritaire Extension des rôles de l’Etat  Politiques de discrimination positive afin de protéger les cultures minoritaires Droits spécifiques en tant que membres d’une communauté  Droits collectifs: mise à mal de l’individualisme méthodologique ?  Contradiction avec la volonté libérale de protéger l’individu du pouvoir collectif Approfondissement des droits individuels: les droits culturels  Droit de s’exprimer dans sa langue  Droit de voir son identité culturelle reconnue et préservée  Droit à avoir accès au patrimoine culturel

18 De l’Etat-nation à l’Etat pluraliste Pourquoi le libéralisme ne s’est-il pas préoccupé plus tôt de ses conditions culturelles de possibilités ? Etat-nation: équilibre entre un libéralisme public et un communautarisme privé L’homogénéité culturelle assurait les ressources axiologiques nécessaire au libéralisme Exemple: jours fériés légaux Instabilité de cet équilibre L’avènement du libéralisme a fragilisé progressivement la cohésion communautaire Emancipation par rapport à la culture : généralisation d’un phénomène initialement minoritaire L’autre devient le voisin de pallier  Alors que l’Etat pouvait auparavant s’appuyer sur les convictions axiologiques des citoyens, il est désormais confronté au défi du pluralisme moral