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Diaspora, hybridité, métissage, orientalisme : l’«appropriation» de l’Autre http://www.pinenet.com/~ rooster/trekjews/trekreb5-th.jpg The Vulcan Diaspora;

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1 Diaspora, hybridité, métissage, orientalisme : l’«appropriation» de l’Autre
rooster/trekjews/trekreb5-th.jpg The Vulcan Diaspora; n’ayant pas de patrie ils sont obligés de vivre sur Terre. commons/4/48/Cultural_appropriation_mickey.jpg Appropriating Mickey Appropriating Orientalism Guy Lanoue, Université de Montréal,

2 Qu’arrive-t-il quand deux (ou plus) cultures se rencontrent
Qu’arrive-t-il quand deux (ou plus) cultures se rencontrent? 1) deux cultures peuvent s’influencer, et l’un et l’autre peuvent «emprunter» des aspects surtout linguistiques et techniques; 2) deux cultures qui représentent de classes antagonistes d’une seule société peuvent se heurter, quand les mécanismes normalisés censés les tenir séparées cessent de fonctionner (p.e., une révolution sociale qui sabote explicitement les rituels de politesse où se situe les mécanismes de l’hégémonie: mai 1968 à Paris; les hippies américains; la Révolution française); 3) la migration peut mener à un ajustement culturel à des tentatives d’«intégration»; 4) le colonialisme mène à un contact plus brusque, où, pour la culture «d’accueil», les lignes de force qui définissaient la structure de la communauté sont déplacées de façon significative et involontaire; 5) le monde postcolonial contemporain est caractérisé de déplacements importants, surtout de capital et du pouvoir, qui laissent intacte les vieilles notions de « pays », « nation », « culture »; paradoxalement, ceci est facilité par une homogénéisation culturelle, par l’idéologie néolibérale et par l’acceptation mondiale de la culture pop; 6) quand les notions de société d’origine et société d’accueil ne sont pas claires, de situations diasporiques peuvent émerger; les appropriations sont de tentatives individuelles de construire une nouvelle identité alternative. Autrement dit, est-ce que le « mélange » culturel est-il comme une goutte d’eau qui se dissout dans une tasse? Avant, on utilisait de termes politiquement neutres, qui semblaient ignorer les rapports de force parfois cachés par l’illusion de la culture comme «système»: la diffusion, l’emprunt, l’intégration. Aujourd’hui, nous sommes plus conscients des inégalités involontaires ou inconscientes qui émergent quand des cultures se heurtent. On parle d’appropriation, d’hybridité, de métissage, de néo- et de post- colonialisme, de mondialisation, d’identités transnationales. Amanda Lepore, transsexuelle américaine qui déclare avoir cherché un look qui fusionne Jessica Rabbit et Marilyn Monroe. -content/uploads/2009/11/ Jessica-Rabbit-48x jpg in/files/marilyn-monroe -450.jpg

3 Parfois, pour décrire les effets du contact, certains penseurs utilisent des mots comme hybridité, mélange, emprunt, ou métissage. Certes, il y a de nuances importantes qui les distinguent, mais il faut se rappeler que, si les manifestations de l’appropriation sont complexes et polyvalentes, les règles du jeu ne le sont pas: tout le monde se situe vis-à-vis du pouvoir selon sa capacité de le gérer et de l’assumer, qui dépend de l’autorité morale attachée à son rôle dans le système hégémonique de la reproduction sociale, et de son statut dans la hiérarchie de valeurs. Certains mots comme mélange, hybridité, métissage ou emprunt ne mettent pas l’accent sur la dynamique hégémonique qui définit l’identité qui donne l’accès au capital politique. L’appropriation, dans ce sens, est un miroir fidèle de la réalité de ce jeu de positionnement symbolique. En général, l’hybridité et le métissage sont des visions de la fusion qui obligent les participants (et les chercheurs) à ignorer la dimension temporelle, donc, de nier l’histoire et ses dynamiques hégémoniques, en mettant l’accent sur les qualités innées des éléments en contact et non des sous-textes hégémonique. Pour une discussion de l’hybridité et de la pensée postcoloniale (mais inutilement bourré de jargon), voir Homi Bhabba, The Location of Culture, 1994; pour approfondir l’idée contemporaine d’hégémonie (qui émerge de la pensée d’Antonio Gramsci dans les années 1920s; voir PPT Introduction), voir Stuart Hall, Identités et Cultures, Paris 2007 (un recueil traduit de l’anglais).

4 http://www2.ups.edu/faculty/p oshi/Indian%20Hybridity.jpg
L’hybridité: quand deux objets sont rapprochés l’un à l’autre (p.e., quand les personnes établissent un lien là où il n’existait pas auparavant, comme la soi-disant fusion de la musique «africaine» et de la musique jazz, qui est devenu la musique fusion ou world), la capacité d’influencer l’un et l’autre n’est pas automatique. C’est une illusion dérivant des dynamiques hégémoniques normalisées, censées renforcer la solidarité sociale et politique à tout prix. ** Plusieurs symboles sont polysémiques, mais il y a beaucoup de variation dans l’intensité et dans le nombre possible de liens à d’autres symboles, selon le degré de politisation. En fait, la position de Lévy-Bruhl, qui s’inscrit dans la pensée populaire, émerge de la polysémie de deux métaphores-clés, «distance» et «espace». Elles touchent plusieurs autres symboles parce qu’elles transforment les idées arbitraires de classe et d’ethnicité en notion de la frontière géographique. Bhabha propose (The Location of Culture) que l’hybridité coloniale menace le pouvoir du colonisateur. Le problème avec le concept est qu’il est impossible de préciser une définition utile de l’hybridité qui ne nie pas les lignes de force de l’expérience coloniale. ** Pour Lévy-Bruhl, la «participation» était un trait propre à la mentalité «primitive» trop ignorante pour séparer deux phénomènes; donc, la foudre est interprétée comme signe de l’ire des dieux; c.-à-d., un fait empirique et une pensée religieuse abstraite se confondent, car ils ignorent sa cause vraie. *N’oublions pas que cette position s’oppose catégoriquement à celle de Lévi-Strauss, pour lequel les catégories existent en rapport d’opposition complémentaire l’une vis-à-vis de l’autre, et donc leurs frontières sont précisées par la logique globale de la «pensée sauvage» pour que la fonction sémiotique de chacune soit sans ambigüité. Quand deux musiciens ayant différentes couleurs de peau se présentent en scène, les commentateurs locaux (ici, de la Suisse) parlent de «métissage». En fait, c’est l’inverse de ce que disait Homi Bhabha, car le mot «métissage» ici souligne tacitement l’identité autonome des composants de cette union, et donc l’identité suisse du musicien blanc n’est pas compromise. oshi/Indian%20Hybridity.jpg erFiles/Image/DSC_4084%20texte.jpg

5 L’hybridité et le métissage sont mieux conçus comme des choix individuels qui, comme le discours ironique (voir les PPTs Branding et Décor), valorisent l’agir individuel, car une personne qui navigue dans un champ hybridé et métissé envoie un signal qu’il maitrise deux cultures, celle de la source «originale» du trait et celle de la société de réception. Ici, «source» et «réception» peuvent se référer à deux classes; par exemple, «on» dit, souvent, que les classes supérieures sont rigides et bornées, autant qu’on parle de l’«énergie» et du «dynamisme» des classes subalternes, qui sont plus aptes, selon ce stéréotype, à se lancer dans l’expérimentation culturelle menant à l’hybridité et au métissage. En fait, elles n’ont rien à perdre en se hasardant dans l’hybridité, surtout que les parcours de l’avancement social plus traditionnels leur sont bloqués. Ces personnes mettent en scène leur compétence en favorisant ou en adoptant de marqueurs hybridés de leur statut, surtout qu’ils ont souvent le champ libre, car l’expérimentation avec l’hybridité n’est pas une stratégie normalement utilisée par les élites. À droite, une Vierge Noire, une représentation de la mère de Jésus adoptée en Europe à l’époque médiévale pour signaler l’exotique, le distant, et donc l’universalité de la religion catholique. Est-ce une forme de métissage? Non, car il n’a aucune appropriation. Le problème fondamental avec les notions de métissage et de l’hybridité est que cette grande «découverte» rhétorique à la fin du 20e siècle postcoloniale dépend entièrement de la croyance idéologiquement conditionnée que les cultures et leurs catégories indicatives aient de frontières identifiables et étanches. Elles n’en avaient pas. Elles ne l’ont jamais eu. L’imperméabilité des frontières est une fiction politique et anthropologique du 19e siècle. Une goute de teinture rouge dans un litre de peinture blanche ne change pas la couleur de fond, mais le mélange est «métissé», autant que l’est une mixture de 99 goutes de rouge et une seule goute de blanc. Bref, le métissage et l’hybridité sont, prétendument, tellement puissants comme concepts qu’ils n’expliquent rien, car il n’a que de théorisations simplistes du mécanisme de leur mise-en-scène. À gauche, le «métissage» des standards de beauté, qui pousse quelques Asiatiques à imiter les yeux «ronds» des Blancs. S’agit-il de métissage, ou d’une tentative de déjouer l’hégémonie de l’esthétique occidentale? efault/files/archive/images/ci/Asian-1950.jpg

6 Black Atlantic – proposé par Paul Gilroy en 1993, avec The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness. Il formule cette idée pour définir un espace où se construit une identité diasporique (diaspora = dispersion; pas utilisé en anglais avant le 19e siècle, traditionnellement réservé pour décrire l’expulsion des israélites de la Judée en 70 A.D. par l’Empereur Titus). Normalement, la Diaspora est utilisée pour décrire une construction sociale et culturelle pour de personnes qui ont été obligées de quitter leur terre patrie, mais qui conservent (ou développent) un attachement à la société d’origine. Ceci n’est pas le cas des Noirs américains et anglais, qui ne partageaient pas un seul lieu d’origine, et pour lesquels « l’Africanité » est un phénomène assez récent. Cependant, Gilroy propose que l’expérience d’esclavage (10m ont été déplacés entre le 16e et le 19e siècle) soit à la base de tentatives de construire une identité partagée, dédoublée. Le manque de patrie d’origine les pousse à devenir Noirs et Européens (Gilroy est Anglais). Notez: diaspora normalement n’est pas migration; il faut avoir un élément de contrainte, que ceci soit économique ou politique. Et, dans l’époque contemporaine, plusieurs Occidentaux acceptent le déplacement et le métissage comme normales. Quatre questions: 1) Est-ce possible à construire une double conscience sans patrie? 2) Rôle des idées dans cette construction? Cette identité est-elle partagée de la même façon par tous les Noirs touchés par l’esclavage? 3) Pourquoi et comment cette culture a-t-elle été appropriée par les non-Noirs? Réponse facile: c’est une culture sans la dimension d’identité nationale, soit comme lieu d’origine ou cible utopique (p.e., le mouvement rastafari) 4) Pourquoi la musique est-elle à la base de la culture pop contemporaine?

7 Pourquoi la culture populaire des Afro-américains (Black Atlantic, Afro-Modern) est-elle si populaire parmi les souches blanches et les couches moyennes et prolétaires? Ici, nous sommes face à la «culture du peuple», la culture populaire, dans son vrai sens, car il est difficile à identifier une haute culture noire. N’ayant aucun accès au pouvoir étatique ou officiel avant les années 1970s, cette culture est un mélange hybride de productions artistiques afro-américaines, de textes postcoloniaux (avant la mode des années 1980s), et surtout de la musique populaire. C’est une culture simplifiée, quasiment vidée de toute référence explicite à la culture nationale*; ceci se conjugue parfaitement avec la nouvelle culture pop qui commence à émerger dans les banlieues. Cette culture diasporique est structurellement organisée sur l’indirection, par la fusion de composants et de formes antithétiques; elle est une culture idéale pour encadrer la transition, le déracinement. * Pensons, cependant, au sionisme, qui trace un lien entre la théologie juive, la dimension sacrée, et la politique du quotidien. Edward Burra, Harlem, 1934

8 La musique devient le langage de cette culture, mais elle est aussi un médium et un symbole important pour les nouvelles classes émergentes de toutes les races et ethnies. La musique populaire est reconnue comme genre et domaine dès les années 1920 en Occident, mais commence à dominer l’espace public durant la 2e Guerre Mondiale. Sa forme la plus typique est la chanson, souvent de 3 ou 4 minutes de durée, avec des strophes qui se répètent et un rythme relativement simple, avec très peu de prétention artistique: en fait, un champ rituel parfait, et donc une structure qui favorise la résemiotisation (voir le PPT Ironie) et le sémiopouvoir individuel. En fait, je crois que, au-delà de sa structure simplifiée et donc son accessibilité, c’est la courte durée de la chanson qui la transforme en métonymie du présent éternel, et donc en symbole d’un bris avec le la passé, ses hiérarchies qui défavorisent les classes populaires, et ses technologies hégémoniques. À droite, Wayne’s World (1992); même une chanson « artistique » (Bohemian Rhapsody, de Queen) peut effectuer la transition au «populaire» .

9 Blues: registre vocal de fausset fusionné avec un fond rythmique très fort et régulier, censé d’agir d’armature, mais qui en fait domine (sous-texte devient le texte, l’arrière-plan devient l’avant-plan). Le fausset «sabote» la «virilité» communiquée par les pulsations régulières du rythme quasiment toujours accordé parfaitement avec la mesure de la pièce. Plus tard, vers la fin des années 1960s, le timbre de la voix devient beaucoup plus «masculin», avec des exceptions (p.e., le Philadelphia Soul: Jackie Wilson, The O’Jays). Le fausset « noir » va influencer plusieurs groups « blancs », qui s’identifient avec des ethnies marginalisées, p.e., la musique de groupes d’origine italienne issus du New Jersey (p.e., The Four Seasons). /an/2/1/5/4/4/l44512.jpg Jazz: voix très liquide combinée à un fond défini par la polyrythmie, l’arythmie, la syncope (prolongement qui déplace une note au-delà du rythme établi) ou le contretemps (une note isolée par le silence, suivi par une note forte); le rythme est souvent en conflit avec la mesure (c’est peut-être cela qui pousse Théodore Adorno dans les années 1940s à définir le jazz comme une forme de «pseudo-individualisation»).* Plus tard, avec l’expérimentation de Miles Davis (à gauche), ces techniques normalement associées au fond rythmique sont utilisées pour l’avant-plan sonore. t/uploads/2008/11/miles-davis_l.jpg * Cité en Jenkins, McPherson & Shattuc (eds.), Hop on Pop, 2002, p.26.

10 L’indirection et la force
Parler en fausset: utilisé par les chefs de tribus nord-américaines; le fausset permet au chef de déplacer l’accent de sa personne à son rôle institutionnel. Ce n’est pas un accident que la culture afro-américaine ait développé, à l’époque après la Guerre Civile quand les ex-esclaves commençaient à pénétrer le monde blanc, ce registre vocal pour publiquement dénaturer la masculinité afro-américaine, et qu’il est devenu populaire dans les années 1950 au moment où la musique «noire» devient «mainstream», c.-à-d., populaire parmi la classe moyenne blanche. Marvin Gaye Sarah Palin .com/2008/08/marvin-gaye1.jpg Utiliser la langue de bois lors d’un discours politique: ses formalités, métaphores et allusions cachent une prise de position; c’est un jeu de cache-cache avec des conséquences sérieuses. /images/crow-dog.jpg Les Dog Soldiers des Lakota et des Cheyennes agissaient de police pour coordonner la chasse de bison. Il était nécessaire d’utiliser la menace de force sans l’institutionnaliser, pour conserver la liberté individuelle qui est à la base de la survie du groupe. Pour ce faire, ils se déguisent; ce n’est plus un voisin qui impose l’autorité du groupe, mais un policier. mages/2008/08/29/us/plain_650.1.jpg La ritualisation cache les lignes de force, et permet au sous-texte d’émerger comme le véhicule du «vrai» message; la comédie n’a pas besoin d’être drôle pour jour le rôle de domaine subversif. Elle a besoin d’adhérer à un modèle pour être incluse dans le genre, ce qui autorise l’utilisation de la voix sous-textuelle.

11 That’s all right mama (Arthur « Big Boy » Crudup, 1948) est réputée être la première chanson rock and roll de l’histoire, selon certains chercheurs, mais elle est plutôt dans le style des Blues. Crudup était un musicien dans la tradition des Delta Blues, donc exempté de ma généralisation précédente (que le genre R&B fusionne des styles antagonistes). Le fait est que cette chanson n’a pas atteint sa renommée avant que Elvis Presley la relance; ce chanteur, pour son public blanc, avait une voix et des hanches «noires». À ses débuts, le rythme puissant du rock et roll était adouci par la fluidité du saxophone. C’est seulement dans les années 1960 qu’il est substitué par une deuxième guitare, consolidant ainsi l’évolution du rock and roll au rock classique. /%5CAUTOIMAGES%5CVN47032lg.jpg Blue Suede Shoes Chuck Berry /d/da/Arthur_Big_Boy_Crudup_(blues_musician).jpg Big Boy Crudup

12 La guitare s’est transformée dans les années 1950 et 60; avant, elle fournissait un rythme doux, ou, dans le cas du jazz, des notes arythmiques qui ponctuaient le rythme dominant (p.e., Django Reinhardt). La guitare électrique, inventée dans les années 1930 et popularisée par l’entreprise Rickenbacker, permet aux guitaristes de passer à l’avant-plan. Au tout début, cela ne change pas le rôle de l’instrument, mais avec les rythmes plus insistants du Rockabilly et du R & B, elle commence à prendre la place qu’elle occupe aujourd’hui. Elle est en fait l’instrument principal de la musique populaire, et plusieurs genres traditionnels ont évolué en fonction du son amplifié de la guitare électrique. Parce que le son de cet instrument ne dérive pas des qualités sonores des matériaux de construction utilisés, à différence des guitares classiques, il est possible de produire cet instrument en quantités industrielles à bas prix, sur des chaines de montage. Les composants électroniques ne sont pas novateurs (la technologie existe depuis un siècle, plus ou moins). Un musicien peut même la construire lui-même, comme Brian May de Queen. content/uploads/2009/10/brianmay.jpg

13 Bref: la culture Afro Modern et, jusqu’à un certain point, le Black Atlantic incorpore d’éléments contrastants et dynamiques, et donc se présente comme une culture médiatrice capable de réconcilier la polarisation entre Noir et Blanc, entre l’élite et les sous-classes noires, et par métonymie, entre le haut et le bas. Une mise en scène parfaite pour les Soi qui émergeaient de la classe-moyenne en transition rapide et radicale dès les années 1950s. L’appropriation d’éléments culturaux est un acte de force. Utiliser la culture d’une autre, même reconnaitre qu’il est d’origine étrangère, n’est pas l’admirer ou même la donner un degré de légitimité. P.e., l’Orientalisme. L’appropriation souligne la puissance d’un groupe en affichant sa capacité de tracer (ou d'éliminer) les frontières culturelles.

14 Le problème, pour ainsi dire, est que l’appropriation se limite assez souvent à des éléments de la culture populaire (parfois transformée en culture pop) qui se font appropriés, car, 1) ces éléments ne sont pas appuyés par le pouvoir de la culture étatique «officielle» et donc définissent une zone relativement «neutre»; 2) ces éléments sont souvent dans le domaine du quotidien et donc sont sous le contrôle des individus (quand ils viennent de la culture populaire), ou ils sont simplifiés ou même recyclés. Richard Hamilton, 1956; l’œuvre qui a signalé, selon les critiques d’art, l’invention de l’architecture visuelle de la culture pop.

15 L’appropriation n’est pas un hommage de l’Autre
L’appropriation n’est pas un hommage de l’Autre. C’est aussi une façon de désamorcer les revendications qui émergent du statut marginal de personnes dans une position d’altérité. En assumant certains marqueurs d’altérité, les personnes plus favorisées peuvent se revêtir de l’inviolabilité morale: « on est solidaire avec vous et on assume vos problèmes, car on porte les mêmes vêtements ». Souvent l’appropriation d’«en haut» suit une tentative d’«en bas» de résistance venant de la part de personnes marginalisées. Par exemple, celles-ci peuvent utiliser les marqueurs de statut élite de façon hyper-correcte, soit pour se protéger contre une critique de leur statut inférieur, soit pour ironiser le statut d’élite auquel elles n’ont pas un accès facile; elles se cachent sous la voile de la complaisance, la complicité et l’ironie. Voir James Scott, Weapons of the Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance, Cette manifestation de culture ritualisée par les luttes pour le pouvoir symbolique devient souvent la base pour la popularisation, d’où émerge la culture pop.

16 L’iconographie est une des premières choses appropriées, car le signifiant est facilement déraciné de son contexte significatif. Deux époques, deux dynamiques: Blackface, appropriation qui a créé le stéréotype de l’Afro-américain superficiel; Eminem, appropriation qui a créé le stéréotype du banlieusard «rebelle», et donc transgressif, qui a donc « droit » de s’identifier avec les Noirs urbains. images/eminem-alive.jpg _DZe_gIc8I/AAAAAAAAAU8/A5V9-iW OuEc/s400/al%2Bjolson%2Bblack%2Bface.jpg Symbole australien «dreaming» exécuté en style polynésien Bandeau celte, inspiré par le mode «highlander» Caractères chinois d’un wapanese zg/l2jOzKbr7Y0/s400/c28pix8s7w6tl5rvnldelyzmmxcuw.jpg Voir le site dédié à l’utilisation de caractères chinois dans les tatouages occidentaux; selon le site, le tatouage ici signifie « cochon doré », qui n’était certainement pas l’intention de cet homme. uploads/2010/09/celtic-arm-band-tattoo.jpg

17 Le mouvement New Age a copié directement certains rituels des Autochtones des Plaines et du Sud-Ouest (mais pas ceux d’autres groupes retenus insuffisamment spirituels ou guerriers). Les cultes de cargo au Papouasie-Nouvelle Guinée sont un exemple d’une tentative échouée d’appropriation, car ils ont renforcé l’écart entre la population indigène et les Blancs /jpg/_ _marchers_300.jpg Le leprechaun (farfadet): appropriation ou non? Plusieurs répondraient oui, car, sous cette forme il ridiculise les Irlandais L’icône de futur républicain américain est une appropriation hybride des Boers de l’Afrique du Sud et des Autochtones nord-américains. /wp-content/uploads/2010/09/Boy_Scouts.jpg -content/uploads/2009/03/leprechaun.jpg

18 Les Black Hawks de Chicago: appropriation
Les (ex) Glorieux: aucune appropriation, car le symbole est «indigène» Combien savent que Ali G, avec son discours de Bob Marley et ses vêtements hip-hop, est le banlieusard Alistair Leslie Graham? .com/wp-content/uploads/2008 /10/chicago-blackhawks-logo.png / _B9E7D2EA5DFE8EB9 B7F90EED9279F95B//1Canadiens.jpg Les Wiggers et les gangbangers, une appropriation du pouvoir cru attribué au ghetto par les Blancs Avec la récente conscientisation de l’Occident envers les cultures arabo-musulmanes, le mehndi est émergé comme une appropriation de la part de certaines femmes occidentales bobo. images/mehndi/bari-eid-mehndi-deisgn.jpg 6/wiggers-demotivational-poster jpg

19 Margaretha Geertruida "Grietje" Zelle MacLeod, alias Mata Hari, a créé son personnage exotique après un séjour prolongé en Indonésie (une colonie hollandaise à l’époque). L’appropriation est toujours ambigüe du point de vue individuel, car les autres membres de la culture subalterne peuvent accuser l’«appropriateur» de complicité envers le régime dominant. Apple – comme la pomme, extérieur rouge, mais intérieur blanc (un Autochtone) ABCD – American-Born Confused Desi (le dernier étant un nom dérisoire pour des immigrants asiatiques, surtout s’ils sont de l’Inde) Banana – extérieur «jaune», mais cœur blanc; un Asiatique trop intégré Coconut – un Aborigène des iles du Pacifique qui est trop complice avec les blancs (peau foncée mais chair blanche) Oreo – du biscuit renommé, du noir qui enrobe un noyau blanc, donc, un Noir américain complice avec l’hégémonie «blanche» Plastic Paddy – un Irlandais trop conforme au stéréotype du gaillard buveur, selon les Irlandais Waki – White Pakistani Wapanese – White Japanese Wigger – White Nigger Cette terminologie critique envers les marginaux un peu trop désireux de faire un saut dans une structure de pouvoir colonial émerge d’un refus de la nostalgie structurelle, de la part de personnes qui souvent cherchent une autre voie d’accès au pouvoir. Celle-ci est composée de stéréotypes de l’identité nationale tacitement utilisés pour cacher les vices censés rester secrets, selon Michael Herzfeld, Cultural Intimacy, New York, 1997.

20 http://www.ukrainians.ca /images/stories/news/holocaust.jpg
Parfois, le métissage et le mélange ne se déroulent pas selon les dynamiques projetées par la publicité novatrice de Benetton conçue par Oliviero Toscani, de 1982 à 2000. /images/stories/news/holocaust.jpg

21 Le sémiopouvoir et le recyclage
«Danger, Will Robinson!» Quelques pages qui suivent sont recyclées de la présentation Le Décor. C’est ironique, parce que le sujet est le recyclage. Il y a également quelques pages de l’Orientalisme. Le robot sans nom ami du jeune Will, de Lost in Space, os/uncategorized/2008/04/23/light_bulb.jpg /10/full-size-lost-in-space-animatronic-b9-robot.jpg Les grandes lignes de force sont déjà tracées et elles ignorent la volonté et l’individualité. La décoration permet un microcontrôle de son environnement, de l’espace (lieu d’agir de l’État) et, récemment, du temps, par le biais du recyclage symbolique (on décide la durée de vie des objets; mieux, on peut renforcer le contrôle individuel de l’espace et du temps en reformulant le but d’un objet). L’appropriation sous la forme du recyclage, comme l’ironie, est un moyen de déclencher un dialogue entre sous-texte et texte, entre l’arrière-plan (visuel ou non) et l’avant-plan.

22 Du lieu à la ban-lieue Notez les décorations murales «exotiques» de l’époque (1965) et le pendant en macramé: les objets «ethnographiques» fournissent une touche du «naturel» et de l’«authentique» au décor. Candélabre-grenouille, 1960s images/product_lib/ /38452.jpg content/uploads/2009/01/090106h.jpg Banlieue: ÉTYMOL. ET HIST. − dr. féod. « espace (d'environ une lieue) autour d'une ville, dans lequel l'autorité faisait proclamer les bans et avait juridiction» (Beauvillé, Recueil de doc. inédits concernant la Picardie, , t. 4, p. 21 La banlieue serait donc un non-lieu?

23 L’orientalisme dans son premier sens se réfère à un mouvement artistique et littéraire surtout populaire en France (mais certainement avec des échos ailleurs) populaire dans la 2e moitié du 19e siècle. Son sujet, l’Orient surtout dans son sens du Moyen Orient (le mouvement s’apparentait à l’Égyptologie), était sélectionné pour souligner les aspects exotiques de cette région. Pour eux, comme pour les Romains, l’Orient commence aux Balkans. En fait, le critère saillant est culturel, car ce sont largement des cultures musulmanes qui sont orientalisées. On ajoute donc des sujets de l’Afrique du Nord, qui n’est aucunement l’Orient pour la France. Pour les Anglais, cela inclut l’Inde. Plus tard, avec l’expansion coloniale vers la Chine et l’Indochine, on y ajoute l’Asie et la Polynésie. L’orientalisation On a tendance aujourd’hui à diaboliser ce mouvement pour sa simplification de l’Autre, oubliant que plusieurs aspects des cultures orientales étaient admirés, pourvu qu’ils fussent dénaturés et décontextualisés par la distance. Combien d’aspects de l’esthétique victorienne et d’empire ont incorporé des «chinoiseries»? Intérieur victorien, avec tapis, rideaux et tapisserie ayant des motifs orientaux. AAAABqc/5EBFb1a1qT4/s400/aesthetic_interiors.com+victorian.jpg

24 L’orientalisme est associé à ce mouvement littéraire et surtout artistique du 19e siècle, mais il a certainement des antécédents, cars les Vénitiens, parmi d’autres empires européens, étaient en contact avec l’Orient depuis des siècles (on pense à Marco Polo, Livres des merveilles du monde, 14e siècle, qui décrit ses aventures sur la Route de la soie et dans la cour de Kublai Khan; ce livre devient un trope pour l’aventure orientale, par exemple le livre d’Umberto Eco, Baudolino, 2000). Voir Chris Bongie, Exotic Memories: Literature, Colonialism, and the Fin de Siècle, 1991, qui parle de l’Orient et les œuvres de Jules Verne, Pierre Loti, Victor Segalen, Joseph Conrad, etc., et David Lucking, Conrad’s Mysteries: Variations on an Archetypal Theme, 1986, qui explore Conrad et la dimension mythique et même ésotérique. Conrad a vécu une grande partie de sa vie en Orient. Au 20e siècle, l’«orientalisme» devient synonyme pour la diabolisation et l’asservissement de l’Autre, utilisant les techniques psychoculturels (appelé, parfois, l’hégémonie) propres à la gouvernance moderniste: manipuler les images et les signifiés du quotidien pour créer et renforcer une hiérarchie de valeurs qui souligne tacitement la puissance et la domination de l’idéologie occidentale. Voir Edward Said, Orientalism, 1978.

25 Il ne faut pas oublier l’influence énorme du Japon (le japonisme) et de la Chine sur la porcelaine (en Anglais, «china») et sur le design européen. Secrétaire en style vaguement colonial, mais avec décoration «orientale». s5/china/C/royal_worcester_chinoiserie_with_ box_P S0001T2.jpg Pas toutes les chinoiseries sont chinoises ou proviennent de la Chine; à gauche, un plat victorien. Porcelaine chinoise Porcelaine japonaise _files/store/product_fullsize/Mancelona-Porcelain-lg.jpg /maastricht/73_porcelain-jar.jpg Même des textiles qui allaient devenir populaires avec l’émergence du style liberté (Art Nouveau) sont influencés par les motifs orientaux exportés vers l’Occident avec la porcelaine. Ce n’est pas de l’appropriation, mais un emprunte.

26 Vasily Vereshchagin, Dervishes in Tashkent (c.1880)
L’individu est dominé ou caché par ses vêtements ou par la perspective sélectionnée par l’artiste.

27 Fabbio Fabbi, The Dream (c.1890) .
Un autre sujet préféré des orientalistes: l’utilisation de la drogue et la recherche exagérée du plaisir; la décadence, la débauche. Notez l’attention exquise aux détails des vêtements (qu’établit un contraste avec la condition physique un peu dégénérée de l’homme, représentée par ses mains) et le fait que les débauchés sont présentés comme passifs. Notez aussi le sujet de son rêve, manifesté par les visages de jeunes filles à droite.

28 William Hogarth, Beer Street (gauche), Gin Lane (droit) (1750s) Avant le 20e siècle, la débauche en Occident est une forme d’agression sociale. Peut-être le contraste que les orientalistes ont saisi représente une envie de la débauche «passive» de l’Orient. Le manque d’agression dans les représentations de l’Orient souligne la normalité du kayf, le loisir et la détente. À noter que le loisir oriental est certainement lié à un rythme d’une vie non industriel, et que Hogarth vivait au plein milieu de la révolution industrielle, qui impose ses rythmes farouches sur le corps et sur l’âme. Un corolaire: la fameuse politesse orientale n’est qu’une ritualisation de la passivité de l’individu face à la société.

29 Ludwig Hans Fischer, An Arab Caravan (1903)
Ici on voit non seulement l’accent sur les détails qui dominent et éclipsent les personnes, mais aussi l’utilisation d’un autre technique préféré des orientalistes, l’illumination contrejour (qui est quasiment l’inverse du chiaroscuro italien), qui effectivement utilise la lumière pour exagérer l’importance de l’environnement aux dépens des personnes. Le chiaroscuro « occidental » utilise la lumière pour mettre en relief l’individualité du sujet.

30 Charles Théodore Frère, The Caravan (1870s)
La même chose, mais avec une illumination contrejour tellement exagérée qu’elle annule totalement les personnes. Le mouvement et le déplacement de personnes sont un autre thème préféré, dont le sous-texte suggère le manque de racines (un passé flou; les personnes donc vivent dans une dimension atemporelle) et la faiblesse de la dimension civilisée qui pousserait les Arabes à se déplacer continuellement: le nomadisme souligne leur manque de villes et donc de civilisation.

31 Léon Belly, Pilgrims Going to Mecca (1861)
Illumination contrejour, masse humaine un peu chaotique, la primauté accordée aux chameaux (et donc de la nature aux dépens de l’humain; ce sont les animaux qui semblent « guider » les personnes), et le mouvement, l’organisation spatiale des personnes en flèche qui vise et menace le public européen qui visionne cette toile – tous des techniques et des thèmes préférés des orientalistes ici unies dans un seul portrait, et la raison pour laquelle on appelle cette illustration la plus grande du genre.

32 Gérôme, Le bain de l’harem (1876) Les femmes sensuelles et langoureuses, avec un esclave mâle qui en effet domine les femmes, en dépit de son statut, par sa taille exagérée

33 Léon Belly, Fellaheen Women by the Nile (1863) Illumination contrejour, visages cachés, et l’accent sur les fesses et les seins nus suggèrent une condition sensuelle et donc un peu sauvage.

34 Bridgman, Le sieste, 1878 Le féminin comme métaphore de l’Orient, dans une pose très sexuelle. La femme langoureuse séduit toujours, même quand elle dort. Ceci suggère la qualité primordiale, incontournable et naturalisée de la sensualité orientale.

35 La petite baigneuse, ou l’intérieur du harem (Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1838)
Parfois, l’appropriation est recyclée; ici, l’original d’Ingres, La Baigneuse de Valpinçon, 1808 /items/tn_12-La_baigneuse_de_Valpincon_817.jpg Le dos tourné est une stratégie préférée pour représenter les odalisques; dans ce contexte, cacher les attributs féminins ne fait que les souligner, de surchauffer l’imagination érotique.

36 Ingres, l’Odalisque et l’esclave (1839) (en arrière-plan, un gardien); quand la femme est présentée du devant, elle est souvent dans une pose langoureuse

37 Mariano Fortuny Marsal, Odalisca (1862) (la menace indistincte)

38 F. Boucher, Odalisque blonde (1752) (l’Europe menacée)

39 Eugène Delacroix, L’odalisque (1857)

40 Orientalisme: viol, esclavage et le sauvage Délacroix, Le mort de Sardanapulus, 1827

41 Karoly Csuzy, Nubian Man (1880s) Toujours un homme sensuel, dans une pose évocatrice de l’Odalisque de Ingres; la musculature évidente est drôlement féminisée par la pose

42 Jean-Léon Gérôme, La danse pyrrhique (1885) Cette danse est censée être un rituel de magie sympathique avant de se lancer au combat, mais en dépit du sujet belliqueux, le danseur principal (voilé) a une jupe très féminine, pour ne pas mentionner que l’idée des soldats dansants devait apparaitre assez bizarre aux Européens.

43 Jean-Léon Gérôme, Prière dans la mosquée, 1871
La religion, dont la qualité mystique et donc «orientale» est établie par la domination de l’architecture, surtout par la présence d’une grille suspendue qui encadre les hommes en prière et qui suggère que la structure du bâtiment a besoin d’être renforcée (contraste implicite avec l’architecture et les techniques de construction plus robustes des Européens). L’alignement des personnes en ordre militaire est-il signe que l’artiste voit ces personnes comme faisant partie d’un troupeau? _Prayer_in_a_Mosque_1871_LS_d2h_.jpg


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