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Acquisition de la parole: production, du babillage aux premiers mots

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1 Acquisition de la parole: production, du babillage aux premiers mots
L7PHO (CM2) Acquisition de la parole: production, du babillage aux premiers mots (P. Hallé, LPP) 8 Octobre 2008

2 CM2: Acquisition 1 : Description des différentes étapes observées pour les productions vocales des jeunes enfants, de 0 à 2 ans ; aspects segmentaux (consonnes, voyelles, syllabes) et prosodiques ; l’accent est mis sur la “spécialisation” des enfants pour leur langue maternelle (quels aspects de leurs productions vocales deviennent typiques de leur langue maternelle), en dehors des contraintes universelles (maturation anatomique et contrôle moteur). La première partie du cours est centrée sur les caractéristiques phonétiques du babillage ; dans la seconde, on aborde l’émergence des mots produits, y compris celle des mots ou proto-mots de fonction. => savoir décrire les différentes étapes, en particulier le babillage => savoir distinguer/expliquer les aspects spécifiques et les aspects universels

3 (1) CAPACITÉS/CONNAISSANCES INNÉES versus APPRISES
ENJEUX THÉORIQUES (1) CAPACITÉS/CONNAISSANCES INNÉES versus APPRISES • inné vs. acquis / organe du langage vs. “tabula rasa” Grammaire Universelle (GU) vs. apprentissage ex nihilo en tout cas, interactions complexes entre organisme et environnement. • moyen terme : mécanismes innés pour l’acquisition du langage ? (2) PHYLOGENÈSE / SPÉCIFICITÉ DE LA PAROLE • Evolution progressive (incrémentale) vs. mutation ? singes apprenants, enfants privés d'input • Etapes intermédiaires, proto-langages ? • Spécificité des diverses langues • Spécificité du traitement de la parole (vs. autres sons) Enjeux théoriques • La faculté du langage engage-t-elle des capacités innées ? Ce serait l’organe du langage, postulé par les théories nativistes: cf. Chomsky, Pinker, Jackendoff, etc. Le LAD (Language Acquisition Device) de Chomsky. D’autres (rares) postulent des mécanismes d’apprentissage généraux: cf. Bates, Locke (ancêtre lointain de la tabula rasa et le John Locke contemporain). • le moyen terme, c’est “l’instinct du langage”; un précâblage certes mais limité à des mécanismes de traitement, n’impliquant pas de représentations préétablies: cf. Jusczyk & Bertoncini, etc. • Question de la spécificité de la parole (=langage parlé): - est-elle spécifique à l’espèce humaine ? (on voudrait bien que oui: la parole est le propre de l’homme … - son traitement est-il spécifique ? C’est à dire différent du traitement des bruits, des sons quelconques ?

4 connaissances innées vs. acquises par apprentissage ?
Question dépassée ? Non, le débat est vif et l’enjeu important : l’esprit de l’enfant a-t-il un contenu indépendant de l’expérience ? => Points de vue empiriste vs. innéiste Elizabeth Spelke: théorie des “core knowledge” innés (géométrie, numérosité, physique, balistique, orientation dans l’espace…). Ces core knowledges, peuvent être communs à plusieurs espèces animales. C’est leur utilisation en combinaison qui peut être spécifique à telle ou telle espèce animale.

5 “Core Knowledge of Geometry in an Amazonian Indigene Group” Dehaene, Izard, Pica, & Spelke (2006), Science, 311, Does geometry constitute a core set of intuitions present in all humans, regardless of their language or schooling? ... Mundurukú children and adults spontaneously made use of basic geometric concepts such as points, lines, parallelism, or right angles to detect intruders in simple pictures ... evidence for geometrical intuitions in the absence of schooling, experience with graphic symbols or maps, or a rich language of geometrical terms.

6 “… tendance instinctive à acquérir l'art du langage”
organe du langage vs. apprentissage non spécifique arguments pour l'organe : • Idiots parlant; e.g., syndrome de Williams • Dysphasiques surdoués ; Autistes Asperger qui ne parlent pas (ne peut s'expliquer par apprentissage ou défaut d'apprentissage) • Malgré la pauvreté de l'input les enfants apprennent à parler sans effort : (re)création d'une langue structurée sans langue maternelle véritable - créoles à partir des pidgins - langues signées à partir de "pidgins" signés (Nicaragua: LSN  ISN) - cas d'enfants développant seuls une langue signée • combinatoire infinie, production de nouvelles phrases jamais apprises… Compromis entre organe et apprentissage général Ce qui est inné n'est pas la GU, mais un programme d'acquisition (innately guided learning) : cf. Darwin qui parlait déjà de “… tendance instinctive à acquérir l'art du langage” La question de l'organe du langage GU, rien, ou des capacités d'apprentissage générale ? arguments pour l'organe : -- idiots parlants vs. dysphasiques surdoués = qui n'ont pas ou ont le potentiel intellectuel (?) pour "apprendre". Ce potentiel n'a rien à voir avec la parole. Cf. aussi Lenneberg (sixties): la capacité du langage indépendante du QI (sauf pour les cas de retard mental très grave); en particulier, les surdoués n'apprennent pas plus vite ou ne maîtrisent pas mieux le langage que les normaux. -- les enfants apprennent à parler malgré la pauvreté de l'input : • acquisition sans effort; • invention, création d'une langue structurée en l'absence de langue maternelle véritable (créoles à partir des pidgins; langues signées à partir de "pidgins" signés ou de transposition signée de langue orale: "Idiome des Signes du Nicaragua" et "Langue des Signes du Nicaragua";• enfants développant seuls une langue signée (e.g., "Simon") (Pinker, 1994) -- combinatoire infinie et production de phrases nouvelles jamais apprises… compromis : ce qui est inné n'est pas la GU, mais un programme d'acquisition (innately guided learning). Darwin parlait déjà de "… tendance instinctive à acquérir l'art du langage"

7 Question des singes Enfants privés d'input
'30s: Gua (Kellog's) couldn't speak '40s: Vicki (Hayes') said 'cup', 'up', 'mama', 'papa' (?) '60s: Washoe (Gardner's) (adapted) ASL: 130 signs, 2-3 w-sentences? '70s: Loulis, son of Washoe (Fouts') learned signs from mother? ——: Lana (Savage-Rumbaugh) keys on electronic keyboard ——: Nim Chimsky (Terrace) ASL ——: Sarah (Premack's) magnetic tokens: learned "colour" concept ——: Koko (Patterson) ASL, created new words: 'eye-hat' ≈ 'mask' … '90s: Kanzi (Greenfield) ASL/keyboard learned some syntax? Chomsky: why would chimps need us? language faculty is so advantageous... Enfants privés d'input légendes: Psamtik I (600 BC): selon Hérodote, 1er mot becos (Phrygien); autres: Jean IV d'Ecosse: l'hébreu… Victor de l'Aveyron (Sicard puis Itard): never could speak (only "Oh Dieu") but could write. 'Genie': enfant placard '70s (!) at 13: only learned telegraphic speech. 'Isabelle': isolée avec mère muette -> 6: good language level after 2 years! Helen Keller: sourde/aveugle à 19 mois: apprend par le toucher (w-a-t-e-r), puis à parler (-> méthode Tadoma), à lire/écrire le Braille… Suggère: l’âge est critique surtout pour le langage parlé (Victor); implications pour un "organe du langage" ? Pour comparaison: cas d'enfants privés d'input; selon l'âge de la privation, une récupération du langage est possible ou non (notion d'age critique); rien de tel chez les singes … Singes "surexposés" au langage humain: ils n'apprennent guère. Enfants sauvages/séquestrés privés d'input: ils "savent" quand-même ! => Les humains ont au départ qqch comme un organe du langage ou des prédispositions pour qu'un tel organe se développe.

8 PLAN ◊ production: spécialisation vers la langue maternelle • aspects généraux (liés à la prosodie) - exemples de babillages anglais, français … • caractéristiques segmentales - voyelles, consonnes, cooccurrences - vers le modèle adulte • premiers mots • mots de fonction

9 Variantes terminologiques
Productions vocales enfantines: les stades "classiques" (1) 0–2mois : sons "végétatifs" ou "réflexifs" (2) 2–5 mois : 'cooing' (arheu, agueu …); 16 semaines : rire vers 4–5 mois : contrôle phonation, premières voyelles (Koopmans van Beinum & van der Stelt, 1979) (3) 3–7 mois : vocalisations "volontaires", (qques protosyllabes) (4) 7–10 mois : babillage canonique (syllabes répétées et jargon) (5) 9-11 mois : 'variegated' babbling et jargon Variantes terminologiques "Goo" stage (Oller, 1980), "Cooing" (Stark, 1980), "Glottal" and "Velar" stage (Roug et al., 1989). "Expansion stage" (O), "Vocal Play" (S), "Vocalic stage" (R) Koopmans van Beinum (1979): uninterrupted/interrupted phonation (1/2) single/reduplicated articulatory movements (2/4), phonatory variations (3) Cooing: une explication (spéculative) des sons de gorge (roucoulements) est qu'à cet âge les bébés sont souvent allongés sur le dos => langue va vers l'arrière par gravité Bleu: avant le babillage Vert: babillage

10 Positions théoriques sur le statut du babillage
• exercices sans rapport avec le stade linguistique des 1ers mots Jakobson (1941: Langage enfantin et aphasie) Chomsky (1959: A review of Skinner's Verbal Behavior, Language) Lenneberg (1967: Biological foundations of language) (pts communs: 1. caractère universel, 2. input peu (pas) important, discontinuité entre babillage et 1ers mots) • continuité entre babillage et 1ers mots, modèle "biomécanique" MacNeilage ( : Frames then Contents) Lindblom (1992: phonological units as adaptive emergents) (base = cycle mandibulaire; contraintes perception/production ; on reste dans l'universel mais la continuité observée est expliquée) • interaction entre contraintes universelles et "expérience" de l'input de Boysson-Bardies et col. (1989: babbling drift, cf. Brown '50s) (sélection des formes phonétiques et prosodiques pertinentes) • MacNeilage: oscillation mandibulaire = geste de base organisateur de toutes les productions de parole ; ancienneté biologique du noyau du rythme: SMA + basal ganglia; lobe pariétal (postérieur inférieur) <-> boucle articulatoire • Lindblom: les systèmes phonétiques émergent "mécaniquement" comme adaptations aux contraintes de production (faisabilité) et de réception (discriminabilité); systémes auto-organisés.

11 importance de l'input auditif et visuel; convergence vers le modèle adulte (hypothèse de l'interaction) • orientation "spéciale" des enfants pour la parole: détection des accents étrangers (Grégoire, 1937: anecdotes; Mehler et al., 1988: données expérimentales) • capacités d'imitation des expressions/gestes, e.g. du visage: Meltzoff & Moore (1977), Science. • enfants sourds: des vocalisations jusqu'à 6 mois, mais babillage retardé (~4-6 mois), et surtout des [ba, ma, pa] "visibles" babillage manuel • données empiriques des études inter-langues => convergence - jugements par adultes des productions enfantines - analyses acoustiques - comptages basés sur transcriptions larges • parallélisme production / perception Grégoire: son fils Edmond ~10 mois riant aux éclats en entendant un ami anglais parlant le français avec un fort accent… Enfants aveugles. Quelques problèmes, bizarrement (?) pour la grammaire: style télégraphique avec peu de morphologie, peu de mots de fonction. Production / perception : parallélisme pour la spécialisation après ~8 mois pour ce qui est segmental, bien avant pour ce qui est prosodique.

12 Facial imitation at 2-3 weeks
Meltzoff, A. N., & Moore, M. K. (1977). Imitation of facial and manual gestures by human neonates. Science, 198,

13 Petitto & Marentette, 1991, Science
babillage manuel Petitto & Marentette, 1991, Science Petitto et al., 2001, Nature Les enfants exposés à l'ASL ont, en plus du beat "rapide" (2.5 Hz), un rythme lent (~1.5 Hz) : ce serait la base du babillage manuel. Relation avec le babillage "vocal" (i.e., normal): la base syllabique. On considère que le babillage vocal apparaît lorsque au moins 20% des productions ont un "format" syllabique : durée < 500 ms, attaque-rime, variations F0 dans une registre modal. Ce critère des 20% est appliqué ici pour les gestes des mains : sont comptés comme proto-signes ceux qui ont des caractéristiques dynamiques proches des gestes signés. (notation par des juges experts en ASL) Le panneau de droite donne une idée de ce qui peut différencier la dynamique des proto-signes et celles des gestes ordinaires.

14 Base du "babillage manuel" : Petitto et al. (2001), Nature

15 (Holowka et Pettito, 2002, Science: 10 5-12-mos Fr/Eng babies)
Pour commencer, quelque chose de mignon: Dès 7-8 mois, les bébés babillants utilisent leur hémisphère gauche pour babiller, et plutôt le droit pour sourire, grogner, etc. Le babillage n’est donc pas un simple exercice pour se dégourdir les mandibules. Il est bien prélinguistique, mais dans le sens où “pré-” signale un précurseur. Les bébés utiliseraient le côté droit de la bouche (plus ouvert) pour le babillage, mais pas pour les sourires ou autres sons de "non-babillage" (Holowka et Pettito, 2002, Science: mos Fr/Eng babies)

16 smiling BABBling MLI: indice de latéralité; positif (rouge) => ouverture de la bouche davantage à droite qu'à gauche; négatif (bleu) => supériorité gauche … Donc HG impliqué dans babillage vs. HD ds sourire et grimaces (affectif) Fig. 1. Consecutive frames from video recordings showing a baby's left mouth opening while smiling (left) and right mouth opening while babbling (right). Mean Laterality Index (LI) scores for all of the babies were as follows: babble = (red), nonbabble = (yellow), and smile = (blue).

17 Les babillages commencent à se différencier dès 8 mois
Expériences de jugement subjectif (de Boysson-Bardies et al., 1984) : Ss adultes français ; paires d'échantillons babillage [fr. , autre] échantillons de babillage comparaison 8 mois 10 mois français vs. tunisien français vs. cantonais pourcentages d'identifications correctes (lequel des deux est français ?) Comment: à 10 mois, bébés français et cantonais difficiles à distinguer (moins d'infos de nature prosodique). critères possibles: intonation, qualité de voix … bébés tunisiens: attaques dures, friction dans relâchements, accentuation. bébés français: allongements, modulations plus douces. bébés cantonais: entering tones –> glottal stop exemples adultes : 合 [hap], 一 [yat], 國 [kok] => [ha?, yat?, ko?]

18 extrait de babillage "cantonais"
Typique du cantonais ? [la.a˘E) ta?] ton "entrant" sur [ta] (≈ [taë])

19 extrait de babillage "algérien"
Typique d'une langue arabe? [?ajze ajE˘] (glottal stop en initiale)

20 extrait de babillage "british"
No comment … On croit reconnaître "sandwich" (+ pattern F0 !)

21 extrait de babillage "français"
Un échantillon moins exotique (bien français ?) [bujeojae˘]

22 A coté de ces impressions qualitatives, y a-t-il des différences que l'on pourrait quantifier ?
• prosodie, patterns métriques (Levitt & Wang,1991) : différences entre bébés français et américains dès 5 mois • propriétés spectrales : spectres LTS (long term spectra), reflétant positionnements supralaryngaux spécifiques ? • timbre et distribution des voyelles : "espaces vocaliques" influencés par l'environnement linguistique ? • distribution des consonnes • cooccurences CV • aspects "coarse grain" (squelettes syllabiques, patterns syllabiques …)

23 Espaces vocaliques pour 4 communautés (10 mois)
British English Algerian French Cantonese Des différences mais pas faciles à voir. (statistiques: distances de Mahalannobis entre nuages) Ellipses à 75% de confiance (de Boysson-Bardies et al., 1989, JCL)

24 Indice de compacité F2/F1 pour 4 communautés (adultes vs.10 mois)
Plus illustratif: les centres de gravité des nuages de points précédents Exemples: /a, O/ compactes ; /i/, /e/ diffuses

25 Distributions des voyelles (~ 18 mois: français vs. japonais)
high back [u, ¨] mid front [e, E] high front [i, y] Tendances: beaucoup plus de HB (très net) et HF en japonais qu'en français; davantage de MF en français. Tendances pour les langues en général (language), les mots adultes "visés" par les enfants, les premiers mots et le babillage.

26 Distributions des consonnes (français, anglais, japonais, suédois)
% labiales % occlusives 0-25 Words :10 mois à mois Tendances stables : les français ont (a) le plus de labiales et (b) le moins de stops; les % n’évoluent pas beaucoup, mais les SDs diminuent de façon marquée (de ~24% à ~8%)

27 Affinités "biomécaniques" (MacNeilage & Davis, 2000, Science)
[ma, dæ, go] adult infant Fig 1. A schematic view … [with] the three intrasyllabic CV co-occurrence patterns … [mama, dædæ, gogo] by an American adult and babbling episodes … can be heard at Science Online:

28 mais est-ce bien un [æ] plutôt qu'un [a] ?
mama taetae mama taetae adulte : mama, tætæ F2 pour [æ] vs. [a] : ~1900 > ~1200 Hz enfant : mama, tætæ ? F2 pour [æ] vs. [a] : ~1450 < ~1750 Hz

29 Tendances universelles ? MacNeilage & Davis (2000), Science
AJA mother, older female relative 15. MANO man 2. BU(N)KA knee, to bend 16. MENA to think (about) 3. BUR ashes, dust 17. MI(N) what? 4. CHUN(G)A nose, to smell 18. PAL the number 2 5. KAMA hold (in the hand) 19. PAR to fly 6. KANO arm 20. POKO arm 7. KATI bone 21. PUTI vulva 8. K'OLO hole 22. TEKU leg, foot 9. KUAN dog 23. TIK finger, the number KU(N) who? 24. TIKA earth 11. KUNA woman 25. TSAKU leg, foot 12. MAKO child 26. TSUMA hair 13. MALIQ'A to suck(le), nurse, breast 27. ?AQ'WA* water 14. MANA to stay (in a place) Les 27 mots de M. Ruhlen communs à toutes les langues (controversé !) Affinités CV Vowel Front Central Back Coronal Consonant Labial Dorsal — Biais "LabCor" C2 Labial Coronal Dorsal Labial — 8 3 C1 Coronal Dorsal 1 5 —

30 CV affinities in the first & second syllabes of CVCVs (interaction…)
Adult reference 10-12-month-olds blue: 'biomechanic' (8 et 8); brown: 'unpredicted' (10 et 14) (only data for at least 5% of total CV productions are presented) (de Boysson-Bardies, 1993, "Ontogeny of language-specific syllabic productions")

31 Conclusion sur les productions précoces
• Convergence nette vers la langue maternelle dès 10 mois • Aspects les plus saillants : - D'abord des aspects larges, plutôt prosodiques - Puis les voyelles - Ensuite, consonnes et patterns syllabiques • L'appartenance linguistique d'un enfant est reconnaissable vers mois.

32 quelques données de prosodie
• communication par l'intonation (vers 4-5 mois ?) - d'Odorico (1984), JCL : corrélations 'type de cris' x 'signifié' - Huttenlocher (1984) : compréhension 'no!' ≈ 'yes!' • imitation des contours F0 dès 4 mois - Kuhl & Meltzoff (1982), Science : observation 'anecdotique' • effets positifs du registre "motherese" (intonation exagérée) • différences inter-langues pour énoncés bi-/tri-syllabiques dès 7 mois (Whalen et al., 1991 ; Levitt & Wang, 1991) : reliés aux patterns prosodiques adultes globaux. • pas de convergence vers le modèle adulte avant ~20 mois pour les tons chinois et thai (Li & Thompson, 1977; Clumeck, 1980; Tuaychaoren, 1977), ou pour l'accent de mot en japonais (Hallé et al., 1991: émergence vers 18 mois).

33 babillage tardif ca. 16-18 mois
[ÔQÔç] (japonais, 18.6) Hallé et al., 1991, L&S

34 Accent de mot reproduit par les 18 mois japonais ?
Taro Emi => Tendance émergente à la conformité au modèle adulte

35 Point sur le babillage • les voyelles produites dans le babillage s'orientent vers le modèle adulte vers 10 mois. • pour les consonnes, ce serait un peu plus tard (12 mois) (à partir de comptages ; données acoustiques non fiables.) • c'est l'ordre observé pour la spécialisation en perception. Le retard de la production sur la réception est une constante en acquisition du langage (e.g., acquisition lexicale). ◊ Situation moins claire pour la prosodie selon intonation vs. ton/accent lexical (cf. Chao 1969: 'ripples and waves'): - jeu sur l'intonation précoce en communication - patterns accentuels moins précoces (e.g., tons)

36 EXTRAS: premiers mots

37 Les premiers mots en production
Stratégies pré-phonologiques “Squelette mélodique” = mise à un gabarit standard Exemple : gabarit CVLV (consonne-voyelle-/l/-voyelle) ballon  bala cuillère  kola canard  kala (2) “Pattern harmonique” = simplification par harmonisation des consonnes (ou des voyelles) Exemples : chapeau  papo gâteau  tato

38 Systématisation proto-phonologique
Exemple : “Henri” (cf. de Boysson-Bardies, 1996) modifie les mots de structure mVCV (/m/-voyelle-consonne-voyelle) en remplaçant /m/ par /b/ ou par /p/: /b/ si C voisé /m/  Exemples : /p/ si C non voisé C non voisé (/s/): monsieur  peusieu C non voisé (/S/): méchant  pécha C voisé (/z/): musique  bizik

39 Capacités grammaticales précoces
Nous nous limitons ici à des opérations relativement simples de traitement syntaxique, et même, au seul cas des syntagmes du type déterminant + nom. - les déterminants ont une charge sémantique faible, pas de référent clair, ne contribuent pas à l’affectation des rôles thématiques. - pauvreté phonétique/phonologique (formes réduites, acoustiquement peu saillantes,)

40 point de vue empiriste : formules apprises
• l’enfant extrait peu à peu de l’input des séquences qui ne sont d’abord pas analysées (mots globaux); il acquiert d’abord — par des mécanismes statistiques d’apprentissage général — des “formules lexicales”. Par exemple, “petit suisse”, “la moto” … • les catégories grammaticales émergeraient plus tard, pas avant le stade “combinatoire”, vers 2-3 ans. (Cette “émergence” reste mystérieuse...) Il y a donc pour l’acquisition de la catégorie déterminant: (a) non-précocité (> 2-3 ans) (b) discontinuité (système non structuré  structuré) (d’une mosaïque de formules à une grammaire) * Par exemple, “la moto” représenté par un tout insécable ** mosaïque de formules figées –> une grammaire

41 • les formules sont spécifiés phonétiquement pour tous les éléments qui les composent. (“petit suisse”, “mon biberon”). D’où une 3ème propriété : (c) spécification (la formule est totalement spécifiée phonétiquement) Enfin, (d) peu ou pas de combinatoire => peu d’overlap (de “recouvrement”) entre les formules acquises. test de l’overlap pour des séquences det.+N : Overlap si N produit après de nombreux déterminants (ex. mon canard, le canard, ces canards …) pas d’overlap si N n’est produit qu’après tel déterminant exemple: canard après le => la formule le canard

42 point de vue innéiste : décomposition-recomposition
L’enfant a des concepts innés sur des catégories latentes. L’input permettra de “remplir” les catégories. • le remplissage des catégories est possible très tôt pour les mots de fonction fréquents (ex. déterminants). • la capacité innée à segmenter en groupes syntaxique-prosodiques aide à découvrir les déterminants, et s’ils sont avant ou après les noms (bord gauche ou droit). Les mots de fonction (ex. déterminants), conjugués au découpage prosodique, fournissent le squelette grammatical des énoncés.

43 • le remplissage des catégories est incrémental; pour les déterminants, l’enfant en “code” de plus en plus, et les représente d’une façon de plus en plus détaillée. Tous ces aspects correspondent à des propriétés à peu près opposées à celles prédites par la vision empiriste: (a) précocité (déterminants reconnus/traités tôt) (b) continuité (enrichissement incrémental) (c) sous-spécification initiale (phonétique, morpho-syntaxique) (d) combinatoire (=> overlap)

44 Données de productions précoces (2-3 ans)
• les enfants de 2 ans omettent les déterminants… => Ils n’en ont pas de représentations ? (pt de vue empiriste) Une conclusion opposée est tirée d’une analyse plus fine: (a) tâches d’imitation (Gerken et al., 1990: 26 mois): Pete pushes the ball —> Pete pushes ball Pete pushes na ball —> Pete pushes naball Les enfants font donc bien la différence entre the et na… “…les 2-ans analysent the comme un morphème et na comme début du mot naball…” (Gerken et al., 1990)

45 (b) études de corpus (Valian et coll., 1986-2008):
à 2 ans, les enfants (MLU≈3-4) omettent les déterminants ~9 fois sur 10. Mais lorsqu’ils les produisent: • pas de confusion avec les adjectifs (det.≠ modificateur) the red truck, jamais *red the truck the green green truck, jamais *the the truck the tiny green truck, jamais *the my truck • positifs au test d’overlap (e.g., ball apparaît dans the ball, a ball, my ball, etc.); si on tient compte du nbre de fois où chaque N apparaît avec un déterminant, pas de différence enfant-adulte.

46 (c) “filler syllables” (FS)
• produites en général avant un mot; souvent réduites à une voyelle non-accentuée; variabilité inter-enfants; documenté pour langues européennes (à déterminants); disparaissent vers 3-4 ans (deviennent déterminants). • modèle de la sous-spécification initiale: les FS sont des formes sous-spécifies de déterminants; leur existence même est difficile à expliquer par la théories des “formules lexicales” bien spécifiées: une forme FS+nom est toujours qqch que l’enfant n’a jamais entendu.


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