Ressources « De l’orthographe à la production d’écrits courts »
5 principes
1er principe : Etablir une véritable progression
Deux postulats La langue doit être considérée comme un système régulier en appui sur des éléments structurés, reliés entre eux et hiérarchisés. Cet apprentissage s’inscrit dans la durée.
P1. Les incontournables au Cycle 2 Assurer une orthographe phonétique sûre qui représente 80% de l’orthographe ; Prendre conscience des classes de mots et les liens entre eux (mots de la même famille, mots génériques) ; Comprendre les variations et les variables du verbe ; les mémoriser ; Mémoriser des mots invariables et mots outils. Les progressions devraient tenir compte: pour l’orthographe lexicale, de la fréquence des mots ou du répertoire des mots dont les élèves ont besoin pour écrire dans toutes les disciplines pour l’orthographe grammaticale, de leurs possibilités de compréhension des notions syntaxiques et morphologiques correspondant aux structures qu’ils utilisent dans leurs écrits ) Le temps d’apprentissage c’est parce qu’on ne prend pas suffisamment le temps que l’on finit par en perdre à revenir sans cesse sur les mêmes points utiliser le temps scolaire en prenant le temps qu’il faut: voir moins de choses, mais plus en profondeur
P1. Les incontournables au Cycle 3 Respecter la chaîne d’accord dans le GN ; Respecter la chaîne d’accord dans le GV ; Respecter l’accord avec le sujet du participe passé conjugué avec être ; Distinguer le participe passé de l’infinitif (verbes en –er) ; Conjuguer les verbes irréguliers les plus fréquents (être, avoir, aller, dire, faire, pouvoir, prendre, venir, voir, vouloir) ; Distinguer les homophones grammaticaux ; Mémoriser les mots outils (invariables) ; Connaître les homophones lexicaux les plus fréquents.
P1. Un exemple: l’accord en nombre dans le GN Déterminant Adjectif Nom Des propriétés: Le nom commun est porteur du genre (intrinsèque à chaque nom) et il varie en nombre. La variation est marquée par un « _s » terminal muet dans 90% des cas.
P1. Repères de progression
P1. Des outils Pour savoir si un mot est fréquent: manulex : base informatique de données qui fournit la fréquence des formes fléchies ; Eduscol : liste de 1462 mots les plus fréquents, constituée par le lexicologue Étienne Brunet, rassemble près de 1500 mots, les plus fréquents de la langue française. Pour savoir si un mot est difficile à un âge donné Échelle Dubois-Buyse classe 3724 termes en fonction de leur difficulté orthographique en 43 échelons ; EOLE: l’’échelle d’acquisition en orthographe lexicale présente pour chacun des 11 979 mots retenus le pourcentage d’élève qui l’écrivent conformément à la norme à chacun des 5 niveaux de classes. Eduscol:Echelle Dubois-Buyse: L’échelle d’acquisition en orthographe lexicale: présente pour chacun des 11 979 mots retenus le pourcentage d’élève qui l’écrivent conformément à la norme
Distinguer mémorisation et analyse 2ème principe Distinguer mémorisation et analyse
P2. L’orthographe lexicale se mémorise Anticiper les difficultés en rapport: à la fréquence du mot ; à la fréquence des correspondances phonèmes-graphèmes: toboggan/ hamburger ; au nombre important de graphèmes potentiels: mouche/reine- rainette- rayon ; aux lettres muettes: petit, souris, toupie, fourmi* ; à la distinction graphique des mots homophones, à l’accès à la compréhension: père, pair, paire.
P2. L’orthographe lexicale se mémorise Aider à la mémorisation de l’orthographe lexicale sélectionner les mots : faire apprendre en fonction de la fréquence et de l’utilité ; manipuler les mots: les classer en s’appuyant sur tous les indices pertinents pour les élèves ; identifier des similarités morphologiques: les décomposer pour être analysés en morphèmes (africain comme américain) ; décortiquer les mots: découpage en syllabes orales puis écrites, en phonèmes, puis relier à la graphie (observer/effacer/ reproduire/comparer).
P2. L’orthographe grammaticale s’analyse Analyser c’est: Prendre de la distance et poser la langue en tant qu’objet d’étude ; Construire des concepts conventionnels à partir d’expériences personnelles puis s’appuyer sur ces connaissances grammaticales, ces concepts (identification de la nature des mots) ; Repérer les groupements de mots ; Prendre en compte le contexte pour établir des relations entre les mots, entre les groupes de mots ; Connaître les conséquences de ces relations et les modalités de mise en œuvre.
Différencier connaissance et mise en œuvre 3ème principe : Différencier connaissance et mise en œuvre
P3. Les connaissances Connaître un mot ou une règle ne suffit pas à mobiliser l’un ou l’autre au moment où on écrit un texte. Nécessité de resserrer les liens entre activités d’orthographe et activités d’écriture. La finalité de l’orthographe c’est d’avoir des connaissances afin de les mobiliser dans les écrits. Chaque séquence d’orthographe doit obligatoirement intégrer un temps d’écriture.
P3. Ecrire un texte: une mise en oeuvre Limiter la surcharge mentale: rechercher des idées, élaborer des phrases, transcrire des mots, établir des liens entre eux, réviser son texte. Les jeunes enfants ne possèdent pas les ressources cognitives nécessaires. Apprendre à travailler en plusieurs temps. Utiliser des outils: dictionnaire, manuel de conjugaison, liste de mots de la classe, livres, les fiches de synthèse élaborées en classe. Réviser l’orthographe dans leurs écrits Processus dynamique qui relève d’un savoir-faire
Des activités qui engagent les élèves intellectuellement 4ème principe : Des activités qui engagent les élèves intellectuellement
le « faire»: dialogue oral, récitation de règles, exercices…. P4. Point de vigilance Différencier : le « faire»: dialogue oral, récitation de règles, exercices…. de l’ «agir »: avoir une intention (observer, analyser, déduire, confronter, vérifier, réviser…) pour apprendre
P4. Proposition d’activités : activités de prélèvement dans un texte ; activités de comparaison : catégorisation, tri, classement ; activités de transformation : substitution, déplacement, ajout, suppression ; activités de production.
P4. La justification écrite : permet la réflexion sur les caractéristiques linguistiques ; c’ est un espace de réflexion silencieuse qui permet la concentration nécessaire aux apprentissages; réduit les conduites d’évitement; permet des traces utiles à l’enseignant pour orienter le travail; laisse une place importante au langage qui joue un rôle déterminant dans la formation des concepts; permet à l’enseignant de soutenir le questionnement, pour les élèves plus fragiles, en les regroupant au fond de la classe.
P4. La confrontation orale : oblige les élèves à rendre explicite pour les autres ce qui peut rester implicite pour eux; demande de « prouver » ce qui implique de justifier en ayant recours aux catégories linguistiques, à des manipulations, elle oblige à faire des liens. Cet oral doit être rendu visible en notant leurs arguments, leurs exemples, en matérialisant au tableau, par des flèches et des encadrements; les points communs que l’on veut faire ressortir.
P4. La structuration, modélisation, institutionnalisation La règle: fonction de généralisation et de structuration; Elle doit être comprise par les élèves: ils doivent la rédiger. Elle s’appuie sur les formulations des élèves les plus avancés, tout en restant dans la zone proximale de développement des autres. Le temps passé à rédiger la synthèse est un temps qui permet la mise à distance.
P4. Le bilan de fin de séance Le retour du travail fait: réflexion métacognitive est indispensable pour un apprentissage durable : Qu’a-t-on appris? comment a-t-on fait? quels obstacles a-t-on surmontés? Pour transférer les nouvelles connaissances dans les écrits, il est important de penser aux futures utilisations, il faut mettre en perspective: à quoi peut servir ce qu’on a appris? que devra-t-on faire la prochaine fois? à quoi doit-on faire attention?
Pratiquer une évaluation positive 5ème principe : Pratiquer une évaluation positive
P5. D’un système décourageant à un système encourageant Seul celui qui n’écrit pas ne fait pas de faute. On ne peut pas apprendre l’orthographe sans faire d’erreurs. Alors puisque l’erreur est inévitable, apprenons à travailler avec elle. But: s’approcher progressivement de la norme orthographique. Rendre visible des progrès au cours de l’année afin d’encourager les élèves à poursuivre un apprentissage long et couteux. Fixer des objectifs limités ne rendant pas l’erreur inévitable. Porter sur des savoirs accessibles, effectivement appris. Porter son attention sur les réussites.
P5. Trois types de bilan évaluatif Des épreuves spécifiques: la dictée, l’exercice à trous, l’exercice de transformation. Une production d’écrits: évaluer la capacité des élèves à contrôler l’orthographe dans leurs propres textes. L’évaluation intervient après une relecture différée, avec tous les outils habituels. Elle porte sur une portion limitée, elle ne concerne qu’un ou deux points qui ont été travaillés en classe. Une dictée diagnostique: évaluer de façon précise la progression des élèves; seul le pourcentage de mots correctement orthographiés est transmis aux élèves, elle n’est pas corrigée, elle est répétée dans l’année.