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Stéréotypes, lecture littéraire et perspective interculturelle Questions pour la classe de français Jean-Louis DUFAYS UCL / CRIPEDIS.

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1 Stéréotypes, lecture littéraire et perspective interculturelle Questions pour la classe de français Jean-Louis DUFAYS UCL / CRIPEDIS

2 La question qui m’est posée « Comment interroger les stéréotypes et en faire des modalisateurs de lecture littéraire en adoptant une perspective interculturelle dans les situations de classe francophone ordinaire ? »

3 Introduction

4 Les stéréotypes n’ont pas bonne presse Symptômes de la paresse mentale Symptômes d’une pauvreté de la langue Symptômes d’une tendance à (se) représenter la réalité de manière simpliste, voire erronée Supports de l’ethnocentrisme et de l’intolérance à l’égard des autres peuples ou des autres catégories humaines

5 Quelques exemples...

6  Stéréotypes = repoussoirs pour l’enseignement  incarnent ce qu'il faut rejeter pour former les esprits  a fortiori, dans une perspective interculturelle, obstacles aux valeurs d’altérité, de diversité et de complexité

7 Et pourtant... Développement remarquable de la problématique du stéréotype dans les sciences humaines  critique littéraire (Paulhan)  théorie de la lecture (Riffaterre, Amossy...)  l'analyse de l'argumentation (Perelman)  psychologie sociale (Leyens, Yzerbyt...)

8 Dès lors... Stéréotypie = aujourd'hui perçue  comme un concept théorique clé  comme un révélateur des valeurs et des incertitudes de notre civilisation Fonctions didactiques fondamentales  pour les enseignants  comme pour les apprenants  en particulier dans le cadre de l’ouverture à l’interculturalité

9 Deux questions à creuser 1. Qu’est-ce qu’un stéréotype ? 2. Quel sort lui réserver dans l'enseignement- apprentissage du français dans une visée interculturelle ?

10 1. Qu’est-ce qu’un stéréotype ?

11 A. Types de phénomènes concernés 1° Les stéréotypes langagiers 2° Les stéréotypes « thématico-narratifs » 3° Les stéréotypes idéologiques

12 1° Des phénomènes langagiers : stéréotypes de l'elocutio Ex. :  « luxe tapageur »  « aspirations légitimes »  « chevauchées endiablées »  « tourner la page »  « faire amende honorable »  « mettre les pieds dans le plat »  « verser des torrents de larmes »  « Il n'y a pas de fumée sans feu »  « Tel père, tel fils »  « La vie est cruelle »

13  Stéréotypes linguistiques = fragments de culture enracinés dans la langue, qui se confondent en partie avec les idiotismes spécifiques à chaque langue-culture

14 2° Actions, scènes, scénarios : stéréotypes « thématico-narratifs », de la dispositio Ex. :  L'acte de verser discrètement du poison dans le verre d'un ennemi  La séquence « attaque des Indiens – défense désespérée des assiégés – arrivée in extremis de la cavalerie »  Scène de première rencontre amoureuse  Schéma narratif du récit d'énigme criminelle  Le fait de s'effacer devant les dames lorsqu'on franchit une porte

15  Stéréotypes thématico-narratifs = thèmes et scénarios communs aux différentes langues-cultures d'une même civilisation

16 3° Représentations socioculturelles : stéréotypes de l'inventio Ex. :  Des individus célèbres (hommes politiques, sportifs, artistes...)  Des personnages (ethnies, peuples, professions, classes d'âge)  Des lieux (la France, la ville, la banlieue, le bureau)  Des objets (le vélo, le livre, le vin)  Des institutions (l'Académie française, l'Église, l'École, la littérature)  Des disciplines (le droit, les mathématiques, la psychanalyse)  Des époques (le Moyen-Âge, le XVIIe s.)  Des mouvements culturels (le romantisme, la modernité)  Des phénomènes culturels (le cinéma, l'informatique, la pollution)  Des expériences (la mort, la peur, la souffrance, le chômage)  Des concepts (Dieu, l'amour, le bonheur, la liberté)  Des systèmes de concepts (le socialisme, le kantisme, l'Islam)

17  Chaque mot d'une langue est lié à des stéréotypes idéologiques, à une charge culturelle partagée, à des référents conventionnels  Ces stéréotypes de l’inventio sont en partie propres à chaque langue. Ex. :  « tu » n'a pas les mêmes connotations que « you »  « te quiero » ne signifie pas tout à fait « je t'aime »  Ce sont ces stéréotypes qui confèrent aux mots  leur charge connotative  leur poids d'émotion ou de civilité  leur portée allusive  Lexique = inséparable de la culture qui l'irrigue (concept de « lexiculture », cf. Galisson) parce que la culture est clichée dans les mots

18 B. Traits distinctifs

19 Six caractéristiques du stéréotype 1° la fréquence 2° le semi-figement 3° l'ancrage dans la mémoire collective 4° le caractère inoriginé 5° le caractère durable 6° l’ambivalence axiologique  des formules et des représentations qui sont jugées banales, mensongères, néfastes, paresseuses ou stériles par certaines personnes…  … sont reçues par d'autres comme belles, vraies, bonnes, légitimes et utiles

20  Stéréotype = signe indécidable soumis aux fluctuations de la réception  Résultat de la double articulation du langage :  sur l'axe paradigmatique, stéréotypes = aliments indispensables de la pensée et de l'expression  sur l'axe syntagmatique, stéréotypes = frein à la liberté combinatoire.

21 C. Trois modes d'énonciation et de réception 1° La participation, ou le premier degré 2° La distanciation, ou le second degré 3° L’ambivalence, ou le troisième degré

22 1° La participation Ex. : Mary Lyons, L’amour à la folie Actions, scénario, psychologie, dialogues, narration prévisibles, conventionnels // esthétique classique, fondée sur le respect des règles Soit par adhésion réelle, soit par stratégie, le locuteur ou le lecteur ne manifeste pas de distance par rapport à la forme et au contenu des stéréotypes  Énonciation ou réception sérieuse, du premier degré

23 2° La distanciation Ex. : Voltaire, Candide Descriptions et narration ironiques, moqueurs, critiques // esthétique moderne, fondée sur le refus des évidences Le locuteur ou le lecteur manifeste, par des indices clairs, une distance à l’égard des valeurs du stéréotype  Le stéréotype est présenté ou perçu comme une sorte de citation qui peut être  soit l’objet d’une adhésion réflexive  soit l’objet d’une critique, d’une ironie, d’une satire  Énonciation ou réception distante, du deuxième degré

24 3° L’ambivalence et l’indécidabilité Ex. : Albert Cohen, Belle du Seigneur Alternance de lyrisme et de cynisme, d’adhésion et de refus envers les stéréotypes (« importantes sottises ») // esthétique postmoderne, fondée sur le va-et-vient à l’égard des codes traditionnels Le locuteur ou le lecteur jouent avec les stéréotypes Les stéréotypes sont présentés ou perçus  comme des énoncés ambivalents  ou comme des énoncés indécidables : énoncés sans intention polémique repérable  Énonciation ou réception ludique ou ambivalente, du troisième degré

25 Lien essentiel avec la lecture littéraire Selon Picard (1986), lecture littéraire = activation volontaire des tensions qui sont à l’œuvre dans toute lecture  Sens singulier / polysémie  Conformité / subversion  Vérité / fiction  Lecture du 3 e degré, de va-et-vient, ancrée dans l’ambivalence des stéréotypes

26 D. Généralité du phénomène

27 Stéréotype = notion applicable à toutes les productions du discours et de la pensée, car  Fréquence, figement partiel, ancrage collectif et durable = traits attribuables tout propos et à tout discours public  Le sentiment de la banalité dépend de la culture de chacun  Tout discours, toute représentation relève potentiellement du stéréotype

28 De même, pour les cognitivistes et les psychologues sociaux  Stéréotypage = fonctionnement normal de toute perception  Penser = user de schémas pour apprivoiser un réel qui a priori nous échappe  Le va-et-vient, le double jeu de la lecture littéraire = une modalité fondamentale de la perception, de la saisie non seulement des textes, mais aussi plus largement, du réel

29  Question clé pour les enseignants Comment traiter didactiquement les stéréotypes ? -dans la formation générale des élèves ? -dans une visée interculturelle ?

30 2. Quelle place pour les stéréotypes dans l'enseignement-apprentissage du français ? A. Des objets à mettre à distance B. Des savoirs et des modèles à utiliser

31 A. Des objets à mettre à distance

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33 1 re tâche = éveiller à la conscience critique des stéréotypes  3 enjeux Enjeu intellectuel  Exercer à ne pas être dupe des stéréotypes pour pouvoir développer une pensée et une parole nuancées  Valeurs de l’intelligence et de la complexité Enjeu éthique  Apprendre à dénoncer la fausseté de certaines représentations  Valeurs de la tolérance, du respect des différences, de l’ouverture à l’autre… y compris au respect de ses stéréotypes Enjeu esthétique  Stéréotypes = canons qui permettent de situer les œuvres  Prendre conscience du caractère stéréotypé de certaines formes = indispensable pour pouvoir comparer et évaluer l’art  Valeurs de l’exigence esthétique

34 B. Des savoirs et des modèles à utiliser

35 Pour pouvoir dépasser les stéréotypes, nécessité 1° de savoir les utiliser à bon escient 2° et donc d’en maitriser le plus grand nombre... car ils sont la base (le point de départ) de tout savoir  Mission de l'école = transmettre des modèles, des savoirs standardisés Dans les sciences exactes, modèles = connaissances savantes >< connaissances communes, idées reçues Dans les langues-cultures, modèles = 1° des structures de discours préétablies (expressions, formulations usuelles relevant de l’elocutio) 2° des représentations partagées sur la langue, la culture, la littérature (scénarios et images stéréotypés relevant de la dispositio et de l’inventio)

36 Exemple : les stéréotypes sur la France Qu'apprennent en premier lieu ceux qui s'immergent dans la culture usuelle française ?

37 Des images éternelles...

38 Les clichés qui structurent la mémoire collective des Français  les grandes scènes de l'Histoire de France  les grands hommes de la France Les images d'Épinal de la France éternelle  la baguette de pain  le béret  la pétanque  le chauvinisme franchouillard  « Douce France... » Les traditions françaises  cuisine  escrime  roublardise... Une certaine image de la langue française  belle, pure, universelle  où les variations sont vues comme des fautes, des péchés contre la morale et le bon gout  cf. « La langue de chez nous » d’Yves Duteil... vs Marina Yaguello, Dictionnaire des idées reçues sur la langue, Seuil

39 Autre exemple : quelques stéréotypes « belges »... et des Français du Nord

40 Le pays des frites, des bières et des « bons vivants »

41 Le côté « bon vivant » du Belge Son sens de l’auto-dérision Son attachement viscéral à sa maison (les Belges sont réputés « avoir une brique dans le ventre ») Son côté « frondeur » Son côté pragmatique, terre-à-terre Son sens du compromis (« le compromis à la Belge ») Son gout pour les frites, les moules, les fromages, les bières d’abbaye La bande dessinée (Tintin, Spirou, les schtroumpfs, Lucky Luke...) Le brassage de cultures différentes Les conflits linguistiques entre Flamands et Wallons Les vieilles villes médiévales flamandes Les fêtes folkloriques de Wallonie : Gilles de Binche, Doudou de Mons, Blancs Moussis de Stavelot

42 Même chose en matière de littérature : l'apprentissage littéraire passe par la connaissance des genres, des courants et des stéréotypes qui les constituent

43 Ex. n°1 : la connaissance « utile » du romantisme = quelques généralités, noms, titres  Exaltation du Moi  Mal de vivre  Communion avec la nature  Sentimentalisme  Hugo et Musset  Werther et René  « Le Lac » et « La mort du loup » ...

44 Ex. n° 2 : le savoir scolaire sur la littérature fantastique  Rupture apparente avec le monde réaliste  Peur  Montée de la tension  Personnages surnaturels  Incertitude finale  Littérature = matrice de stéréotypies

45  Caractère vital des stéréotypes pour l'exercice de la pensée et de la communication =Loi fondamentale du langage Pas de mise en œuvre possible de la lecture et de l’écriture sans le recours à une réserve de paradigmes + Loi de la pédagogie Mission de l'école = assurer la maitrise des connaissances les mieux établies et les plus durables (cf. Forquin, École et culture)

46 « On accuse souvent l'école de conservatisme culturel. C'est que, toujours et partout, l'enseignement général a pour fonction primordiale (même si cela n'est pas toujours explicitement reconnu) la formation fondamentale de l'esprit, c'est-à-dire l'initiation systématique des individus à certaines modalités et à certains outillages cognitifs essentiels de l'activité humaine « civilisée ». Or cette fonction suppose nécessairement de privilégier dans la culture transmise les aspects les plus constants, les plus universels, les plus incontestables. En cela l'école sera toujours en butte aux attaques inspirées par l'idéologie romantique de l'originalité, de l'individualité et de la nouveauté. L'école n'est pas l'ennemie de la vraie nouveauté, mais elle ne partage pas l'obsession de l'actuel, le gout de l'éphémère et le culte des apparences » (Forquin, Ecole et culture, 1989, p.189).

47 Priorités différentes en FL1 et en FLE Natifs : besoin d’être initiés aux stéréotypes de la « haute culture » (littéraire et artistique) afin que celle-ci leur soit accessible Allophones : besoin prioritaire d’apprendre les stéréotypes socioculturels, les bases de la culture anthropologique : « culturèmes » (Collès) Dans les deux cas, enjeu éthique de lutte contre les inégalités, pour l’accès au savoir partagé

48  Le stéréotype = outil pour rassembler et pour lutter contre les inégalités Les inégalités scolaires tiennent en partie à la différence de connivence culturelle entre les élèves.  Rôle de l’école = mettre en place des médiations dialectiques (enjeu du va-et-vient, de l’activation des tensions) pour permettre à tous les élèves de se constituer une culture… ce qui passe par l’apprentissage du double regard sur les stéréotypes

49 Envoi final, pour la route... À l'école, le bon usage des stéréotypes est aussi important que leur mise à distance  Enseigner une culture, c’est toujours à la fois  travailler contre les stéréotypes  et avec eux Car c’est dans le va-et-vient entre l’adhésion et la distance que se joue  le sens des discours que nous recevons et produisons  mais aussi celui du monde qui s’offre à nos regards

50 Merci de m’avoir écouté / supporté !


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