NUMÉRYADES Metz - 27 janvier 2016 Le numérique, une opportunité pour transformer l’École de demain? Catherine Becchetti-Bizot, IGEN 1.

Présentation au sujet: "NUMÉRYADES Metz - 27 janvier 2016 Le numérique, une opportunité pour transformer l’École de demain? Catherine Becchetti-Bizot, IGEN 1."— Transcription de la présentation:

1 NUMÉRYADES Metz - 27 janvier 2016 Le numérique, une opportunité pour transformer l’École de demain? Catherine Becchetti-Bizot, IGEN 1

2 Sommaire 0. Introduction 1.Le numérique : de quoi parle-t-on? 2.Le numérique à l’École : pourquoi? 3.Le numérique une opportunité pédagogique : comment? 4.Le numérique : quels apports pour les élèves? 5.Le numérique : quel rôle pour le chef d’établissement? 6.Conclusion : une opportunité pour l’École? 2

3 Présentation /1 Catherine Becchetti-Bizot, IGEN, groupe des Lettres Préfiguratrice puis directrice de la DNE (2013-2015) Chargée d’une mission d’étude et d’évaluation des pédagogies « actives » liées aux usages du numérique Le numérique a transformé profondément les supports et pratiques d’écriture et de lecture, les modes d’expression et de communication : donc le cœur de l’enseignement des Lettres. Le déploiement des technologies numériques => un bouleversement aussi important que l’invention de l’écriture ou celle de l’imprimerie (conséquences sur la production des connaissances, leur transmission et leur diffusion, donc sur la pédagogie). 3

4 Présentation /2 Le livre : support et modèle prédominant de notre enseignement pendant des siècles (a déterminé l’organisation de la pensée, l’architecture des savoirs, un modèle linéaire d’accès aux connaissances) Modes d’apprentissage qui privilégient l’enchainement logique et linéaire des idées, l’analyse critique, la lecture profonde des textes, la réflexion silencieuse, un conception de l’Ecole sanctuaire, à l’écart du monde. Un mode de la transmission magistral et frontal, faisant très peu de place à l’expression orale et individuelle L’audiovisuel n’a pas réussi a ébranler cet ordre scolaire, malgré le développement de pédagogies actives dans les années 70 (jeunes téléspectateurs actifs…). Nous avons manqué le tournant de la TV. 4

5 Présentation /3 Le numérique en revanche interroge et modifie en profondeur toute notre organisation scolaire: interactions, horizontalité dans les échanges entre les acteurs, collaboration et intelligence collective… Il met en question l’autorité du maître (qui n’est plus le seul détenteur du savoir) et l’auctorialité de son enseignement. Il dé-linéarise la relation au savoir, disperse les sources, déploie et redistribue les lieux d’accès aux connaissances. Il prolonge le temps d’apprentissage au-delà et en deçà de la classe, fait tomber les murs de l’École. 5

6 1. Le numérique : de quoi parle-t-on? Il s’agit d’un ensemble : d’équipements des machines, des technologies et des réseaux d’information et de communication de ressources des contenus et des services auxquels on accède via des supports numérisés mais surtout de pratiques des usages sociaux et culturels de ces technologies, des comportements, du lien, de l’humain … qui engendrent une nouvelle culture un changement de paradigme sociétal et économique (ex. du big data, exploitation des traces que nous laissons via nos objets connectés) et qui concerne tout particulièrement l’École Elle a la responsabilité de faire comprendre aux élèves les enjeux, les règles et les codes qui régissent ce monde. 6

7 2. Le numérique à l’École : pourquoi? /1 (quelques arguments pour mobiliser vos équipes) L’École ne peut plus rester à l’écart des évolutions de la société, elle doit les accompagner. Elle doit préparer les jeunes à entrer dans la société numérique et former le citoyen de demain, former des individus éclairés, développer le sens critique face à un flux d’informations qui nous submerge, apprendre à traiter et hiérarchiser l’inforamation, à vivre en citoyen libre et autonome dans cette nouvelle société où le pouvoir de s’exprimer et de publier est démultiplié… Elle doit préparer aux métiers de demain mais aussi aux nouvelles manières de travailler 40% de ces métiers n’existent pas aujourd’hui. Il y a de nouvelles connaissances et compétences liées à l’informatique à acquérir : il faut comprendre les logiques à l’œuvre et comment ça fonctionne à l’intérieur de la boîte noire (algorithmes, code, langages…) Elle doit développer de nouvelles compétences de collaboration, de recherche, d’autonomie, de créativité, d’adaptabilité, d’entraide, nécessaires pour vivre ensemble dans cette société Elle doit importer dans la classe les pratiques numériques des jeunes S’en servir de leviers pour faire apprendre et pour ne pas creuser plus l’écart entre l’école et la vie 7

8 2. Le numérique à l’École : pourquoi? /2 (quelques arguments pour mobiliser vos équipes) L’ École doit aussi affronter de nouveaux défis : – massification/ démocratisation/hétérogénéité des élèves – démotivation-décrochage/ sorties sans qualification (14% de jeunes) – un déterminisme social très lourd (cf. enquête PISA) – l’omniprésence et ubiquité de l’information : risque de saturation et de dispersion cognitive, superficialité des savoirs – risque d’aliénation et d’exploitation des données personnelles – les corporatismes disciplinaires et les résistances au changement Le numérique peut et doit être une occasion de répondre à ces défis en inventant de nouvelles solutions pédagogiques et de nouveaux modes d’organisation (pour éviter qu’il ne devienne un facteur supplémentaire d’inégalité et de discrimination) Il favorise l’ouverture de l’École à son environnement (territoire, familles, international) 8

9 3. Le numérique, une opportunité pédagogique: comment? Une diversité de ressources et de services Des possibilités de création, de partage, d’échanges et de mutualisation (listes de diffusion, travail en équipe) La possibilité de diversifier les situations d’apprentissage (différenciation) La possibilité de répondre aux besoins et difficultés de chaque élève, dont BEP/handicap (individualisation) De nouveaux outils de diagnostic, de suivi, d’évaluation Des pédagogies « actives » facilitées (classe inversée, démarche de projet, travail collaboratif, tutorat…) Nouvelle posture de l’enseignant (temps, disponibilité pour l’élève, à ses côtés, guide, médiateur) Nécessité de repenser les espaces et temps scolaires 9

10 Le numérique : quels apports pour les élèves? /1 Changement de la relation à l’enseignant, mise en confiance, estime de soi, plaisir d’apprendre… Amélioration du climat scolaire en général Dédramatisation de l’erreur (facteur de progrès, et non stigmatisation), évaluation positive, formative, analyse fine des traces… Talents personnels et efforts valorisés (publication, regard de l’autre) Motivation (jeu, émulation, fierté) -> remède contre le décrochage et l’absentéisme Les élèves sont tous au travail, tous engagés dans une activité (chacun à son rythme) Multiplicité des modes d’expression, de production et de création Visualisation (cartes mentale par ex.), approches concrètes, manipulation : compréhension et mémorisation renforcées (des concepts, des connaissances, des procédures) Explicitation des procédures, apprentissage de la rigueur, de l’exigence 10

11 Le numérique : quels apports pour les élèves? /2 Automatisation de certaines procédures, allégement de certaines tâches (ex. prise de notes, par cœur…) Prise de recul sur sa propre performance, sur la démarche effectuée, feed back immédiat, autorégulation Production de portfolios (capitalisation et valorisation des productions et des acquis, perception du parcours et des progrès) Requiert (et favorise) le développement de nouvelles compétences (d’autonomie, de coopération, de recherche, de créativité, d’entraide, de travail en équipe, de gestion et d’organisation…) Cerveau en mode hypothético-déductif/inductif en lettres Ouverture d’esprit, découverte du monde et de l’actualité 11

12 Enquête OCDE: Connectés pour apprendre La récente étude PISA de l’OCDE n’a pas permis de constater d’amélioration notable ni de corrélation entre résultats des élèves (en compréhension de l’écrit, en mathématiques ou en sciences) et investissements dans les TIC. Entrer dans le sujet par les équipements, sans penser aux objectifs pédagogiques, à la construction des compétences et sans prévoir la formation des enseignants aboutit presque systématiquement à un échec. La DEPP a montré* que là où des résultats ont pu être constatés, en corrélation avec l’usage du numérique, les établissements n’ont pas seulement bénéficié d’un équipement plus important mais ont surtout pu développer des stratégies pédagogiques plus innovantes et plus efficaces. *Note n°14 - Avril 2014 : Le numérique éducatif, un portrait européen 12

13 Enquête OCDE: Connectés pour apprendre Bonnes nouvelles Les élèves français de 15 ans affichent une performance supérieure à la moyenne de l’OCDE en compréhension de l’écrit électronique (sur écran) 12% naviguent de manière très peu ciblée ou pas du tout Les élèves français de 15 ans affichent une performance supérieure à la moyenne de l’OCDE à l’évaluation informatique en mathématiques sauf dans l’utilisation d’une base de donnée ou la création d’un graphique => Quand la situation d’évaluation change, les élèves s’en sortent mieux (essai-erreur possible, mise en réflexion) 13

14 Le numérique : quel rôle pour le chef d’établissement? /1 L’établissement ne se vit pas vraiment comme une organisation (≠ entreprise). Les enseignants appartiennent d’abord à leur discipline, à leur corporation. Le chef d’établissement n’est pas un expert du numérique (et il ne peut porter seul le changement). Mais il est à l’articulation de plusieurs dimensions qui conditionnent la réussite des élèves et de l’établissement (matérielle, éducative, pédagogique, culturelle) et doit : – garantir les moyens matériels, leur maintien et leur fonctionnement – faire le lien et négocier avec les partenaires de l’École (parents, collectivité locale, milieu associatif, acteurs économiques…) – articuler des dynamiques, projets et intérêts parfois divergents – répondre à la fois aux attentes des usagers, de l’équipe pédagogique et aux prescriptions de l’institution 14

15 Le numérique : quel rôle pour le chef d’établissement? /2 Le numérique est une nécessité : il l’oblige à changer et à faire bouger les lignes => il doit favoriser la prise de conscience des enjeux pour entraîner le mouvement, créer une cohésion, un sentiment d’appartenance Le numérique est un levier, qui facilite la conduite du changement Le numérique est aussi un objectif de transformation (il constitue en soi un projet collectif) 15

16 Le numérique pour le CE: comment faire? /3 Entrer par des problématiques pédagogiques ou éducatives (et non par l’outil)… pour favoriser l’adhésion, créer une dynamique collective, qui embarque toute la communauté éducative. Mettre en place les moyens nécessaires à la concertation, au partage d’idées, au travail en équipe (des moments, des lieux, des projets concrets, des process et des outils) Changer lui-même de posture : conduire le changement sans l’imposer, donner plus de place aux initiatives locales, en animant la réflexion et en s’appuyant sur toutes les possibilités offertes par le numérique : – Information et communication – Participation, co-design Définir des objectifs clairs et des cadres qui orientent l’action, mais en cohérence avec les valeurs de l’École 16

17 OUI, si s’il est intégré, mis au service de stratégies pédagogiques et conçu comme un levier de changement s’il fait l’objet d’un projet concerté et consenti si l’on a une approche globale et systémique si les objectifs sont clairs, explicites, cohérents avec les valeurs et missions de l’École si les acteurs acceptent de remette en question leurs pratiques et de changer de posture si le changement est bien accompagné (explication, formation) et si on laisse du temps Conclusion : une opportunité pour l’École? 17