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Parcours de marginalisation juvénile et recours au système d’aide

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Présentation au sujet: "Parcours de marginalisation juvénile et recours au système d’aide"— Transcription de la présentation:

1 Parcours de marginalisation juvénile et recours au système d’aide
Virginie Muniglia et Céline Rothé EHESP/CRAPE Octobre 2015

2 Jeunesse et vulnérabilité sociale
Construction d’un objet d’étude

3 Jeunesse et vulnérabilité sociale
Traits propres de la vulnérabilité juvénile : configuration spécifique de la protection sociale Une « majorité sociale » à 25 ans Refus de l’assistance et de la désincitation au travail La famille régulatrice Familialisation des aides : aider les parents qui aident les enfants

4 Les aides publiques de 16 à 25 ans
Aides associées soit au statut étudiant (bourses) soit à des dispositifs d’insertion professionnelle (CIVIS, formations Conseil régional / FAJ) accompagnements ASE : conditions d’accès très restrictives allocations logement surtout Quasiment systématiquement associées à des mesures d’insertion professionnelle Discrétionnaires: dépendent fortement des propositions des prescripteurs Professionnels chargés d’assurer une continuité des parcours d’insertion

5 Questionnement de recherche
Objet d’étude Vulnérabilité sociale (Castel) : fragilisation des deux dimensions permettant l’intégration de l’individu à la société  la protection collective assurée par l’intégration à la société salariale la protection rapprochée assurée par l’insertion dans des soutiens sociaux relationnels Ici : jeunes adultes rencontrant des difficultés d’intégration professionnelle sans pouvoir pour autant pouvoir recourir au soutien de leur famille Questionnement : Sur quels supports peuvent-ils s’appuyer ? Comment expérimentent-ils les différentes formes d’accompagnement qui leur sont proposées ? Comment comprendre les logiques de recours et de non-recours à l’aide qui leur est proposée ? Comment comprendre les trajectoires et les bifurcations dans les parcours ?

6 Méthodologie (1) 3 départements (caractéristiques socioéconomiques différentes) : deux villes au sein de chacun de ces départements : dépasser les particularismes locaux des systèmes d’aide en direction des jeunes adultes accéder à de jeunes adultes expérimentant des situations variées Entretiens avec des professionnels intervenant auprès de publics jeunes vulnérables éduc spé, AS, CESF, conseiller insertion, infirmier, psycho… secteurs : ASE (associatif, services); précarité/exclusion ; médico-social ; insertion sociale et socioprofessionnelle description pratiques, outils, difficultés dans l’accompagnement perceptions jeunes accompagnés et évolutions de ce public faciliter ouverture du terrain en direction jeunes adultes

7 Méthodologie (2) Entretiens individuels avec des 18-35 ans
Jeunes cumulant : difficultés d’insertion professionnelle impossibilité de recourir au soutien financier et/ou affectif de la famille (conflits, incapacité matérielle, éloignement géographique…) au moment de l’enquête ou dans leur parcours antérieur Multiplication des modes de rencontre (variété des situations): Temps présence dans structures Intermédiaire intervenants sociaux « Proche en proche » Biographiques : façon dont appréhendent les modalités d’accompagnement au regard de leur trajectoire passée et de leur projection dans l’avenir Ici : centré sur jeunes en lien avec les services de l’urgence sociale

8 L’importance des supports sociaux dans le rapport à la norme d’intégration

9 La dépendance contrainte
Grande précarité économique Absence de supports alternatifs au système d’aide Distance lien de participation organique Parcours scolaires chaotiques (déscolarisation précoce) « Intégration disqualifiante » Insatisfaction au travail contribue à entretenir instabilité emploi Fragilisés par lien de filiation affaibli dès l’enfance (ASE) Fractions les plus démunies des classes populaires Fragilité psychique qui obère les capacités de ces individus à s’appuyer sur des liens pérennes et sécurisants Fragilité des liens de participation élective Ruptures multiples et récurrentes Relations exclusives et très fragiles(fortes attentes de protection et de reconnaissance) Affectivité et fortes attentes : nourrissent un comportement abandonnique Forte dépendance au système d’aide Ex : David

10 La dépendance contrainte : l’allodoxie à la norme d’intégration
Aspiration à une intégration sociale conventionnelle (travail, famille, confort matériel) Mais grandes difficultés (précarité matérielle, fragilités psychiques, absence de qualification, conduites addictives…) Accès à ce modèle d’insertion dans un futur proche improbable Répondre aux injonctions du système d’aide (construire un projet d’insertion, contractualiser des objectifs) : coût psychique Flou des projets, avenir fantasmé, absence d’aspiration Décalage aspirations /identité institutionnelle attribuée par les services d’aide (« jeunes éloignés de l’emploi »)

11 La marginalité organisée
Forte précarité relationnelle et économique Absence de ressources économiques Faiblesse des supports affectifs Font l’expérience de la rupture chronique depuis l’enfance Ruptures familiales (milieux sociaux défavorisés, violences, etc.) Ruptures institutionnelles (ASE, Hôpital psychiatrique, école, formation, prison, etc) Ils fréquentent la « zone » depuis leur adolescence Une expérience vécue sur le mode de la marginalité (pas d’aspiration au retour à une vie conventionnelle) Vivent dans des hébergements de fortune Le plus souvent poly-toxicomanes Cultivent les attributs de leur marginalité (manche, chiens, rassemblements urbains, tenue) Trouvent une forme de reconnaissance sociale dans la vie à la rue

12 La marginalité organisée
Supports sociaux « déviants » (Becker, 1985) Liens de participation élective dans le monde de la rue Communauté de vie : reconnaissance et protection Groupe : autrui généralisé producteur et diffuseur de normes sociales marginalisées dans lesquelles le jeune va se reconnaître : « socialisation marginalisée » (Parazelli, 2002) transformation plus profonde quand socialisation primaire fragile : processus de « resocialisation » (Berger et Luckmann, 1986) permet de se constituer un rôle social qui entrera en résonnance avec le parcours de vie pour lui donner sens valide normes de la vie à la rue comme des normes sociales légitimes Ex : Lucas et Caroline

13 La marginalité organisée : l’hétérodoxie à la norme d’intégration
Une intégration alternative : Ressources économiques issues d’activités en marge de l’emploi (mendicité, petite délinquance…), modes de vie alternatifs (récupération, squat…) Revendication choix mode de vie alternatif : rejet centralité de l’emploi et du logement comme pourvoyeur de confort matériel et mode d’intégration sociale Conception de l’avenir au jour le jour, ne pas avoir de comptes à rendre Opposition au modèle des services d’insertion (logique de projet et de contractualisation de l’aide)

14 Le rapport aux services d’aide

15 La dépendance contrainte : revendication et sollicitude personnelle
Faiblesse supports alternatifs au système d’aide : suivis sociaux lourds, aides contractuelles très contraignantes Neutraliser allodoxie (décalage entre leurs aspirations et l’identité institutionnelle qui leur est attribuée) : valorisent identité de jeunes vulnérables. Revendication protection et reconnaissance spécifiques, au nom de leur fragilité/parcours : attente sollicitude personnelle (Honneth, 2000) Très exigeants vis-à-vis des professionnels : Fragilité supports affectifs : recherche d'une altérité affectivement structurante Projettent sur les intervenants sociaux un rôle qui n'est pas le leur (investissement, empathie, compréhension, souplesse, maternage) Mettent régulièrement la relation d’aide à l’épreuve : Refus des contraintes, abandons à répétition, position revendicative Épuise les intervenants sociaux (« incasables », « patates chaudes »)

16 La marginalité organisée : usages stratégiques et symboliques des aides
La dimension instrumentale du rapport à l’aide Gérer les ressources au quotidien Une instrumentalisation des aides Le service jugé Utiliser « vraiment quand j’ai besoin » La débrouille L’aide d’urgence comme filet La dimension symbolique du recours à l’aide Ménager l’égo : la force du récit « Je me sens mieux à la rue » Mise en adéquation identitaire Un refus critique de l’insertion : la marginalité revendiquée Les chiens La manche Les produits Un recours routinier à l’infra-assistance Lieux de reconnaissance de leur choix de vie hors-norme : considération juridique en tant que citoyens à part entière (Honneth, 2000) N’aspirent pas à un changement de statut

17 Trajectoires et bifurcations

18 Les sorties de la dépendance contrainte: le glissement vers la marginalité conjurée
Interruption des prises en charge : pression à l’insertion rapide trop forte, extrême dépendance très mal vécue : mises en échec usure et désengagement des intervenants conduites de non-recours volontaires structure même de l’aide pour moins de 25 ans: différents paliers qui l’organisent (16 ans, 18 ans, 21 ans, 25 ans) difficulté d’accéder aux aides conditionnelles absence de filet de protection entre 21 et 25 ans Ruptures souvent dans l’espoir d’un attachement dans un autre type de liens (famille, amis): s’affranchir de la relation d’assistance

19 Les sorties de la dépendance contrainte: le glissement vers la marginalité conjurée
Cependant : fragilité liens, grande précarité socio-économique, absence d’espoir d’une autonomie financière dans un futur proche source de tension, nouvelles ruptures débouchent sur situations de marginalité seules aides à leur disposition : infra-assistance induit proximité avec public renvoyant l’image d’une déchéance sociale et physique stigmatisation, honte refus de la marginalisation : s’adressent de nouveau aux services de l’assistance malgré suivis très contraignants

20 Les sorties de la dépendance contrainte: Le changement de statut au regard de l’assistance
Sanctionner possibilité d’un éloignement, au moins temporaire, du marché du travail Redéfinir leur statut au regard de l’intégration professionnelle et de l’assistance Reconnaissance handicap prolonger l’accompagnement des jeunes les plus fragiles travail pédagogique pour faire accepter au jeune le déclassement social et symbolique associé au handicap absence perspective insertion positive sur le marché du travail dans un futur proche + pression de la fin de l’accompagnement : rationalisation du passage au statut d’handicapé Passage au statut de parent devenir adulte au regard de la solidarité publique : obtenir un droit légitime à l’assistance négocier un nouveau statut et une nouvelle identité : attentes de reconnaissance sociale et affective dans le rôle de parents rationaliser rapport à l’assistance : justifié par projet familial

21 Les sorties de la dépendance contrainte: La constitution de supports sociaux
Nouer des liens qui permettent de gagner une certaine autonomie par rapport au système d’aide liens extérieurs au système d’aide (relation amoureuse, belle-famille…) au sein même de la relation avec les professionnels relation interpersonnelle qui n’est pas seulement une relation de service contractualisée : sentiment d’une implication personnelle de l’intervenant dans la relation dépassement du simple cadre professionnel prise en compte de l’individualité dépasser la relation d’aide sociale pour transformer un « support stigmatisant » en un « support avouable » (ex. lien avec famille d’accueil) assurance de pouvoir « compter pour » et « compter sur » quelqu’un pour construire leur parcours donne sens aux exigences du suivi éducatif et à l’encadrement sortie progressive de la dépendance contrainte supports dans le monde de la rue : une affiliation à l’univers social de la marge : glissement vers « marginalité organisée »

22 Les sorties de la marginalité organisée: Épisodes critiques et déstabilisation
La perturbation ou la reconfiguration du lien de participation élective au sein du monde de la rue: disparition d’un compagnon de route (décès, prison, conflit…) fragilisation des supports établis dans l’univers de la zone marginalité devient synonyme de galère aspiration à un changement de statut : nouveau projet de vie remettant l’insertion sociale et professionnelle au centre de leurs préoccupations peut conduire à un rapprochement de services sociaux plus exigeants du point de vue de l’accompagnement à l’inverse : nouer un lien affinitaire dans le monde de la zone : nouvelles perspectives d’avenir idée de se reconstruire à deux : envisager de quitter les relations de la rue sans avoir à craindre l’isolement

23 Les sorties de la marginalité organisée: Épisodes critiques et déstabilisation
La grossesse peut déclencher un réel engagement dans une démarche de soin : pas faire attention à soi pour soi-même mais pour le bien-être de l’enfant souci de protection : à rompre avec l’univers de la zone, considérée comme un monde d’adultes dans lequel les enfants n’ont pas leur place peur des services de protection de l’enfance Le temps à la rue : « ras-le-bol », la fatigue physique et psychique Cependant les sorties de cette expérience constituent un processus long, laborieux et douloureux dont l’aboutissement est très incertain

24 Les sorties de la marginalité organisée : le temps long de la reconstruction des liens
épisodes critiques et carrefours biographiques : déstabilisation du système de rationalisation construit dans la marginalité organisée remettent en cause les mécanismes de protection de soi établis par l’interprétation de leur situation comme choix de vie fragilisent les supports trouvés dans le lien de participation élective construit au sein de la communauté zonarde difficile retour vers une norme jusqu’alors fuie pour que ces crises débouchent sur une sortie durable de la marginalité organisée : nécessité de trouver des supports compensatoires pour reconstruire un nouvel équilibre hors de la marginalité

25 L’accompagnement des bifurcations

26 L’accompagnement des bifurcations
Caractère durable des bifurcations : suppose présence durable et solidité des autrui significatifs Etre attentifs à la préservation et au renforcement des liens sociaux préexistants Pour les plus isolés : centralité d’une relation durable avec un professionnel qui va tenir la place d’autrui significatif (compensation liens sociaux défaillants) implication nécessaire des intervenants au-delà des prescriptions de leurs attributions professionnelles, dans le registre de la sollicitude et des relations interpersonnelles

27 L’accompagnement des bifurcations
Importance du travail partenarial sorties de la marginalité organisée nécessitent une reconstruction dans de multiples sphères de la vie des individus articuler intervention matérielle, administrative, juridique, sanitaire, à une attention affective dans la durée suppose une intense mobilisation des intervenants de l’urgence sociale (bricoler avec les différents supports, user de leur force de conviction auprès des services sociaux de droit commun) travail de pédagogie pour sensibiliser aux difficultés spécifiques de ces jeunes (caractère chaotique de leur parcours, nécessité de laisser temps à la reconstruction) éviter l’épuisement professionnel

28 L’accompagnement des bifurcations
Accompagnement qui suppose implication et constance pour résister aux nouvelles ruptures provoquées par les jeunes (rechute dans la toxicomanie, départ du logement, abandon de la démarche de formation…) résister aux nouvelles ruptures produites par le système compenser la mise à mal du précédent support de protection et de reconnaissance (univers de la rue) redonner progressivement confiance en la solidarité sociale

29 Introduire de la continuité dans des prises en charge fragmentées
La recomposition des pratiques professionnelles autour d’un public atypique Le « bas seuil », un format had hoc Inconditionnalité de l’accueil, confiance et constance Proximité dans la relation d’aide et maintenance sociale Des attentes raisonnables L’adaptation des contraintes à la tolérance de l’usager La réduction des risques comme objectif Tout de même, des « outils d’appel » vers l’insertion Des questionnements professionnels Quelle géographie de l’assistance ? Quelle norme pour l’insertion ?

30 Conclusion

31 Un système d’aide fragilisant
Effets pervers d’un système d’aide qui repose entièrement sur une logique d’activation capacité des individus à prouver qu’ils sont acteurs et investis dans un projet d’insertion en contrepartie du soutien qui leur est apporté créer du lien pour le défaire ensuite : un paradoxe de la relation d’aide Logique de désavantage cumulatif pour les plus fragiles apathie, agressivité, non-recours marginalisation comme formes de résistance

32 Un système d’aide fragilisant
Deux univers professionnels distincts de l’accompagnement : univers de l’insertion (missions locales, ASE ou CHRS…) concentre aides les plus protectrices mais octroi conditionné à capacité de l’usager à s’investir dans un projet professionnel ou de formation réaliste  univers de l’urgence sociale offre des aides minimales, au jour la journée mais, use de sa souplesse et son inconditionnalité pour fabriquer de l’accès aux droits et à la citoyenneté crée un paradoxe : la routinisation de l’infra-assistance, et participe à l’entrée dans des carrières déviantes

33 Pour une autre conception de l’accompagnement
Pour une lecture sociale des parcours de jeunesse dépasser une lecture uniquement psychologique des comportements de rupture à répétition identifier les failles d’un système d’aide fragilisant Envisager des modalités d’accompagnement qui combinent une protection matérielle un souci relationnel, pourvoyeur de reconnaissance une attention à la préservation des supports identitaires une reconnaissance des identités marginales


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