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Etre sourd : d’une déficience à une réalité linguistique Stéphanie Gobet Maître de Conférences à l’Université.

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Présentation au sujet: "Etre sourd : d’une déficience à une réalité linguistique Stéphanie Gobet Maître de Conférences à l’Université."— Transcription de la présentation:

1 Etre sourd : d’une déficience à une réalité linguistique Stéphanie Gobet (stephanie.gobet.jacob@univ-poitiers.fr) Maître de Conférences à l’Université de Poitiers Responsable de la Licence LSF Laboratoire Forell

2 Définition « handicap/déficience » Retour historique La Loi de 2005

3 Handicap et Déficience OMS (Aide mémoire, 352, juin 2011) : Handicap : terme générique pour les déficiences, les limitations de l’activité et restrictions à la participation. Le handicap est l’interaction entre les sujets présentant une affection médicale et des facteurs personnels et environnementaux. Loi de 2005 « Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » « Constitue un handicap…toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans un environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, du polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».

4 Bernard Mottez, sociologue, « A s’obstiner contre les déficiences, on augmente le handicap » (1977, p. 20-32) « Le handicap et la déficience sont les deux faces d’une même réalité. La première renvoie à son aspect physique, la deuxième à son aspect social. (…) Dans ce contexte, on appellera handicap l’ensemble des lieux et des rôles sociaux desquels un individu ou une catégorie d’individus se trouvent exclus en raison d’une déficience physique. (…) Le handicap est donc l’ensemble des interdits et des limites aux engagements sociaux. Ce n’est rien d’autre, si l’on veut, que l’antonyme de l’intégration. »

5 Ces définitions situent le handicap dans le contexte de vie d’une personne (activité et société). Les difficultés ne sont plus attribuables seulement à la personne qui aurait à se normaliser, mais aussi à l’environnement qui se doit d’être accessible.

6 Retour historique Cratyle (Platon, 432 – 437 av. J.C) « Socrate : - (…) réponds moi ; si à défaut de voix et de langue, nous voulions représenter les choses les uns aux autres, n’essaierions-nous pas, comme le font en réalité les (sourds) muets de les indiquer avec les mains, la tête et le reste du corps? » Apologie de Raymond de Sebond (1588) (Montaigne,1533 – 1592) « Nos sourds, écrit-il, disputent, argumentent et content des histoires par signes. J’en ai vu des si souples et formés à cela qu’à la vérité, il ne leur manquera rien à la perfection de se savoir et faire entendre. » (Essais, livre II, Chapitre XII)

7 Aristote Les hommes sont des e ̂ tres parlants par excellence Pour Aristote, semantique et phonologie se confondent : ce sont les lettres, les syllabes, les noms qui donnent du sens. Parole articulee = faculté langagie ̀ re Parole : acce ̀ s a ̀ la pensee et a ̀ l'acte de raisonnement Incapacité de produix des sons : e ̂ tres inferieurs (tels des animaux) L’incapacité d’articuler : incapacité de lire et écrire La faculté du langage humain repose sur une double condition : une écriture analysable en lettres et une voix analysable en sons

8 Syllogisme aristotélicien Les sourds sont donc depourvus d'intelligence car depourvus de langage vocal La parole et le lien entre l'objet, la chose et l'a ̂ me : le sourd est donc sans pensee Finalité du langage : sociabilité humaine, donc le sourd est associable Le ro ̂ le du vocal, selon Aristote, est a ̀ l'origine de l'exclusion des sourds de la vie de cite et de privation de leurs droits

9 Les droits des sourds selon l’Eglise Parole et pensee sont les caracte ̀ ristiques de l'homme Sourds : dechus des droits civiques et religieux Spolies de leur heritage Interdiction de se marier Sans parolevocale donc sans a ̂ me = fou! L'oui ̈ e participe au rachat (St Bernard 1091-1153)

10 Pierre Desloges : Observation d’un sourd et muet sur Un cours élémentaire d’éducation des sourds muets, 1779 Installé à Paris à 19 ans, il ne rencontre des sourds qu’à l’âge de 27 ans. Relieur, Desloges est en contact permanent avec les livres. Des gestes spontanément créés par des sourds isolés se formalisent au contact d’autres sourds = Homes signs

11 Pierre Desloges « Il rencontre des sourds muets plus instruits que lui, il apprend à combiner et perfectionner ses signes (…). Il acquiert promptement, dans le commerce de leurs camarades, l’art prétendu si difficile de peindre et d’exprimer toutes ses pensées même les plus indépendantes des sens, par le moyen des signes naturels, avec autant d’ordre et de précision que s’il avait connaissance des règles de la grammaire. Encore une fois, j’en dois être cru ; puisque je me suis trouvé dans ces cas-là, et que je ne parle que de mon expérience ».

12 « Il y a des sourds et muets de naissance, ouvriers à Paris, qui ne savent ni lire, ni écrire et qui n’ont jamais assisté aux leçons de mr l’Abbé de l’Epée, lesquels ont été trouvés si bien instruits de leur religion par la seule voie de l’église. Il ne se passa aucun événement à Paris, en France, et dans les quatre parties du monde qui ne fasse la matière de nos entretiens. Nous nous exprimons sur tous les sujets avec autant d’ordre, de précision et de célérité, que si nous jouissions de la faculté de parler et d’entendre. » (Desloges, op.cit)

13 L’Abbé de l’Epée

14 Juriste puis janseniste Rencontre des jumelles sourdes : la communication entre les deux jeunes filles se realise en LS Quelle education pour ces enfants? Fonde le 1er etablissement pour les enfants sourds : enfants pauvres, scolarisation mixte

15 1er a ̀ mettre en relation langue et communication : « Si on reunit les enfants sourds en petites communautes dans des structures educatives et pedagogiques adaptees, une veritable langue gestuelle va nai ̂ tre et progressera en fonction des besoins communicatifs interindividuels » Reconnaissance d'une communauté linguistique Ecole St Jacques : ouverture en 1753 Enseignement de masse Formation des enseigants Ouverture de plus de 200 ecoles dans toute l'Europe « I ̂ LOT DE PAROLE »

16 Des hommes illustres…. Laurent Clerc Elève sourd, doué, plurilingue Fonde avec Thomas Hopkins Gallaudet le Gallaudet College

17 Des hommes illustres : Auguste Bébian Bilingue : franc ̧ ais / langue des signes 1er entendant a ̀ enseigner en LS puis directeur de St Jacques Creation de manuel pedagogique Reflexion sur la grammaire = prise en compte des parame ̀ tres non manuels Eloge de la communication gestuelle et legitime la LS

18 Des hommes illustres Ferdinand Berthier Inte ̀ gre St Jacques a ̀ 8 ans, devient repetiteur a ̀ 16 ans, instituteur a ̀ 21 ans et professeur a ̀ 26 ans. Son combat : amelioration du statut social des sourds Bilingue (lsf/franc ̧ ais ecrit), tre ̀ s grand mai ̂ trise du latin et du grec Auteur d'un livre expliquant le Code Napoleon pour le public sourd

19 1838 : creation de la Societé Universelle des Sourds- Muets Reunir les sourds Les informer sur leurs droits 1849 : Napoleon le fait Chevalier de la Legion d'honneur Membre de la Societé d'Etudes Historiques Membre de la Societé des Gens de Lettres

20 Mouvement oraliste La parole vocale doit être privilégiée afin d’accéder aux savoirs. Dr Itard (1774 – 1853): Intere ̂ t pour l'oreille de l'enfant sourd plus que par le sourd lui me ̂ me Evalue les consequences de la surdité sur le developpement intellectuel de l'enfant : les sourds sont demunis d'emotions et d'intelligence

21 Le baron De Gréando Philosophe, administrateur, historien De Gerando fut charge de comparer les methodes dans differents pays Selon lui, la LS ne parle que des choses concre ̀ tes (rapport avec le trait saillant) Le sourd a un developpement plus lent que l'entendant Les classes inferieures ne devaient avoir accés qu'a ̀ une instruction elementaire

22 Le Congrès de Milan Le point de vue médical est prépondérant : Les sourds sont anormaux, « dégénérés » Les gestes sont semblables aux gestes des primitifs et souvages. La parole est la vertu de l’âme « La parole du sourd, fruit d’etudes et d’efforts arides, resultat de contrainte et me ̂ me de violence, ne constitue jamais qu’une acquisition d’emprunt ; elle n’est que l’accident, l’anomalie de sa constitution et non la connaissance du jeu naturel de ses organes(...) » (Dr Blanchet)

23 Les arguments 1er argument : d'ordre medical (tuberculose) 2e ̀ me argument : la langue des signes est une langue mimique 3e ̀ me argument : nature divine donnee a ̀ la parole Seuls les americains et les sue ̀ dois ne vont pas voter Pas de valeur legale mais appliquee par tous les pays congressistes La mise en pratique en France : exclusion progressive de l'enseignement en LS et des repetitieurs sourds oralisation de masse

24 « Quant aux nouveaux venus, on leur appliqua directement et uniquement la méthode orale. Ils eurent un régime de vie totalement différent des anciens élèves avec lesquels ils ne devaient entretenir aucune relation. Faire un signe, ou même simplement le regarder, c’eût été, semble- t-il toucher au fruit ou convoiter le fruit défendu. Les classes, les récréations, les repas même, étaient distincts (...). [Malgré cela] les élèves parvenaient à communiquer et à tromper la surveillance pourtant vigilante des professeurs. Quand le dernier élève instruit par la mimique quitta l’Institution, on redoubla de vigilance et on ne toléra plus aucun signe. »

25 Les ecoles sont devenus des centres d'orthophonies Consequence : illettrisme considerable Au debut du 20° sie ̀ cle, un inspecteur general du ministe ̀ re de l’interieur disait : « un ele ̀ ve, apre ̀ s 7 ou 8 ans passes a ̀ l’Institution, etait incapable non seulement de parler, mais d’ecrire son nom ou celui de son mai ̂ tre ! Sans doute quelques uns de ceux-là – pas tous – peuvent, en sortant, gagner quelques sous en raccommodant des souliers ou en faisant la « boutonnie ̀ re » chez un tailleur. Mais c’est vraiment un apprentissage un peu cher. »

26 Les conséquences Le congre ̀ s de Milan, en France, a eu des repercussions considerables sur le regard porte sur la personne sourde L'enfant sourd est avant tout un « non-entendant » qu'il faut reeduquer : e ̂ tre pathologique, deni d'une langue differente Surdité et mutisme : me ̂ me pathologie Confusion entre langue, langage et voix Mise en place de la demutisation

27 Quand les psychopédagogues s’en mêlent….. En France, 3 psycho-pedagogues de renom ont defini, dans les annees 1970, l'edution pour les sourds Colin (1978) Herren (1971) Oleron (1950) « Quand de tels enfants se presentent entre trois et six ans, sans avoir beneficié d’un entrai ̂ nement prescolaire dans les etablissements qui vont les instruire, leur situation a ̀ l’egard du langage est celle d’une table rase » (1971 : 23)

28 Leurs postulats Consequences de la surdité : troubles affectifs, sociaux et cognitifs La surdité represente 3 Handicaps: Handicap de la communication car la parole ne peut e ̂ tre que vocale Handicap social et affectif : les sourds s'isolent de la societé parce qu'ils ne peuvent communiquer « Le développement de la personnalité dépend aussi, on ne saurait le négliger, de l’éducation. (…) C’est au défaut de cette expérience indirecte que l’on peut attribuer certains traits fréquemment signalés chez le jeune enfant (…) certains traits peuvent bien être la conséquence de l’éducation elle-même, comme la docilité, la suggestibilité… Il n’y a en ceci rien d’irréductible, puisque ce que l’éducation fait, si elle le fait, elle peut sinon le défaire, du moins mieux le faire. » (Colin, 1950) Handicap intellectuel : la surdité rend difficile l'acquisition des connaissances. Colin parle de « croissance mentale plus lente ».

29 Réeducation de l’appareil phonatoire : exercices d’articulation, de démutisation, etc… L’enfant est responsable de ses échecs ainsi que ses parents Déni de l’enfant sourd comme un être parlant. « Etre sourd n’est pas pour eux une blessure ou quelque chose qui rele ̀ verait d’un soudain moins e ̂ tre. Il n’y a pas les « entendants » et les « entendants moins » au bas de l’echelle de laquelle ils seraient situes. Il n’y a pas de continuum mais une difference de nature : les differences sont de l’ordre du style de vie et non une affaire de hierarchie en decibels » (Mottez, 1976 )

30 Les considetaions des psycho-pedagogues ont provoque des conflits linguistiques: « Les langues – et donc, bien su ̂ r, la LSF en particulier – gene ̀ rent souvent des representations construites sur un socle comparatif en terme de valorisation/devalorisation. Quand deux langues sont en presence, il est rare qu’elles soient pensees comme egales, elles seront differenciees par l’attribution, par les locuteurs – et les non locuteurs ! – de valeurs et de fonctionnalites distinctes, selon des facteurs sociaux, economiques et culturels. » (2004, Millet : 64).

31 La loi de 2005 En 2005 : la loi n°2005-102 du 11 fevrier 2005 pour l'egalite des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapees reconnai ̂ t officiellement la LSF. Art. L. 112-2-2. - Dans l'education et le parcours scolaire des jeunes sourds, la liberté de choix entre une communication bilingue - langue des signes et langue franc ̧ aise - et une communication en langue franc ̧ aise est de droit. Un decret en Conseil d'Etat fixe, d'une part, les conditions d'exercice de ce choix pour les jeunes sourds et leurs familles, d'autre part, les dispositions a ̀ prendre par les etablissements et services ou ̀ est assuree l'education des jeunes sourds pour garantir l'application de ce choix.

32 La loi de 2005 Art. L. 312-9-1. - La langue des signes franc ̧ aise est reconnue comme une langue a ̀ part entie ̀ re. Tout ele ̀ ve concerne doit pouvoir recevoir un enseignement de la langue des signes franc ̧ aise. Le Conseil superieur de l'education veille a ̀ favoriser son enseignement. Il est tenu regulie ̀ rement informe des conditions de son evaluation. Elle peut e ̂ tre choisie comme epreuve optionnelle aux examens et concours, y compris ceux de la formation professionnelle. Sa diffusion dans l'administration est facilitee.

33 Scolarisation en 3 modalités Scolarisation de droit commun Scolarisation collective en CLIS (Classe pour l’inclusion) ou en UPI (unité pédagogique d’intégration) Scolarisation en établissement spécialisé « L’obligation de non discrimination fait émerger la discrimination, l’obligation d’inclusion fait émerger l’exclusion, l’obligation d’accueillir la différence fait émerger la force de la normalisation. » (J.Y Le Capitaine, 2007)

34 Les enseignants Enseignants spécialisés dépendant du ministère de l’Education Nationale Enseignants spécialisés dépendant du Ministère de la Santé Avec la loi de 2005 : pas de changement!! Non reconnaissance par l’Education Nationale de la formation et de la qualification des enseignants spécialisés du ministère de la Santé On s’achemine vers une scolarisation dans le droit commun, au sein des dispositifs relevant du droit commun : contradiction avec la double filière.

35 Un paradoxe….pour conclure La langue des signes est reconnue officiellement mais pour qui? Création de diplômes Option pour le bac Capes LSF Licence LSF Les recherches universitaires sur la langue des signes comme objet scientifique et langue d’enseignement se développent. Mais où sont les écoles bilingues (LSF/français écrit)?

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37 Merci à tous

38 Bibliographie BERTIN F., (2010), Les sourds : une minorité invisible, coll. Mutations, Ed.Autrement, COLIN, D. (1978, 2002), Psychologie de l’enfant sourd, Masson CUXAC C., 1983, Le langage des sourds, Paris, Payot HERREN, H. (1971) : L’education des enfants et des adolescents handicape s, Editions Sociales franc ̧ aises, Paris LANE, H. (1984, 1991) : Quand l’esprit entend. Histoire des sourds-muets.. Trad. De l’americain en1991 par J. Henry. Paris. Editions Odile Jacob, coll. Sciences Humaines. LE CAPITAINE J.Y (2007), De l’intégration à la scolarisation : le choc des mots, le poids des faits, In Liaison, n°6-7. MOTTEZ, B. (1996) : « Une entreprise de de-nomination : les avatars du vocabulaire pour designer les sourds aux XIXe ̀ me et XXe ̀ me sie ̀ cles ». In H.J. Stikers, M. Vial et C. Barral (ed.), Handicap et inadaptation. Fragments pour une histoire : notions et acteurs. Paris, Alter. pp. 101-120. OLERON, P. (1950) : Les sourds-muets, PUF


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